samedi 2 juin 2012

JOHN NASH UN HOMME D'EXCEPTION

 
 
 
On  parle beaucoup du boson de Higgs, le boson de Dieu, cela m'a donné envie de vous parler du beau film "un homme d'exception"
 
  1. Boson de Higgs: Le Cern quasi-sûr d'avoir trouvé la super particule

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fr.wikipedia.org/wiki/Boson_de_Higgs
 
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Le  Le Cern vient d'annoncer que tout indique que le nouveau boson découvert l'année dernière est bien celui de Peter Higgs. Il semble de plus ...

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Le boson de Higgs est une particule associée au mécanisme de Brout-Englert-Higgs supposé être à l'origine des masses des quarks, des leptons et surtout des ...

 

Après avoir vu le magnifique film "Un homme d'exception"


j'ai voulu en savoir plus sur son personnage principal joué par Russsel Crowe : le professeur John NASH
 
John Nash : Le dérapage d’une belle intelligence
La remarquable prestation de Russel Crowe dans le film de Ron Howard (1), évoque la vie de John Nash, génie mathématique et lauréat du Prix Nobel d’économie.  Comme souvent, le cinéma résume, simplifie, idéalise ou caricature : il n’est qu’un aperçu d’une vie complexe et troublée et donne envie d’en savoir plus sur ce personnage énigmatique.
Le film s’inspire d’une biographie très documentée, basée sur d’innombrables témoignages dont ceux de John Nash lui-même, de son épouse Alicia et de ses enfants. (2)

Enfant, John était un gaucher contrarié, surdoué, toujours plongé dans les livres.  Il réalise des expériences chimiques et invente des systèmes électriques, comme un montage permettant au téléphone de sonner même s’il est décroché et comme une chaise électrique dont sa sœur faillit être la victime.  D’emblée, passionné par les mathématiques, il inventait des méthodes nouvelles pour résoudre les problèmes. (3)
Il décide de se consacrer aux mathématiques et poursuit ses études à Princeton, où l’on a recruté des « stars mathématiques », notamment des juifs fuyant l’Allemagne nazie.  Ces cerveaux aideront à déchiffrer les codes secrets, à perfectionner les radars, les torpilles, les fusées à longue portée, à estimer par le calcul statistique la position des sous-marins d’après leur position de la veille…
Nash aurait déjà à l’époque des tendances homosexuelles : il avait en tout cas cette réputation et aurait été surpris en situation délicate avec un camarade de chambrée. (4)

L’apport scientifique original de John concerne la théorie des jeux et notamment celle du jeu à plusieurs joueurs où la tactique consiste à prévoir et à rechercher un équilibre en alternant collaboration et compétition.  Chacun se met à la place de chacun des autres et s’efforce de calculer le résultat : « Je pense qu’il pense que je pense qu’il pense… »    Cette théorie peut s’appliquer à l’économie, à la politique, à la sociologie, à l’évolution biologique, aussi bien qu’au poker, au kriegspiel ou à ce jeu inventé par Nash, appelé le « f… your buddy », où les participants unissent leur force pour avancer, puis se trahissent pour gagner.
A partir de 1950, Nash fera partie du RAND (Research and development).  De brillants académiques appliquent à la guerre froide les nouvelles théories du jeu : les savants pensent l’impensable. (5)


Dès cette époque, le comportement et les idées de Nash sont bizarres.  Au cours de ses promenades, il fonce sur les pigeons ;  il joue des blagues de mauvais goût à ses collègues.  Il est considéré comme agressif et arrogant : « Je suis Nash avec un grand N. »  Il traite certains collègues d’humanoïdes.  Il croit que les parents devraient « s’autodétruire pour tout donner à leurs enfants.  Ce devrait être légal ! »  Pour se faire opérer des varices, il choisit un médecin au hasard en promenant les doigts sur la liste des chirurgiens.  Il prend des stéroïdes pour confirmer sa virilité et sa masculinité.  Ce qui ne l’empêche pas de proposer à ses amis des relations homosexuelles et de parler de ses « amitiés particulières ». (6)
Avec sa maîtresse Eleanor, il est souvent cruel, parfois violent : il ne reconnaît pas son enfant et conseille à la mère de le faire adopter : John David sera placé en institution.  Néanmoins plus tard, il s’occupera un peu de cet enfant et partagera avec lui l’argent que lui versent les producteurs du film pour son témoignage.
Il fréquente des clubs homosexuels et est arrêté en 1954 pour « méconduite ».   Il est exclu du RAND car à l’époque du Mac Carthisme, les homosexuels étaient suspects : on estimait qu’il était facile de les faire chanter.

En 1959, Nash épouse Alicia Larde, une physicienne qui, malgré leur divorce en 1963, restera proche de son mari et l’aidera efficacement.  Peu après le mariage, alors qu’Alicia est enceinte, John Nash disparaît quelques jours et revient à Princeton brandissant le New York Times, et proclamant que la première page renferme un message codé, issu d’extraterrestres et destiné à lui seul.  On croit d’abord qu’il plaisante, mais son comportement schizophrène se précise.  Il délivre à un de ses élèves une licence intitulée « Permis de conduire intergalactique ».  Il accuse un de ses collaborateurs de fouiller sa corbeille à papiers.  Il ne veut pas que quelqu’un se tienne entre lui et la porte de son bureau. Il envoie des lettres appelant à la formation d’un gouvernement mondial aux ambassadeurs de divers pays, au FBI, aux Nations Unies, au Pape.  Il veut devenir l’ « empereur de l’antarctique ».  Alicia consulte un psychiatre, mais demande qu’on lui évite des médicaments ou des chocs « pour préserver son intelligence ».
La situation devenant intolérable, Alicia fait colloquer son mari à l’Hôpital Mac Lean : le diagnostic de schizophrénie paranoïaque est posé.  Il est traité par psychothérapie et par la Thorazine.  L’amélioration est rapide au moins en apparence car il nie ses hallucinations et fait appel à un avocat et un psychiatre pour obtenir sa libération et entamer une procédure de divorce. (7)  Nash passe l’année suivante au Collège de France à Paris : il déchire son passeport américain et veut obtenir le statut de réfugié  politique en Suisse.
Rapatrié de force aux USA, il erre dans le campus universitaire de Princeton, cheveux longs, barbe touffue, le regard vide, souvent pieds nus.
En 1961, nouvelle hospitalisation à la demande d’Alicia au Trenton State Hospital.  Les malades y sont parqués dans des chambrées de 30 à 40 : il y a peu de psychiatres qualifiés.  Néanmoins, son état s’améliore grâce semble-t-il, à de nombreux comas insuliniques. (8)
En 1963, nouvelle rechute et hospitalisation à la Carrier Clinic.  Il est soigné par la Thorazine (camisole chimique) et par thérapie de groupe : il est aidé par Alicia malgré leur divorce, et par la communauté des mathématiciens de Princeton.

Les hospitalisations se succèdent.  Le délire de persécution paraît dominant : il croit vivre dans des camps de réfugiés ou dans des habitations infestées par la vermine.  Il se prend tantôt pour un réfugié palestinien, tantôt pour un shogun japonais.
Il fait appel aux églises, aux organisations des droits de l’homme ;  ses voix se disputent : « My head is a bloated windbag. »  Il a des moments de lucidité au cours desquels il éprouve une tristesse insupportable.

A partir de 1970, il va trouver à Princeton une ambiance de paix, d’amitié et de liberté, mais se comporte en zombie, errant nuit et jour dans les couloirs, les yeux hagards, le visage triste et figé.  Il couvre les tableaux noirs de chiffres et de phrases incohérentes : « Les calculs étaient justes, mais le raisonnement délirant. »  (9)  Il faisait par exemple des rapprochements entre la date de naissance de Kroutchev et le Dow Jones.  Alicia accepte de reprendre la vie commune, mais ils ne se remarient pas.  Leur fils, John Charles, bon mathématicien lui aussi, va évoluer vers la schizophrénie : il s’inscrit dans une secte, entend des voix et a des visions.  Nash croit que ses préoccupations concernant la santé de son fils ont favorisé sa propre rémission. (10)  Il entend encore des voix, mais elles parlent plus bas et il peut les négliger.  Il apprend petit à petit à reconnaître ses idées paranoïaques et à les rejeter.  A tort ou à raison, il va se persuader que la rémission est l’œuvre de sa propre volonté.
Des études longitudinales récentes à long terme sur le devenir des schizophrènes ont montré que la plupart d’entre eux restaient symptomatiques soit en institution, soit en famille, dans un état semi-léthargique.  Les suicides sont fréquents et surviennent habituellement pendant des phases de lucidité.  Seul un petit nombre de ces déments peut reprendre une vie indépendante, travailler et se faire des amis. (11)
En 1994, John Nash est « nominé » pour le Prix Nobel d’économie, pour son travail sur la théorie des jeux.  Un émissaire est envoyé à Princeton pour évaluer l’état mental du candidat.  Il conclut que John Nash ne lui paraît pas plus excentrique que bien des savants qu’il a rencontrés.
Bien que les délibérations du jury du Prix Nobel doivent rester secrète pendant cinquante ans, l’on sait qu’à propos du lauréat Nash, les discussions furent longues et animées parce que le candidat avait été atteint d’une maladie mentale considérée comme incurable, parce que le travail récompensé remontait à près de 50 ans et parce que l’économie était considérée comme une branche peu scientifique.  Le vote aurait été serré, comme en témoigne le retard exceptionnel de la conférence de presse, le 12 octobre 1994.

Le prix est finalement accordé à John F. Nash, John C. Harsanyi et Reinhard Stelten.  Dans son discours autobiographique, John Nash révèle sa maladie et déclare qu’il est redevenu rationnel, mais trop âgé pour être inventif. (12)  Il a pu guérir grâce au désintéressement et au dévouement de son épouse et à la loyauté de la communauté mathématique de Princeton.  Après la cérémonie de Stockholm, Nash fera une conférence à Upsala, à propos de l’hypothèse d’un univers non expansif.
John et Alicia poursuivent actuellement une vie de couple, sans s’être remariés, et se soumettent à une thérapie familiale pour aider leur fils Johnny dont la démence est sévère avec des hallucinations visuelles et auditives et des épisodes violents.
R. Krémer
 

1. A beautiful mind.  2001 ;  Universal Studios and Dreamworks pictures.
2. Sylvia Nasar : « A beautiful mind ».  Faber and Faber London- New York 1998.
3. « Tous les autres atteignent un sommet en cherchant un chemin sur la montagne, Nash gravissait en même temps une autre montagne et d’un sommet distant braquait un phare sur le premier sommet. » (Donald Newman, 1950)
4. Lors d’une interview récente, sa femme Alicia nie l’homosexualité de son mari : « Je le connais depuis l’âge de 20 ans.  C’est faux !  Je le saurais ! »  Quant à Nash, il refuse de s’exprimer à ce sujet. (Interview CBS NEWS, March 2002)
5. Dans les conflits, il peut y avoir des accommodements et des coopérations.  Vos gains ne sont pas nécessairement des pertes pour l’ennemi : comme dans un jeu à plusieurs, les intérêts des joueurs ne sont pas diamétralement opposés, mais ne coïncident jamais.  Une telle stratégie avait été suivie en 1940-1945 avant la lettre par les alliés qui avaient décidé d’épargner les mines et les aciéries de la Ruhr.
6. « A cette époque, je n’étais pas fou.  J’avais des comportements non-conformistess… Il n’est pas nécessaire que tout le monde en société agisse d’une manière tout à fait normale. »  (Interview John Nash, 1999)
7. « Je réalisais que je ne pouvais quitter l’hôpital que si je me comportais normalement.  Ce que je fis en cachant mes hallucinations, tout en sachant que je les accepterais à nouveau après les avoir mis de côté pour un temps. »  
(I swept my delusions under a rug for a while.) 
(Interview 2001)
8. « Je me rappelle très peu de choses de ces comas insuliniques.  Je me souviens des malades qui après le coma passaient à la douche et récupéraient dans le parc en buvant de l’eau sucrée. » (Interview CBS)
9. « Je croyais être un personnage messianique détenteur de secrets… Mon comportement était relativement acceptable.  Je m’efforçais d’éviter l’hospitalisation et d’attirer l’attention des psychiatres. »  (Autobiography.  Prix Nobel.  Stockholm 1994)
10. « Il est possible qu’un démon ait pu passer d’un hôte à l’autre. » 
(Interview John Nash, 2002)
11. E. Gohnstone, W. Owens, A. Gold and al.   Schizophrenic patients discharged from hospital : a follow-up study.  Brit. Journal of Psychiatry.  1984.  N° 145, p. 586
12. John F. Nash.  Autobiography.  Copyright. 
The Nobel foundation 2002 (http://www.nobel.sc/economics/laureates/1994)


 

Schizophrénie de John Nash











John Nash est né le 13 juin 1928 dans Bluefield, la Virginie Occidentale. Son père était un ingénieur électrique et sa mère a travaillé en tant que professeur d'école avant d'épouser son mari. John a été élevé dans un ménage affectueux qui a entretenu son génie. Il était évident à un âge jeune qu'il a aimé travailler indépendamment, souvent seul jouant.






Il a été attribué le prix de Neumann de von et le prix 1994 Nobel pour des sciences économiques, aussi bien que des camaraderies des académies et des sociétés scientifiques prestigieuses.






La fin « d'un bel esprit, » le film Oscar-nommé basé lâchement sur la vie du Jr. de John Forbes Nash de gagnant de prix Nobel, dépeint l'apparition du mathématicien de Princeton de la domination de la schizophrénie paranoïde, de la crainte et de la neutralisation des maladies mentales. Les mordus du cinéma qui ont observé la métamorphose cinématographique de l'acteur Russell Crowe de disheveled le génie qui couvre furieusement ses murs de bureau de scribblings illusoires à l'universitaire argent-d'une chevelure parfaitement à la maison à la compagnie raréfiée des lauréats de camarade à Stockholm pourraient supposer que le rétablissement de Nash de trois décennies de psychose est unique.






Mais les experts en matière mentaux de santé disent que tandis que la vie de Nash est indéniablement remarquable, son rétablissement progressif de la schizophrénie n'est pas.






Le rétablissement de John Nash de la schizophrénie est une histoire mobile. Mais nous ne sommes pas bons servis quand le film ment au sujet du rôle des drogues antipsychotiques dans son rétablissement. Si quelque chose, son histoire nous inspire reconsidérer l'efficacité à long terme des antipsychotiques avec un honnête, ouvrir l'esprit. Ce serait une première étape vers reforming notre soin -- et s'il y a une chose que nous pouvons conclure des études d'OMS, c'est que la réforme est extrèmement nécessaire. Peut-être alors nous pourrions même espérer que les résultats de schizophrénie dans ce pays s'amélioreraient au point qu'ils étaient égaux à ceux dans les pays pauvres tels que l'Inde et le Nigéria.






Schizophrénie désorganisée, schizophrénie de John Nash, étiologie de la schizophrénie

Un homme d'exception

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Un homme d'exception

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Données clés
Titre original
A Beautiful Mind
Réalisation
Scénario
Livre :
Sylvia Nasar
Film :
Akiva Goldsman
Acteurs principaux
Pays d’origine
Genre
Drame
Sortie
Durée
134 min.

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Un homme d'exception (A Beautiful Mind) est un film réalisé en 2001 par Ron Howard adapté de la biographie éponyme de John Forbes Nash Jr., écrite par Sylvia Nasar, ancienne journaliste économique pour le New York Times, et parue en 1999.

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Synopsis

En 1947, John Forbes Nash Jr. est un brillant élève, qui élabore sa théorie économique des jeux à l'Université de Princeton.

Au début des années 1950, suite à ses travaux et son enseignement au Massachusetts Institute of Technology, William Parcher, agent fédéral américain, se présente à lui pour lui proposer d'aider secrètement les États-Unis. La mission de John consiste à décrypter dans la presse les messages secrets d'espions russes, censés préparer un attentat nucléaire sur le territoire américain.

Critique

Cette description éloquente des événements les plus tragiques de la vie de John Nash souffre de quelques inexactitudes et oublis, parmi lesquels la réinvention du jeu Hex, joué sur le carrelage hexagonal des salles de bains de Princeton (les scènes se référant à la réinvention de Hex ont été tournées, mais furent coupées au montage afin de maintenir un certain rythme scénaristique).

La version française comporte également quelques erreurs de traduction, probablement dues à l'absence de mathématiciens parmi les traducteurs. Ainsi « ... are covering spaces » est traduit par « ... recouvrent les espaces » au lieu de « ... sont des revêtements ».

Le documentaire sur PBS A Brilliant Madness tente d'être plus précis. Des personnages imaginaires (un agent des services secrets, un ami rencontré à l'université et la nièce de 11 ans de cet ami) ont été inventés pour le cinéma, afin d'illustrer les délires schizophrènes du personnage.

Fiche technique


Distribution


Récompenses

En 2002 :


Lien externe



vendredi 1 juin 2012

NARCISSE PELLETIER



«Je rends Narcisse Pelletier à son pays»


Inspiré d'une histoire vraie, le roman de François Garde se déroule au milieu du XIXe siècle. Il raconte l'aventure inouïe arrivée à Narcisse Pelletier, un jeune matelot vendéen, perdu pendant dix-sept ans sur île inexplorée australienne. Il a répondu à vos questions.


Noël. J'aimerais savoir comment vous avez rencontré Narcisse Pelletier ?
François Garde. C'est à Nouméa que j'ai entendu parler de cette histoire, il y a une dizaine d'années. J'avais juste retenu l'essentiel, l'histoire d'un matelot oublié, et qui était devenu complètement étranger à sa culture d'origine. Cette histoire m'avait fasciné. Elle est restée dans un coin de ma tête, et est ressortie sous forme de livre. Je n'ai recherché des informations sur cette histoire qu'après avoir terminé la première version du manuscrit.


Colline. Par quel biais ? Les habitants ? Des ouvrages ?
F. G. Je crois me souvenir que c'est un article dans le journal local. L'histoire de Narcisse Pelletier est tès peu connue en France, sauf en Vendée. Par contre, elle est assez connue en Australie. Elle est considérée comme l'une des grandes histoires de destin maritime, comme les Révoltés du Bounty. Par contre, si l'on demande à des Australiens, un peu familier du monde maritine, ils citeront Narcisse Pelletier parmi les dix plus belles histoires des mers. Je m'aperçois qu'avec mon livre, je rend Narcisse Pelletier à son pays, et j'en suis bien content pour lui.


Prune. Avez-vous consulté les archives maritimes départementales pour savoir ce qui s'est vraiment passé à bord du Saint-Paul ?
F. G. Non, j'ai modifié les circonstances de l'abandon. Le véritable Saint-Paul avait fait naufrage. Les rescapés ont embarqué sur une chaloupe, passé plusieurs jours en mer, et comme Narcisse Pelletier avait été blessé dans un affrontement avec les indigènes d'une île de Micronésie, la chaloupe l'a délibérement abandonné en raison de ses blessures. Dans mon roman, Narcisse espère que le bateau va revenir, et cela change sa manière de réagir à l'abandon. Lui a de l'espoir, alors que le vrai Narcisse n'en a jamais eu.


Colline. Comment a-t-il été retrouvé et qui a décidé de le ramener en France ?
F. G. Il a été retrouvé par un bateau anglais qui s'appelle le John Bell. Les marins qui sont allés à terre se sont aperçus, comme dans le roman, qu'il y avait un blanc au milieu des sauvages. Ils l'ont capturé de force, et l'ont emmené d'abord à un petit poste militaire à l'extrême nord-est de l'Australie. Là, le vrai Narcisse a essayé de s'échapper. Il a été attrapé, emmené à Sydney, et confié au consul de France, qui a organisé son retour en France. Ils l'ont ramené parce que la présence d'un blanc dans une tribu sauvage était insupportable dans les représentations mentales du XIX siècle où régnait la certitude d'une hiérarchie des races.


Votre pseudo. Votre histoire est fantastique et mérite le détour, on remarque l'authenticité des faits relatés et nous plonge dans des abîmes enivrants.
Bernard. Bonjour, pas de questions mais des impressions. Une histoire étonnante, une très belle écriture, un attachement pour chacun des personnages. C'est selon moi le livre de ce début d'année. Un grand merci à François Garde pour ce grand moment de lecture.
F. G. Merci pour les compliments qui me font très plaisir. Je ne suis pas sûr que le fait que l'histoire soit vraie soit important. Je n'aurais jamais osé, sans doute, imaginer cette histoire, mais l'ayant connue, je me suis autorisé toutes les libertés de l'écrivain pour en faire ma création.


Colline. Existe-t-il des écrits sur sa réadaptation et sa «re-socialisation» au monde occidental ?
F. G. Hélas, Octave de Vallombreu – ce scientifique qui s'intéresse à Narcisse et réfléchit à son retour au monde civilisé – n'a jamais existé. Le vrai Narcisse n'a suscité aucun intérêt de cet ordre. Un érudit local lui a fait raconter son aventure, pour en tirer un petit livret qui a été vendu pour lui constituer un pécule. Le vrai Narcisse Pelletier a refusé la proposition d'un cirque qui voulait l'exhiber comme cela se faisait à l'époque. Les outils scientifiques qui auraient permis de comprendre en profondeur l'histoire de Narcisse n'ont été forgés qu'au début du XXe siècle, notamment, et ce n'est pas un hasard, dans le Pacifique, avec les grands noms de l'anthropologie.


Geneviève. Savez-vous s'il existe une réédition de «Chez les sauvages» de Narcisse Pelletier ?F. G. Je ne sais pas. Je n'ai pas souhaité la lire.


Colline. Mais on ne sait pas comment Narcisse Pelletier a fini sa vie ? C'est vraiment une histoire étonnante et je vais m'empresser d'aller acquérir votre ouvrage cet après-midi!
F. G. Le vrai Narcisse Pelletier, à son retour, on lui a trouvé par charité un emploi de gardien de phare, à Saint Nazaire. Il est mort à cinquante ans.


Hanna. Votre roman se situe au XIXe siècle. Pourquoi avez-vous choisi des tragédies de Racine parmi les lectures faites par Vallombrun à Amglo (Narcisse) ?
F. G. Parce que la langue de Racine est un modèle indépassable d'élégance et de classicisme. A choisir un livre, pour la sonorité du français, j'ai mis dans la bibliothèque du gouverneur ce qui me semblait un idéal de perfection de la langue française.


Bernard. Pendant la lecture du livre, je n'ai pu m'empêcher de penser à «l'Enfant sauvage» de François Truffaut, inspiré aussi d'une histoire vraie. C'est pour moi le choc des cultures; le moment ou l'on bascule d'un côté ou de l'autre : troublant non ?
F. G. Oui, à la différence radicale que l'Enfant sauvage a été, semble-t-il, élevé par des loups, et que Narcisse a été adopté par des êtres humains! L'Enfant sauvage de l'Aveyron est un cas unique, où aucune culture n'existait. Narcisse, lui, n'est pas confronté à l'absence de culture, mais a une culture qui lui est fondamentalement étrangère. D'autant plus que Narcisse a fait deux fois ce voyage, puisqu'il était de son temps et de son monde occidental. Il a fallu qu'il le désaprenne pour pouvoir survivre comme aborigène, et faire ensuite, dix-huit ans plus tard, le voyage du retour.

À lire aussi





Blanc de sable
Un matelot abandonné sur une plage au XIXe siècle. Le premier roman de François Garde

Narcisse Pelletier, le mousse naufragé 17 ans dans une tribu


Né à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Narcisse Pelletier est victime d'un naufrage au nord de l'Australie. Retrouvé plus d'un quart de siècle après, il terminera sa vie comme gardien de phare, à Saint-Nazaire.





Papa, maman, je ne suis pas mort, je suis vivant ». Ce 13 juillet 1875, les parents de Narcisse Pelletier ont du mal à croire la lettre qu'ils viennent de lire. Elle est pourtant signée de leur fils, porté disparu en mer. Problème : c'était il y a dix-sept ans ! Narcisse Pelletier avait alors 14 ans. Il en a désormais 31 et tout le littoral vendéen attend désormais le retour de l'enfant miraculé...


Les Ohantaalas


Tout commence il y a 150 ans, le 6 août 1858 au départ du trois-mâts le Saint-Paul. Vingt hommes composent l'équipage, dont le mousse Narcisse Pelletier de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le bateau fait escale à Hong Kong puis repart avec des travailleurs chinois, qui comptent travailler dans les mines australiennes. Au Nord-Est de l'Australie, le bateau heurte un récif et se brise sur l'île Rossel. Une chaloupe parviendra à atteindre le Cap Flattery mais, sur place, il n'y a, a priori pas de quoi survivre. Ils repartent sans le jeune Narcisse Pelletier, jugé trop faible pour tenir. Laissé à son triste sort sur le rivage, il attire l'attention des autochtones, la tribu des Ohantaalas. Ceux-là l'adoptent et l'histoire rapporte que Narcisse se maria avec la fille du chef.


Une grande fête


Dix-sept printemps plus tard, le 11 avril 1875, le bâtiment anglais le John Bell mouille dans les parages. Des membres de l'équipage s'aperçoivent qu'un blanc vit dans la tribu des Ohantaalas. Ils le kidnappent et le conduisent en Australie. On lui réapprend à parler et à écrire. Pris en charge par le consul de France, Narcisse Pelletier retrouve Saint-Gilles-Croix-de-Vie le 2 janvier 1876. « Il y a une grande fête au petit pays pour accueillir le revenant », écrit, cette année-là, l'auteur Malex Bernard. « Toute la population, précédée du vieux recteur qui, il y a trente ans, baptisait Narcisse, accompagne la maman à la rencontre de celui qu'elle a tant pleuré, tout en l'espérant toujours vivant ».


« Un cri à donner le frisson »


A Saint-Nazaire, Narcisse Pelletier refait sa vie à Port-Charlotte, une petite baie verdoyante, creusée sur la côte. Il se marie avec Louise Mabileau, mais le couple n'aura pas d'enfants. Spécialiste dans la manoeuvre de la « touline », sorte de filin que l'on jette de la terre ferme à l'équipage d'un navire, il travaille au feu de l'Aiguillon. « Il ne fallait surtout pas l'appeler le sauvage », raconte un vieux Nazairien.


« Cet homme sobre, bon garçon, un peu taciturne, avec un grand regard noir, perçant, était facilement irritable et tous ceux qui avaient affaire à lui pour le service le craignaient ». Il témoignait de sa notoriété par un petit cri à donner le frisson. Un jour, quelqu'un fit allusion aux moeurs anthropophages en sa présence. Narcisse se contenta d'un sourire en découvrant « une dentition digne d'un carnassier. Chacun conclut que l'ex-gendre du chef indien avait certainement mangé de la viande humaine ». Il ne démentit jamais cette assertion.


Nul doute que depuis son phare, Narcisse scruta longuement la mer, pensant avec nostalgie à sa famille adoptive à laquelle on l'avait arraché. il mourut le 26 septembre 1894 à son domicile au n°20, Grand'rue de Saint-Nazaire. Il avait 50 ans. Son épouse, qui se remaria, décéda dans les années 1950.



JOJO LE MéROU




Le monde du silence, de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle (1956)
29avr09
Le monde du silenceLes plongeurs de la Calypso virevoltent dans l’eau bleue, mais la star de la séquence s’appelle Jojo.

Jojo-le-mérou.
Comique, cabotin.

Parfait…
Cousteau et ses hommes palment dans des châteaux de corail où s’embusquent des calmars aux teintes électriques et des nuages de poissons biscornus ou colorés : murènes et poissons-anges, poissons-coffres et poissons-papillons…

Splendeurs de la mer Rouge… Dans l’océan Indien, un drame se noue : des requins dévorent un bébé cachalot… Danse de mort. Mais les tortues géantes d’Aldabra pondent dans le sable… Larmes de vie.

Documentaire français de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle.

1h26, Sélection officielle du Festival de Cannes 1956 (Palme d’or), Oscar du meilleur documentaire en 1957.
Avec Jacques-Yves Cousteau (lui-même), Frédéric Dumas (lui-même), Albert Falco (lui-même), André Laban (lui-même) et Simone Cousteau (elle-même).
Note : 17/20
C’est à l’occasion d’une rétrospective Louis Malle, projetée à la Cinémathèque d’Helsinki, que j’ai pu revoir ce chef-d’œuvre du cinéma français. Ce film est si exceptionnel qu’il mérite à plus d’un titre d’être souligné : c’est le premier long-métrage sous-marin à être entièrement tourné en couleurs et le premier documentaire à remporter une Palme d’or au très select Festival international du film de Cannes. C’est aussi accessoirement le premier film de Louis Malle, génial cinéaste qui allait nous donner un magistral Ascenseur sur l’échafaud, une truculente Zazie dans le métro ou encore un émouvant Milou en mai.
Véritable odyssée d’exploration des fonds sous-marins, Le monde du silence nous entraîne dans les profondeurs de la mer Rouge, de la mer Méditerranée, de l’océan Indien et du golfe Persique. Grâce à un équipement technique des plus sophistiqué (scaphandres autonomes à air comprimé, scooters sous-marins, caméras sous-marines), l’équipage de La Calypso, commandé par le sympathique Jacques-Yves Cousteau, observe et filme une faune et une flore aquatique aussi admirables que cruelles.
Un monde merveilleux que l’on découvre au travers de scènes inédites d’une fascinante beauté : le ballet des plongeurs portant des torches, l’attaque d’un cachalot blessé par des requins affamés ou encore le spectacle attendrissant de la naissance d’une tortue sur une plage des Seychelles. Un voyage inoubliable que je conseille à tous les amoureux de la mer.