Neuf images de Wuhan, la ville chinoise coupée du monde à cause du coronavirus
Wuhan, ville de 11 millions d’habitants dans le centre de la Chine, est le foyer de l’épidémie de coronavirus qui a tué plus de 100 personnes. Les autorités ont coupé la métropole tentaculaire du reste du monde. Faisant d’elle une ville fantôme.
À quoi ressemble une métropole de 11 millions d’habitants coupée du reste du monde, et dont la plupart des résidents restent cloîtrés chez eux ? Pour répondre à cette question, il faut tourner le regard vers Wuhan, dans le centre de la Chine. C’est l’épicentre de l’épidémie de coronavirus qui a déjà tué plus de 100 personnes.
En réaction, jeudi 23 janvier, le gouvernement chinois a décidé de confiner la métropole tentaculaire. Dans la foulée, la mesure a été étendue à la quasi-totalité de la province du Hubei, dont Wuhan est la capitale. En tout, quelque 56 millions de personnes sont concernées. Plusieurs pays ont d’ailleurs décidé de rapatrier leurs ressortissants coincés sur place, dont la France.
Trottoirs déserts
Dans les secteurs confinés, les transports publics ne fonctionnent plus et les gares sont fermées tout comme « la plupart des commerces », relève l’Agence France-Presse (AFP).
À Wuhan, la circulation des véhicules jugés « non essentiels » est interdite. Les habitants sont invités à rester chez eux, et la plupart d’entre eux ne sortent pas.
Conséquence, Wuhan est devenue une ville fantôme. Des images, saisies par les reporters des médias internationaux ou des habitants de la ville, montrent des trottoirs déserts, de grandes artères ou de larges voies rapides entièrement vides.
La ville est « étrangement calme », relève le journaliste américain Chris Buckley, du quotidien américain The New York Times, qui se trouve actuellement à Wuhan.
« La peur, la colère et le courage cohabitent »
Sur le réseau social Twitter, il publie de nombreuses photographies et vidéos des rues désertes. Il y partage, aussi, des témoignages recueillis auprès des rares résidents qui s’aventurent à l’extérieur, toujours avec un masque de protection sur le visage. Une manière de prendre le pouls de la ville, et d’avoir un aperçu de l’ambiance sur place.
Son ressenti ? « Pour beaucoup d’habitants de Wuhan, plusieurs émotions cohabitent. La peur, la colère, mais aussi le courage », écrit-il sur Twitter.
Si la plupart des rues de Wuhan sont vides, d’autres secteurs semblent plus animés. Notamment les abords des hôpitaux, où viennent se faire soigner les personnes qui présentent des symptômes de la maladie, relève encore Chris Buckley.
Autre partie de la ville particulièrement animée : le chantier d’un nouvel hôpital, destiné à accueillir les patients souffrant du coronavirus.
Les travaux ont démarré vendredi, et les autorités veulent bâtir ce nouvel établissement en dix jours. Une véritable course contre la montre. Cet hôpital de 25 000 m² et d’une capacité d’un millier de lits devrait ouvrir ses portes le 3 février.
Où sont passées les 400 millions de tonnes de CO₂ rejetées par les incendies australiens ?
Par Cathy CLERBAUX, directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS, Institut Pierre Simon Laplace (Sorbonne Université), et Pierre COHEUR, professeur, chimie de l’environnement (Université Libre de Bruxelles).
Vues de l’espace, les fumées dégagées par les incendies en Australie sont très impressionnantes. En deux semaines, depuis le 31 décembre 2019, elles ont fait le tour de la Terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney.
Après des mois de temps exceptionnellement chaud et sec, des centaines d’incendies ont carbonisé une superficie de l’Australie dépassant les 10 millions d’hectares, soit trois fois la surface de la Belgique. Des milliers de maisons ont été détruites et on déplore, selon un dernier bilan, une trentaine de morts.
Outre les dégâts incommensurables causés à la faune et à la flore, les feux émettent également une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. Vu de l’espace, le spectacle est impressionnant : en deux semaines, depuis le 31 décembre 2019, les fumées portées par les vents ont fait le tour de la Terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney.
L’atmosphère sous surveillance
Notre équipe surveille la composition de l’atmosphère en continu depuis 13 ans, grâce à IASI, un instrument exceptionnel embarqué à bord des satellites Metop. Ces satellites météorologiques surveillent l’atmosphère depuis une orbite polaire, à environ 800 km d’altitude ; ils passent matin et soir à chaque endroit du globe.
IASI est ce qu’on appelle un spectromètre à transformée de Fourier, enregistrant le rayonnement infrarouge émis par la surface de la Terre. Quand ce rayonnement traverse l’atmosphère, il interagit avec les molécules qui se trouvent sur le trajet, entre le sol et le satellite. Si le ciel est clair, l’analyse du signal reçu fournit une information des concentrations des gaz à l’endroit de la mesure ; si le ciel est nuageux, l’observation n’est possible qu’au-dessus du nuage.
Comme chaque gaz possède une signature spécifique, un peu comme un code-barres pour un article de supermarché, les passages successifs du satellite permettent de surveiller, depuis l’espace, les gaz qui se déplacent autour du globe. Les trois instruments IASI fournissent plus de 3,5 millions d’observations chaque jour. Si vous mettez 10 minutes à parcourir cet article, ce sont plus de 25 000 observations à analyser qui se seront accumulées pendant ce laps de temps…
Des feux partout
Nous disposons désormais d’une base de données colossale qui nous permet de suivre, au jour le jour, à la fois les émissions de gaz observées de manière fréquente ou récurrente (pics de pollution, gaz à effet de serre, surveillance de la couche d’ozone en Antarctique) et les évènements qui se produisent à des endroits et des moments inattendus, comme les éruptions volcaniques ou les grands feux.
Pour les méga-incendies, les cartes des six derniers mois montrent une situation exceptionnelle, avec différentes régions du globe en proie aux flammes durant des semaines : outre les feux récurrents dans les régions qui pratiquent l’agriculture sur brûlis – Afrique et Indonésie tout particulièrement – les observations quotidiennes montrent des fumées consécutives aux feux dévastateurs de 2019 qui ont eu lieu dans les régions boréales en juillet-août, en Amazonie entre août et octobre, et en Australie depuis septembre.
Que voit-on par satellite ?
La composition de l’air que nous respirons est bien connue des scientifiques : il s’agit essentiellement d’azote et d’oxygène (à 99,9 %) ; avec des concentrations bien moindres, on retrouve aussi des quantités significatives de gaz comme la vapeur d’eau (H₂0), le dioxyde de carbone (CO₂), le méthane (CH4), les oxydes d’azote (NOx), l’ozone (O3), le monoxyde de carbone (CO), etc. Ils constituent « le fond de l’air » et, comme ils interagissent avec la radiation infrarouge, ils sont visibles sur les données du satellite.
Ce qu’on peut observer depuis l’espace, c’est qu’en plus des cendres et du carbone-suie (particules), les feux de végétation émettent un cocktail de gaz toxiques qui peut varier en fonction du type de végétation brûlée (forêt, savane, toundra, broussailles, etc.). Ces fumées composées de gaz et de particules se déplacent ensuite au gré des vents, plus ou moins loin selon leur persistance dans l’atmosphère et leur altitude d’injection.
Les panaches de fumée sont principalement composés de CO₂ et de CO – deux gaz directement lié à la combustion – et de particules (suies). Une multitude d’autres composés sont aussi présents (HCN, NH3, composés organiques volatiles, etc.), mais certains restent moins longtemps dans l’atmosphère et ne sont vus du satellite que tout près des feux.
À quelle altitude s’échappent les fumées ?
Durant la première semaine de janvier 2020, une succession exceptionnelle de « nuages de feu » a été observée. Les scientifiques utilisent le terme pyrocumulonimbus pour désigner ces nuages gigantesques qui s’élèvent parfois au-dessus des panaches de fumée des feux ou des éruptions volcaniques.
La formation de pyrocumulus requiert que les feux brûlent suffisamment pour créer un courant d’air surchauffé qui s’élève très rapidement. Lorsque l’air chaud monte et se répand, il se refroidit, ce qui entraîne la condensation de la vapeur d’eau et la formation de nuages. Dans certaines conditions, de puissants courants ascendants peuvent créer des nuages qui s’élèvent sur plusieurs kilomètres et se transforment en véritables orages lorsqu’ils atteignent le sommet de la troposphère – transformant un pyrocumulus en pyrocumulonimbus. Ces orages présentent de sérieux risques pour les pilotes d’avion en raison des fortes turbulences, et peuvent rendre les feux encore plus incontrôlables en créant des « tornades de feu ».
Les nuages de feu ont fait monter les fumées à des hauteurs inhabituelles dans l’atmosphère, comme l’a confirmé le satellite Calipso qui a observé des particules liées aux feux entre 15 et 19 kilomètres, notamment le 6 janvier 2020. À cette altitude, les suies sont transportées très efficacement par le courant-jet (jet-stream) – un vent rapide et confiné qui se déplace d’ouest en est. Il s’agit d’une sorte de « couloir aérien » qui explique que pour un vol Paris-New York l’aller prendra 45 minutes de plus que le retour !
Jusqu’où les panaches de feux peuvent-ils aller ?
Un élément de compréhension important est que tous les gaz n’ont pas la même persistance dans l’atmosphère. Pour un gaz donné, celle-ci dépend de sa capacité à réagir avec d’autres gaz (réaction chimique), à être détruit par le rayonnement solaire (réaction photochimique) ou à se redéposer sur le sol (dépôt sec ou humide).
Certains gaz sont très réactifs et sont détruits en quelques secondes ou quelques minutes. Même s’ils sont émis en concentration élevée, ils sont détruits quasi instantanément et sont, pour la plupart, invisibles depuis l’espace. D’autres gaz restent quelques heures ou quelques jours. Ils sont détectables par les satellites mais uniquement à proximité immédiate de la source d’émission. Certains gaz, quant à eux, persistent dans l’atmosphère plusieurs mois ou plusieurs années, ce qui leur permet d’être transportés loin de leur source d’émission.
Selon les vents dominants, faire le tour de la Terre leur prendra entre deux et quatre semaines, ce qui est facilement observable par nos instruments puisque nous disposons des cartes deux fois par jour. C’est le cas du CO (dont la durée de vie est d’environ deux mois) et du CO₂ qui reste plusieurs dizaines d’années dans l’atmosphère. Mais l’équateur agit comme une sorte de barrière dynamique qui empêche les masses d’air de l’hémisphère Nord de se mélanger avec celles de l’hémisphère Sud (et vice et versa).
Les gaz à effet de serre constituent une exception car leur durée de vie de plusieurs années, parfois plusieurs dizaines d’années, leur permet à long terme de se répartir partout sur la planète.
En ce qui concerne les fumées australiennes, elles ont donc circulé à latitude constante, partant de la région de Sydney puis passant par l’Amérique du Sud, en survolant des parties de l’Antarctique, puis en revenant dans la zone d’émission par l’ouest (ci-dessous, le déplacement du CO enregistré entre le 3 et le 13 janvier 2020).
Les cendres et le monoxyde de carbone n’atteindront donc pas l’hémisphère Nord et seront dissipés avant. En revanche, le CO₂ se répartira partout et participera au réchauffement climatique global dans des proportions significatives.
D’après des estimations réalisées mi-janvier, 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetées dans l’atmosphère par les feux australiens, soit presque l’équivalent des 445 millions de tonnes rejetées par la France durant toute l’année 2018…
Le film documentaire [INÉDIT] « Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère », Revoir la Vidéo intégrale en Replay Streaming, Diffusé le Mardi 21 janvier 2020 à 20h55 sur RMC Story "Numéro 23". Coulés au large de Toulon en 1968 et 1970, «Le Minerve» et «l’Eurycide» sont les plus grandes énigmes de toute l’histoire de l’armée française... Le 27 janvier 1968, le sous-marin «La Minerve» coule au large de Toulon avec 52 membres d'équipage à son bord. Pendant plus de 50 ans la disparition de ce sous-marin est resté un véritable mystère 9docu.net. Ce n'est qu'en juillet 2019 que le bâtiment a été retrouvé au large de Toulon, à la suite de nouvelles recherches engagées par le ministère des armées. Il repose par 2 370m de fond, à 45km au large de Toulon. Hervé Fauve, le fils du dernier commandant de « La Minerve » témoigne. Il met en lumière les nombreuses années d'investigations. Panne technique, collision, prémices de la guerre nucléaire ? Comment ce géant des mers a-t-il mis plus d'un demi-siècle à être retrouvé ? Enquête sur ce qui semble une affaire d'Etat... Telecharger ou Revoir Le film documentaire « Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère », Vidéo disponible en intégralité, en Replay ou Streaming intégral Gratuitement sur "https://9docu.net". Le film documentaire « Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère », Vidéo en Rediffusion du Mardi 21 janvier 2020, disponible en streaming replay. Voir ou regarder Le film documentaire « Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère », Vidéo du Mardi 21/01/2020 diffusé sur RMC Story "Numéro 23".
Titre de documentaire :Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère - RMC Story "Numéro 23"
Titre d'émission : Sous-marin La Minerve : 50 ans de mystère
Le chef d'entreprise, Jean-Louis de Lucy n'est plus en détention à la prison de Ducos. Il est libéré depuis dimanche dernier et placé sous contrôle judiciaire.
Jean-Louis de Lucy, patron notamment de la société Carenantilles, est libre depuis dimanche dernier (19 janvier 2020), selon nos confrères de France Antilles. Le chef d'entreprise avait été placé en détention le 20 septembre 2019. Il est sous contrôle judiciaire strict, avec un certain nombre d'interdictions et d'obligations.
Il est mis en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux, corruption active, travail dissimulé, recel de concussion, blanchiment, fraude fiscale et exercice sans autorisation d'une activité nuisible à l'eau...La justice lui reproche en particulier, la construction illégale d'une marina au Marin sans autorisation, ou l'absence de paiement d'une redevance à la mairie du Marin.
D'autres personnes sont mises en examen dans cette affaire. Le maire sortant du Marin, Rodolphe Désiré, des chefs de corruption passive, favoritisme et concussion et Arthur de Lucy, fils de Jean-Louis, directeur de Carenantilles, pour recel d'abus de biens sociaux et complicité de travail dissimulé.
Michel Peltier, l'ancien directeur de la Mer, a été entendu pour des soupçons de corruption passive. Quant à l'ancien directeur général des services du Marin, mis en examen pour favoritisme début décembre 2019, il est décédé quelque temps après, en raison d'une grave maladie selon son entourage.
Bilan climatique 2019
2019 est la 2ème année la plus chaude au niveau mondial (derrière 2016) mais la plus chaude sur l'Europe.
Quid sur les Antilles-Guyane ?
Jettez un oeil sur le bilan synthétique 2019 en ligne sur notre site WEB
De quoi ça parle: d’une contrefaçon. Une contrefaçon «d’un être humain». Patrick Bateman. Riche, bien sapé, le jeune homme, écrasé par l’ennui des conversations autour du dernier petit restau qui a ouvert au coin de la rue, n’a «plus d’espoir en un monde meilleur» et veut que sa douleur «rejaillisse sur les autres».
Les raisons du scandale: pour expurger sa nervosité, Patrick se promène la nuit dans les rues. Là, il rencontre des gens. Puis, il les massacre, les viole, les mange. Une prostituée, une amie, un collègue, un clochard... En se regardant dans la glace parce qu’il se trouve beau. Pour certaines critiques, ce n’était pas le plus grave. Elles soulignaient surtout la redondance pénible des noms de marques qui envahissent les pages du roman.
Contexte de la publication: la liberté d’expression aux États-Unis n’est pas sans limites. Et, en 1991, la pudibonderie se déchaîna contre Bret Easton Ellis. L’écrivain, qui avait reçu une avance de 300.000 dollars pour l’écrire, garde une dent acérée contre «la gauche, les féministes, le New York Times et les médias en général» qui tentèrent d’empêcher la publication de son roman. Lui n’aime pas la «provocation» mais défend un art qui «dérange et endommage».
Pourquoi ne fut-il pas repoussé par tout le monde: s’indigner qu’un auteur ait écrit des choses épouvantables est une chose, prendre du plaisir en les lisant en est une autre. Le 24 avril 1992, cette critique parut dans Le Monde: «Il suffit de comparer avec les journaux d’autres serial killers publiés ces temps-ci. Vrais ou réinventés, leurs Mémoires sont sans doute horribles et cinglés, mais ils sont faibles, parce que tout le monde n’est pas écrivain. Et que beaucoup n’ont pas le moindre soupir du talent terrible d’Ellis. C’est bien toute la morale de l’affaire.»
Dialogue extrait du livre American Psycho:
«- Tu sais, fais-je remarquer, Tim avait l’intention de rompre, de toute façon. C’était terminé entre eux.
- Mais pourquoi, grands dieux? fait Evelyn, surprise, la curiosité en éveil. Avec cet endroit fabuleux qu’ils avaient, aux Hamptons.
- Je me souviens qu’il m’a dit un jour qu’il n’en pouvait plus de la voir passer ses week-ends à ne rien faire, à part ses ongles.
- Mon Dieu, fait Evelyn, puis, réellement déconcertée: Tu veux dire que... attends, elle n’avait personne pour les lui faire?»
Molière, Rimbaud, Jean Cau... Fabrice Luchini se confie sur ses passions littéraires - Il n’existe pas un - j’ai cherché - seul article de presse qui dise du mal de Fabrice Luchini. Pas un*. L’homme mériterait d’être notre président. Et c’est parce qu’il ne le veut pas que les gens l’apprécient. Dans cette interview donnée au Figaro, il explique ce qu’il y a de génial dans la phrase de Jean Cau «Il n’avait pas d’os» et pourquoi lui, l’amoureux des longueurs de Proust, aime à ce point Jules Renard et Alphonse Allais: ils lui sauvent du temps.
* Seule critique un rien négative à son égard trouvée chez Libé: c’est «un c
Après un demi-siècle, le Forum économique de Davos n’a rien perdu de sa capacité à traiter les grands problèmes du monde. Plus de 3000 dirigeants d’entreprises, des chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres, des dirigeants d’organisations internationales - BCE, FMI, Commission européenne, se retrouvent cette semaine dans cette petite station de ski des Alpes suisses qui fut chère à Thomas Mann. Tous les participants savent que « la montagne magique » surplombe la station de ski, mais la plupart ignore que cette œuvre de l’écrivain allemand lui valu d’obtenir le prix Nobel en 1929. 1929, l’année catastrophe pour le système mondial.
Au départ, il y a 50 ans, l’élite mondiale pensait pouvoir trouver des solutions pour prévenir les catastrophes et régler les disfonctionnements du système économique à l’abri des caméras et des micros. Aujourd’hui, l’ élite mondiale utilise la résonnance médiatique pour convaincre les opinions des changements nécessaires.
Pourquoi ? Parce qu’avec le succès et la notoriété, Davos est devenu la cible de critiques parfois violentes, parce que Davos était vécu comme l’incarnation d’un club réservé à l’élite du capitalisme mondialisé. Il est toujours consideré comme le centre du pouvoir mondial où tous les dirigeants se côtoient et peuvent se parler. C’est à Davos que les Israéliens et les Palestiniens avaient commencé à écrire les premiers accords de paix. C’est à Davos où Bill Gates a présenté son premier micro-ordinateur et plus tard, les premières liaisons internet qui allaient accoucher d’une révolution digitale aussi importante que la découverte de l’électricité au début du 19e siècle. C’est à Davos que les dirigeants occidentaux ont convaincu les Chinois de rentrer dans l’économie mondiale puis dans l’OMC au début du 21e siècle.
Davos a été imité dans beaucoup de régions du monde, mais Davos a surtout suscité des contre-pouvoirs organisés par les ONG et dont le principal aura été le Forum social Mondial qui se tient le plus souvent à Porto Allègre au Brésil.
Ces contre pouvoirs se sont essoufflés en participants directement aux travaux de Davos. Cette année, les représentants du capitalisme vont recevoir un nombre hallucinant d’ONG pour débattre et qui sait trouver des solutions de compromis.
A partir de demain, les organisateurs du Forum de Davos vont célébrer la cinquantième édition en présence d’Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne mais accueillera aussi Donald Trump et Greta Thunberg.
Les participants à Davos ne sont pas tombés sur la tête. Ils savent bien que Donald Trump n’aime pas les valeurs portées par la mondialisation, telle qu‘elle est façonnée par Davos. Donald Trump a été élu avec un discours anti-libéral, anti-libre échange et protectionniste. Donald Trump va donc aujourd’hui faire un grand discours pour rappeler que son job est de protéger l’Amérique. Mais ils savent bien aussi que le président américain est en campagne électorale. Il va donc parler haut et fort à ses électeurs. Et en coulisses, il va rencontrer les dirigeants chinois, russes et européens. Du networking pendant lequel se forgent les compromis et les politiques.
Si l’objectif de Donald Trump est de parler à ses électeurs, il sait aussi qu’il faut que sa machine économique fonctionne à plein régime. Et pour qu’elle fonctionne à plein régime, il a besoin d’un système mondial en bonne santé. Il sait donc parfaitement bien jusqu’où ne pas aller. Pour Trump, Davos représente le mur des réalités qu’il n’a pas le droit de franchir. C’est cette évidence qu’il est venu rappeler.
L’invitation de Greta Thunberg est beaucoup plus importante, plus perverse et plus cynique encore, parce que beaucoup disent qu’elle est récupérée par des mouvements d’extrême gauche. Greta Thunberg est devenue une vedette mondiale auprès de sa génération en dénonçant les risques du réchauffement climatique. Par son audace, par son allure et par un marketing très sophistiqué, Greta Thunberg a pris la tête du mouvement mondial de la lutte pour le climat. Elle a fustigé tous les acteurs et tous les consommateurs en demandant à chacun de faire des efforts au niveau de son propre comportement.
Mais jamais Greta Thunberg n’a accusé le système libéral, capitaliste d’être à l’origine du réchauffement climatique. Greta n’est pas antisystème, Greta demande à ce que le système trouve des solutions. Greta met en cause les responsabilités individuelles.
C’est exactement le discours dont a besoin Davos. Un discours qui ne condamne pas la croissance économique, un discours qui ne refuse pas l’innovation. Mais un discours qui revendique une prise de responsabilités des différents acteurs. Les consommateurs d’abord, les producteurs ensuite.
Tous les chefs d’entreprise aujourd’hui sont sur la même longueur d’onde. Ils savent qu’ils doivent trouver des solutions pour mettre en place des fonctions de production propres et pérennes. Pour tenir compte de la raréfaction des matières premières et des énergies.
Ce qui est important dans la présence de Greta Thunberg à Davos, c’est qu’elle vient couper l’herbe sous le pied des écologiques politiques. De tous les militants qui préconisent un changement de modèle économique ou un abandon de cette course à la croissance, un abandon du système capitaliste libérale au profit d’une économie solidaire et de partage.
Pour Greta Thunberg, la lutte contre le réchauffement climatique est totalement compatible avec la poursuite d’un modèle de croissance et de progrès, à condition que les logiciels de production n’émettent plus de gaz carbonique.
Dans un pays comme la France par exemple, les mouvements écologiques sot devenus nombreux mais ils se partagent en deux parties difficilement conciliables. Incapables de former des majorités pour gouverner. On va le mesurer lors des prochaines élections municipales.D’un coté, les écologistes radicaux antisystème qui promettent une lutte (parfois violente) contre le système capitaliste. De l’autre coté, des écologistes réformateurs, qui promettent des changements de mode de consommation mais qui ne réclament pas un abandon du système. La plupart des associations de consommateurs, d’actionnaires ou de salariés demandent à ce que les entreprises travaillent autrement mais continuent de travailler et de produire.
Le succès de Greta Thunberg tient au fait qu’elle bouscule les habitudes, mais rarement le système sur lequel fonctionne la mondialisation.