samedi 29 mai 2021

M A G E L L A N

 

Fernando de Magallanes (1480 -1521) 

On l’appelle Fernand de Magellan, les Espagnols le nomment Fernando de Magallanes, mais il est né au Portugal en 1480 sous son vrai nom : Fernao de Magalhaes…. 
Toute l’histoire de son aventure commence en réalité le 7 juin 1494 (25 ans avant son fameux voyage) à Tordesillas, près de Valladolid en Espagne. Ce jour-là, les Royaume d’Espagne et du Portugal, deux puissances maritimes émergentes décident de se partager le monde, ou du moins les découvertes à venir. Ils établirent un méridien imaginaire, qui correspond environ au 46°O. L’Espagne s’octroyait les découvertes à l’Ouest de cette limite, soit l’ensemble du continent Américain (sauf un morceau de Brésil). Le Portugal bénéficiait des routes commerciales et des comptoirs d’Extrême-Orient ainsi que d’éventuelles conquêtes dans ces contrées alors méconnues. Bien évidemment ce traité n’a pas forcement fait l’unanimité auprès des autres puissances Européennes, en particulier La France, l’Angleterre et les Pays Bas, qui le contestèrent immédiatement. Mais ce traité bouleversera à jamais la géopolitique mondiale.
 

MAIS QUEL RAPPORT AVEC MAGELLAN ?

Ancien officié de la marine portugaise, il est très attiré par l’exploration et propose à la cour du Portugal de financer un voyage vers les Amériques. Sa requête étant rejetée, il se tourne donc vers le roi d’Espagne Charles Quint. Pour le convaincre il lui explique vouloir trouver un passage pour contourner le nouveau continent Américain (car à l’époque on ne sait pas réellement où il s’arrêtait, le Cap Horn n’a été découvert qu’en 1580) pour rejoindre les Indes et ouvrir une route commerciale. Pourquoi ne pas en profiter pour également annexer les terres rencontrées sur le chemin…. 

Ainsi sans enfreindre le traité de Tordesillas, l’Espagne pourrait s’adjuger des territoires dans les Indes, se trouvant à l’Ouest du méridien.
En réalité Magellan avait compris que sur une sphère, on est toujours géographiquement à la fois à l’Ouest et l’Est d’un autre point.
 

LE VOYAGE

Sans rentrer dans les détails, la préparation de cette expédition n’a pas été une partie de plaisir. En effet, le fait qu’un capitaine Portugais dirige une expédition Espagnole ne plaisait pas vraiment à tout le monde surtout aux capitaines des 4 autres vaisseaux qui composaient la flotte. De son côté la cour du Portugal, qui avait eu vent d’un tel voyage a également essayé d’enrayer les préparatifs, mais rien n’y a fait les 5 navires s’élancèrent de Séville le 10 Août 1519.

Départ de Séville vers l’actuelle Patagonie
La flotte se composait ainsi :

  • Navire Amiral « Trinidad » : 62 hommes dont Magellan
  • le « San Antonio » : 55 hommes
  • la « Concepción » : 44 hommes
  • le « Santiago » : 31 hommes
  • la « Victoria » : 45 hommes

Tout ce petit monde part donc de Séville le 10 Août 1519. Après une halte aux Canaries puis sur les côtes Brésiliennes, la flotte amorce sa descente vers le sud. Le froid de l’été Austral s’installant sous ses latitudes, Magellan décide d’hiverner dans l’actuelle Patagonie où il accoste le 31 Mars de l’année suivante. C’est là que les premiers problèmes surviennent… Déjà fatigués et découragés par ce voyage et certainement poussés par les capitaines de 3 des navires, une cinquantaine d’hommes se mutine au matin du 1er Avril 1520. Magellan et le reste des hommes lui étant restés fidèles, réussissent à ramener le calme. Il gracia la plupart des mutins, ne pouvant sacrifier autant de bras tellement nécessaires à la réussite de son expédition. Des têtes devant tomber, il exécuta 2 capitaines (Quesada et Mendoza), et en abandonna un troisième (Cartagena) sur un banc de sable avec un pistolet et un morceau de pain…. Il décide d’envoyer un des bateaux, le Santiago, en éclaireur pour chercher un passage, mais ce dernier s’échoua sur des hauts-fonds.
 

DÉCOUVERTE DU DÉTROIT

Il décide malgré tout d’emmener le reste de sa flotte (ne comptant plus que 4 bateaux) vers le sud et découvre le 21 Octobre 1520 ce qui allait se révéler être l’entrée du détroit. Au beau milieu de ce dédale de Fjords, impressionné par ces paysages sinistres et ces fumées volcaniques, l’équipage du « San Antonio » se rebelle et rebrousse chemin direction l’Espagne. Mais finalement le 27 novembre 1520 la flotte sort de ce labyrinthe et débouche sur une immense étendue d’eau.
 

ENTRÉE DANS LE PACIFIQUE

Cet immense océan étant plutôt calme et clément, il le nomma Pacifique, d’où le nom qu’on lui connait aujourd’hui. Contrairement à ce que l’on peut croire, Magellan avait une idée de la distance qui le séparait de son objectif. On avait estimé assez précisément la circonférence de la terre depuis l’Antiquité, mais impossible de savoir si il n’y avait que de l’océan ou des terres émergées. Faisant route vers le Nord- Ouest ils ne rencontrent que deux ilots déserts au milieu de leur traversée, passant malheureusement trop loin des différents archipels habités de Polynésie. Ils achevèrent leur traversée le 6 mars 1522 sur l’Ile de Guam (actuelles Iles Mariannes). Les dernières semaines de voyage auront été particulièrement pénibles à cause du manque d’eau et de vivres, mais uniquement 9 morts furent à déplorer sur ces 4 mois de traversée (notamment grâce au céleri sauvage cueilli en Patagonie leur évitant le scorbut).
 

ARRIVÉE AUX MARIANNES

Une fois sur place, il ne restait plus à l’expédition qu’à conquérir ces terres vierges et à soumettre les autochtones à la volonté du royaume d’Espagne. Mais même nus et peu armés, les différents peuples rencontrés se sont révélés plutôt coriaces. La flotte en fit l’amer constat aux actuelles Philippines sur la petite Ile de Mactan. Ils s’engagèrent dans un combat avec une tribu locale refusant de se soumettre dans lequel Magellan fut mortellement touché par une flèche empoisonnée. Il mourut le 27 Avril 1521. Si cette bataille ne fit que 6 victimes dans les rangs occidentaux, de nombreux hommes restés à bord désertèrent. Avec seulement 113 marins restant, le nouveau commandant de l’expédition, le capitaine Elcano, décide de brûler la « Concepción », face à l’impossibilité de manœuvrer 3 vaisseaux avec aussi peu d’hommes.
 

LES ILES AUX ÉPICES

Les envies de conquêtes ayant été quelque peu freinées par ces péripéties, les deux navires restant (le « Trinidad » et la « Victoria ») font Cap vers les actuels Palawan, Brunei puis vers les Iles Moluques pour faire le plein d’épices avant leur retour vers l’Espagne. Le 15 décembre 1521, à peine parti, Le « Trinidad » dut rentrer au port à cause d’une voie d’eau. Elle se fera par la suite capturée par les Portugais et ne reverra jamais l’Espagne.
 

RETOUR AU BERCAIL

3ans et 27 jours

Ayant quitté les Iles Moluques avec un équipage de 60 hommes (dont 17 Moluquois engagés sur place), la « Victoria » arriva finalement 8 mois plus tard en Espagne, le 6 septembre 1522 avec seulement 18 marins de l’expédition d’origine. 12 autres marins restés prisonniers au Cap Vert, durent attendre quelques semaines pour terminer leur voyage. De l’équipage du « Trinidad » restée aux Iles Moluques, seuls 5 marins réussirent à rallier l’Europe entre 1525 et 1526 par leurs propres moyens. N’en déplaise à certain, la terre est bien une sphère, les hommes le savaient depuis longtemps mais cette connaissance est restée purement théorique pendant longtemps, jusqu’au succès (relatif) de ce grand voyage. Même si Magellan, n’est pas rentré vivant de ce voyage pour le moins mouvementé, il aura imaginé et monté la première expédition ayant effectué une Circumnavigation. A l’instar de Colomb, il ne l’aura pas réalisé de son vivant mais son nom est passé à la postérité : Il aura donné son nom au fameux détroit et a même déterminé celui du plus vaste océan de la planète.
 

 

D'où vient le mille nautique utilisé par les marins ?

Il est écrit dans les livres qu'un mille marin équivaut à 1,852 km. Pourquoi cette valeur barbare ? D'où sort ce chiffre ?


Pourquoi dit-on qu'un bateau avance à 6 noeuds ? Pourquoi ne pas parler en km/h comme à terre ?



Le nœud est l'unité de mesure de la vitesse en bateau. Un nœud correspond à 1 mille par heure (1,852 km/h). Cette unité est utilisée en marine comme en aérien. Mais pourquoi ce terme de nœud ?

À l'origine de la marine, bien avant que nous bardions nos bateaux de capteurs électroniques, la solution pour mesurer la vitesse était de jeter une planche reliée par un cordage à l'arrière du bateau. La planche lestée sur un bord tenait verticalement dans l'eau. Le cordage était marquée de nœuds, régulièrement espacés.

La planche est jetée à l'eau et le temps d'un sablier, on laisse filer la ficelle. Puis quand le sablier est vide. On remonte la ficelle en comptant le nombre de nœuds.

Ce nombre de nœuds donne la vitesse instantanée du bateau.

L'expression est restée.

Explication en vidéo à bord de l'Hermione où l'on a reconstruit un loch à nœuds à l'occasion de son retour vers Brest.

COMMENTAIRES 

1 noeud=1 mn d'arc de la circonférence de la Terre ne l'oublions pas !!!!

 1 mille=1 minute d'arc de la circonférence de la terre (et non 1 noeud). Et 1 mille en 1 heure =1 noeud


 10001 km/(60minutesx90degré )=1,852 km=1852m


un noeud est une vitesse donc un temps x une distance soit un mille en une heure . le mille etant une minute d"arc 1852m en latitude ou en longitude à l'équateur (pas de convergence des meridients donc aussi 10001 km pour 90 degrés )


En fait, initialement, le nœud est une unité de longueur, égal à 1/120 de mille nautique (soit une quinzaine de mètres). Cette distance dépare deux noeuds consécutifs réalisés sur la ligne de loch. Pour mesurer la vitesse, le marin jetait à l'eau une planchette reliée à cette ligne de loch, et comptait le nombre de noeuds qui lui passaient ("filaient") dans la main en 1/2 minute, soit 1/120 d'heure. Et donc ce nombre équivalait à la vitesse en milles. par heure... Il en subsiste l'expression "filer x noeuds"






vendredi 28 mai 2021

Napoléon

 Le vendredi 28 mai, la Grande Halle de la Villette, à Paris, ouvrira de nouveau ses portes au public pour une exposition inédite, très attendue, consacrée à Napoléon. La rédaction du journal du 20h a pu faire une petite visite en coulisses.

C'est une vieille dame qui somnole, habituellement, au château de Versailles. C'est la Victoire, elle sera la star de l'exposition Napoléon. Un carrosse de deux tonnes et demi à déplacer. En 1810, cette Berline d'apparat fait partie du cortège nuptial de l'empereur et de son épouse Marie-Louise. Du bois précieux, de l'or, du bronze, une œuvre d'art unique à qui on évite le moindre cahot sur les pavés. Aux Halles de la Villette, à Paris, la Victoire passera quelques jours confinée dans un sas afin d'éviter un choc thermique.

Soucieux de son image

On installe Bonaparte Franchissant le Grand-Saint-Bernard, tableau iconique. Le peintre a pris quelques libertés avec la vérité historique. "Il a traversé, paraît-il, les Alpes sur un mulet, une monture beaucoup plus adaptée à la situation. Mais pour son image, il faut qu'il soit sur un cheval, il a demandé lui-même à être représenté calme sur un cheval fougueux", explique Frédéric Lacaille, conservateur général au château de Versailles. 200 objets, un décor fasteux, l'exposition se veut spectaculaire, tout en évoquant les côtés moins glorieux du personnage. On y expose les documents où il a signé le rétablissement de l'esclavage.


Si Napoléon n'avait pas fait d'apnée du sommeil, toute la face du monde en aurait été changée


Épileptique, bipolaire, souffrant d'apnée du sommeil… la santé de l'empereur suscite beaucoup de spéculations. Il a aussi donné son nom à un complexe: celui qui décrit l'agressivité des hommes de petite taille. 


«Si on l'avait soigné, l'Europe aurait été sans aucun doute différente et peut-être que nous n'aurions pas connu deux guerres mondiales.» C'est une quasi-certitude pour le Dr Charles-Henri Chouard, Napoléon souffrait de syndrome d'apnée du sommeil et ceci a contribué à la chute de l'Empire. Le chirurgien ORL, qui a travaillé dès les années 1980 au Centre d'exploration des troubles respiratoires du sommeil à l'Hôpital Saint-Antoine, développe dans un article complet les éléments évoquant ce diagnostic. «Napoléon passait pour maîtriser son sommeil, ce qui contribuait à sa réputation de surhomme, écrit-il. Possédant notamment la faculté de réparer très vite sa fatigue en dormant dans la journée, peu et n'importe où, se réveillant quelques minutes après parfaitement à l'aise.»

L'empereur ne dormait pas beaucoup, mais de manière fractionnée, en un sommeil polyphasique. «Couché à minuit, il se réveille à 3 heures pour réfléchir aux affaires les plus délicates, prend un bain chaud et se recouche à 5 heures», écrit Jean Tulard, historien spécialiste de Napoléon dans son livre Napoléon ou le mythe du sauveurMême s'il en tirait parti, il souffrait de réveils multiples: «Souvent réveillé plusieurs fois par nuit sans que la clarté de ses idées en soit affectée, il appréciait au contraire la présence d'esprit après minuit», écrit Chardigny, un autre historien. Mais l'âge avançant, l'empereur présente de plus en plus de somnolence. «Le sommeil, qu'il avait maîtrisé jusque-là, le maîtrisait à son tour», écrit son ministre et médecin Antoine Chaptal dans Mes souvenirs sur Napoléon.

Plusieurs anecdotes rapportées par ses biographes évoquent une somnolence de plus en plus importante. Reclus de fatigue, Napoléon s'assoupit au Conseil d'État, à Elchingen. En 1805, il s'endort sur une chaise devant ses généraux debout, à Leipzig. Et c'est l'explosion du pont qui le réveille sur son fauteuil en 1813. D'abord considérée comme une simple distraction, cette somnolence alarme ses proches dès 1812, à tel point que certains évoquent même une épilepsie.

«Certaines erreurs tactiques auraient été évitées»

«Au cours des dernières années de sa vie, Napoléon, qui a beaucoup grossi, accumule les erreurs, jusqu'à envahir la Russie en défiant le général Hiver, le plus redoutable de militaires.» Dans son livre La santé psychique de ceux qui ont fait le mondele Dr Patrick Lemoine, psychiatre et médecin du sommeil, se penche sur plusieurs figures historiques de Jules César à Charles de Gaulle. «Est-ce dû à la somnolence diurne qui s'aggrave, à la fatigue, qui trouble son jugement? Tous ces symptômes font partie d'un syndrome d'apnée du sommeil», affirme-t-il. «Au lieu d'un verre de limonade, c'est maintenant d'un verre de café dont je sens le besoin», déclare l'empereur en 1812. «Les apnéiques sont à la recherche d'excitants pour les aider à lutter contre la somnolence, ce qui malheureusement ne les aide pas beaucoup à rester éveillés, mais les rend anxieux avec des palpitations», analyse le Dr Lemoine.

Masque mortuaire de Napoléon par Antommarchi, exemplaire original exposé au musée de l'Armée. | Rama via Wikimedia

«Lorsqu'on examine ses portraits de profil, on note un cou un peu court, une rétrognathie [menton en arrière], écrit le Dr Lemoine. Celle-ci est flagrante sur le buste de L'empereur aux lauriers de Bartolini et de manière indiscutable sur son masque mortuaire.» Enfin, il note une déviation de la cloison nasale, autant d'éléments favorisant les obstructions et donc les apnées. Le Dr Charles-Henri Chouard conclut que si Napoléon avait été traité pour ce syndrome d'apnée du sommeil comme on le fait aujourd'hui, «certaines erreurs tactiques auraient été évitées et la retraite de Russie n'aurait peut-être jamais eu lieu. […] Il aurait sûrement aidé à créer une Europe unie et peut-être que cela nous aurait épargné les deux guerres mondiales», s'aventure-t-il.


Des tyrans maniaco-dépressifs

En plus d'un syndrome d'apnée, Napoléon souffrait-il de trouble bipolaire? C'est l'hypothèse que soutiennent notamment certains auteurs américains, dont le psychiatre Julian Lieb. Pour lui, les phases d'excitation, les fulgurances, mais aussi les moments de colère, d'idées grandioses et la mégalomanie de Napoléon s'intègrent dans un trouble bipolaire, que l'on peut retrouver chez d'autres tyrans. Ce pourrait aussi être le cas de Staline ou d'Hitler. Autant de crimes à mettre sur le dos de la seule maladie bipolaire?

«Les chercheurs américains, lorsqu'ils parlent de maniaco-dépression, commencent en général par l'exemple de Napoléon, nuance Vincent Olivier dans L'ExpressQuand les Français, eux s'attaquent plutôt aux cas de Lincoln ou de Roosevelt. Il est vrai que l'empereur français, tantôt sans appétit, hyperactif et ne dormant quasiment pas en phase d'excitation pourrait être considéré comme un bipolaire typique. Ce qui confirme que cette maladie n'empêche pas le génie. Et tendrait même à le favoriser.»

Le complexe de Napoléon

Napoléon a aussi donné son nom à un complexe, selon lequel les hommes petits, souffrant d'un complexe d'infériorité, cherchent à compenser en étant plus agressifs. Le complexe de Napoléon est débattu, mais il a été repris par la psychologie évolutionniste selon laquelle «la taille augmente les chances d'attirer une partenaire», une norme bien validée sur les sites de rencontres notamment.

«Ce que je cherche avant tout, c'est la grandeur: ce qui est grand est toujours beau.»

Les hommes petits sont-ils vraiment plus agressifs? Dans une étude de 2018, on a fait jouer des hommes de différentes tailles au «jeu du dictateur», consistant à garder ou à partager de l'argent. «Les différences de taille comptent dans la compétition intrasexuelle entre hommes, concluent les auteurs. Conformément aux prédictions issues de la théorie de la sélection naturelle et du complexe de Napoléon, nos résultats montrent que les hommes petits gardent plus les ressources dans les interactions. Les hommes de taille inférieure sont plus agressifs, mais uniquement lorsqu'il n'y a aucune répercussion sur les autres.»

Certains personnages publics seraient atteints de ce complexe. «Un reportage de la chaîne de télévision belge RTBF révélait qu'en amont d'une visite de Nicolas Sarkozy dans une usine normande, son équipe avait sélectionné les salariés qui devaient l'entourer»détaillait Courrier international en 2009«Objectif: devant les caméras de télévision, Nicolas Sarkozy ne devait être entouré que de personnes plus petites que lui.»

Mais finalement, Napoléon souffrait-il vraiment du complexe qui porte son nom? Doit-on à une question de taille son ambition débordante, sa mégalomanie, la conquête, mais aussi la destruction de l'Europe? Rien n'est moins sûr, car en fait l'empereur n'était pas si petit. Bonaparte mesurait 1,68 mètre, soit juste un peu plus de la moyenne de ses contemporains (1,67 mètre). Peut-être que si l'on l'assimile à une personne petite, c'est tout simplement en raison de la propagande de la perfide Albion et au fait que l'histoire est écrite par les vainqueurs. Impossible donc de réduire le Premier Empire à une question de taille. «Ce que je cherche avant tout, c'est la grandeur: ce qui est grand est toujours beau», disait Napoléon.














mercredi 26 mai 2021

NAPOLÉON À TRAVERS LES ÂGES

 


Statue de l'empereur Napoléon exposée à la Grande Halle de la Villette à Paris, le 25 mai 2021.

Napoléon s'expose sous toutes les coutures à La Villette

De la charge de cavalerie à Eylau à la berline de son mariage, tout est conçu de manière à expliquer didactiquement les multiples visages de l'empereur, glorieux et moins glorieux: l'exposition évènement "Napoléon" ouvre vendredi à la Grande Halle de la Villette.

"C'est la porte d'entrée de toutes les expositions napoléoniennes de l'année", juge Hélène Cavalié, directrice adjointe des collections du Mobilier National, après celles qui ont eu lieu du Musée de l'armée à Fontainebleau.

Dans la vaste halle de la Porte de Pantin, qui avait accueilli Toutankhamon en 2019, c'est un autre héros mythique qui est présenté pour le 200e anniversaire de sa mort. Avec, dès le lancement du projet, le parti pris des commissaires de ne laisser dans l'ombre aucun aspect. Ainsi le "rêve américain" de Napoléon et le rétablissement de l'esclavage, notamment en Guadeloupe, font-ils l'objet d'une section spéciale.

-Ecrans de médiation-

Partout, à côté des objets et documents d'époque, des écrans apportent les médiations indispensables de chercheurs en français et en anglais: ici sur le rétablissement par Napoléon de l'esclavage aboli par la Révolution, là sur le code civil et ses relents machistes, là encore sur le traitement des blessés et la mortalité dans et après les batailles.

L'exposition commence par une utile mise en contexte, avec une reconstitution des années révolutionnaires précédant la carrière fulgurante du jeune officier qui, selon sa formule célèbre, n'était "ni talon rouge, ni bonnet rouge, mais national".

Sa jeunesse est illustrée par une séquence du "Napoléon" d'Abel Gance, où l'on voit le jeune "Napoleone di Buonaparte" participer, au collège militaire de Brienne, à une bataille de boules de neige. A côté est affiché le brevet de lieutenant signé par Louis XVI en 1785.

"Ce n'est ni une exposition d'histoire, ni une exposition d'art. Elle montre quelqu'un qui a construit son époque" jusque dans le mobilier influencé par l'égyptomanie ambiante, souligne Jean-Baptiste Clais, conservateur au département des objets d'art du Louvre.

Cette exposition, insiste-t-il auprès de l'AFP, vise à "apporter de la clarté sur le destin du personnage et à insuffler une dimension personnelle, émotionnelle" qui touche les spectateurs, dont beaucoup d'enfants.

Deux reconstitutions sur grand écran, toutes deux sonores, dominent l'exposition: l'une reproduit en très grand format le Sacre de Jacques-Louis David, les groupes de personnages s'allumant les uns après les autres, pour être commentés.

-Apogée et chute-

L'autre est un court extrait du film "Le Colonel Chabert" d'Yves Angelo, où l'on voit la cavalerie impériale charger dans la brume et être décimée par l'artillerie ennemie à la sanglante bataille d'Eylau (1807). Le bruit de la charge emplit les oreilles à intervalles réguliers.

"Nous ne voulions pas faire une hagiographie", explique Jean-Baptiste Clais qui souligne que "la guerre doit être montrée dans sa réalité et pas seulement en exposant des uniformes".

Quant au rétablissement de l'esclavage, l'écrivain et éditeur Arthur Chevallier la remet dans son contexte économique: "c'est une régression. Il a cédé à la pression des industries notamment sucrières", analyse-t-il.

La berline richement décorée du mariage de Napoléon et Marie-Louise, surnommé "la Victoire", le berceau du roi de Rome, le trône de l'Empereur, sa tente de campagne, la reconstitution de la serre-chaude de la Malmaison: tout cela décrit l'apogée de l'Empire et des jours fastes.

Mais, dans les dernières sections, les tableaux dépeignant les campagnes d'Espagne et de Russie, alternant scènes de répression et d'agonies des soldats, disent la tragédie de la fin de règne.  

Une statue de marbre blanc de Vincenzo Vela (1867) clôt l'itinéraire, montrant l'empereur assis seul à Saint-Hélène sur fond d'océan marin, face à la mort qui vient, lui donnant une touche nostalgique rappelant que le pouvoir est vanité.

 -jusqu'au 29 décembre.