“L’aventure Champollion. Dans le secret des hiéroglyphes”
Cette année, à l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, l’Égypte antique sera partout dans les musées. À la BnF, une merveilleuse exposition reconstitue l’aventure intellectuelle de Champollion, chercheur et érudit infatigable.
Cette année, à l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, l’Égypte antique sera partout dans les musées. Le Louvre consacre notamment une exposition à la dynastie oubliée des pharaons noirs.
Si l’on en croit Auguste Mariette (1821-1881), premier directeur du service des Antiquités en Égypte, « le canard égyptien est un animal dangereux ». Il suffirait d’un coup de bec et « vous voilà égyptologue pour la vie ». Cet oiseau sacré dans l’Égypte antique a effectivement fait d’heureuses victimes scientifiques. À commencer par les quelque cent soixante savants et artistes embarqués par Bonaparte lors de son expédition égyptienne, de 1798 à 1801. Les dessins des monuments qu’ils y ont réalisés donnèrent lieu à une imposante Description de l’Égypte, riche de milliers d’illustrations, éditée en 1810. De quoi inspirer les futurs égyptologues à se lancer dans l’aventure.
Depuis, l’émotion n’a cessé d’être au rendez-vous. De sa visite, de nuit, du temple ptolémaïque de Dendara, dans la vallée du Nil, en 1828-1829, Jean-François Champollion (1790-1832) écrivait à son frère : « Nous y restâmes deux heures en extase, courant dans les grandes salles avec notre pauvre falot, et cherchant à lire les inscriptions extérieures au clair de lune »… En 1850, Auguste Mariette découvrit avec enthousiasme les cent quarante et un sphinx du Sérapéum de Saqqarah (la nécropole du dieu-taureau Apis, située en Basse-Égypte). Mais une mise à jour le bouleversa plus encore : la trace de pieds nus, visible sur le sable d’une chambre mortuaire. Il y a quelques années, Marc Gabolde, spécialiste de Toutânkhamon, apposa, lui, sa main sur celle d’un ouvrier figée dans le plâtre entre deux blocs il y a 3 300 ans. « J’avais la même main que l’Égyptien ! » nous confia-t-il.
Lot
En 2022, Figeac célèbrera le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion
De nombreux rendez-vous sont prévus en 2022 à Figeac pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
Pour célébrer le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, l’opération « Euréka ! Champollion Figeac 2022 » sera menée entre avril et septembre 2022 à Figeac et sur tout le territoire.
De nombreuses animations sont au programme.
Un hommage à l’égyptologue figeacois
Mercredi 19 mai 2021, au Musée Champollion – les Écritures du monde, élus locaux et intervenants culturels ont dévoilé les esquisses de ce projet d’envergure, organisé autour de la célébration du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
14 septembre 1822, après dix ans de recherches, l’égyptologue figeacois venait de décrypter l’écriture des anciens égyptiens. 200 ans après, Figeac, sa ville natale, souhaite rendre hommage à celui qui a ouvert la voie à la compréhension d’une des plus grandes civilisations de l’Antiquité. Au vu de l’importance de ce déchiffrement dans l’avancée des sciences et de la notoriété de Jean-François Champollion, plusieurs acteurs culturels et artistiques de la Ville et du Grand Figeac (musée, service du patrimoine, cinéma, médiathèques, spectacle vivant, office de tourisme, associations,…) ont choisi de travailler collectivement pour offrir au public une programmation d’envergure, appelée « Euréka ! Champollion Figeac 2022 ».
L’événement va se dérouler sur six mois, d’avril à septembre 2022, avec au programme expositions, visites théâtralisées, grande fête de l’égyptologie, art contemporain, cinéma, spectacles, rencontres, escape game (jeux de piste), concerts... organisés sur le bassin de vie du Grand Figeac. Ces rendez-vous s’adressent à un large public (local, scientifiques, touristes, familles, jeunes…) avec l’ambition de placer Figeac au cœur de l’actualité culturelle en 2022.
La célèbre Pierre de Rosette
Champollion a découvert le secret des hiéroglyphes en étudiant la célèbre Pierre de Rosette, dont une reproduction agrandie trône sur la Place des Écritures (œuvre de J. Kossuth). Elle est devenue un symbole de la Ville de Figeac, explique son maire, André Mellinger. « Sur les hiéroglyphes, les visiteurs oublient que cette Pierre de Rosette est une copie et que la vraie se trouve au British Museum. C’est devenu un symbole de la ville. D’où l’idée d’utiliser ce bicentenaire pour faire un événement majeur sur Figeac. Le Grand Figeac s’empare de cette opportunité locale afin de lui donner une dimension plus importante. »
Hélène Lacipière, vice-présidente du Grand Figeac et élue municipale déléguée à la culture et au patrimoine, revient sur l’étendue de l’événement. « L’idée, c’est de travailler dans toutes les directions possibles, qu’elles soient éducatives, culturelles, économiques… dans le souhait qu’Eurêka apporte une lumière sur le territoire. C’est à la fois une caution scientifique, plus une pluralité de spectacles et rendez-vous. »
Vincent Labarthe, président du Grand Figeac, note qu’« il y a une dynamique économique autour de cette découverte. Il est intéressant de faire venir des intervenants extérieurs, scientifiques, qui vont s’imprégner de ce territoire, de ces savoirs. Ce sont des sujets qui me semblent fondamentaux ».
Quelques esquisses d’animations, thématiques, et autres projets pédagogiques sont abordées par les intervenants. La programmation complète de l’événement doit être dévoilée début 2022.
SÉBASTIEN CASSES
L’obélisque de Louxor fait peau neuve à Paris
La restauration du célèbre monument de la place de la Concorde, cadeau de l’Égypte à la France, est réalisée pour le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
Son granit rose va « retrouver tout son éclat ». L’obélisque de Louxor, qui trône au centre de la place de la Concorde à Paris, « demeure dans un bon état général », assure la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Mais « altéré en surface par la pollution et la météo », le plus ancien monument de la capitale « méritait » un bon nettoyage en cette année du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion.
La restauration du monolithe de 23 mètres taillé à Assouan (Égypte) sous le règne de Ramsès II au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, désormais enserré dans un large échafaudage recouvert d’une bâche, va tout juste débuter. Elle est préparée depuis des mois avec le mécène Kärcher, entreprise célèbre pour ses nettoyeurs haute pression, mais aussi habituée aux opérations patrimoniales.
Nettoyage par microsablage
Sous l’œil attentif de l’architecte en chef François Chatillon, elle suivra des « protocoles stricts validés » par le laboratoire de recherches des monuments historiques du ministère de la Culture. Pour l’obélisque lui-même, « on va d’abord consolider des parties fragiles en injectant un produit (silicate d’éthyle), explique Laurent Roturier, directeur de la Drac Ile-de-France. Cela pour éviter qu’elles ne tombent lors du nettoyage par microsablage, c’est-à-dire par l’envoi de particules de sable à basse pression ».
Une technique « douce permettant d’enlever les salissures sans abîmer la pierre », précise-t-il, ajoutant qu’une fissure à la base du fût quadrangulaire, qui « existe depuis l’origine reste toujours sous surveillance mais n’évolue pas ». Le pyramidion en tôle de bronze laminé et doré à la feuille d’or qui coiffe le monument depuis seulement 1998 « sera juste nettoyé à l’éponge ». Et de la vapeur d’eau sera utilisée pour le piédestal, réalisé avec du granit issu des carrières de l’Aber-Ildut (Finistère). Le chantier doit durer environ six mois.
Des hiéroglyphes « très travaillés »
L’ensemble va « s’éclaircir de manière assez spectaculaire », note Isabelle Morin-Loutrel, conservatrice générale du patrimoine à la Drac, qui peut examiner de près, sur une plateforme de l’échafaudage, les « hiéroglyphes très travaillés » ornant les quatre faces de l’obélisque. Apparaissent « des détails très fins », invisibles depuis le sol : plumages d’oiseaux, le visage des personnages, plis de leurs vêtements, etc. Un « travail remarquable », relève également Vincent Rondot, directeur du département des antiquités égyptiennes au musée du Louvre.
On peut voir sur le sommet du monolithe des représentations de Ramsès II « faisant une offrande à Amon-Ré, le roi des dieux, coiffé d’une couronne à mortier surmontée de deux hautes plumes verticales », détaille un égyptologue, évoquant aussi des inscriptions sur le monument : « La justice de Ré (le soleil) est puissante ». Et encore « Je te donne le bonheur parfait ». Ou « je te donne la santé parfaite ».
« Messages incantatoires à la glorification du souverain »
« Un obélisque est destiné par définition à porter des messages incantatoires à la glorification du souverain, ici Ramsès II, et des dieux du temple où il est installé, explique Vincent Rondot. C’est par cette glorification que le souverain est capable d’honorer les dieux. De remplir son rôle de seul prêtre de l’Égypte. Il les honore et ce faisant il protège le monde, poursuit-il. On est dans une civilisation polythéiste qui fait que le panthéon divin irrigue tout le monde sensible. Il n’y a rien qui ne soit divin, y compris les hiéroglyphes. C’est pourquoi ils sont si perfectionnés. »
Le monolithe de 222 tonnes s’élevait au côté d’un autre, toujours en place, devant l’entrée du temple d’Amon à Louxor, sur les bords du Nil. Les deux avaient été offerts à la France en 1830 par le vice-roi d’Égypte, Méhémet Ali, en remerciement des travaux du spécialiste des langues anciennes, Jean-François Champollion.
Plus de deux années, avec la construction d’un bateau spécialement conçu, ont été nécessaires pour ramener le seul obélisque qui rejoindra Paris en 1833, la France n’ayant renoncé officiellement qu’en 1981 à prendre possession du deuxième. Il est érigé en grande pompe au centre de l’immense place entre Champs-Élysées et jardin des Tuileries, comme le souhaitait le roi Louis-Philippe, le 25 octobre 1836. Quelque 200 000 parisiens assistent alors à la spectaculaire opération, racontée par des gravures dorées sur le piédestal du monument.
LES GRANDS ARCHÉOLOGUES AU MOYEN-ORIENT - Auguste Mariette, un archéologue au service de l'Égypte
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Auguste Mariette était de Boulogne-sur-Mer, mais sa vraie vie, il la mena en Égypte. Moins connu que Champollion, l'archéologue contribuera de manière tout aussi essentielle et déterminante à la connaissance de l'Égypte antique. Débarqué à Saqqara en 1850, il mène des fouilles clandestines – sans autorisation de sa hiérarchie ou des autorités locales – pour découvrir des tombeaux et d'autres choses extraordinaires. Des années durant, il creuse, fouille et déniche des milliers d'objets antiques. Cyrille Louis vous raconte sa vie et les traces qu'il a laissées en Égypte où il meurt et repose aujourd'hui.