Le Livre
C'est la der ! Promis, juré, ce sixième volet des
Chroniques du règne de Nicolas Ier, fresque drolatique autant qu'érudite, n'aura pas de suite. Formidable succès de librairie, sa narration du quinquennat à la façon de la "Chronique de la Cour", d'André Ribaud, dans
Le Canard enchaîné, et dont les cinq volumes se sont écoulés à plus de 500 000 exemplaires selon Edistat, est toutefois devenue pour lui un "boulet". C'est ce que l'écrivain confesse en introduction de cet ultime épisode. "Ce qui n'était qu'une courte satire devint un projet inédit, celui de retracer un règne dans la durée", résume-t-il - le règne d'un "Sautillant Monarque", d'une "Stupéfiante Majesté", entre autres appellations. Autant dire que sa défaite a été pour notre scribe une libération. Et de se féliciter de l'avènement de François IV, "le quatrième de notre longue histoire, après le François Ier de Marignan, ce François II qui régna si peu, un François III couronné en 1981". Certes, il est surtout question des derniers soubresauts de la gouvernance du président sortant, des péripéties de M. Sinclair de Strauss-Kahn outre-Atlantique aux manigances des valets de Nicolas Ier - le duc de Meaux, M. Copé, le duc de Sablé, M. Fillon, le duc de Troyes, le chevalier de Guaino, etc. Mais les débuts du règne de François IV sont aussi évoqués et sa marquise de Pompatweet n'est pas épargnée. C'est toujours aussi piquant, méchant, très informé. "J'écris pour que nous gardions les yeux ouverts", rappelle
Patrick Rambaud. A juste titre
L'extrait
A l'aube du règne de Notre Culotté Potentat on parlait déjà de son crépuscule, ainsi le duc de Morny, au lendemain du coup d'Etat de Louis Napoléon, se demandait combien de temps la comédie allait durer ; hélas, le Second Empire dura. Notre Intempestif Leader espérait à son tour durer en usant de mille malices et en semant partout la discorde pour se maintenir sur un peuple qui ressemblait maintenant à un puzzle : son goût de couper la France en tronçons antagonistes persista cinq ans ; les chiffres l'emportaient dès lors sur les lettres, la quantité sur la qualité. A ce propos, voyons comme le Prince se comportait face aux apparences, lui pour qui le passé n'existait point, sinon sous la forme d'ersatz. Suivons-le en Chine, quand il visita en vingt minutes et en famille le mausolée de Ling- tong pour s'extasier devant l'armée de terre cuite mise au jour. Les guides lui expliquèrent cette découverte du gigantesque tombeau de Che Houang-ti, qui ne datait pas de vingt-quatre siècles, comme ils le prétendaient, puisqu'il avait été presque aussitôt pillé et brûlé par le roi de Tch'ou. M. Jean Levi nous l'affirmait, lui, éminent décrypteur de l'antiquité chinoise : Notre Démagogique Monarque aurait pu aussi bien admirer une cargaison de faux sacs Vuitton fabriqués à Hong Kong puisque ces guerriers d'argile, lesquels n'avaient pas traversé les siècles mais semblaient aussi neufs que disgracieux, avaient été confectionnés en série sous l'Empereur Mao, à l'imitation des statues de M. Lénine dont elles avaient la raideur et la mocheté. Pareille aux grands musées et aux milliers de visiteurs grugés, Notre Somptueuse Majesté apprécia donc l'oeuvre des faussaires, fasciné par la multitude des figurines. Notre Insurpassable Prince aurait aimé, lui aussi, imposer cette écoeurante laideur à l'univers, car il aimait autant les copies que les originaux, ne sachant les distinguer. Sans doute sentait-il une connivence avec Che Houang-ti, l'Auguste Empereur qui fit brûler tous les livres et expédia les lettrés sur l'inutile chantier de sa Grande Muraille, pour les tuer. N'avait-il pas voulu imposer ses normes à son peuple ? M. Jean Levi dit encore : "Sages, excentriques, illuminés, fous, simples, parasites, clochards, génies, écologistes et autres marginaux - tous ceux qui ne se pliaient pas au moule - furent éliminés." Il suffisait d'y ajouter des romanichels, des Arabes, des chômeurs et des miséreux pour que ce texte se transformât illico en une loi de Nicolas Ier. J'ai tenu à relever cette anecdote éclairante pour donner une perspective à la méthode impériale et aux contrefaçons sur quoi elle reposait.
Disons tout de suite ce qui se passa pendant l'été 2011, où à la dernière livraison de cette Chronique nous avions abandonné nos personnages. Renouons ce lien. Rafistolons vos mémoires évanouies. Selon un rituel rodé au cours du règne, les notoires ne durent pas trop s'éloigner de leurs bureaux, pour y revenir aussitôt que le devoir les sonnerait. Le duc de Meaux, M. Copé, partit lire en Corse, comme le baron Bertrand qui y fit du scooter ou M. Longuet, chargé de notre Défense, qui s'adonna à de paisibles promenades. M. Baroin, duc de Troyes en charge de l'Economie, s'en alla pêcher dans la Creuse ; la très verte Mme Prosciutto-Morizet rejoignit sa famille dans le Cotentin, où les cancers se développaient autour d'une centrale de déchets nucléaires ; le duc d'Evreux, M. Le Maire, fort dynamique, rencontra des agriculteurs au Pays basque tandis que le duc de Bordeaux, M. Juppé, qui régentait nos Affaires étrangères, envoya promener les gazetiers trop curieux par ces mots : "Je suis libre. Je vais où je veux et cela ne vous regarde pas." Ce fut encore en juillet, avant de se reposer chez sa belle-mère, que Notre Attachant Souverain fut agrippé par le veston dans le Lot-et-Garonne où, selon son ordinaire, une petite foule de militants triés hurlait son nom. M. Hermann Fuster, un employé municipal tout de noir et de gothique vêtu, voulait avec ce geste exprimer son exaspération en déjouant une sécurité extrêmement sophistiquée ; il y gagna six mois de prison avec sursis puisqu'il n'y eut point de blessure ni de col arraché et pendouillant. Cependant, la cote de popularité du Prince frémissait et son épouse raconta dans Nice-Matin qu'à Toulon elle avait visité des femmes de marins. Il y eut bien un nuage sombre sur tant de simplicité lorsque, à Sarran, l'ancien roi Chirac, hilare et gamin, répéta trois fois qu'à l'élection du Trône il voterait pour M. de la Corrèze contre Nicolas Ier. Ses proches expliquèrent que l'ancien monarque était désormais sourd comme un pot, qu'il était usé, qu'il sacrifiait à l'humour local.
Profitant de ce que les loyers parisiens augmentaient de 5 % et qu'il y eut trente-six mille chômeurs supplémentaires, Notre Bâtisseuse Majesté entreprit de restaurer le Château lors de son congé, entre un saut de puce en Chine et un autre à Nouméa. Trois cents ouvriers eurent donc du travail, même le week-end, de six heures du matin à dix heures du soir, afin de nettoyer le fronton de la Cour d'honneur et retaper de prestigieux salons, pour la modeste somme de quinze millions et six cent mille euros pris sur le budget de la Culture. Cette année-là, on connut en France des records de chaleur dans une douzaine de départements ; à Gaillac, dans le Tarn, le thermomètre dépassa les quarante degrés à l'ombre ; des touristes se rafraîchissaient dans les fontaines de la Concorde, à Paris. Un autre coup de chaud fut remarqué également à Tottenham High Road, au nord de Londres, quand de jeunes émeutiers incendièrent des voitures et des bâtiments après avoir pillé des boutiques. "Il n'y a rien pour eux, alors ils volent", dit un habitant blasé. Lord Cameron, le Premier des Britanniques, réclama la fermeté contre ces malfrats. Au même instant les banques françaises en surchauffe s'effondraient, ce qui interrompit net les vacances de Sa Majesté, laquelle revint au Château afin de nous rassurer, mais qui se soucia de ses discours ? De tous ces événements que j'ai mentionnés, assez riches pour occuper les conversations de plages, il ne resta rien.
Les gazettes du monde entier occupèrent la totalité de la saison chaude à nous décrire, avec de multiples détails contradictoires, les péripéties aux Amériques de M. Sinclair de Strauss-Kahn, un temps avancé comme le possible vainqueur de Nicolas Ier à l'élection du Trône, et que l'on nom- mait plus couramment M. de Washington, car il vivait près du Fonds monétaire international dont il présidait la marche. Nous avons raconté sa faute, dans un Sofitel de New York, quand il sauta sur une femme de chambre noire au sortir de sa douche, et ce qui s'ensuivit, la plainte, les cris, les sourires, l'arrestation et la prison abominable. Désinvolte mais soupçonneux, certain que ses ennemis l'écoutaient, lui qui espérait cacher la fortune de son épouse, il voyait s'étaler dans les gazettes le prix de son riad à Marrakech, celui de son appartement de la place des Vosges et de la maison de Washington où il vivait. Arrêté, libéré sous caution puis sur parole, avec un bracelet électronique à la cheville, des caméras dans son salon, un garde armé à sa porte, nous allions de coups de théâtre en surprises, friands de ses mal- heurs. Les photographes le suivaient en essaims pour nous livrer des images de portes closes. Ils bourdonnaient devant son premier refuge, les yeux braqués sur les larges fenêtres à guillotine du quatrième étage, au 71 Broadway Street, ce qui dérangea la quiétude des voisins furibonds ; ils firent chasser l'indésirable. M. de Washington emménagea dans une maison individuelle, au 153 Franklin Street, où il passa ses journées sans ouvrir les stores, à dormir ou à jouer aux échecs sur son ordinateur. C'était un quartier chic. S'il avait pu sortir, au bout de la rue il aurait croisé Robert De Niro au grill branché qui lui appartenait. On sut le loyer de cette prison de briques, cinquante mille dollars par mois. Les moralistes du Parti social, pour mieux se détacher de leur ancien condisciple, le blâmèrent à forte voix. "Si vous avez de l'argent, disait le chevalier de Montebourg entre ses dents acérées, vous pouvez échapper au bagne. Sinon, tant pis pour vous." Son pair M. d'Hamon ajoutait : "Je comprends que cela puisse choquer des millions de Français."
Les choqués suivaient cependant avec passion le fil de ces crapuleuses aventures. Ils assistèrent à d'affriolantes saynètes, comme l'entrée de déménageurs en short qui amenaient des tapis roulés et des tableaux, ils virent trois rabbins en grande tenue qui furent éconduits, et un livreur de parasols car il y avait une terrasse. L'endroit devint à la mode. Des badauds se faisaient portraiturer sur le trottoir. Des cars touristiques à étage s'arrêtaient pour montrer le repaire de l'ogre, et le guide indiquait au micro : "Sur votre droite, l'immeuble où demeure le Français accusé de tentative de viol." Les visiteurs chinois battaient des mains en frissonnant.
Poussée par son sémillant avocat, la plaignante maintenait ses accusations, même si le procureur avait émis des doutes et repéré des mensonges dans ses déclarations. Jusqu'à présent on ne l'avait qu'à peine devinée, cachée sous un drap blanc devant le commissariat. On l'appelait Ophelia et on l'imaginait façon mannequin, eh bien non. Elle se nommait Nafissatou, était grande, carrée, un peu épaisse, et elle vivait dans un deux-pièces du Bronx, un HLM gris peuplé d'immigrés récents. Elle venait d'un hameau de cases rondes, au nord de la Guinée, à sept heures de route et deux heures de pistes de Conakry, pour aboutir dans les colonnes de Newsweek et détailler son agression. On apprit alors qu'elle avait téléphoné à un détenu qui trafiquait des drogues ; il l'aurait encouragée à foncer contre ce riche Blanc pour récupérer un maximum de dollars. On découvrit des transferts d'argent douteux sur son compte. Et elle avait menti au service d'immigration comme aux services sociaux, pour obtenir aux Etats-Unis un statut et des allocations ; elle avait une fille de quinze ans. Pour l'opinion, qui a l'habitude de se retourner avec aisance, elle devenait une mauvaise pauvre. "C'est une frivole", dit un Guinéen de l'ethnie mandingue devant un entrepôt arrangé en mosquée. "Pourquoi est-ce qu'elle a mis tant de temps avant de prévenir la police ?" demandait un autre, de l'ethnie peule. Dans Good Morning America, sur le fenestron d'ABC, elle pleurait et mimait son affreuse histoire : "J'ai dit : Monsieur, arrêtez ! Je ne veux pas perdre mon emploi !" Les dix mille femmes de chambre du syndicat de l'hôtellerie la soutenaient ; les associations noires se mobilisèrent. Des mouvements islamistes entrèrent dans cette danse du scalp. Une petite foule menaçante se rassembla sous les fenêtres de M. de Washington, mais en vain ; désormais libre de ses mouvements par décision judiciaire, il s'était rendu au Tanglewood Music Festival, dans le Massachusetts, pour y écouter de la musique de chambre. Il n'en était pas moins épié et jugé en France. Quand il sortit avec des amis dîner dans un restaurant italien, on critiqua le prix du menu, lequel variait selon les gazettes de soixante à sept cents euros pour un plat de spaghettis aux truffes blanches, le même que Sa Majesté offrit à l'Empereur Hu dans une célèbre gargote niçoise.
Les déboires de M. de Washington n'affectaient pas que sa famille, mais aussi son ancien parti, envahissant les élections primaires qui devaient à l'automne désigner le candidat social capable de se présenter contre Nicolas Ier. La plupart des femmes combattaient le graveleux de l'accusé et défendaient la cause de la soubrette bafouée. Plusieurs d'entre elles, militantes d'Osez le féminisme, Paroles de femmes ou de divers collectifs, manifestèrent à Paris en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Sexisme : ça part en couilles !" ou "Nous sommes toutes des femmes de chambre" ; ajoutons que par dérision ces militantes portaient des barbes postiches. Au Parti social, si on comprenait ces réactions, que parfois on approuvait, on parlait de pollution. Le baron Bartolone joua les démineurs : "M. de Washington, c'est un peu le Dr. Jekyll et Mr. Hyde pour les électeurs. Dans la même phrase, ils se disent choqués par tout ce qui a été déballé sur lui, mais ils regrettent l'absence de ce poids lourd pour lutter contre la crise financière." Le baron Borgel, fin technicien du Parti social et de ses rouages compliqués, commenta à son tour : "L'objectif du Parti impérial est clair : pourrir l'organisation de nos primaires par les affaires."
Notre Rusé Leader attendait en effet que le Parti social, qu'il savait traversé par des courants et autres tourbillons, finît après bien des turbulences à noyer ses champions. Au début du scandale, nous l'avions vu, Sa Majesté avait été à la fois jubilante et contrariée. Cachant sa joie, dans l'aéronef qui l'emportait à Yamoussoukro pour assister à l'avènement de son ami Ouattara, le Prince délaissa avec une fausse négligence le roman de M. Umberto Eco, qu'il feignait de lire, pour confier aux gazetiers de sa suite que cette affaire était triste et atroce : "J'lui avais bien dit, pourtant, qu'les Américains y plaisantaient pas avec les moeurs." Il continua : "L'Parti social, il oublie toujours les victimes." Comme il était alors dans sa période cultivée, il cita Boule de Suif où les prostituées peintes par M. de Maupassant étaient drôlement humaines. Loin du public et à des proches il définissait la ligne à tenir : "C'est les mêmes, hein, qu'ont prétendu m'donner des l'çons d'morale ! J'vais leur montrer, moi, ce que c'est que c'est d'être irréprochable !" Les critiques contre M. de Washington s'éteignirent sur ordre du Château. Les courtisans devaient se montrer dignes et ne triompher que sous cape. Ceux du Parti impérial que les gazettes interrogeaient là-dessus avaient à leur disposition une batterie de réponses semblables et hiérarchisées ; ils devaient d'abord rappeler la présomption d'innocence afin de ne point bavasser sur le fond de l'enquête ; il leur fallait ensuite montrer de la sympathie pour la famille de l'accusé ; ensuite ils avaient à déplorer que ces embrouillaminis ne détériorassent l'image de notre pays, puis ils avaient une pensée émue pour la victime, si ses dires s'avéraient. Quelques-uns ajoutaient en contrepoint que Sa Majesté et Madame attendaient un bébé et que l'image admirable de ces parents l'emporterait dans l'opinion sur un gorille en rut. "Imaginez un peu, disait un lieutenant du Prince, ce qui se serait passé si M. de Washington avait déjà été investi par le Parti social..."
Cependant, c'était là le plan secret de Notre Vicieuse Majesté. Fourni par sa police et ses services secrets en informations sur l'intimité de ses rivaux, le Prince gardait cachée une histoire de notables libidineux et de call-girls en réseau qui, depuis le Carlton de Lille, fournissaient les soirées libertines de son principal concurrent. Le crime de New York avait écarté ce plan qui devait torpiller M. de Washington peu avant les élections du Trône, quand ce serait trop tard pour le Parti social de lui trouver un remplaçant tout blanc et tout propre. Cela supposait bien entendu que les gens de gauche, auxquels étaient élargies les primaires, aient opté pour M. de Washington, ce qui n'était point assuré.
Quoi qu'il en fût, Notre Teigneux Monarque dut modifier sa stratégie. Il avait été certain de vaincre M. de Washington qu'il attendait sur ses contradictions, sa fortune et ses moeurs ; voilà qu'il était contrarié. Du jour au lendemain, une fois M. de Washington éliminé, il fit chanter sa compétence mondiale, son talent pour affronter les crises, son carnet d'adresses, sa volonté d'adoucir les plans de sauvetage de la Grèce et du Portugal, son désir d'élargir le Fonds monétaire au Brésil ou à l'Inde. Bref, un réel costaud pour mieux se moquer du peu de poids des autres candidats du Parti social, qui prenaient des allures de remplaçants. A l'aune des sondages d'opinion que Sa Majesté commandait en nombre, et à propos de tout, ce qui enrichissait la société spécialisée de l'abbé Buisson, ne demeuraient réellement que deux personnages menaçants. D'abord Mme d'Aubry, duchesse de Solférino, qui semblait hésiter à s'élancer dans la course malgré le soutien des amis dépités de M. de Washington ; d'elle, le Prince disait en se gaussant :
- Elle est comme le Parti social qu'elle dirige. J'veux dire sectaire, archaïque et méchante. Les Français y votent pas pour les gens méchants.
- Vous avez cependant été élu, Sire, murmura un conseiller bien rétribué.
- Tu crois, connard, que j'suis sectaire ?
- Je n'ai jamais dit cela, Sire...
- Ben quoi, alors ? dit le Prince dont le regard dur lançait des éclairs de méchanceté.
- Il y a aussi M. Hollande, le duc de Tulle...
- Votre M. de la Corrèze qui s'est déclaré candidat à l'hôtel de ville de Tulle ? Il a même pas été secrétaire d'Etat aux timbres-poste ! Quand j'dirai "j'en ai causé avec m'sieur Obama," il dira qu'il a vu ça avec Gérard Dugenou, ramasseur de champignons en Corrèze !
- Ah ah ! Sire.
- Bien vu, Votre Majesté, mais justement, M. de la Corrèze se présente comme un éventuel président normal...
- C'est parfait, le coup du candidat normal ! Un président normal pour un job normal, dans une période normale, ça va bien ! Ça va faire vibrer les foules ! D'ailleurs, quand une femme tombe amoureuse, la première chose qu'elle dit c'est : Génial, j'suis amoureuse d'un mec vraiment normal !
- Ah ah ! Sire !
- Votre M. de la Corrèze est un rigolo !
- Certainement, Sire.
- Ce qui me chiffonne, Grandissime Souverain, intervint le cardinal de Guéant qui possédait des fiches sur chacun, c'est qu'il est lisse. Il offre peu de prises...
- Qu'est-ce que tu sais d'lui, Ton Eminence ?
- Je sais qu'il lit L'Equipe, qu'il adore la côte de boeuf, qu'il suit un régime pour maigrir, qu'il pratique le serrage de mains dans les provinces comme l'ancien roi Chirac ; on l'a signalé en Basse-Normandie, à Dijon, Périgueux, en Tunisie. Il a réuni près du Palais-Royal près de deux cents dirigeants d'entreprise...
- Pfft ! Y manque de charisme ! J'vais avoir la duchesse de Solférino en face de moi, c'est plié ! Et j'en f'rai qu'une bouchée ! Son programme date des années quatre-vingt !