mercredi 30 mai 2007

CAP AU SUD


Martinique, Ste Lucie, St Vincent, Grenadines
Nous retrouvons le mouillage de St Pierre avec plaisir. Nous y  découvrons des coins non explorés lors de notre voyage aller, dont le très moderne et très didactique « Centre de Découverte des Sciences de la Terre » qui, dans un bâtiment antisismique d’allure futuriste, fournit moultes explications sur le volcanisme et autres colères de notre planète.
Nous sommes à St Pierre pour le 8 mai, date anniversaire de l’éruption de la Pelée en 1902 et nous assistons à diverses manifestations commémoratives, programmées sur plusieurs jours, dont une messe et procession jusqu’au cimetière, avec dépôt de gerbes fleuries.
La procession se poursuit ensuite vers le port où Monsieur le Maire et le Conseil Général offrent discours (de tenue très moyenne) et un pot (beaucoup plus apprécié). A la sortie du cimetière, la procession, jusque là recueillie et sérieuse, devient joyeuse et festive, avec l’adjonction d’une fanfare et de majorettes. Jean est devenu copain avec Monsieur le Maire et nous discutons avec lui de possibles améliorations pour l’accueil des plaisanciers. Il y aurait lieu notamment de revoir le ponton d’accostage qui est trop haut pour les petits dinghies comme le nôtre ; il passe en dessous et, par frottements, nous y avons laissé la manette de gaz. Jean a dû bricoler son xième système D.
Nous assistons aussi à deux régates de yoles martiniquaises. Ce sont de grandes barques à fond plat. A l’intérieur, on fixe latéralement de longs madriers sur lesquels les quelque 20 équipiers jouent les équilibristes en se suspendant en rappel ou à la force des bras, pour compenser la gîte du bateau. Les grandes voiles sont très colorées. C’est un magnifique spectacle sur l’eau et les arrivées sont très disputées.


Nous aurons encore le plaisir d’assister à un concert gratuit , donné en plein air aux pieds de la Montagne Pelée, par l’Orchestre Symphonique de Fort de France, avec Mozart pour le coucher de soleil.

Et puis nous allons aussi nous donner quelques sensations fortes en parcourant le « Canal de Beauregard » ou Canal des Esclaves.
A 7 km de St Pierre commence le canal, construit par des esclaves, pour amener l’eau des montagnes jusqu’aux plantations du bord de mer. Le chemin se résume à un mince muret de 30 à 50 cm de large, qui court et serpente à flanc de montagne, avec des à pics de 30 à 130 mètres. Et rien pour se tenir. Côté montagne, le canal (environ 1 mètre de profondeur sur 1 mètre de large, des crabes jaunes qui y courent à foison, des serpents sont signalés, et il y a pas mal de toiles d’araignées. Bref de quoi m’ôter l’envie de poursuivre DANS le canal. De l’autre côté : le vide ! Jean est à l’aise sur cet étroit muret. Je croyais ne pas être sujette au vertige, mais je découvre que dans cette situation précise, je ne suis pas particulièrement à mon aise. J’ai le pied très lourd, je fais de tout petits pas et je dois rester très concentrée pour ne pas regarder vers le vide. Une fois engagés, il faut pourtant bien continuer à avancer. Personne ne peut venir nous chercher ici. L’exercice d’équilibre dure 1H30. Avec des passages plus faciles bien sûr.
Au bout, en pleine montagne, il y a une auberge où nous mangeons un poisson au coco, curcuma et anis, assis en face d’un énorme arbre à litchis qui porte une profusion de grappes rouges. Je n’en avais encore jamais vu. Malgré mes efforts, je n’arrive pas à attraper un seul fruit. Les branches sont trop hautes et je suis fatiguée.
Normalement, le retour s’effectue en sens inverse. Mais je ne m’en sens pas capable et nous repartons donc à pied vers le village des Fonds St Denis. Il est 13HOO, il fait chaud, lourd et ça grimpe comme pas permis. Nous sommes en nage. Au village, une petite auberge où nous achetons de l’eau. La patronne nous propose de nous ramener en voiture à St Pierre. Quelle gentillesse ! Vous ai-je dit combien les Antillais ont le cœur sur la main, et du temps à consacrer aux autres ? Combien en avons-nous rencontré de ces gens charmants, souriants, qui vous viennent en aide sans rien demander en retour. Le matin même, cet homme qui travaillait à l’entretien des bords de route et qui a laissé son boulot pour nous accompagner durant un kilomètre pour nous remettre sur le bon chemin. Et cette dame ce matin aussi, dans sa petite maison avec des arbres fruitiers magnifiques que nous admirions, et qui nous a offert un sac entier de mangues fraîches…
Nous quittons St Pierre pour Fort de France. Navigation au moteur car le vent est faible et de face. Nous avons un peu de ravitaillement à faire et du rangement pour deux bonnes semaines de navigation vers les Grenadines…
Le dimanche nous allons en bus aux Jardins de Balata, jardin botanique sur les hauteurs de Fort-de-France. Joli, sans plus.
Capitale ou pas, la vie n’est pas plus animée à Fort-de-France qu’ailleurs le dimanche. Dans l’après-midi, nous levons l’ancre et un bon petit vent nous amène aux Anses d’Arlet, où nous nous étions arrêtés déjà lors de notre voyage aller. Je vais visiter ce petit rocher près de la plage qui abrite plein de poissons colorés. J’aime toujours autant ce coin. En soirée, la houle se fait sentir assez fort.
La nuit sera mauvaise  car inconfortable. Mais  le lendemain la skippette est en pleine forme pour refaire une petite plongée au dessus de l’aquarium.L'après-midi, on va mouiller un peu plus loin, à Ste Anne, et le lendemain nous allons au quai de la marina du Marin pour faire le plein de tous les réservoirs avant de partir vers Sainte Lucie. Une nouvelle île !

On part avec un vent d’est de 20 nœuds bien établis , je m
e concentre sur le seul point fixe de l’horizon : Ste Lucie. On a le vent de travers, les creux sont de 1,5 m à 2 m, mais la mer est confortable et on ne gîte pas trop. Et pour agrémenter cette belle navigation, nous voyons un globicéphale (gros dauphin à la tête ronde) qui suit le bateau un moment, traîne le long de la coque pour se laisser admirer, puis décide d’aller se faire voir ailleurs.                   
Arrivée à Rodney Bay, large baie ouverte derrière Pigeon Island.  .

L’étape suivante nous mène à Marigot Bay, au milieu de la côte ouest de Ste Lucie. C’est un joli mouillage, où nous arrivons en fin de journée après une navigation tranquille sous voiles.
Sur la gauche de notre mouillage, une langue de sable blanc barre en deux la longueur du chenal. 

Dessus, des cocotiers et quelques très  beaux établissements en bois, colorés, jolis, 
très classe.
Nous sommes déjà en basse saison et il n’y a pas trop de monde au mouillage. En saison (de novembre à début mai), les places sont chères. La matinée du lendemain est consacrée à la découverte des environs. Marigot Bay est un chenal étroit avec beaucoup de cailloux sur les bords et peu de profondeur d’eau. Le bassin du fond de la baie est dans la mangrove. On y achève la construction d’un énorme complexe touristique tout en bois. Ce sera très beau, très chic. Beaux matériaux, belle architecture. Mais c’est très massif et concentré et la saturation risque d’être vite atteinte.
Après-midi, nous poussons la navigation jusqu’au sud de l’île, à la Soufrière. Le vent est de 15 à 20 nœuds, toujours d’est, et la mer est calme. Nous voguons avec Genois, Solent Nous mouillons sur un corps-mort au bord de la falaise face aux pics du Petit et du Grand Piton qui surgissent de la mer. Le site est grandiose. La baie est très large, avec beaucoup de hauteur d’eau. C’est aussi une réserve marine. D’où la double obligation de s’amarrer sur une bouée.
On plonge voir en dessous.


La faune et la flore sont superbes et le tombant vers les hauts-fonds est assezimpressionnant. La nuit est rouleuse, chaude, avec moustiques et le bruit de l’eau qui claque sur les rochers situés à 20 mètres à peine Le capitaine dort mal, un peu inquiet de cette proximité. Dans les anfractuosités nichent des centaines de chauve-souris. Le réveil est plutôt courbatu. On trouve des petites bêtes dans notre réserve de biscottes… On les balance à l’eau (les biscottes), attirant des dizaines de poissons voraces, lignés jaune et gris. Jean et moi allons voir le spectacle d’en bas tandis que ça continue à alimenter les affamés. Il y a aussi de gros poissons jaunes et des bancs de tout petits poissons bleutés. Avec la flore colorée et la lumière bleue violacée sur le tombant, c’est très beau.
Nous allons à terre voir le cratère du volcan, ses trous sulfureux bouillonnants et ses fumerolles puantes. C’est un peu l’attrape touristes : un guide pour nous emmener à l’entrée du site, un autre au cratère. Mais nous apprécions particulièrement l’heure qui suit. Nous la passons sous le massage d’une petite cascade qui tombe dans un bassin naturel de pierre. L’eau est chaude, 35°C et soufrée. Nous profitons seuls pendant une heure de cet endroit isolé. Ensuite arrivent les Américains, en grappe. Nous nous séchons et partons arpenter les ruelles du village de Soufrière. Autrefois, sur la place de l’église trônait une guillotine.! Aujourd’hui c’est plutôt tranquille. Nous entrons dans une gargote locale animée, qui ne paie pas de mine. On y grille un peu de tout sur de grands barbecues et on y trouve des salades et garnitures de légumes en tout genre, préparées par les grosses matrones qui trônent derrière le comptoir. On se prend chacun une tranche de porc grillé avec salade mixte, sous la tonnelle de la cour intérieure. Délicieux.
Nous traînons ensuite dans la rue des pêcheurs où c’est jour de grande lessive. Il y a du linge étendu partout.
La vie semble très communautaire, on ne sait où finit le cabanon de l’un et où commence celui du voisin. Je me demande comment ils retrouvent quoi appartient à qui, tant du linge que des enfants, des poules, des chiens et des moutons qui courent partout...!
Nous décidons de changer de mouillage, espérant passer une meilleure nuit de l’autre côté de la baie, face à la plage. C’est notre premier mouillage bahaméenpar ici : une ancre à l’avant et un cordage à l’arrière amené à terre et accroché à un cocotier (ou en l’occurrence à un petit palétuvier). Ca nous évitera de tourner avec la houle et le changement de marée.
Nous quittons Ste Lucie pour St Vincent
Réveil à 5H30. Départ dans le calme à 6H00. Pas de vent. Pourtant un grain nous rafraîchit bien en quittant l’île et un autre nous accueille à St Vincent. Nous partons donc au moteur mais à mi-chemin, un petit vent s’établit et nous permet de poursuivre sous voiles, avec Genois. Nous visons la baie de Cumberland, au centre ouest de St Vincent, mais nous passons outre sans nous en apercevoir, tant l’entrée de la petite baie est discrète et étroite. Nous revenons sur nos pas. Le comité d’accueil s’appelle aujourd’hui Joseph. Il nous guide pour ancrer près de la plage et nous aide à porter une amarre à terre pour un nouveau mouillage bahaméen. Ici les fonds tiennent mal et descendent de façon abrupte ; il vaut mieux se prémunir d’éventuels dérapages de l’ancre. Il y a quatre bateaux au mouillage et de rares autochtones sur la plage. Un second Joseph, plus vieux celui-ci, vient nous vanter la carte de son petit bar-restaurant. Puis c’est le vieux Sydney qui arrive avec sa barque pour nous proposer tout et rien de précis. On dit OK pour des cocos vertes, pour en boire l’eau désaltérante. Il part à la cueillette mais ne nous ramène que de décevantes petites cocos brunes et sèches. Comme on le trouve sympa et rigolo avec ses « listen to Sydney »  on lui achète ses vieilles cocos, on lui offre un verre de vin et on lui donne un vieux tee-shirt. 
Ensuite, ce sont trois gamins qui pêchent sur des chambres à air qui viennent demander des biscuits. Ils sont un peu fatigants tous ces visiteurs, mais tellement souriants et plein de grâce.
La nuit est calme, bien que chaude et avec moustiques. Après le bain matinal, avec Jean on part pêcher quelques petits poissons qui devront servir d’appâts pour espérer tout à l’heure une plus grosse prise.!

Pour oublier cette frustration, nous partons pour « Young Island Cut », à côté de Kingstown la capitale de St Vincent. Il y a beaucoup de vagues, de courant et de vent dans le coin. On s’amarre à un corps-mort dans l’étroit chenal entre l’île de St Vincent et la minuscule Young Island, qui abrite un joli hôtel spécialisé dans les voyages de noces. Nous sommes juste au bord du récif.
Le courant est très fort dans le chenal, mais on ne roule pas. Sur terre, côté St Vincent, il y a quelques beaux bars et restaurants. On sent que la saison se termine et il n’y a pas grand monde. Nous faisons le tour des restos, cherchant le moins cher car nous n’avons plus grand-chose à manger à bord. Nous allons chez Xcape, sur la terrasse en bois, et nous y mangeons plutôt bien.

Le lendemain, petite escale de 9 miles nautiques jusque Bequia, notre première étape dans les Grenadines.
Les creux atteignent 2 mètres, nous avons un petit vent étable et Eolis est heureuse. On fait un virement de bord en arrivant dans l’Admiralty Bay à Bequia, on essuie un petit grain qui nous dessale bien, puis un deuxième, et on arrive sous voiles presque jusqu’au mouillage. En 10 minutes nous sommes installés, panneaux solaires mobiles fixés, bateau ventilé, annexe à l’eau, etc. A t
deux on est rodés  c’est drôlement plus efficace. Chacun connaît bien son boulot !
Nous passons l’après-midi à terre pour accomplir les formalités, faire quelques courses au marché local Rasta, Le jour suivant, départ de Bequia vers 12H00. Nous passons entre les îlots de Petit Nevis, Isla Quatre, … La navigation est bonne, on avance bien, malgré le frein du courant.
Nous arrivons à Mustique en fin de journée. Mustique, vous en avez tous certainement entendu parler ? Cette île de milliardaires au milieu des Grenadines. Ca commence à bien ressembler au cliché de l’île tropicale paradisiaque que l'on espérait trouver ici. C’est 5km² de collines abritant une centaine de villas luxueuses, refuges de princes et de stars du rock. Depuis les années 60, l’île est en gestion privée, par la « Mustique Company », qui comprend l’ensemble des propriétaires de l’île. Pour faire partie du club, il faut montrer patte blanche et aligner de multiples zéros sur son compte bancaire. Mais si vous en avez les moyens, la plupart de ces villas de rêve peuvent aussi être louées à la semaine, tout le staff d’entretien inclus. J’ai obtenu la brochure de présentation avec tarifs pour les amateurs.
Tout ici est propre et bien rangé, organisé. Les habitants circulent à bord de voiturettes électriques comme sur les parcours de golf. Et ils chargent volontiers le touriste de passage pour un lift. La nature sauvage est préservée, bien que pas mal disciplinée, harmonie d’ensemble oblige. Les plages sont magnifiques et l’eau est bleue et transparente comme jamais. Le mouillage au corps-mort est obligatoire et payant. C’est assez cher, mais on peut rester 3 jours pour le même prix. A Britannia Bay, nous sommes face à la plage où sont alignées les barques colorées des pêcheurs. Il y a de petites maisons roses ou vertes avec des festons de bois blanc et le beau bâtiment du Basil’s Bar avec ses pilotis en bois. Tout est beau ici, où que se porte le regard. Les îlots au large réconfortent, diminuent l’impression d’isolement. La nuit, les lumières de Bequia toute proche scintillent.

Nous profitons un peu de Mustique, de ses eaux, de ses plages, de son calme. Nous y passons deux nuits avant de poursuivre vers les Tobago Cays que nous souhaitons découvrir . Ce sont 5 îlots minuscules, inhabités, perdus au milieu d’un massif de corail, accessibles par quelques passes à aborder avec prudence, et protégés du large par l’immense barrière de corail de « Horseshoe Reef » et par une autre plus à l’est appelée « World’s End Reef ».  Tout un roman ! Mouillage de rêve, dans de l’eau de rêve, couleurs de rêve, îlots de rêve tout autour. Bien sûr la beauté des lieux attire tous les bateaux de passage et il faut partager cet endroit sauvage. Et dire que nous sommes en basse saison. Nous n’osons imaginer la surpopulation nautique de la pleine saison. Mais chacun ici semble être là pour la même raison : savourer calmement la majesté de ce recoin du monde, que ce soit pour quelques heures ou pour quelques jours. Nous mettons pied à terre sur Jamesby, Petit Bateau et Petit Rameau. Nous escaladons ces petits cailloux pour se rassasier de la vue imprenable et des dégradés infinis de bleus. Nous ancrons notre annexe au dessus du récif pour visiter la faune et la flore marines. Pas beaucoup d’eau sous le ventre, ce n’est pas ici que nous risquons de croiser des requins. Par contre des petits serpents, il y en a. Nous préférons les imaginer inoffensifs.
Nous profitons deux jours de ce petit paradis. Le 27 mai nous appareillons vers l’île de Canouan après une nuit très venteuse.
Courte navigation agréable, sous voiles, jusque Charlestown. Mouillage au corps-mort. Les fonds sont herbeux et l’eau n’est donc pas transparente. Ca ne nous empêche pas de prendre notre douche quotidienne en fin de journée. Je vous ai déjà raconté le rituel du bain-douche ? On procède comme suit : d’abord on emmène sur le pont du shampoing et du savon et un bidon genre pulvérisateur de jardin rempli d’eau douce. souvent de l'eau de pluie récupérée...
En soirée, nous faisons le tour de la petite ville de Charlestown. C’est très animé. Tout le monde est dehors, comme tous les soirs. Comme nous sommes samedi, il y a la musique en plus. Partout. A tue-tête. Ca discute, ça crie, ça bouge. Dommage, les rues ne sont pas très propres.
Le lendemain matin nous retournons à terre à la recherche d’un magasin d’alimentation.
C’est dimanche et avant la fin des offices, il ne faut rien espérer trouver d’ouvert. Seules les églises vivent et chantent bruyamment. Chacun s’est fait beau, les belles se sont toilettées, chapeautées, bijoutées, les fillettes portent leurs soquettes blanches à colerette et des rubans dans les cheveux, les hommes leur belle chemise des grandes occasions.

L'après-midi, il faut repartir vers Mustique  Nous faisons un bon repas à bord, un peu arrosé, terminé sur des bananes flambées au rhum. Et un dernier verre au Basil’s Bar…



















mardi 29 mai 2007

MONTSERRAT

 
 
 
 
Nous avons remonté vers le Nord de l'Arc Antillais, pour une étape désormais classique : Saint Martin !  Pour les marins, Saint Martin représente souvent une escale technique. Nous y retrouvons bon nombre d'amis en partance pour l'Europe. Pendant notre séjour, Montserrat, l'île voisine de la Guadeloupe connaît une phase éruptive violente. Nous retraçons ici son historique.
 
 

En quittant Deshaies, le panache du volcan de Montserrat nous paraît franchement impressionnant… Nous hésitons. OK, les copains en viennent, ils nous ont raconté… "Visibilité nulle par brouillard de cendres, le pont enseveli sous une farine collante, anthracite… "
Le vent nous pousse, la nuit tombe, Montserrat et ses volutes s'estompent dans la lune descendante.

Pffff !!!!
 
 
 

Très vite, la nouvelle tombe… le matin du 20 mai 2006, à 7 h 20 Montserrat a explosé. Le dôme qui se formait peu à peu à coup de panache, s'est abîmé en mer. La Guadeloupe a eu chaud… ils parlent d'un mini-tsunami. Du tsunami, il faut retenir le « mini »… Selon témoins, de trente centimètres à un mètre de vague… de quoi faire balbutier les barques de Deshayes. Sacrés journalistes, toujours prêts à en rajouter ! Ceci dit, Montserrat est une réelle menace. Rien ne peut être exclu, le volcan n'a pas dit son dernier mot. Si le moindre voilier, un cargo de ravitaillement ou quelque pêcheur eût été sous le vent de la montagne ce jour là, les marins n'auraient pas survécu à la nuée ardente et aux gaz toxiques. Une « nuée ardente », cette expression rappelle la catastrophe de la Montagne Pelée en 1902. Ce qui a permis d'éviter un funeste destin, c'est la science ! Aujourd'hui, les hommes en savent plus qu'en 1902.

Les premiers tremblements de terre se manifestent en 1992. Cette petite île de 15 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large fait des siennes, et les îles voisines la craignent désormais. En 1994, l'île connaît l'un des plus impressionnants tremblements de terre de son histoire. Mais c'est en juillet 1995 qu'une équipe de chercheurs est diligentée aux chevets du volcan. Celui-ci est mis sous haute surveillance, car il entre en éruption. L'évacuation de la ville est ordonnée dès 1997. Cette année là, une éruption a tué une vingtaine de personnes et elle a complètement enseveli la capitale sous un tapis de cendres. Il n'y a plus âme qui vive dans le sillage de Soufrière Hills. Il ne reste qu'une poignée d'irréductibles qui vivent dans la partie « sécurisée » au Nord de l'île. Entre 1997 et 2005, le volcan connaît des phases éruptives, avec l'émergence de dômes, suivies de périodes de calmes où les dômes s'écroulent.

Mais, depuis la fin de l'année 2005, les activités volcaniques et sismiques montrent un regain d'énergie et affichent un niveau élevé. La croissance du dôme se poursuit à un rythme dramatique de 1,3 à 1,8  m3 par seconde. Le 27 février 2006 est apparue une aiguille de lave au sommet du dôme. Le 28, une partie de cette aiguille s'effondre, provoquant des nuées ardentes qui ont, à nouveau, ravagé une partie de l'île jusqu'à la côte. Entre les 24 et 31 mars, la croissance du dôme de lave s'est poursuivie avec apparition d'un nouveau lobe en direction de l'Est. Cet appendice s'est effondré le 20 mai. Le nuage tel un champignon atomique est monté à 17 000 mètres. Les images satellites sont formelles. Cet effondrement n'a pas arrêté les effusions du volcan, que du contraire, l'activité à son comble reprend dès le lendemain, et un hélicoptère qui survole Montserrat le 23 mai atteste de la naissance d'un nouveau dôme de lave. Les risques majeurs à venir, sont de type sismiques et éruptifs (nuée ardente et gaz toxiques) Mais il ne faut pas occulter non plus la possibilité de tsunamis qui affecteraient les îles voisines de Montserrat : Guadeloupe, Antigua, Nevis, Saint Kitts...
 
 
infos sur la climatologie de la mer des Caraïbes : cyclone , étude des marées barométriques ainsi que les prévisions météorologique .

vendredi 11 mai 2007

L'OCEANITE AIGÜE




Vous avez peut-être souvenir que j’avais attrapé en 2005 une sorte de scorbut, appelé de façon moderne une polyneuropathie périphérique des quatre membres + ataxie + paresthésie !


Mais savez-vous que c’est une autre maladie bizarre qui me frappe, ainsi que tous les vagabonds des mers : l’océanite ! …





 L'océanite est une forme évoluée et maligne d’une affection assez répandue : la voilite !


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La voilite : terme général  englobant toutes les formes de la maladie, est une affection qui atteint tous les âges, sans distinction de sexe, mais frappe plus particulièrement de l’adolescence à la soixantaine. Cette maladie débute, le plus souvent par des démangeaisons, des absences, des difficultés respiratoires (on étouffe ici !), une activité onirique intense, des fantasmes ; puis apparaît une période de boulimie où le malade se met à dévorer tout ce qui a été dévorée sur la navigation en solitaire ou non, et toutes les revues ou documentations traitant de la mer et de la voile. A un stade encore plus évolué, le sujet parcourt les salons dits « nautiques » et les ports de plaisance. A ce moment, des crises aiguës peuvent survenir, à la vue des objets de leurs désirs : yeux exorbités, états fébriles, palpitations. Au stade terminal apparaît une excitation  paroxystique : le sujet ne dort plus, ne s’alimente presque plus et l’on doit de toute urgence mettre en œuvre une thérapeutique.





Nous ne connaissons qu’un seul traitement : la bateauthérapie. On a essayé la pédalothérapie mais elle n’apporte en fait qu’une amélioration passagère et transitoire. Le malade doit alors se débrouiller pour rassembler de plus en plus de fonds possibles afin de  posséder l’objet de ses fantasmes. C’est hélas une thérapeutique particulièrement onéreuse et qui n’est pas encore  prise en charge par la Sécurité Sociale.


La durée du traitement peut être variable. Elle dépend de plusieurs facteurs : de l’importance des moyens mis en œuvre, des conditions atmosphériques, de la plus ou moins grande résistance du sujet, de la vitesse du vent et de l’âge du capitaine !…la phase essentielle du traitement consistant, pour le malade, à partir d’un côté d’un océan pour essayer d’atteindre l’autre !


Attention : des effets secondaires sont à craindre : nausées, vomissements, très souvent sensations de déséquilibre, parfois anorexie, perte de poids ou…d’illusions.


L’océanite est une maladie grave : les rechutes et récidives sont fréquentes et redoutables. Le sujet se complet dans son état et il ne se supporte qu’entouré d’eau et est alors perdu pour la terre….


J’ai aussi un "blog" sur http://barbarajo.blog2b.net



mesure

jeudi 3 mai 2007

A SAINTE LUCIE

Ste Lucie
Que six jours ? Eh oui ! La grosse déception !
Bon, on nous avait pourtant bien prévenu que Ste Lucie était « un piège à touristes» avec peu de mouillages possibles, et aucun tranquilles. Bruyants, agités par les hordes de scooters des mers et autres hors bords, nous n’avons aimé ni les mouillages ni la mentalité de Ste Lucie, surtout après avoir voyagé dans d’autres îles-républiques charmantes comme Antigua et Barbuda. De plus, la politique locale met une étiquette «pigeon à plumer» sur le front de chaque occidental qui arrive.
Des chiffres ? Une journée de location de voiture (le moins cher que nous avons trouvé) à 96 US$ … La plongée à 60 US$ plus location du matériel …
Pour bien vider le porte-monnaie du touriste plongeur qui a fait l'erreur de réserver un hôtel pendant ses quelques jours de congés annuels, il est interdit aux étrangers de plonger sans un «guide local» … rémunéré bien sûr par le plongeur ...Par comparaison, en Martinique, nous avons loué chez «Madin Loc» une Clio pour 20€ et la plongée avec le club «Papa d’Lo» nous coutait 15€ …
Tout est prétexte à extorquer des sous au touriste qui se fourvoie dans cette toute petite république.
Dans la même veine, les égouts à Castries (la capitale) sont à ciel ouvert et se déversent comme ça dans la mer, mais pour nous plaisanciers, nous avons l’interdiction de rejeter nos eaux usées à moins de 500m du rivage …

En dehors de tout ça, nous avons été outrés d’apprendre que la chasse à la tortue est toujours pratiquée dans les eaux de Ste Lucie et de voir – en plein jour – dans le port de pêche de Rodney-Bay, un pêcheur partir tranquillement avec son fusil sous-marin et … son matériel de plongée ! En France, et à peu près partout dans le monde, c’est tellement interdit de chasser avec bouteilles qu’on risque gros, rien qu’en possédant fusil et matériel de plongée sur le même bateau.

Des côtés positifs ? Oui quand même ! Il faut se rappeler l’histoire agitée de son île. C’est la balade en taxico pour aller à Castries. C’est la réserve de l’islet Pigeon et les fortifications dans Rodney Bay
Ste Lucie est indépendante depuis 1979 dans le cadre du Commonwealth. Français et Anglais se la sont disputée pendant deux cents ans et Rodney Bay porte le nom de l’amiral qui dirigea la garnison du fort situé au sommet de l’Islet Pigeon.
Nous avons mouillé trois jours à son pied et nous y sommes montés. Belle vue sur la baie et superbes flamboyants en fleurs.

Au retour, il ne nous faut que trois heures pour remonter les 24 milles du canal de Ste Lucie. Un ris dans la grand-voile et tout le génois, au près bon plein tribord amure, On s’éclate !
Nous restons en Martinique trois jours, le temps de refaire l'avitaillement, avant de descendre dans les Grenadines, lieu bénit où les scooters des mers sont interdits ….

jeudi 26 avril 2007

PHOTO DU MOIS

 
«Le bonheur c'est quand les emmerdes se reposent. Et là, il faut faire gaffe à ne pas les réveiller . » Itinéraire d'un enfant gâté - Claude Lelouche
 
 
 

samedi 31 mars 2007

CAP AU SUD

Pour redescendre en Guadeloupe au près serré et même avec un peu de moteur pour réussir à faire route avec un vent quasi de face.
Nous passons de nuit le long de Montserrat où le volcan est en activité. De longues coulées de lave incandescentes dévalent les pentes. Certaines vont jusqu’à la mer. Nous sommes à 2-3 milles de la côte. Par moment des vagues énormes soulèvent le bateau faisant penser à des secousses sismiques liées aux éruptions. C'est un spectacle extraordinaire et très impressionnant.

Nous profitons de ces quinze jours en Guadeloupe pour replonger plusieurs fois sur des sites différents et en particulier dans la réserve Cousteau à l’ouest de Grande-Terre. Les massifs coralliens de Guadeloupe sont beaucoup plus colorés qu’à St Martin. Ceux de la réserve Cousteau sont magnifiques et très peuplés. Nous nous sentons de plus en plus à l’aise sous l’eau.

Pour être à l’abri d’une méchante houle qui faisait rouler Eolis sur la côte ouest de Basse-Terre, nous retournons aux Saintes nous installer à l’Ilet Cabrit . 
De bons moments : baignade, snorkeling, chasse sous-marine, balade sur Terre-de-Haut, Ti’Punch et farniente.
Avec une voiture de location nous faisons la Route de la Traversée. Comme son nom l’indique, elle traverse Basse-Terre d’est en ouest au milieu de la forêt tropicale : très humide, luxuriante, grandiose. Des arbres géants, ne pouvant faire pénétrer profondément leurs racines, ont besoin de contreforts spectaculaires pour se maintenir debout.

mardi 27 mars 2007

EN MARTINIQUE



La Martinique séduit par la beauté de ses paysages et la diversité d’un patrimoine naturel si riche qu’il est pratiquement impossible d’en dresser la liste exhaustive. Bienvenue dans ce paradis des amoureux de la nature, des plantes et des fleurs...


La Martinique s’offre à nos regards éblouis par la profusion de couleurs et de contrastes, par le charme d’une nature luxuriante et généreuse, plurielle et exotique. Madinina est la bien nommée « île aux fleurs », petit paradis de couleurs et de senteurs, où les fleurs apprivoisent la ville pour mieux s’y épanouir.
Le plaisir des yeux
A la Martinique, le végétal s’inscrit naturellement dans le paysage, qu’il soit urbain ou rural.
Il suffit de parcourir les routes de l’île aux fleurs pour se rendre compte de la richesse de ce patrimoine naturel, qui s’épanouit partout, dans les bourgs et sur les places, sur les routes et dans les jardins, dans les vérandas et les centrevilles.
L’Alpinia (2), par exemple, appelé aussi « Red ginger » très apprécié pour ses fleurs rouges, rose claire ou rose fushia, selon les variétés : planté en massif ou en bordures, il fournit des fleurs nombreuses pour de beaux bouquets colorés.
Très présents aussi, l’Hibiscus qui compte 150 espèces très décoratives et le Bougainvillier (s’écrit aussi Bougainvillée), qui nous vient du Brésil et dont le nom scientifique rappelle celui du navigateur français commandant l’expédition au cours de laquelle il fut découvert. Leurs couleurs vives illuminent les bords de route ou les jardins privés et se mêlent à celles, toutes aussi lumineuses, de l’Allamanda, jaune doré, qui supporte des climats plus frais et que l’on peut d’ailleurs trouver dans les jardins méditerranéens ; du Pachystachys jaune, arbuste ornemental aux fleurs blanches et aux bractées jauneorange ; du Calliandra, arbuste gracieux ou plante grimpante de petite taille, avec des fleurs étonnantes (de la petite corolle dépassent les nombreuses étamines longues, brillantes comme de la soie et généralement d’un rouge ou rose lumineux) ; de l’Ixora, arbuste persistant de 3 à 6 m de haut, aux fleurs jaunes ou aux fleurs rouge, qui peut aussi être cultivé comme plante en pot.
Partout, on trouve le flamboyant, le palmier royal, l’arbre du voyageur, le Frangipanier, arbre souvent noueux avec des branches courtes et épaisses, agrémenté de belles fleurs au parfum agréable, avec corolle patelliforme de couleur rouge, rose, pourpre, blanche ou jaune...
Toutes les plantes ornementales qui poussent sous les tropiques se retrouvent en Martinique. La plupart peuvent être observées dans le cadre pittoresque du Jardin de Balata. C’est le cas de la majestueuse Rose de porcelaine, qui possède un remarquable pédoncule, généralement dressé, et de grandes écailles épaisses. Chaque partie de la fleur a une couleur différente : les bractées sont d’un rouge lumineux, les segments intérieurs des pétales sont roses, la lèvre est rouge à bord jaune ou blanc, et l’étamine est rouge.
Comment ne pas se laisser également séduire par la délicatesse des Oiseaux de paradis , aux grandes fleurs orangées de forme étrange, s’élevant majestueusement vers le ciel, portées par une bractée verte, souvent colorée de rouge violet-bleu...
Les chemins de randonnée au coeur de la forêt tropicale offrent leur lot de belles rencontres comme le Balisier  et l’Héliconia , avec leurs superbes bractées rouge-orangé, ou l’Anthurium , célèbre plante vivace au port dressé, remarquable par ses grandes spathes souvent d’un rouge intense. Cette belle plante ornementale est la plus connue des jardins tropicaux en raison de ses fleurs décoratives, dont la beauté s’exprime aussi bien en pot qu’en fleurs coupées...
Certaines de ces plantes tropicales, en particulier l’Anthurium, l’Alpinia, le Balisier et la Rose de porcelaine, peuvent être ramenées par avion dans un conditionnement adapté : informez-vous auprès des entreprises spécialisées, dont certaines ont une boutique à l’aéroport, ou auprès des fleuristes.

dimanche 11 mars 2007

LA DESIRADE


La Désirade

A court d'eau et désespérant atteindre la terre lors de son second voyage, Christophe Colomb la désigna en 1493 "la Desiderada".
Au XIIIème siècle, cette île devint une terre d'exil pour les lépreux et quelques fils de famille française dévoyés. La léproserie fut fermée en 1954. Depuis, les 1700 habitants de l'île vivotent de la culture et de la pêche.
Peu fréquentée des touristes et accessible uniquement par une passe houleuse, l'île vit au rythme des vedettes qui entrent et sortent du tout petit port au milieu duquel nous sommes mouillés.
Nous nous arrêtons dans un petit resto à la déco très "kitsch" où l'on sert des plats créoles simples, mais bien cuisinés. Le patron est un pêcheur et nous raconte comment la mer s'est vidée depuis 20 ans et les conséquences dramatiques que cela génère pour l'économie de l'île. Il nous explique également dans quel état il a retrouvé sa maison en 1989 lors du passage du cyclone Hugo.

mercredi 17 janvier 2007

STE LUCIE

Construire sa vie, c'est pas facile tous les jours à Sainte Lucie



Sainte Lucie est une île pauvre comme la plupart de ces bouts de terre dispersés dans la mer des Caraïbes. A notre arrivée à la baie cochon, un garçon est arrivé sur son canot pneumatique rapiécé. Il nous propose un coup de main pour amarrer Kakao à la bouée sécurisée qui nous permettra de passer une nuit tranquille. C'est le moment de la rencontre avec Geno, garçon de 20 ans dont le travail consiste à aider les plaisanciers à amarrer leur voilier. Il fait partie de ceux qu'on appelle communément ici les 'boat boys'. Pour quelques Biwee (la monnaie nationale, des dollars caraibiens), il vous donne un vrai coup de main. Ces congénères sont souvent très pressants voire agressifs et envahissants. Geno, est tout sourire, un mélange de fausse candeur et de débrouillardise, il est très empathique, soucieux des besoins de ses clients. Dès le départ, nous l'avons eu dans la peau et avons décrété qu'il serait notre seul interlocuteur. Il nous raconte sa vie, la pauvreté de son village, l'absence de perspectives professionnelles dans cet île complètement perdue. Pourtant, il ne manque ni de talent, ni de compétences comme il le démontrera le lendemain dans le cadre de l'excursion que nous lui avons demandé d'organiser.
Demandeur, comme tous ses semblables, de ti punch pour se réchauffer (il a froid sous la pluie battante), il met tout en place pour la visite du volcan, des cascades sulfureuses et des bains.
La relation est saine, clairement cadrée dès le départ et il assume parfaitement sa mission.
Toujours souriant, écoutant Bob Marley sur son Ipod fêlé, il nous avoue son inscription sur Facebook. Drôle de vie où le dénuement côtoie l'affiliation aux nouvelles technologies. Quand on lui parle politique (on ne se refait pas), il nous dit que les politiciens sont d'abord là pour se servir et non pour servir leur pays. Les villas somptueuses sur la falaise font désordre à côté des maisons miteuses ou des bidonvilles à la campagne que nous croiserons. Apparemment, l'alcoolisme est endémique à grands coups de rhum agricole et de citron vert. Pourtant, Geno ne nous a laissé aucun malaise, une relation authentique, cordiale et simple durant notre périple au volcan, que nous raconterons dans le prochain billet.
Quand je vois le potentiel de Geno, c'est moi qui suis un peu mal à l'aise. Je ne peux m'empêcher de discuter avec lui du développement de son affaire, des perspectives qu'il pourrait essayer de lui donner, en créant, par exemple des cartes de visite (il a un PC) qu'il distribuera aux plaisanciers pour présenter ses services ou encore une prestation complètement intégrée (avac les visites, le restaurant) pour améliorer la valeur ajoutée de son activité.

samedi 6 janvier 2007

SAINTE LUCIE

Construire sa vie, c'est pas facile tous les jours à Sainte Lucie

Sainte Lucie, quelques images matinales




 
Sainte Lucie est une île pauvre comme la plupart de ces bouts de terre dispersés dans la mer des Caraïbes. A notre arrivée à la baie cochon, un garçon est arrivé sur son canot pneumatique rapiécé. Il nous propose un coup de main pour amarrer Kakao à la bouée sécurisée qui nous permettra de passer une nuit tranquille. C'est le moment de la rencontre avec Geno, garçon de 20 ans dont le travail consiste à aider les plaisanciers à amarrer leur voilier. Il fait partie de ceux qu'on appelle communément ici les 'boat boys'. Pour quelques Biwee (la monnaie nationale, des dollars caraibiens), il vous donne un vrai coup de main. Ces congénères sont souvent très pressants voire agressifs et envahissants. Geno, est tout sourire, un mélange de fausse candeur et de débrouillardise, il est très empathique, soucieux des besoins de ses clients. Dès le départ, nous l'avons eu dans la peau et avons décrété qu'il serait notre seul interlocuteur. Il nous raconte sa vie, la pauvreté de son village, l'absence de perspectives professionnelles dans cet île complètement perdue. Pourtant, il ne manque ni de talent, ni de compétences comme il le démontrera le lendemain dans le cadre de l'excursion que nous lui avons demandé d'organiser.
Demandeur, comme tous ses semblables, de ti punch pour se réchauffer (il a froid sous la pluie battante), il met tout en place pour la visite du volcan, des cascades sulfureuses et des bains.
La relation est saine, clairement cadrée dès le départ et il assume parfaitement sa mission.
Toujours souriant, écoutant Bob Marley sur son Ipod fêlé, il nous avoue son inscription sur Facebook. Drôle de vie où le dénuement côtoie l'affiliation aux nouvelles technologies. Quand on lui parle politique (on ne se refait pas), il nous dit que les politiciens sont d'abord là pour se servir et non pour servir leur pays. Les villas somptueuses sur la falaise font désordre à côté des maisons miteuses ou des bidonvilles à la campagne que nous croiserons. Apparemment, l'alcoolisme est endémique à grands coups de rhum agricole et de citron vert. Pourtant, Geno ne nous a laissé aucun malaise, une relation authentique, cordiale et simple durant notre périple au volcan, que nous raconterons dans le prochain billet.
Quand je vois le potentiel de Geno, c'est moi qui suis un peu mal à l'aise. Je ne peux m'empêcher de discuter avec lui du développement de son affaire, des perspectives qu'il pourrait essayer de lui donner, en créant, par exemple des cartes de visite (il a un PC) qu'il distribuera aux plaisanciers pour présenter ses services ou encore une prestation complètement intégrée (avac les visites, le restaurant) pour améliorer la valeur ajoutée de son activité.