samedi 10 mars 2018

AU PAYS MAYA


Reste-t-il des cités disparues à découvrir ?


ACTUALITÉ
Une douzaine de cités mayas ont été mises au jour il y a quelques semaines dans la jungle guatémaltèque. Une découverte exceptionnelle… et de plus en plus rare ? À l’heure où l’homme connaît de mieux en mieux la planète, reste-t-il encore vraiment des territoires inexplorés ?

La découverte a fait grand bruit. Les ruines de 60 000 maisons, palaces, chaussées, et même pyramides, ont été identifiées dans la jungle guatémaltèque. Et ce, grâce au LiDAR, une technologie de détection par ondes lumineuses, qui, via des drones, a pénétré l’épais feuillage.
C’est une découverte rare, mais pas unique. Dans le domaine, les archéologues communiquent régulièrement autour de ruines exhumées pour la première fois au grand jour, ou redécouvertes (on connaissait déjà leur existence, mais elles font l’objet de nouvelles fouilles).

Les images produites par la technologie LiDAR. (Photo : capture d’écran YouTube / National Geographic)

L’an dernier, Qalatga Darband, une cité possiblement fondée par Alexandre Le Grand au Kurdistan, a eu les honneurs de la presse. Au Cambodge, en 2013, c’est Mahendraparvata qui est réapparue sur le devant de la scène. Néanmoins, reste-t-il vraiment de possibilités de découvertes sur la planète ?
Entre sites et cités
Il faut déjà savoir de quoi on parle, répond Éric Taladoire, spécialiste des Amériques et notamment des Mayas à l’Université de Paris I. « Pour les archéologues, un site peut être un atelier de taille, un fond de cabane, un hameau, de l’art rupestre, etc. jusqu’à une cité. Pour ce qui est des sites de petite à moyenne taille, il s’en découvre tous les jours ou presque, qu’il s’agisse de l’Amérique, de la France ou d’ailleurs. Pour vous donner une idée, lors de notre arrivée dans la vallée d’Ocosingo au Chiapas, on y connaissait environ 40 sites. Au terme de deux ans de recherches, on en avait enregistré 140 ! »
Concernant les sites plus imposants, l’archéologue estime qu’il reste des cités perdues à explorer, donnant l’exemple du Slovène Ivan Sprajc qui en a découvert une de taille moyenne à Chactun, au Mexique récemment.

Le site de Chactun, dans l’État de Campeche, au Mexique. (Photo : AFP / INAH)

Des nouvelles technologies qui aident
On peut être optimiste pour de futures découvertes car les avancées de la technologie aident à exhumer de nouveaux sites. « Le LiDAR et les prises de vue satellites sont de très bons outils pour identifier des sites et surtout comprendre leur emprise, indique Denis Genequand, au Laboratoire Archéologie et Peuplement de l’Afrique (APA) de l’Université de Genève. Ils permettent de voir ce que l’on ne peut pas observer en étant au sol, ou quand les sites sont enfouis dans la forêt. »
L’Afrique, nouveau réservoir ?
L’Afrique dispose selon lui d’un formidable potentiel de découvertes : « L’Afrique subsaharienne reste finalement assez peu explorée car assez difficile d’approche. Il n’y a pas eu de tradition écrite, donc de nombreux sites ne sont pas connus. On en découvre régulièrement, on va continuer à en exhumer dans les vingt à trente prochaines années. » Mais attention : il ne faut pas s’attendre à de nouvelles pyramides ou un Machu Picchu africain : sur la majeure partie du continent, on ne construisait pas en pierre, mais en matières périssables, c’est-à-dire des végétaux. « Les découvertes seront forcément moins spectaculaires pour le grand public, mais toutes aussi intéressantes. »
N’oublions pas la mer
Un vaste espace reste aussi largement inexploré et pourrait receler quelques trésors : les fonds marins. « Avec la montée des eaux de 100 à 130 mètres, de nombreux lieux où vivaient les hommes ont été engloutis, rappelle le géohistorien Christian Grataloup, professeur émérite à l’université Paris Diderot. L’Angleterre était liée à l’Europe, le Japon à la Chine. Il y a des vestiges de l’activité des hommes, mais on n’y trouvera certainement pas une ville comme on l’entend : à l’époque, nos ancêtres n’étaient pas sédentarisés. » 
Les villes sous l’eau, ça arrive tout de même : en 2001, une ancienne cité égyptienne, Héracléion, avait été retrouvée à sept kilomètres des côtes. Moralité : si voir surgir des Machu Picchu à tous les coins de rues est peu probable, les explorateurs de notre passé ne manquent a priori pas d’occupations pour l’avenir.

En 2001, l’archéologue Franck Goddio avait découvert l’ancienne cité engloutie d’Héraclélion, au large d’Alexandrie, en Égypte. (Photo : Aladin Abdel Naby / archives Reuters)

La pollution dissout peu à peu les temples mayas


ACTUALITÉ
Un rapport alarmant publié par des chercheurs mexicains montre qu’à cause de la pluie acide, due à la pollution humaine, certaines inscriptions mayas datant de 4 000 ans pourraient disparaître des pyramides d’ici un siècle.
Des experts mexicains sont unanimes dans leur rapport, publié en février 2018. Les magnifiques pyramides construites par les Mayas il y a plus de 4 000 ans, se font doucement grignoter par la pollution. Les premiers édifices concernés sont ceux du célèbre site de Chichén Itzá, dans la péninsule du Yucatán, au Mexique.
Selon le Dr Pablo Sanchez, un biologiste du Centre d’études de l’atmosphère à l’Université Nationale Autonome du Mexique, « dans 100 ans, nous pourrions perdre toutes les inscriptions sur les murs et les piliers ».
Fragilité des blocs de calcaire
Si ces temples sont si fragiles, c’est parce que les Mayas les ont bâtis à partir de blocs de calcaire. Cette roche contient du bicarbonate de calcium, un élément chimique qui se dissout rapidement dans les pluies acides.
Or ces pluies se produisent lorsque la pollution engendrée par l’homme, essentiellement composée d’oxyde de soufre et d’azote, se mélange aux nuages de pluie. Le pH de l’eau diminue alors à moins de 5,6, ce qui correspond à un niveau d’acidité déjà avancé.
Les experts ont révélé que les pluies acides détruisent lentement les temples antiques du Mexique. Sur cette photo : la grande pyramide du site de Chichén Itzá dans la péninsule du Yucatán (Photo : Corinne Bourbeillon / Ouest France)
Les frises et gravures dans la roche calcaire s’effacent peu à peu avec les pluies acides. Les experts prédisent leur disparition d’ici un siècle. (Photo : Corinne Bourbeillon / Ouest France)
La pollution proviendrait d’autres pays
Les scientifiques ont également constaté que la pollution responsable de ces pluies acides ne provient pas forcément du Mexique. « La pollution peut parcourir des milliers de kilomètres avant d’affecter la pluie, de sorte que son origine ne peut pas être réellement tracée. »
En revanche, le Mexique a accueilli plus de 11,4 millions de touristes en 2017 et les temples mayas sont l’une des attractions préférées des voyageurs. Même si la pollution peut provenir d’autres pays, la capitale Mexico a été répertoriée comme l’une des viles les plus polluées du monde, au début des années 1990.
Les chercheurs étudient toujours des solutions pour protéger au mieux les temples de l’érosion, mais la tâche est difficile, car ils ne peuvent recouvrir le calcaire d’un film protecteur. « Le problème, c’est que le calcaire doit respirer, absorber l’humidité et l’eau. Si vous le recouvrez d’une couche de protection étanche, cela provoque une accélération de l’érosion », explique le Dr Sanchez.
D’autres sites menacés par la pollution
Le Taj Mahal, en Inde, était blanc lors de sa construction en 1631. La pollution l’a rendu jaune (Photo : Gautier Demouveaux)
Le Dr Pablo Sanchez a également révélé que des grottes inondées, dans la péninsule du Yucatán au Mexique, sont menacées par la pollution. Il s’agit des cénotes, ce vaste réseau de puits naturels et de galeries remplies d’eau douce cristalline, datant de plus de 12 000 ans, formés par l’érosion et l’effondrement du sol. Mais les cénotes sont également devenus des lieux touristiques très populaires, pour la baignade et la plongée sous-marine, ce qui menace cet environnement très fragile, où les scientifiques continuent de découvrir des traces anciennes de la vie sur Terre.
Le célèbre Taj Mahal en Inde est lui aussi confronté à des menaces similaires de pluies acides. La pollution de l’air jaunit sa façade blanche et abîme les détails.

vendredi 9 mars 2018

LE FRUIT DU BAOBAB

Pourquoi les Américains raffolent du fruit du baobab


Aux États-Unis, la quête permanente de nouveaux produits censés aider à prendre soin de son corps et de sa santé, place depuis quelques mois le fruit du baobab sous les feux des projecteurs. Une tendance lancée par un naturopathe belge.

Magazines de santé, émissions de télévision dédiées au bien-être, sites internet spécialisés sur les vertus des produits naturels sains… La plupart de ces médias américains ne se lassent pas de vanter les mérites d'un aliment : le « superfruit ».

Derrière cette appellation se cache le « pain de singe » ou fruit du baobab. Un produit connu de longue date en Europe, mais que les États-Unis ont adopté avec enthousiasme ces dernières années.

Un « superfruit »

Le « superfruit » en question possède, il est vrai, toutes les qualités pour séduire les consommateurs soucieux de leur corps. Chargé d'antioxydants, de nutriments et micronutriments, de protéines, de magnésium, six fois plus riche en vitamine C qu'une orange, contenant trois fois plus de calcium que le lait et six fois plus de potassium que la banane, il régénère et stimule les défenses immunitaires, aide à lutter contre la fièvre et possède en outre des propriétés anti-inflammatoires.

Transformé en poudre, le fruit du baobab peut être consommé en accompagnement de boissons ou desserts. (Photo : Stéphane Cugnier)

Ses avantages ne s'arrêtent pas là. Les fibres solubles qu'il contient soulagent le système digestif, tandis que la pulpe du baobab est bénéfique à la flore intestinale. Autant de bénéfices qui en font un aliment tout particulièrement recommandé aux sportifs ou aux personnes convalescentes, afin de favoriser la récupération.

Considéré comme un aliment prébiotique, il s'est vite invité dans le programme diététique des sportifs américains, notamment les coureurs de longues distances, comme le médaillé de bronze des jeux Olympiques de Rio sur marathon, Galen Rupp, ou les joueurs NBA, soumis à des cadences d'enfer tout au long de la saison (82 matches de saison régulière et des voyages à travers tout le pays).

L'arbre de vie

Encore récent, cet engouement des consommateurs américains autour du fruit de « l'arbre de vie », tel qu'est surnommé le baobab, est à mettre au crédit d'un naturopathe belge, originaire d'Ostende. Installé à Santa Barbara (Californie) depuis 22 ans.

Le naturopathe Luc Maes, avec son épouse Barbara, fut le premier à commercialiser la poudre de baobab aux USA. (Photo : Stéphane Cugnier)

« J'ai toujours été passionné par les plantes médicinales, les ingrédients qui les composent et j'ai toujours cherché à en savoir davantage, explique Luc Maes, fondateur de la marque Kaibae, commercialisant depuis 2014 de la pulpe de baobab déshydratée. En ce qui concerne le fruit du baobab, j'ai tout de suite été intéressé par sa composition, sa chimie. Et je me suis aperçu de sa richesse, mais aussi de l'importance du baobab en Afrique, qui est un arbre respecté, un arbre de légende. J'étais fasciné. »

Le naturopathe entrevoit immédiatement les possibilités du superfruit et décide de se pencher sur son utilisation. « Plus je m'y intéressais, plus je découvrais ses bénéfices pour la santé. Mais je voyais aussi avec surprise que les baobabs étaient de moins en moins nombreux en Afrique, car ils poussaient dans des régions de grande pauvreté, où ils étaient abattus pour être commercialisés sous forme de charbon. Je me suis alors dit que nous avions la possibilité d'inverser ce cycle, tout en aidant les populations locales. »

Avec l'aide d'une connaissance travaillant dans l'humanitaire et le développement agricole en Afrique, Luc Maes, et son épouse Barbara, partent à la rencontre des « anciens » et « sages » des différentes communautés, afin de mettre en place une chaîne d'approvisionnement et de production, notamment dans le Nord du Ghana. « Les gens là-bas n'avaient pas l'habitude qu'on les respecte et leur donne un salaire pour leur travail. Nous avons mis en place un partenariat efficace, qui vise à la replantation des arbres, au respect de l'environnement et des habitants. »

Les fondateurs de Kaibae en ont même tiré un film documentaire, intitulé The Lost Crop, primé dans de nombreux festivals, afin de montrer la réalité de leur action sur le terrain.

Success-story

Parallèlement, le naturopathe enchaîne les contacts auprès de l'industrie alimentaire et de l'industrie cosmétique, afin d'obtenir les certifications pour la commercialisation de sa poudre de baobab (laquelle se consomme en complément, diluée dans un verre d'eau ou saupoudrée sur un dessert), mais aussi d'huile destinée à régénérer la peau. Et en 2014, les premiers produits apparaissent sur les étagères des magasins. « Depuis, notre courbe de progression est confidentielle, mais constante. Nous travaillons cependant sur d'autres produits, à savoir la noix de cacay en Colombie ou le varech à Zanzibar ».

Les produits tirés du baobab intéressent autant l'industrie alimentaire que cosmétique. (Photo : Stéphane Cugnier)

Rançon du succès, l'idée de Luc et Barbara Maes a, depuis, été imitée par de nombreuses sociétés, ayant mis en place le même système de partenariat avec des communautés au Bénin, en Côte d'Ivoire ou au Togo.

Une concurrence autour logique, puisque le fruit du baobab s'est désormais fait une place chez les célébrités d'Hollywood, à commencer par l'actrice Charlize Theron, originaire d'Afrique du Sud, ou encore Vivienne Westwood, Jude Law, et Kirsten Dunst qui ne jurent plus que par les bénéfices du superfruit.


Barbara  

Barbara    

jeudi 8 mars 2018

MON CHOIX DE FEMME POUR LE 8 MARS

Amelia Earhart, aviatrice
Le 20 mai 1932, l’Américaine Amelia Earhart décolle de Terre-Neuve, à bord d’un Lockheed Vega. Elle affronte deux tempêtes, le givre, un altimètre cassé et se pose en catastrophe dans un champ de Londonberry, dans le nord de l’Irlande, au lieu de Paris. C’est ainsi qu’elle devient la première femme à avoir traversé l’Atlantique en avion et en solitaire !


Amelia Earhart, première femme aviatrice à traverser l’Atlantique en solitaire en avion. (Photo : Wikipedia)

Pas rassasiée pour autant, l’aviatrice intrépide s’attaque à un autre parcours périlleux : Hawaï, la Californie et la côte Est des États-Unis, un itinéraire qui a coûté la vie à de nombreux pilotes avant elle. Pour sa part, c’est une réussite.
En 1935, elle s’élance pour un tour du monde en duo, avec l’Irlandais Frederick J. Noonan. Le duo traverse le continent américain, puis l’Afrique dans sa largeur, la péninsule arabique, l’Inde, puis se dirige vers le Sud-Est asiatique et l’Indonésie, puis l’Australie. Avant de décoller vers la Nouvelle-Guinée, l’équipage se débarrasse de ses parachutes, estimant qu’ils ne leur seraient d’aucune utilité dans les 170 millions de kilomètres carrés du Pacifique. Le 2 juillet, alors que le duo doit rejoindre Howland (un minuscule îlot du Pacifique), puis Hawaï et enfin la Californie, leur avion disparaît des radars.

Le mystère Amelia Earhart enfin élucidé ?


ACTUALITÉ
Amelia Earhart, célèbre pour avoir traversé l’Atlantique en avion en solitaire, disparaît mystérieusement dans les airs en 1937 lors d’un tour du monde avec le pilote irlandais Frederick Noonan. Un anthropologue relance l’enquête : des os, retrouvés sur une île du Pacifique en 1940, pourraient bien être ceux de l’aviatrice.
La publication d’une nouvelle étude relance le mystère autour de la disparition de l’aviatrice Amelia Earhart, partie faire un tour du monde en avion en 1937. Un anthropologue a comparé des os retrouvés sur un îlot du Pacifique avec l’ossature de l’aventurière grâce à de nouvelles techniques. Il affirme qu’il s’agit très certainement des siens.
L’histoire de cette Américaine est assez extraordinaire. En 1932, elle est la première femme au monde à traverser l’Atlantique en avion et en solitaire. Son appétit pour l’aventure n’est pas rassasié pour autant. En 1935, elle planifie un tour du monde en avion, en suivant la ligne de l’équateur, soit plus de 46 000 km.
Amelia Earhart en 1928. (Photo : Wikimédia)
Elle s’élance pour ce long périple, le 1er juin 1937, avec à ses côtés, Frederick J. Noonan, un aviateur irlandais. Le duo traverse le continent américain, puis l’Afrique, la péninsule arabique, l’Inde et se dirige vers le sud-est asiatique et l’Indonésie. Une longue pause les retient sur l’île de Java pour réviser l’appareil. Les deux aventuriers reprennent leur parcours et volent vers l’Australie.
Treize os, une bouteille de liqueur…
Avant de décoller vers la Nouvelle-Guinée, l’équipage se débarrasse de ses parachutes, estimant qu’ils ne leur seraient d’aucune utilité dans les 170 millions de km² du Pacifique. Le 2 juillet, alors que le duo doit rejoindre Howland (un minuscule îlot du Pacifique), puis Hawaï et enfin la Californie, leur avion disparaît des radars. Le gouvernement américain dépêche neuf navires et 66 avions de recherche autour des dernières positions envoyées par Amelia Earhart, en vain. Le 18 juillet, les recherches prennent fin. Selon les autorités, l’appareil se serait abîmé dans les flots, à 120 miles (560 km), de l’îlot isolé de Howland et les deux pilotes seraient morts dans le crash.
Trois ans après, non loin de là, des os sont retrouvés sur l’île Nikumaroro (qui s’appelait l’atoll de Nouv à l’époque), par une expédition britannique. D’abord un crâne, puis lors de fouilles plus poussées, d’autres ossements avaient été mis au jour et ce qui semblait être une chaussure de femme. Parmi les autres trouvailles, une bouteille de Bénédictine – liqueur « connue pour faire partie du paquetage d’Earhart », signalent des passionnés d’aviation à USA Today – et une boîte conçue pour ranger un sextant de la marque Brandis datant de 1918.
« À l’époque, on pensait déjà qu’il pouvait s’agir des os d’Amelia Earhart », note Richard Jantz, l’anthropologue de l’université de Tennessee auteur de l’étude qui relance l’affaire. Il estime que les os« d’Earhart ressemblent davantage à ceux retrouvés sur l’île que ceux de 99 % des individus d’un large échantillon testé (2 700 individus) ». Son travail, « Amelia Earhart and the Nikumaroro Bones », a été publié dans la revue scientifique Forensic Anthropology.
Une conclusion pas confirmée
Les os ont été perdus depuis longtemps, mais Jantz a repris les mesures qui avaient été faites à l’époque et a appliqué des techniques d’analyse médico-légale modernes, notamment le programme Fordisc, régulièrement utilisé par les anthropologues du monde entier. Il a aussi pu obtenir plus d’informations sur la taille et la stature de Earhart grâce à des photographies de l’aviatrice, à certains de ses vêtements de pilote qui ont été conservés et des données inscrites sur son permis de conduire et ses brevets de pilote.
L’avion et les corps des aviateurs n’ont jamais été retrouvés. (Photo : Wikipedia)
En comparant l’ensemble, il estime que les os retrouvés correspondent à ceux d’une femme de la stature de Earhart, plus grande que la moyenne. C’est pourquoi il écrit dans son article que« c’est plus que probable que ces os, s’ils existent encore, sont ceux d’Amelia Earhart. S’ils ne lui appartiennent pas, alors ils sont ceux d’une personne très semblable à elle ». Selon lui, l’étude des os en était encore à ses balbutiements lorsque des ossements ont été retrouvés sur Nikumaroro et confiés au laboratoire de la Central Medical School des Fidji. Ce qui expliquerait que les os, à l’époque aient été attribués à une personne de sexe masculin. Mais comme il n’a pas pu analyser directement les os, sa conclusion ne peut pas être confirmée.
Des hypothèses nombreuses
Les théories sur la disparition de l’aviatrice sont nombreuses. Certains enquêteurs amateurs sont persuadés qu’elle n’est pas morte sur l’île, mais qu’elle aurait été faite prisonnière ainsi que son copilote par les Japonais. Leur hypothèse est notamment fondée sur une photo en noir et blanc, floue, découverte parmi d’autres documents des Archives nationales américaines à Washington.
On y voit plusieurs personnes sur un quai de l’atoll de Jaluit, dans les îles Marshall. Parmi elles, une femme de dos, dont la silhouette semble ressembler à celle d’Amelia Earhart, portant notamment un pantalon, comme l’aviatrice en avait l’habitude (et qui était plutôt rare à l’époque). En arrière-plan, un bateau remorque un engin. Pour les auteurs d’un documentaire sur cet indice diffusé l’été dernier, il s’agit d’un navire japonais qui remorque l’avion des deux aventuriers.
La fameuse photo qui a relancé d’autres théories sur la disparition des deux aventuriers. Des enquêteurs amateurs assurent qu’ils ont été capturés par les Japonais qui les auraient pris pour des espions américains. (Photo : AFP)
L’indice est controversé. Pour le groupe Tighar, des Américains passionnés d’histoire de l’aviation qui tentent depuis des années de découvrir ce qui est arrivé aux deux aviateurs, il est même « risible ». Eux penchent sur l’hypothèse voulant que l’avion a fait un atterrissage forcé sur Nikumaroro, où les deux aviateurs seraient décédés. Hypothèse qui pourrait être validée si, un jour, les os trouvés sur l’îlot sont formellement attribués à Amelia Earhart ou Frederick Noonan.

RAPPEL

La Journée internationale des droits des femmes, a lieu ce jeudi.Mise en place en 1977, cette journée est l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans le monde. De son côté, la Première dame Brigitte Macron a annoncé à BFMTV qu’elle ne participerait à aucun événement en particulier ce jour-là, estimant que « c’est tous les jours la Journée de la femme. »

INSOLITE !

Des avions de 39-45 retrouvés dans le Pacifique

ACTUALITÉ
Dans le Pacifique, l’armée américaine a remonté les débris de deux avions datant de la Seconde Guerre mondiale. Des restes humains ont aussi été découverts mais pas encore identifiés.
Les débris de ces carcasses d’avions dormaient au fond de l’océan Pacifique depuis plus de 70 ans, enfouis dans le sable. La vie sous-marine avait repris ses droits, engloutissant peu à peu les épaves des deux appareils, abattus en 1944, alors qu’ils survolaient le Pacifique, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dès 2015, l’armée américaine, dont une des missions est de retrouver les soldats disparus de la Seconde Guerre mondiale, avait identifié la zone de fouilles. L’opération d’excavation a eu lieu en février, durant plusieurs mois.
« C’était un travail très exigeant, il a fallu beaucoup de temps en plongée pour que cette opération réussisse, commente le lieutenant-colonel Tim Emge dans un communiqué de la Navy. Les deux derniers mois, les plongeurs travaillaient douze heures par jour, sept jours sur sept. »
Un travail titanesque
L’équipe, des membres de l’armée, de la marine et des forces aériennes américaines ainsi que des civils du ministère de la Défense ont travaillé depuis l’USNS Salvor, un navire de sauvetage. « Le Salvor est un navire robuste, mais il est surtout doté d’une chambre de décompression pour les plongeurs et d’une grue de 40 tonnes qui peut sortir des objets très lourds et volumineux du fond de l’océan », détaille le capitaine Mike Flanagan.
L’équipe a travaillé douze heures par jour les deux derniers mois pour extraire le sable qui recouvrait les débris. (Photo : U.S. Navy)
Les marins, formés par des archéologues, ont passé des semaines à fouiller la zone avec une grande variété d’outils, scrutant et tamisant minutieusement le sable et les sédiments aspirés, en quête d’indices sur les pilotes disparus. « C’est un procédé très méticuleux. Il y avait énormément de sable, on en remontait sans cesse », raconte dans le communiqué Jean Marien, marin, second sur le Salvor.
Chaque panier de sable remonté (mesurant 1,2 m sur 2,4 m et 1,3 m de hauteur), a nécessité près de cinq heures de travail. « Il fallait plusieurs plongées pour remplir les paniers, détaille Jean Marien. Parfois, on en remplissait deux à la fois. »
Parmi les débris, des restes humains ont été découverts, probablement ceux du ou des pilotes. Maintenant, l’objectif est de parvenir à les identifier. Cela prendra des mois, voire des années, prévient l’armée américaine, qui n’a pas pu confirmer combien de corps avaient été retrouvés.
Des dizaines de milliers de personnes engagées dans les différentes guerres américaines sont encore portées disparues. 72 941 de la Seconde Guerre mondiale, 7 705 et 1 599 des guerres de Corée et du Vietnam, précise le site d’informations Newsweek.

mardi 6 mars 2018

l’espoir de découvrir La Cordelière et Le Régent, coulées par les Anglais, il y a 500 ans.


500 ans après le naufrage, l’épave recherchée à Brest


ACTUALITÉ
Durant trois semaines, en juin et juillet, un navire va explorer une zone de la rade de Brest (Finistère) avec l’espoir de découvrir l’épave du navire, coulé par les Anglais, il y a 500 ans.

Ce pourrait être un empilement de charpentes, canons, mille et un objets de toutes sortes et, certainement, squelettes humains… Le tout enfoui sous plusieurs mètres de sédiments, par quarante mètres de fond. Voilà comment Michel L’Hour, l’œil pétillant, décrit ce à quoi devraient ressembler les épaves de La Cordelière et du Regent.
Les deux bâtiments, rappelle le directeur du Département de recherches archéologiques sous-marines du ministère de la Culture (Drassm), gisent, depuis cinq siècles, quelque part entre le goulet de Brest et la pointe Saint-Mathieu. « On a sous l’eau les deux plus grands musées de l’histoire du XVIsiècle », résume l’archéologue.

L’archéologue Michel L’Hour, et Anne Gallo, vice-présidente du Conseil Régional.

Au terme d’un affrontement dramatique, le 10 août 1512, les deux navires ennemis ont explosé et sombré. La Cordelière, nef de 40 mètres et 600 tonneaux, avait été construite au Dourduff, sur la rivière de Morlaix, sur ordre d’Anne de Bretagne, devenue Reine de France. Le Regent était, quant à lui, rien moins que le navire amiral de la flotte anglaise.
De nouvelles recherches
Henri VIII avait envoyé sa marine attaquer, par surprise, la flotte française qui mouillait dans la rade de Brest. Pour couvrir la retraite des autres navires, le capitaine de La Cordelière, Hervé de Portzmoguer, avait affronté les Anglais, seul avec son équipage. On estime qu’environ 1 500 hommes ont péri dans ce naufrage.
Plusieurs tentatives, dans les années 1990 et 2000, n’ont pas réussi à localiser les deux épaves. Décidée à valoriser son patrimoine maritime, la Région Bretagne, associée au Drassm, s’apprête à lancer une nouvelle campagne de recherches.


Du 20 juin au 14 juillet, l’André Malraux, navire d’exploration archéologique du ministère de la Culture, va sillonner un rectangle de 25 kilomètres carrés, situé près de l’entrée du goulet de la rade. Ses sonars vont balayer les fonds et dresser un profil détaillé des fonds marins, tandis que les magnétomètres détecteront la présence de métal. « Toute la difficulté, explique Michel L’Hour, sera d’interpréter les données. Le risque est de ne pas voir ce qu’on a sous les yeux ou de surinterpréter les données et de déclencher des opérations de recherche coûteuses… »
« Un jour quelqu’un trouvera… »
Cette fois, les moyens engagés sont « exceptionnels », souligne Anne Gallo, vice-présidente du Conseil Régional. Des historiens de l’Université de Bretagne Sud et GIS d’histoire maritime mènent, parallèlement, des recherches dans les archives, françaises et britanniques. Des étudiants et chercheurs de l’Ensta de Brest mettent au point des robots spécialisés. L’Ifremer et le Shom (service hydrographique de la Marine) apportent leur concours. Deux autres campagnes de recherches sous-marines sont déjà envisagées dans les années à venir.
S’il ne cache pas son enthousiasme et jure « qu’un jour quelqu’un les trouvera », Michel L’Hour veut rester prudent, sachant combien l’entreprise est incertaine. Néanmoins, affirme l’archéologue, « même si on ne trouve pas, on aura satisfait à nos obligations, tant La Cordelière a motivé de nombreuses recherches scientifiques ».