mardi 11 novembre 2003

VICTOIRE " à LA PYRRHUS "

 
Pyrrhus


Une victoire à la Pyrrhus est une victoire avec un coût dévastateur pour le vainqueur. L'expression est une allusion au roi Pyrrhus Ier d'Épire, dont l'armée souffrit de pertes irremplaçables quand il défit les Romains pendant sa guerre en Italie à la bataille d'Héraclée en 280 av. J.-C. et à celle d'Ausculum en 279 av. J.-C.


Après cette bataille, Plutarque relate dans un rapport de Denys d'Halicarnasse :


« Les armées se séparèrent ; et on raconte que Pyrrhus répondit à quelqu'un qui célébrait sa victoire que "encore une victoire comme celle là et il serait complètement défait". Il avait perdu une grande partie des forces qu'il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants ; il n'avait aucun moyen d'avoir de nouvelles recrues (...). Tandis que, comme une fontaine s'écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d'hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre[1]. »

À chaque victoire de Pyrrhus, les Romains perdaient plus d'hommes que lui mais ils pouvaient facilement recruter de nouveaux soldats ; leurs pertes affectaient donc beaucoup moins leur effort de guerre que celui de Pyrrhus.


La citation : « Si nous devons remporter une autre victoire sur les Romains, nous sommes perdus[2] », bien qu'associée à un contexte militaire, est utilisée en analogie dans d'autres champs d'activité comme l'économie, la politique, la justice, la littérature et le sport pour décrire une lutte similaire, qui est ruineuse pour le vainqueur.

Sommaire


Exemples historiques


Batailles



Exemples en Politique (en France)


  • L'élection sur le fil de Martine Aubry comme premier secrétaire du Parti socialiste en novembre 2008 a été présentée comme telle sur le coup[3].
  • La loi organique présentée à l'Assemblée par l'UMP début 2009, visant à limiter le temps de parole et les amendements, a aussi été présentée comme telle par Noël Mamère[4]
  • Le sénateur Jack Ralite y fit référence en l'associant à la loi Hadopi : « Nous sommes dans une situation Hadopitoyable ! Le texte d'aujourd'hui est Hadopire ! Vous n'aurez qu'une victoire à l'Hadopyrrhus ! »[5]
  • Frédéric Lefebvre, à propos de l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur la « taxe carbone » : « Je préfère (...) être dans le camp de ceux qui subissent un revers pour avoir eu raison trop tôt que (dans celui de) ceux qui connaissent une victoire à la Pyrrhus pour avoir mené un combat d'arrière garde » (en référence au camp socialiste qui a obtenu l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi)[6].
  • Elisabeth Guigou s'exprimant sur l'adoption par le parlement de la réforme des retraites, le 26 octobre 2010 considère qu'il s'agit d'une "victoire à la Pyrrhus", le gouvernement ayant selon elle perdu "la bataille de la conviction" : " C'est une victoire à la Pyrrhus car sur le fond la France et les Français ont compris que le président a perdu la bataille de l'opinion."


Notes


  1. Plutarque, « Pyrrhus [archive] » sur classics.mit.edu, The Internet classics archives.
  2. Plutarque, Apophtegmes de rois et de généraux, « Pyrrhus », 3. Extrait de la traduction de F. Fuhrmann pour la Collection des Universités de France, 1988.
  3. Didier Pourquery, « Défi », dans Libération, 26 novembre 2008 [texte intégral [archive] (page consultée le 26 janvier 2009)] .
  4. Clash Copé-mamère à l'Assemblée [archive] sur www.dailymotion.com. Consulté le 26 janvier 2009.
  5. Compte rendu officiel de la séance du 8 juillet 2009 au Sénat [archive] sur www.senat.fr. Consulté le 9 juillet 2009.
  6. http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hVAyrW2Uu3zW7AMXKMkyjjZebByQ [archive]


Sources secondaires



  • (en) John Denson, The Costs of War: America's Pyrrhic Victories, Transaction Publishers, 1997 (ISBN 1-560-00319-7) .

Victoire à la Pyrrhus


Explication de cette expression


Victoire à la Pyrrhus : Pyrrhus (319-272 avant JC), roi d'Épire de -295 à –272, remporta sur les romains les victoires d'Héraclée en -280 et d'Ausculum en -279. Ces batailles lui coûtèrent de telles pertes qu'il s'écria : « Encore une autre victoire comme celle-là et je rentrerais seul en Épire ! ». C'est de là que vient l'expression de victoire à la Pyrrhus.


Statue du roi d'Epire

Biographie de Pyrrhus 1er


Pyrrhus 1er prétendait être un descendant d'Achille et un parent d'Alexandre.
Son père fut chassé de son royaume puis tué. Le roi d'Illyre restitua le trône à Pyrrhus qui le perdit au profit de son cousin.
En épousant la fille de Bérénice et de Ptolémée, il put partager le trône avec son cousin. A la mort de ce dernier par empoisonnement, Pyrrhus se lança à la conquête du monde.
Il conquit la Macédoine et finalement le tout (vers 287 avant J.C.).


dimanche 19 octobre 2003

LE QUESTIONNAIRE DE PROUST


Réponses au "questionnaire de Proust"



Le Questionnaire de Proust : les réponses de Françoise Hardy


Réponses de Françoise au questionnaire de Proust (en 1998)

Ma vertu préférée
Le discernement Le principal trait de mon caractère.
Le doute


La qualité que je désire chez un homme.
La grâce
La qualité que je désire chez une femme.
La grâce

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis.

Leur différence

Mon principal défaut.
Celui de les ignorer
Mon occupation préférée.

La lecture

Mon rêve de bonheur.
La sagesse
Quel serait mon plus grand malheur ?
Qu'il arrive malheur à mon fils
Ce que je voudrais être.

J'évite de me poser des questions absurdes

Où je désirerais vivre.

A Paris, Londres, New York, Tokyo, Québec, en Suède, en Islande, etc.

La couleur que j'aime.

Une couleur ne valant que par rapport à une autre, je ne peux en isoler une.
L'oiseau que je préfère.

Le canard

Mes auteurs favoris en prose.

Colette, Marguerite Duras, Julie de Lespinasse, Anne Wiasemsky pour Hymnes à l'amour, Balzac, Proust, Stefan Zweig, Carlos Castaneda, etc...

Mes poètes préférés.

Georges Brassens, Léo Ferré, Barbara, Serge Gainsbourg, Alain Souchon, M.C. Solar etc..
Mes héros dans la fiction.

Le Petit Prince de Saint Exupéry, Le Don Juan de Castaneda, etc.

Mes héroïnes favorites dans la fiction ?

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En lisant une première fois, je n'avais pas fait attention à la date à laquelle Françoise Hardy avait répondu tellement ses réponses me semblent encore d'actualité.

Elle reste fidèle à ses idées.

Le seul truc assez surprenant c'est au niveau des "poètes préférés" : une longue liste d'auteurs de chansons...
Ni Aragon, Ni Baudelaire, .... Mais M.C. Solar et Alain Souchon !
Les ranger parmi les poètes me parait excessivement flatteur mais bon, chacun ses goûts.

Pareil pour les compositeurs : une liste éclectique mélant classicisme (Beethoven, Rachmaninov,...) et chanson française (Trenet, Brassens,...). Assez étonnant et détonant tout ça...

Sur le tact, Françoise a fait des progrès mais revendique implicitement la permission d'être cinglante. Très marrant ce contraste avec ses chansons pleines de douceur et de sensibilité. Le revers du manque de tact en quelque sorte.

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Ce matin, je ne vais pas vous conter l'histoire du " questionnaire de Proust", pour ce faire reportez-vous à l'exemplaire publié par Assouline avec une préface de William C. Carter et une Introduction de Henry-Jean Servat. Les réponses de Charlotte Gainsbourg sont extraites de ce bel ouvrage.

J'aime beaucoup Charlotte Gainsbourg, elle ne joue pas les filles de, discrète, sincère, nature, excellente actrice : la photo qui illustre cette chronique est tirée de l'excellent film d'Emanuel Crialese "The Goden Door/Nuovomundo", bien élevée, ses réponses au questionnaire de Proust me parlent, j'y trouve un écho de moi-même et j'ai donc eu envie de vous les faire partager.
 

De plus, comme j'ai toujours une petite idée derrière la tête, à la rentrée, je soumettrai au questionnaire de Proust des femmes et des hommes du vin. Bonne lecture.


Questionnaire n°2

Votre vertu préférée : la modestie

Vos qualités préférées chez l'homme :
son sang chaud

Vos qualités préférées chez la femme :
ses hauts et ses bas

Votre occupation favorite :
l'effort de concentration

Votre caractéristique maîtresse :
mes doutes

Votre idée du bonheur :
des choix assumés

Votre idée du malheur :
les regrets

Vos couleurs et votre fleur préférées :
le vert et le coquelicot

Si vous n'étiez pas vous-même, qui voudriez-vous être ? :
une bombe !

Où aimeriez-vous vivre ? :
dans les airs
Vos auteurs préférés en prose :
Gabriel Garcia Marquez, Kamrabata, Nabokov

Vos poètes préférés :
Baudelaire, Rimbaud et Serge Gainsbourg

Vos peintres et compositeurs préférés :
Bonnard, Miro, Chopin et Serge Gainsbourg

Vos héros préférés dans la vie réelle :
Einstein, Zola, Jean Moulin

Vos héroïnes préférées dans la vie réelle
: Marie Curie et Simone Veil

Vos héros préférés dans la fiction :
Chaplin

Vos héroïnes préférées dans la fiction : Sugar (Marilyn Monroe)

Votre mets et votre boisson :
le thé, les toasts et les oeufs à la coque

Vos prénoms préférés :
Olga, Joseph, Judy, David, Jane,Serge, Yvan, Ben, Alice

Votre bête noire :
le temps

Quels personnages historiques méprisez-vous ? :
Adolf !

Quel est votre état d'esprit présent ? :
disciplinée

Pour quelle faute avez-vous le plus d'indugence ? :
le zéro de conduite

Votre devise préférée : " à dada sur mon bidet..."
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Mes compositeurs préférés.

Beethoven, Chopin, Rachmaninov, Trenet, Brassens, Les Beatles, etc.

Mes peintres favoris.

Les peintres chinois.

Mes héros dans la vie réelle.

Saint Exupéry, Yéhudi Menuhin

Mes héros dans l'histoire.

Franklin D. Roosevelt, Churchill.

Mes noms favoris.

Ceux des apôtres (Pierre, Paul, Jean, etc.)

Ce que je déteste par-dessus tout.

Les détenteurs de vérité

Personnages historiques que je méprise le plus.

Robespierre, Hitler, Staline, etc.

Le fait militaire que j'admire le plus.

Le débarquement

La réforme que j'estime le plus.

Celle de soi-même

Le don de la nature que je voudrais avoir.

L'énergie

Comment j'aimerais mourir.

Dans mon sommeil

État présent de mon esprit.

Anxieux


Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence.

Le manque de tact.

Ma devise.

Travailler plus sur le discernement que sur l'amour, car tant que l'amour n'est pas guidé par le discernement, il n'est pas un amour vrai
















   

























jeudi 18 septembre 2003

LA DICTEE DE MERIMEE

 
 Lié d'amitié avec Eugénie de Montijo bien avant qu'elle n'épouse Napoléon III, Prosper Mérimée devint le boute-en-train officiel de la cour impériale. La légende veut qu'il ait composé sa dictée pour distraire le brillant aréopage qui s'étiolait d'ennui au château de Compiègne par une après-midi pluvieuse. Le prince de Metternich l'aurait emporté haut la main avec seulement trois fautes. Octave Feuillet en aurait commis 19, Alexandre Dumas fils 24,  le princesse de Metternich 42, la belle Eugénie 62, et l'Empereur aurait tenu le rôle du cancre avec 75 bévues!
En réalité il existe plusieurs versions de la dictée, toutes aussi hermétiques qu'alambiquées, et il n'est même pas certain que Mérimée en soit l'unique auteur.
Voici celle qui fut publiée en 1900, soit plus de 40 ans après l'épreuve, qui fait désormais référence.
 
 

Voici le texte de "la fameuse dictée" publiée par Léo Claretie en 1900.

Les mots expliqués sont en rouge.






Vous trouverez d'autres versions à la suite de celle-ci.
« Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l’amphitryon, fut un vrai guêpier.
Quelles que soient, quelque exiguës qu’aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d’en vouloir, pour cela, à ces fusiliers jumeaux et malbâtis, et de leur infliger une raclée, alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.
Quoi quil en soit, c’est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s’est laissé entraîner à prendre un râteau et qu’elle s'est crue obligée de frapper l’exigeant marguillier sur son omoplate vieillie.
Deux alvéoles furent brisés ; une dysenterie se déclara suivie d’une phtisie et l’imbécillité du malheureux s’accrut.
Par saint Martin, quelle hémorragie ! s’écria ce bélître.
À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l’église tout entière. »

 
Explications
ambiguïté, de l'adjectif ambigu au masculin (pluriel ambigus), ambiguë au féminin (ambiguës)
De même aigu, aigus, aiguë, aiguës, le tréma n'est pas sur le U, même chose pour contigu, contiguë, contiguïté, exigu, exiguë, exiguïté... et la ciguë.
Un dîner, dîner, variante orthographique : un diner, diner (non admis par l'Académie ni par le Trésor).
Réforme de 1990, l'accent disparaît.
Sainte-Adresse
Que Adresse soit une sainte ou non, on écrit Saint ou Sainte que l'on relie au nom qui suit par un trait d'union, dans les noms de rues, de places, de villes...
Ex : quartier Saint-Denis, place Saint-Pierre, rue Saint-Vincent.
Quand on parle d'un saint, on écrit (par ex.) saint Martin, sans trait d'union.
malgré n'a jamais de s, ni parmi.
effluve est masculin.
E précédant 2F en début de mot n'a pas d'accent, effet, effervescent...
Voir sur l'article sur le blog :
embaumés, participe passé employé comme adjectif s'accorde avec effluves.
de très bons crus, si c'était un singulier, on aurait "d'un très bon cru".
un cuisseau : Partie du veau, coupée en deux, qui prend au-dessous de la queue et va jusqu'au rognon, et comprenant le quasi, la culotte, la noix pâtissière, la sous-noix et le jarret.
un cuissot : Cuisse de gibier de forte taille. Cuissot de cerf, de chevreuil, de sanglier.
Définitions recueillies sur le CNRTL dans Le Trésor de la langue française.
prodigués s'accorde avec cuisseaux et cuissots
un amphitryon, celui qui reçoit à diner.
Pour en savoir + sur Amphitryon, voir la note des Délires n°59
guêpier, mot qui vient de guêpe
-endroit bruyant
-piège, souricière
quelles que soient .. les arrhes
quel que : locution conjonctive de concession, suivie du verbe être au subjonctif
quel s'accorde avec le sujet du verbe être
Quelle que dût être votre opinion, je ne m'en souciai guère.
Quels que puissent être vos désirs, vous ne les accomplirez jamais.
Les semi auxiliaires (auxiliaires de mode) devoir et pouvoir accompagnent le verbe être dans ces deux phrases.
Pour en savoir + voir l'article Quel que
quelque exiguës qu'aient pu paraître... les arrhes
quelque ... que : locution conjonctive de concession, suivie d'un verbe au subjonctif.
ici, aient pu paraître est le verbe paraître accompagné du semi auxiliaire pouvoir au subjonctif passé.

-quelque + adjectif + que
quelque appliqué qu'il soit, il ne réussira jamais à avoir la moyenne.
ou
-quelque +syntagme nominal + que
Quelque effort que je fasse, tu restes indifférent.
Pour en savoir + voir l'article Quelque... que
paraître prend l'accent circonflexe sur le i devant le t
comme naître, les dérivés de paraître (apparaître, disparaître, comparaître), et de croître (accroître, décroître, surcroître). Ex. il naîtra, il croîtrait, nous disparaîtrons...
On a aussi : il clôt, il gît, il plaît.
Particularité de croître : il prend l'accent circonflexe à chaque fois qu'on peut le confondre avec croire.
Il croît, il a crû, MAIS il croissait, croissant, etc.
Surcroître est vieilli, on le trouve dans les expressions de surcroît, par surcroît.
la somme due, les sommes dues, l'emprunt dû
dû (de devoir) ne prend d'accent circonflexe que lorsqu'on peut le confondre avec du (partitif ou préposition, du = de + le)
J'ai du bon tabac dans ma tabatière. (du, partitif. Sens : une partie d'un tout, une certaine quantité de)
Je viens du marché. (du = de le)
J'ai dû parler. (devoir)
des arrhes, féminin. On donne des arrhes pour un achat ou une location.
arrher, donner des arrhes.
arrhement, vieilli.
Les arrhes données ne sont pas rendues au vendeur si l'acheteur se rétracte.
Les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier.
qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier est une proposition relative complément de l'antécédent arrhes.
qu' (c'est-à dire que élidé) est un pronom relatif qui représente l'antécédent arrhes.
Je remplace que par ce qu'il représente :
la douairière et le marguillier étaient censés avoir donné des arrhes
données est un participe passé, il suit la règle de l'accord des participes passés qui veut qu'un participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct si celui-ci le précède.
Dans ce cas le complément d'objet direct est que (= arrhes) féminin pluriel, et il est placé avant (avoir) données. Donc accord.
Pour en savoir + sur l'accord des participes passés, voir les 3 articles :
L'accord des participes passés + Quiz 26
étaient censés s'accorde avec le sujet inversé douairière et marguillier
censés, adjectif qualificatif attribut de douairière et marguillier, s'accorde avec ces substantifs.
Être censé, être supposé.
MAIS être sensé, avoir du bon sens.
douairière, marguillier, fusilier
voir le sens de ces mots sur
infâme a un accent circonflexe, infamie n'en a pas.
malbâti, du verbe bâtir (accent circonflexe) et de l'adverbe mal.
Au pluriel malbâtis
Dont le corps n'est pas bien bâti, qui a une mauvaise tournure. Un homme malbâti. Substantivement : un grand malbâti. Littré
rafraîchissement, accent circonflexe comme dans rafraîchir, fraîchir, fraîcheur.
coreligionnaires, de la même religion
Il n'y a pas d'accent sur le e de core-
Prononciation [kɔʀ(ə)liʒjɔnε:ʀ] ou [kɔʀeliʒjɔnε:ʀ] c'est-à dire core- ou coré-
Pourquoi l'Académie, qui écrit corrélation, corrélatif, avec deux r, écrit-elle coreligionnaire avec une seule r ? question sur le Littré
quoi qu'il en soit subjonctif après quoi que
quoi que et non pas quoique
Pour ne pas confondre, sachez que l'on peut remplacer quoique par bien que (synonymes) dans un contexte donné.
Quoi dans quoi que est pronom interrogatif mais il a perdu sa connotation interrogative, de même qui dans qui que, où dans où que.
Pour en savoir + voir les articles sur le blog :
exorbitant, excessif, qui dépasse la mesure
du latin exorbitare, dévier, sortir de l'ornière, de ex, hors, et orbita, ornière, trace d'une roue de voiture, cf. Littré.
mots commençant par ex, exc, exh, voir la note des Délires n° 9
entraîner ou entrainer (orthographe traditionnelle avec l'accent)
la douairière s'est laissé entraîner
On est dans le cas où le participe passé laissé est suivi d'un infinitif, entraîner.
Lorsque le sujet ne fait pas l'action de l'infinitif, le participe passé est invariable.
Elle s'est laissé battre (on l'a battue)
Elle s'est laissée mourir (elle est morte)
On préfére aujourd'hui LAISSÉ suivi d'un infinitif, invariable dans tous les cas.
Voir l'article :
Voir les 4 cas où le participe passé est suivi d'un infinitif dans l'article du blog :

elle s'est crue obligée
Le participe passé d'un verbe pronominal (se croire) suivi d'un attribut du pronom réfléchi s'accorde avec lui (obligés attribut de se).
Pour en savoir + sur cette règle voir l'article :
exigeant, l'adjectif et le participe présent ont la même graphie.
(et non pas exigent comme dans ils exigent)
MAIS on a divergent (adj.) divergeant (part. prés.), convergent, convergeant, négligent, négligeant, émergent, émergeant.
son omoplate vieillie
omoplate est féminin. On écrit son omoplate par euphonie, devant une voyelle, son étant ici féminin. Cela pour éviter l'hiatussa omoplate.
alvéoles est ici au masculin ce qui justifie l'accord du participe brisés.
Mais le genre de alvéole peut se discuter.
Voir sur l'article sur le blog
dysentrie vient du grec mal et entrailles.
Le s de l'élément dys (= mal), bien qu'il soit entre deux voyelles ne se prononce pas [z] mais [s].
Voir l'article sur le blog :
phtisie, une ancienne graphie était phthisie, cf. Littré 2ème édition 1872-1877 (en ligne)
imbécillité, 2L, imbécile, 1L
s'accrut, verbe s'accroître au passé simple
Il n'y a pas d'accent circonflexe sur le u parce que :
-accroître est différent du verbe croître qui prend un accent lorsqu'on peut le confondre avec le verbe croire. Il crût, il accrut, il s'accrut.
-il s'accrût serait la forme du subjonctif imparfait, ce qui n'est pas le cas ici.
bélître, homme de rien, sot, importun
L'Académie (1798-1932) écritbelître sans accent aigu sur e.
La finale -itre ne prend l'accent circonflexe que dans les trois mots suivants : bélître, épître, huître. Lu sur le CNRTL
Ainsi pitre, chapitre et pupitren'ont pas d'accent.
excédent, noter le exc [ks]
voir l'article sur le blog
mots commençant par ex, exc, exh, voir la note des Délires n° 9
bagage, un bagage
tout entière
tout adverbe.
Les adverbes sont généralement invariables.
Tout pour raison d'euphonie fait toute lorsqu'il se trouve devant une consonne ou un h aspiré.
Elle est toute mouillée, elle est toute honteuse.
Mais il reste invariable devant une voyelle ou un h muet
Elle est tout étonnée, elle est tout horrifiée.
La version de 1990
La version de 1990 supprime les accents circonflexes, écrit ambigüité, exigüe, marguiller et évènement, graphies que je n'ai trouvées dans aucun des dictionnaires que j'ai consultés.

La réforme de 1990

Rectifications de l'orthographe-JO du 6-12-1990

"Dans les modifications orthographiques de la réforme de 1990, on propose de laisser tomber cet accent circonflexe. Après plus d'une quinzaine d'années, on constate que personne ne laisse tomber le chapeau. Cette proposition doit donc être considérée avec la plus grande vigilance d'autant plus que la règle est assez simple." cf. cnrtl
« Pour parler sans ambigüité, ce diner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuisseaux de chevreuil prodigués par l’amphitryon, fut un vrai guêpier. Quelles que soient, quelque exigües qu’aient pu paraitre, à côté de la somme due, les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguiller, il était infâme d’en vouloir, pour cela, à ces fusiliers jumeaux et malbâtis, et de leur infliger une raclée, alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre desrafraichissements avec leurs coreligionnaires. Quoi qu’il en soit, c’est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s’est laissé entrainer à prendre un râteau et qu’elle s'est crue obligée de frapper l’exigeant marguiller sur son omoplate vieillie.Deux alvéoles furent brisés ; une dysenterie se déclara suivie d’une phtisie et l’imbécilité du malheureux s’accrut.— Par saint Martin, quelle hémorragie ! s’écria ce bélitre. À cet évènement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l’église tout entière. »

Notes
J'ai trouvé dans d'autres versions ou commentaires ces graphies proposées sur la toile :
quelqu'exiguës...
Il semblerait que cette graphie soit celle qu'ait choisie Mérimée.
Quelque exiguës qu'aient pu paraître... les arrhes...
On a une disjonction après quelque sauf dans les expressions quelqu'un, quelqu'une.
On trouve cependant chez Dauzat :
Quelqu’opposés […] que fussent leurs tempéraments (Dauzat, Génie de la langue française, p. 343)
et également chez Robespierre :
... quelqu'impure qu'en soit la source... (Discours à la Convention sur la nouvelle Déclaration des droits de l'homme)

On a également une disjonction avec presque sauf dans presqu'île.
Voir :

La liaison - L'élision - L'enchaînement - La disjonction

cuisseaux pour cuissots, et une note précisant que cuisseaux a également le sens de cuissots. (la définition du Petit Robert le laisserait penser)
alvéoles au féminin
de très bon cru au singulier
Par saint Hippolyte, au lieu de Par saint Martin
Étonnant non ?
Les commentaires de la dictée sont les miens et n'engagent que moi.
CQFD !
mamiehiou
Ajout du 5 avril 2012 : Je remarque que le 2 avril le blogueur de "Se coucher moins bête - La dictée impossible" donne la dictée de Mérimée en citant mon blog comme une de ses sources. Ce faisant, j'espère qu'il changera d'avis et qu'il conviendra avec moi que la dictée est possible !
*par le menu = en détails
 
La dictée du bicentenaire de Mérimée

En septembre 2003, en hommage à Mérimée, Bernard Pivot a créé la dictée de Compiègne du bicentenaire de Mérimée, texte qui est publié dans l'ouvrage de Françoise Maison, La Dictée de Mérimée, Château de Compiègne, Séguier, 2003, 64p.

NAPOLÉON III : MA DICTÉE D'OUTRE-TOMBE

Moi, Napoléon III, empereur des Français, je le déclare solennellement aux ayants droit de ma postérité et aux non-voyants de ma légende : mes soixante-quinze fautes à la dictée de Mérimée, c'est du pipeau ! De la désinformation circonstancielle ! De l'esbroufe républicaine ! Une coquecigrue de hugoliens logorrhéiques !
Quels que soient et quelque bizarroïdes qu'aient pu paraître la dictée, ses tournures ambiguës, Saint-Adresse, la douairière, les arrhes versées et le cuisseau de veau, j'étais maître du sujet comme de mes trente-sept millions d'autres. Pourvus d'antisèches par notre très cher Prosper, Eugénie et moi nous nous sommes plu à glisser çà et là quelques fautes. Trop sans doute. Plus que le cynique prince de Metternich, à qui ce fieffé coquin de Mérimée avait probablement passé copie du manuscrit.
En échange de quoi ?
D'un cuissot de chevreuil du Tyrol ?