La soirée des dupes. C’est ce à quoi aura ressemblé ce 7 juillet 2024 pour quiconque accepte de regarder avec un tant soit peu de lucidité cette folle comédie du qui perd gagne.
dimanche 7 juillet 2024
07.07
La moitié vide du verre donne pourtant à voir le reflet du pari insensé d’Emmanuel Macron. Le président de la République a dissous l’Assemblée nationale au moment où sa base électorale était le plus basse, et son camp a subi les conséquences politiques de son échec. La courbe donne le vertige : le Palais-Bourbon comptait 351 député·es macronistes en 2017, puis 250 en 2022. Ils ne sont plus que 150 à l’issue de ces élections législatives anticipées . La coalition centrale doit une centaine de ses victoires aux désistements des candidat·es de gauche arrivé·es deuxièmes ou troisièmes...
Le président de la République est jugé coupable d’avoir jeté ses troupes dans ce bourbier.
« Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie mais j’ai refusé de la subir », a lancé Gabriel Attal depuis Matignon. Quelques minutes plus tôt, Édouard Philippe (Fantomas) n’a pas été plus tendre : « La décision de dissoudre l’Assemblée nationale, qui devait être un moment de clarification, a au contraire conduit à une grande indétermination. Je le regrette mais je n’en suis pas surpris.
Julie d'Aiglemont nous écrit
Chronique du sept du mois de juillet en l'an de très grande dissolution vingt-quatre.
Il se trouva une grande majorité de Riens et de Riennes - quoiqu'ils et elles ne fussent point en accord sur la façon de gouverner le pays- à refuser de voir les Haineux profaner et outrager à mort la vieille Marianne. Le comte de Bartoidella ne serait pas le futur Premier Grand Chambellan. Ses soudards échouèrent à envahir en masse la Chambre Basse. Pire encore, ce fut la Nouvelle Faction de la Plèbe qui rafla la mise. Les Haineux durent également s'incliner devant les Dévots. La coupe était pleine et fort amère. Le fiel coula des lèvres du jeune comte lorsqu'il s'adressa à ses partisans très dépités.
Dans les grandes villes et sur les places des villages, le peuple se rassembla pour chanter. On n'avait point vu de telle liesse depuis fort longtemps. A Lutèce, quelques rebelles lancèrent des feux d'artifice sur la maréchaussée. Les argousins prisaient fort pour bon nombre d'entre eux le comte de Bartoidella et il se murmurait que de voir la foule en liesse avait quelque peu échauffé leur humeur chagrine. Les excités leur avaient servi une belle excuse pour foncer dans le tas et obliger tous ces gueux et gueuses à regagner les chaumières.
Dans les salons des Lucarnes Magiques, on tirait grise mine. Il se déclara même chez la gazetière Madame du Saint-Crique-Me-Croque une jaunisse fulgurante. Le Chevalier d'Alanver se proclama vaincu, de même que Monsieur Saint-Ane de Guère-au-Nid. La grande-duchesse de la Très-Bornée emporta son tournoi grâce aux suffrages de la Sénestre. Il en alla de même pour le duc du Dard-Malin. Aucun de ces deux dignitaires du royaume ne songea à remercier celles et ceux qu'ils avaient férocement méprisés du temps de leur charge auprès du Roy.
Le petit duc des Attelles n'eut pas non plus un mot pour saluer la victoire du camp des Plébéiens et Plébéiennes. Il présenta au Roy sa démission tout en plastronnant qu'il se tiendrait à sa charge aussi longtemps que le devoir l'exigerait.
Notre Inconséquent Foutriquet était fort marri. Il attendait le comte Bartoidella, il lui faudrait appeler un de ces maudits Plébéiens. Le tribun de l'extrême Senestre monsieur Bisou, qui avait malheureusement échoué face à un Haineux, se déclara tout à fait prêt à exercer la charge de Premier Grand Chambellan. Sa Glorieuse Déroute, à qui un Conseiller rapporta cette amusante saillie, la balaya avec aigreur. Les gueux allaient désormais se croire tout permis. Cela ne se pouvait.
Chez nos voisins, ce fut le soulagement.
Julie d'Aiglemont
vendredi 5 juillet 2024
MÉTÉO ANTILLES
Bonjour de Olivier Tisserant
Après une semaine follement agitée, le WE météo s'annonce calme, sans le moindre risque cyclonique. Par contre ce WE sera sous le signe de la brume de sable extrêmement dense.
La Martinique est en vigilance météo VERTE. Elle devrait avoir un WE très calme avec un beau soleil, mais voilé par la brume de sable. L'indice atmosphérique est d'ailleurs ROUGE et va rester ainsi demain. Dimanche après midi, une dégradation du temps est attendue avec l'arrivée d'une onde qui est sur le centre Atlantique. Il n'y a pas de risque cyclonique.
C dans l’air du 5 juillet 2024
Le boulet et la girouette
⬛ Législatives : l’heure du choix
La rupture est désormais officielle. François Ruffin, après sept années de collaboration avec le groupe LFI à l’Assemblée, a annoncé qu’il ne siégerait plus avec eux s’il est réélu dimanche soir. Ce départ entérine un divorce qui se profilait depuis plusieurs mois et qui s’est accéléré avec la dissolution de l’Assemblée. Le député-reporter explique cette séparation par des divergences stratégiques avec Jean-Luc Mélenchon, tant sur la forme que sur le fond. Ruffin plaide pour une approche moins combative et veut se recentrer sur une France périphérique séduite par le RN. Mélenchon, en réponse, qualifie Ruffin de « girouette » et rappelle qu’ils figuraient encore ensemble sur ses tracts la semaine passée.
Simultanément, au Rassemblement national, les chances d’obtenir une majorité absolue s’amenuisent. Avec des projections de sièges entre 210 et 240 députés, le parti de Marine Le Pen ne pourrait pas envoyer Jordan Bardella à Matignon. L’entre-deux-tours a été compliqué pour le RN, marqué par des controverses autour de candidats mal préparés, le soutien gênant du Kremlin, et un front républicain qui semble efficace, évoquant une possible coalition. Laurent Jacobelli, porte-parole du parti, parle de « hold-up démocratique ».
Cependant, l’issue reste incertaine et l’abstention pourrait jouer un rôle déterminant. De nombreux électeurs pourraient ignorer les consignes de vote et ne pas se rendre aux urnes. Dimanche dernier, seize millions de Français ont boudé les urnes, un choix souvent assumé, que ce soit chez les jeunes désabusés par la politique ou ceux qui ne se reconnaissent dans aucun candidat.
Pourtant, la société civile a tenté de mobiliser. Les appels à voter se sont multipliés, venant d’intellectuels, de sportifs ou d’artistes. Charles Berling, directeur du théâtre Liberté de Toulon, critique vivement le Rassemblement national et impute également à Emmanuel Macron une part de responsabilité dans la montée du RN. Dans l’éducation nationale, certains hauts fonctionnaires ont déjà annoncé qu’ils ne suivraient pas certaines directives d’un gouvernement d’extrême droite.
Comment analyser le divorce entre François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon ?
Faut-il s’attendre à une forte abstention dimanche ?
Quel impact les appels publics auront-ils sur le vote des Français ?
BERYL
"L'île est dévastée" : Un Saint-Pierrais au cœur du cyclone Béryl qui frappe de plein fouet le sud des Antilles
Prendre la route vers le sud de l'arc antillais, direction l'archipel des Grenadines. Les cyclones ayant l'habitude de toucher plutôt le nord des Antilles, mettre à l'abri son bateau sur l'une des quatre îles qui compose la Grenade, ou même Trinité-et-Tobago, c'est le choix fait par de nombreux marins à l'approche de la saison des cyclones dans le bassin atlantique. Une saison qui s'étend généralement de juin à novembre, et prévue hyperactive et majeure pour 2024 par les différents instituts de prévisions des phénomènes météorologiques.
Pierrick Quédinet pratique la mer depuis longtemps. Chaque année, à la même époque il reste vigilant face aux risques liés à la saison cyclonique en approche. "L'année dernière, j'ai passé la saison à flot, à Marie-Galante au début, puis je suis descendu en Martinique, pour minimiser les risques de prendre un parpaing dans la tronche" lance-t-il alors que nous prenons de ses nouvelles après le passage de l'ouragan Béryl. Les Saint-Pierrais et Miquelonnais auront tout de suite l'image du "parpaing dans la tronche" dont parle Pierrick. Nos autres lecteurs peuvent imaginer alors se prendre en pleine face une pierre de plusieurs kilos. L'image est forte, mais le risque est non négligeable.
J'ai sorti mon bateau de l'eau pour la saison
Pierrick Quédinet
Cette année, le Saint-Pierrais prend acte de sagesse et descend encore plus au sud, direction l'île de Carriacou, où il sort son bateau de l'eau pour la saison. Cette île est réputée être un endroit sécuritaire et surtout le moins cher des Antilles pour caréner.
À l'approche de la tempête, Pierrick nous confie que "tout le monde espérait qu'elle remonte plus au nord comme à l'habitude, mais pas cette fois". Béryl est alors un ouragan rétrogradé en catégorie 3, mais annoncé néanmoins comme "important et dangereux" par le Centre national des ouragans (NHC) de Miami.
Très rapidement les prévisionnistes révisent leurs analyses et reclassent Béryl en catégorie 4. Les habitants de Carriacou sont alors tenus informés de l'arrivée du phénomène, et s'organisent au mieux. "Les bateaux au mouillage dans la baie se sont tous réfugiés dans la mangrove, amarrés aux palétuviers. De mon côté, étant à terre, j'ai dégréé mon bateau et enlevé tout ce qui pouvait faire de la prise au vent". Le marin retire alors panneaux solaires, voiles, bômes, et leste sa quille au maximum, avec mille litres d'eau.
J'ai surtout eu peur pour mon bateau que je croyais perdu a coup sûr. Il est resté debout...
Pierrick Quédinet
Quand le temps s'est dégradé, Pierrick est allé s'abriter chez une connaissance, dans une maison en dur. "On était sept et deux enfants. On a vissé des planches en travers des châssis, bloqué les portes avec des meubles et on a attendu" raconte-t-il.
Très rapidement l'ouragan est monté en puissance, des vents jusqu'à 240 km/h s'abattent sur l'île, et c'est l'effroi.
Nous étions dans une maison en dur, pas une construction en bois, et le toit s'est arraché.
Pierrick Quédinet
À ce moment-là, le Saint-Pierrais confie avoir peur pour son navire, qu'il pense perdu. Avec ses hôtes, ils s'abritent dans une chambre attendant l'œil du cyclone pour se mettre en sécurité.
Ici 90% des gens ont perdu leur maison, leur bateau... L'île est devastée, ainsi que d'autres îles des Grenadines
Pierrick Quédinet
Le voilier de Pierrick à tenu le coup, c'est le seul, ou presque. "Sur le chantier, tous les monocoques sont tombés. Des catamarans se sont retournés. Un vrai carnage". Un mouvement solidaire se met rapidement en place. Des voiliers arrivent de Martinique, de Guadeloupe, de Saint-Martin, avec du matériel et "de l'huile de coude, surtout" lance Pierrick prêt à aider autant que possible. Sur l'île il n'y a plus d'électricité, ni d'eau courante. Certains bateaux équipés de connexion satellite partagent leurs wifi à la population.
"Ce genre de phénomène, de cette ampleur et à cette période n'est jamais arrivé auparavant dans le coin" explique Pierrick, "beaucoup de propriétaires sont absents, et laissent leurs embarcations en carénage ici pour la saison. J'ai posté un mot sur un groupe communautaire des marins des Caraïbes, qui me demandent des nouvelles de leur bateau. Je les ai cherchés, j'ai envoyé des photos et j'imagine avec peine leurs réactions". Comme le confie Pierrick, informer les propriétaires que leur bateau est détruit n'est pas une tache agréable, mais "j'aurais aimé qu'on le fasse pour moi" lance-t-il.
L'heure est maintenant à l'entraide, sauver ce qui peut l'être et "se dépanner les uns les autres". Pierrick va bien, et sort malgré tout "chanceux" de cette triste aventure.
jeudi 4 juillet 2024
Après Beryl
Bonjour de Olivier Tisserant
Beryl s’éloigne désormais assez rapidement de l’arc antillais et, malheureusement, son inflection de trajectoire un peu au nord risque de le conduire tout droit vers la Jamaïque. Un affaiblissement est prévu, mais ça va rester un ouragan dangereux dans un environnement tel que celui de la Jamaïque.
Même si on est loin d’avoir toutes les infos, notamment de Union qui a été le plus violemment touchée avec des rafales proches de 280 kmh, on commence à avoir des images de Carriacou grâce à un « chasseur de cyclone » qui était sur place avec une connexion satellite. Il y a des zones vraiment dévastées mais le fait d’avoir été vraiment au centre de l’oeil a limité la durée de violence absolue, contrairement à Union qui était en plein dans le mur de l’oeil au nord, la zone la plus violente, et y est restée plus longtemps. Je suis très inquiet pour Union et Mayreau, dont les autorités sont très loin au nord et n’ont absolument aucun secours digne de ce nom à proximité. Il faut aussi malheureusement déplorer au moins un décès à Grenade.
Le sud de Grenade, où malgré l’exode de nombreux bateaux étaient encore présents, a été moins impacté que ce qui pouvait être craint. Merci à la compacité de Beryl qui a permis, malgré l’intensité, de limiter les impacts au sud et même probablement au nord ou Bequia a été touché mais moins durement qu’attendu là aussi, du moins c’est les premiers retours que j’ai.
Plus au nord, Saint-Vincent, La Borbade et Sainte-Lucie ont connu des conditions dures mais gérables. Il y aura probablement des dégâts, possiblement importants par endroits, mais là aussi le côté compact de Beryl a probablement évité le pire.
La Martinique a été touchée par des rafales fortes, au delà de 50 kt, qui ont créé une grosse pressions sur les réseaux, électrique notamment. Il y a 10.000 foyers privés d’électricité. Il a continué à bien pleuvoir après mon point d’hier en soirée et les cumuls sont désormais importants par endroit, avec plus de 120mm. Comme quoi, même à 300 km, un ouragan majeur au sed ne doit surtout pas être pris à la légère.
La Guadeloupe a été aussi touchée mais je n’ai pas d’infos sur d’éventuel dégâts. Je sais par contre que la houle a parfois été grosse et a submergé certaines côtes.
Les îles du Nord ont été globalement épargnées même si des rafales de bonnes factures ont sévi.
Concernant l’Invest 96L tout semble indiquer que la menace s’est bien réduite. Néanmoins, la possibilité d’un renforcement en tempête tropicale avec l’arc ne peut toujours pas être exclue avec un passage bien plus proche de la Martinique que pour Beryl. Dans ce type de situation, le risque n’est pas le vent mais les précipitations. Pas de préparation particulière mais une grande attention est nécessaire lors du passage pour ne pas se retrouver dans une zone inondable ou qui peut être l’objet de glissement de terrain. Les sols sont gorgés d’eau avec Beryl, leur capacité d’absorption est donc limitée ce qui est nature à générer un gonflement important des petits cours d’eau en cas de cumul importants.
Bref, pas ou très peu d’inquiétude pour le vent, par contre il va falloir surveiller de près le bourgeonnement convectif et faire très attention au risque d’inondation.
Pas de point supplémentaire aujourd’hui, sauf évolution imprévue de 96L. On se retrouve demain matin pour un dernier point sur 96L. Si vous le souhaitez vous pouvez suivre le LIVE public à 9h (heure Antilles) aujourd’hui.
C DANS L'AIR 4 JUILLET
C dans l’air du 4 juillet 2024 : le sommaire
⬛ J-3 : ça se tend…
Hier, Jordan Bardella a qualifié les controverses impliquant certains candidats du RN de « quelques erreurs de casting » sur le plateau de BFM. Ces candidats ont été critiqués pour des comportements passés ou des déclarations racistes. Le président du Rassemblement national a affirmé qu’il n’hésiterait pas à exclure ces membres du parti et à les empêcher de siéger au sein du groupe RN à l’Assemblée nationale en cas d’élection.
CHEZ POL
On termine avec notre jeu du jour. Où a été Gabriel Attal juste après son passage sur BFMTV hier soir ? • À CNEWS pour voir Pascal Praud
Ce n’est pas parce que les appareils politiques ont décidé d’empêcher la victoire du RN que ça se produira dans les urnes. Ce n’est pas parce qu’il y a des consignes de vote que ça se traduira dans l’isoloir... Bizarrement, depuis dimanche, la macronie a grandement édulcoré son discours sur la gauche, notamment concernant les socialistes et les écolos, tout à coup réintégrés à leur définition de l'arc républicain... Marlène Schiappa en 2021. L'ancienne ministre accusait alors EE-LV de «flirter de plus en plus dangereusement avec les thèses de l'islamisme» quand le ministre de l'Intérieur parlait «d'écoterrorisme»... Poutou,l'ancien ouvrier investi par LFI sous l'étiquette NFP, dans la première circo de l'Aude, a fait part de son étonnement d'être qualifié, pour une fois, au 2d tour, lui qui a réuni 18,7% des suffrages dimanche. L'unique danger, ce serait l'extrême gauche aux portes de Matignon, comme l'assènent l'extrême droite et les médias Bolloré (CNEWS et Europe 1) à longueur de journée. «Pas une voix ne doit manquer contre l'alliance Macron Mélenchon». |