Jean-Michel Apathie évoque l’extrême violence de la colonisation en Algérie
C’est un moment de vérité dite sur une télévision qui rentrera dans les annales que cette synthèse concise, forte et juste de l’entreprise coloniale française en Algérie, qu’a faite sur la chaine française LCI, le chroniqueur politique, Jean-Michel Apathie. Le journaliste qui a déjà par le passé pourfendu le maréchal Bugeaud en le qualifiant « d’inventeur de la chambre à gaz » en référence aux enfumades du Dahra, les gens étaient enfermés dans des grottes et on y mettai le feu, est revenu à la charge alors que le « rapport Stora » sur les « sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie » remis au président Macron suscite des débats.
Qualifiant le maréchal Bugeaud de « boucher », le chroniqueur a souligné le caractère « sans pareil » de l’entreprise coloniale en Algérie en termes de violences. « On a volé les terres » aux Algériens et on a « condamné cinq générations d’Algériens à l’analphabétisme » a souligné Jean-Michel Apathie
Jean Michel Apathie : “Nous ne savons pas pourquoi la France a conquis Alger en 1830” (Vidéo)
Jean Michel Apathie, fait partie des rares journalistes français à parler objectivement et avec honnêteté de l’Algérie sur les plateaux de télévision. Dans son intervention sur la chaîne LCI, l’ancien journaliste politique de Canal+ a déclaré que la colonisation algérienne ne ressemble à aucune autre colonisation. “Nous ne savons pas pourquoi la France a conquis l’Algérie en 1830” s’est notamment interrogé le journaliste français qui ajoute que c’est un acte politique impensé. Jean Michel Apathie affirme surtout que La France “doit des excuses à l’Algérie”
Spécialiste des questions historiques et politiques Jean Michel Apathie a précisé que la conquête française d’Algérie le 5 juillet 1830 avait été menée par Charles X, lequel perd le pouvoir 25 jours plus tard et c'est le nouveau souverain français Louis Philippe qui lui succède , mais les troupes françaises déjà en Algérie ne savent pas quoi faire. Sans directives de Paris, l’armée français va mener une violente répression en Algérie. Le journaliste a indiqué aussi qu’en 1845, une campagne de presse est menée en Europe pour dénoncer la violence en Algérie et surtout le massacre mené par le maréchal Thomas Bugeaud qui s’est comporté comme un boucher. A ce propos Apathie qualifie la baptisation d’une avenue à Paris en son nom comme un scandale.
Le journaliste français a surtout déclaré avec force: “On a volé les terres aux algériens, on a empêché la scolarisation de cinq générations d’algériens et on les a condamnés à l’ignorance et à l’analphabétisme.”
A l’écoute de ses propos, Jean Michel Apathie dénonce comme personne la colonisation française en Algérie et il serait judicieux de l’associer à des conférences en France ou en Algérie pour donner son avis d’analyste politique et historique sur la question surtout avec le projet de mémoire.
Salim Bey
Colonisation: la France "doit des excuses à l'Algérie"
ALGER- La France "doit des excuses à l'Algérie" dont la colonisation (1830-1962) "ne ressemble à aucune autre" colonisation de par sa violence, a affirmé le journaliste politique français Jean-Michel Aphatie, la qualifiant "d'acte politique impensé".
"La colonisation algérienne ne ressemble à aucune autre colonisation. Nous devons des excuses (à l'Algérie)", a souligné M. Aphathie qui intervenait sur une chaîne TV française lors d'un débat sur la colonisation française.
"Nous ne savons pas pourquoi la France a conquis Alger (le 5 juillet) 1830. C’est un acte politique impensé", a-t-il dit, expliquant qu'à l'époque Charles-Philippe de France, connu sous le nom de Charles X, "était basculé par les Libéraux en France, lequel mène une opération militaire pour sa gloire personnelle".
Vingt-cinq jours plus tard, Charles X "perd le pouvoir le 30 juillet 1830 et Louis Philippe lui succède", a ajouté M. Aphatie, un éditorialiste qui cumule une grande expérience pour avoir exercé dans plusieurs médias français, relevant que '"personne ne savait quoi faire en Algérie et l’armée (française) était livrée à elle-même sur le terrain".
Il a expliqué que c'est "à partir de là que va commencer la conquête de l’Algérie (qui) était tellement violente, qu’en 1845 il y a eu une campagne de presse européenne pour la dénoncer", a-t-il déploré, qualifiant de "scandale" qu'une avenue soit baptisée du nom du maréchal Thomas Bugeaud qui "s’est comporté comme un boucher".
"Aujourd'hui, le maréchal Thomas Bugeaud est honoré par une avenue à Paris. C’est un scandale", a asséné M. Aphatie qui a, à son actif, plusieurs publications dont notamment un ouvrage intitulé "Liberté, égalité, réalité".
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Condamnant la colonisation française, il a aussi regretté que des générations d'Algériens soient privées de leurs droits et spoliées de leurs terres.
"On a volé les terres aux Algériens, on a empêché la scolarisation de cinq générations d’Algériens, condamnés à l'ignorance et à l'analphabétisme. On a lancé du napalm sur des villages algériens", s'est encore offusqué M. Aphatie, connu pour ses positions politiques jugées justes et courageuses.
Faut-il débaptiser les rues, les écoles qui portent le nom de Bugeaud? La question fait débat. Originaire de Limoges, il est né rue Cruche-d’or, ce militaire s’est distingué d’une manière peu glorieuse, lors de la colonisation de l’Algérie.
« Il existe une avenue Bugeaud à Paris XVI éme, du nom du maréchal, auteur des odieuses enfumades en Algérie, qui scandalisèrent les Français à l’époque », s’indigne le journaliste Jean-Michel Aphatie qui demande à la maire de la capitale Anne Hidalgo, de débatpiser une avenue qu’il qualifie de hideusement nommée.
À Brest, dans le quartier de Saint-Martin, une école maternelle porte le nom du maréchal Bugeaud, dont l’action durant la colonisation de l’Algérie a été particulièrement sanglante. Si certains plaident pour sa débaptisation au niveau local, le sujet a trouvé un écho national à la suite d’un tweet du journaliste Jean-Michel Aphatie.
Avec ses 500 000 abonnés sur Twitter, le journaliste Jean-Michel Aphatie n’a généralement aucune peine à obtenir une réponse à ses questions sur les réseaux sociaux. Lundi, c’est au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qu’il s’est adressé en évoquant un établissement scolaire brestois. « Une école maternelle à Brest est baptisée du nom de Thomas Bugeaud, général, « enfumeur » de femmes, d’enfants et de vieillards lors de la conquête de l’Algérie, en 1845. Scolariser des enfants sous le parrainage d’un massacreur ? Étonnant, non ? ».
Bugeaud, un militaire au passé sanglant
La question fait écho aux propos du Président de la République, Emmanuel Macron, tenus dimanche soir. « Je vous le dis très clairement : la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire », a ainsi exprimé le chef de l’Etat, alors même que des statues de personnages historiques français ont été vandalisées ces derniers jours, en marge des manifestations « Black Lives Matter ».
Dans le viseur des manifestants, des personnalités telles que Jean-Baptiste Colbert mais aussi Thomas Bugeaud (1784-1849), militaire dont l’action en Algérie durant la colonisation est réputée pour avoir été extrêmement sanglante envers les populations locales. De fait, Bugeaud a donné, dès 1869, son nom à une rue de Brest, près de la Place Guérin, sans qu’aucun lien particulier entre lui et la ville ne puisse être établi. C’est d’ailleurs dans cette même rue qu’une école maternelle, qui porte donc elle aussi son nom, a été construite en 1908. Ailleurs en France, seule la ville de Marseille semble aussi accueillir une école Bugeaud.
« Gêné de voir la violence associée à une école »
Localement, cela fait déjà de nombreuses années que des riverains se sont emparés du sujet et ont demandé à la Ville de Brest de débaptiser cette rue. Ainsi, dès 1986, le collectif « Les amis de la Place Guérin », créé par André Le Saout, a écrit au maire de l’époque, Georges Kerbrat, pour demander que cette rue soit baptisée « Rue De Bollardière », du nom d’un militaire pacifiste du XXe siècle.
« Cette mise au pas de l’histoire par des bases idéologiques est extrêmement gênante et relève du négationnisme ».
Une action restée lettre morte, la Ville arguant des difficultés que poserait un changement du nom de rue pour La Poste. Néanmoins, la demande du collectif, joint par certains riverains, est toujours d’actualité. « À titre personnel, je suis gêné de voir la violence associée au nom d’une école maternelle », exprime Claude Arnal, citoyen engagé passionné d’histoire, qui vit à proximité immédiate de l’école. « Cette école a été brièvement transformée en bibliothèque après la Seconde guerre mondiale. Dans un quartier avec beaucoup de diversité comme le Haut-Jaurès, cela aurait été un symbole fort qu’elle soit baptisée du nom de Kateb Yacine, un grand poète algérien ».
« Personne n’en sortirait intact »
L’historien Alain Boulaire, ancien professeur à Kerichen, ne partage pas du tout ce point de vue : « Si on commençait à débaptiser les rues, personne ne s’en sortirait intact, pas plus le général de Gaulle que François Mitterrand. Cette mise au pas de l’histoire par des bases idéologiques est extrêmement gênante et relève du négationnisme », raille Alain Boulaire, qui se dit favorable à ce qu’à l’avenir, « on arrête de donner des noms de personnages historiques à des lieux ».
« Un sujet qui concerne toute la société »
La Ville de Brest s’est elle aussi exprimée sur le sujet, ce mardi. Elle juge « légitime » la question posée par Jean-Michel Aphatie. « Ce n’est pas une question brestoise, c’est un sujet qui concerne toute la société française et son rapport à son passé. Nous devons prendre le temps de la réflexion, contextualiser et expliquer notre histoire commune, qu’elle soit positive ou négative. Et progresser collectivement en prenant en compte les évolutions de la société. À ce titre de grandes femmes de notre histoire méritaient d’être honorées, ce que Brest a engagé depuis de nombreuses années avec une politique volontariste pour une parité dans l’attribution de dénomination sur l’espace public ». Une conclusion qui fait écho à l’inauguration d’une école Simone-Veil à Brest, en octobre 2019.