dimanche 3 juin 2007

CHRONIQUE D’ EOLIS III

Janvier 2007



Nous avons passé la première partie du mois de janvier en Martinique.

" Martinino "- l'île aux femmes- ou bien " Madinina " -l'île aux fleurs ? Sans doute les premiers Indiens Caraïbes aimaient-ils contempler cette splendeur de verdure après qu'ils eussent dévoré les Arawaks d'origine et " annexé " leurs épouses... Quoi qu'il en soit depuis le passage de l'hispano-génois Christophe Colomb qui la découvrit le 15 juin 1502, s'écriant que c'était la plus charmante contrée qu'il y ait au monde, on n'y revit plus personne avant l'arrivée en force du français Pierre Belain d'Esnambuc le 1er septembre 1635. Un têtu ce normand ! après une vie d'aventures aux trousses des galions espagnols dans la mer des Caraïbes, Richelieu lui permet de fonder une " Compagnie des Isles de l'Amérique " : s'entourant de colons très au fait des choses de la terre et munis de matériel en quantité suffisante, l'industrieux d'Esnambuc achemine ses pionniers vers la réussite ! mais c'est son neveu, Jacques du Parquet, qui fera la Martinique : il racheta d'ailleurs toute l'île, qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1676 ! il œuvre  avec tant d'intelligence que quatre ans seulement après son arrivée, l'île compte 2000 habitants satisfaits de leur sort...

La Martinique est bien partie ! voici que s'édifie Fort-Royal, qui deviendra plus tard Fort-de-France et l'île s'annonce comme le chef de file des Antilles françaises.

Mais rien n'est définitif dans cette région volcanique à plus d'un titre, où les accords d'un jour ne sont qu'une pause éphémère dans la partie de quatre coins que ne cessent de jouer  Anglais, Hollandais, Espagnols et Français !...

La colonisation s'étend régulièrement. Les Anglais ne l'ignorent pas. Malgré le traité d'Utrecht (1713) par lequel Louis XIV se voit obliger de leur céder Terre-Neuve et l'embouchure du Saint-Laurent, les hostilités s'éternisent. (Françoise d'Aubigné, future madame de Maintenon, future madame Louis XIV, élevée au bourg du Prêcheur au nord de l'île où son père avait été nommé gouverneur, sut intéresser le Roi-Soleil à ce petit territoire !)

En 1762 l'île tombe entre les mains des Anglais, mais neuf mois plus tard, le traité de Paris accouche d'un compromis par lequel, en échange de l'Inde, de la Louisiane et du Canada, ils consentent à nous rendre la Martinique. Les Français vont d'une certaine manière prendre leur revanche en faisant de l'île une base de ravitaillement pour les Américains lancés à la conquête de leur indépendance...

En 1789 les aristocrates martiniquais ne veulent rien entendre de la prise de la Bastille et transforment même leurs grandes maisons en centres d'accueil pour les émigrés...Rochambeau débarque offensivement et débaptise Fort-Royal en République-Ville ! Les planteurs finissent par appeler l'ennemi héréditaire à leur secours au moment où la Convention proclame ce qu'ils ne sauraient tolérer : l'abolition de l'esclavage dans les colonies ! Par le  traité d'Amiens de 1802 ils tiennent finalement pour acquis le rétablissement de l'esclavage par un Bonaparte que suggestionne puissamment  une épouse experte  en l'art d'aimer :  la créole Marie-Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, originaire de Trois-Ilets.

La suite, en gros, s'illustre ainsi :

1848 : le ministre Schoelcher libère les esclaves

1862 : la première ligne transatlantique est créée

1902 : la catastrophe de la montagne Pelée

1946 : elle devient département français d'Outre-Mer (DOM)



Notre arrivée  en Martinique par le sud nous fait toujours faire escale d'abord à Sainte-Anne : c'est une magnifique baie bordée d'une très belle plage de sable fin blanc et l'on se croirait dans un lagon...bains de mer dans une eau cristalline...c'est la commune la plus au sud de la Martinique et une bonne partie de son territoire donne sur la mer et forme une presqu'île presque perpendiculaire à celle de la Caravelle.

Toujours pas mal de vent si bien qu'on a pas pu affaler le génois qui est à recoudre. La nuit du réveillon les feux d'artifice ont rivalisé le long de la côte mais celui du Club Med était le plus rasqueux ! La sono a bien résonné toute la nuit et la lune presque pleine a éclairé le ciel toute la nuit... c'est marrant, on a de nouveau été voisin du suisse Aquataurus comme l'an dernier, celui qui avait pavoisé son bateau le 2 mars 2003 lorsque Alingui avait remporté la coupe de l'America ! décidément on se suit !

Sainte Anne a été le théâtre de nombreux combats maritimes : les fortins des pointes Borgnesse et Dunkerque qui commandent l'entré de la baie ont été violemment bombardés par les anglais et on peut encore voir en ces lieux les vestiges des bastions ainsi que des abris de canons de l'époque. En 1808 eut lieu un engagement au cours duquel périt le commandant  de sainte Anne et c'est en souvenir de ce glorieux défenseur de l'île que la commune a pris son nom (et non en souvenir d'Anne d'Autriche, la mère de Louis XIV !).

L'artisanat est en restructuration, en particulier avec la poterie dite de Mme Dillon, épouse du général Bertrand, compagnon de Napoléon venu s'installer après Sainte Hélène sur la propriété de son épouse Fanny Dillon, fille du général Arthur, comte de Dillon.



Ensuite escale prolongée au Marin, escale technique pour les différentes réparations - il y en a toujours - les approvisionnements, la laverie...

Le Cul-de-Sac du Marin est une grande baie profonde avec marina, centre de carénage, chargée d'histoires marines (débarquements, batailles navales et invasions ont jalonné l'histoire de la ville...) a résolument fait le pari de la plaisance comme vecteur de développement durable...C'est l'un des plus beaux sites portuaires des Antilles, protégé de la houle de l'Atlantique par des barrières de coraux.

Pilier architectural du patrimoine marinois, l'Eglise Saint-Etienne est l'un des lieux de culte les plus visités : construite en pierre de taille, la façade, de style " jésuite ",  est ornée de deux ordres toscans superposés, le dernier couronné par un fronton rectangulaire. Au-dessus de la porte d'entrée, logé dans une niche, saint Etienne veille...L'édifice religieux se singularise par l'emplacement de son clocher et son beffroi en bois d'Inde. A l'intérieur on découvre une voûte qui évoque la carène d'un bateau renversé, œuvre de charpentiers de marine. Le maître-autel est un véritable joyau, en marbre blanc incrusté de marbre de couleur avec un bas-relief où sont sculptés les personnages de la Cène. La légende raconte que cet ouvrage, promis à la cathédrale de Lima, fut embarqué sur un navire qui fit naufrage sur les côtes  du Cap, à l'est du Marin...



En route maintenant vers Fort-de-France, nous passons devant le rocher du Diamant, îlot de forme tronconique aux falaises abruptes, in mini Gibraltar, qui a connu la célébrité suite  à un épisode héroïque de la guerre franco-anglaise : voulant maîtriser l'accès maritime de la Martinique, les anglais y installèrent 200 hommes dès 1804 leurs canons pour le transformer en bastion imprenable. Pendant 17 mois, résistant à tous les assauts, ils pilonnèrent à loisir les vaisseaux français croisant vers Fort-de-France. Suite à cet exploit, les Britanniques élevèrent cet îlot au rang de " navire de Sa royale Majesté ", " Her Majesty Ship " Diamant Rock ! H.M.S. Diamant Rock sur les cartes marines, salué à la sirène par les navires anglais le doublant !sacrés anglais !! il devrait son nom moins poétiquement à l'éclat particulier que produit sous le soleil le résultat de la digestion des oiseaux de mer qui y ont élu domicile ! Suivant la légende, les Français - sous les ordres de l'amiral Villaret de Joyeuse ( !) - n'eurent raison des troupes anglaises qu'en faisant échouer sur l'îlot quelques embarcations chargées de fûts de rhum... Ivre mort, l'ennemi capitula sans autre violence... cette version n'est pas retenue dans les annales britanniques !...of course !!



Et voici Fort-de-France : les habitants s'appellent les Foyalais  (quand faut y aller !...) en souvenir de l'ancien nom de Fort-Royal ! avec le " o " créole qui mange les " r " et que Joséphine allait mettre à la mode avec les " me(r)veilleux " et les " inc(r)oyables "...

Nous sommes mouillés sous le Fort Saint-Louis, d'architecture militaire de type Vauban du 17ème et 18ème siècle, construction remarquable surplombant toute la baie de FdeF : il est édifié en roches volcaniques de la montagne Pelée. C'est la forteresse la mieux conservée de l'archipel des Antilles. Son histoire débute en 1638 lorsque le premier gouverneur de la Martinique, Jacques du Parquet, décide de renforcer cette position qui deviendra une base navale. Classée monument historique en 1973 cette construction est la gardienne du patrimoine unique et culturel de la mer des Caraïbes. A ce  jour le Fort est le siège du commandant de la Marine Française de la zone maritime couvrant les Antilles et le Golfe du Mexique.

Nous sommes aussi en face de la célèbre place de la savane avec ses cinq hectares arborés et fleuris, avec sa statue de Joséphine (décapitée par des sauvageons !). Un peu derrière on ne peut pas rater, ni par les yeux ni par l'oreille, la cathédrale Saint-Louis, " antisismique ", toute en poutrelles d'acier fourrées d'un nougat de briques, avec son clocher de 60mde haut dont les cloches sonnent tous les 1/4 d'heure une jolie mélodie.

A voir aussi la bibliothèque Schoelcher, expédiée pièce par pièce de Paris, montée en 1893 à l'emplacement de l'ancien hôtel du Petit Gouverneur. Elle doit beaucoup à l'emploi d'une structure en fer et  s'inspire visiblement des grandes envolées métallo-lyriques en faveur lors de l'Exposition de 1889  de Paris, où l'architecte Henri Pick présentait, à côté de l'œuvre de son  confrère Gustave Eiffel, un autre bâtiment issu de l'accouplement contre nature d'une gare d'Austerlitz en vadrouille avec une église byzantine égarée...Partisan obstiné de l'abolition de l'esclavage, Victor Schoelcher avait offert à la bibliothèque qui porte son nom une collection de 1200 livres sauvée de l'incendie de 1890. L'édifice, considéré comme le plus beau monument de la ville, est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1973.

A visiter aussi : la théâtre municipal, l'hôtel de la préfecture, le musée d'archéologie précolombienne...

Grâce à nos amis Céline et Stéphane et au passage de la maman de Céline nous sommes allés avec eux voir d'autres sites en campagne.

Le canal des esclaves, rebaptisé, pour être politiquement martiniquement " correct " le canal de Beauregard : promenade originale sur le bord extérieur d'un ancien canal d'irrigation, accroché à flan de morne. Construit en 1760 il alimentait les distilleries du Carbet et celles de Saint-Pierre. On marche à l'ombre des frondaisons, traversant des plantations d'anthuriums, d'alpinias et de roses porcelaine...vue remarquable sur la rivière du Carbet que l'on domine d'une centaine de mètres. Ce sentier circule souvent au niveau de la cime des arbres d'en dessous et rappelle les " levadas " de Madère que nous avons  parcourues avec bonheur...

Le sentier est limité à la bordure du canal, soit une trentaine de centimètres de large, et moi, dont la marche est encore hésitante et qui suis sujette au vertige, j'ai eu quelques difficultés mais après j'étais super contente de l'avoir fait !...

Nous avons fait ensuite une halte fraîcheur à la cascade du Saut Gendarme, où un petit sentier aménagé par l'ONF permet d'accéder à la chute. La promenade est facile et on peut se baigner dans une eau vivifiante...La seule évocation du nom fait penser à l'époque de la maréchaussée à cheval. En fait il y a 2 (3) versions de la légende : pour les uns, jadis halte privilégiée pour se rafraîchir et faire boire les chevaux des gendarmes montant à Saint-Pierre ; pour les autres, cascade témoin de l'escalade ratée d'un gendarme (de type " asiatique ", précise-t-on ?) ; plus récemment, suite à l'éruption en 1902, lieu de prédilection des gendarmes en poste à Deux-Choux qui surveillaient les pillards revenant de Saint-Pierre en ruine...

Enfin, arrêt au Sacré Cœur de Balata, le Montmartre martiniquais (réplique faite au 1/5ème  de la basilique parisienne), projet grandiose de Mgr Lequien, évêque depuis 1015 et du Père Charles de Jaham, édifié à partir de 1922  et achevé en 1929.



Nous suivons ensuite la côte sous le vent, passant devant l'anse Madame, Schoelcher (anciennement Case-Navire), apercevant les grands bâtiments modernes de l'Université des Antilles Guyane, le petit village de Case-Pilote,  l'un des plus anciens de toute la Martinique, avec le cap Enragé, les plages de la Batterie et du Fond Bourlet. La mère de Gaston Monnerville (président du Sénat de 1948 à 1968), était la sœur du maire. Des falaises monumentales se succèdent, grottes, criques, plages, au caractère géologique prononcé.



Et voici Saint-Pierre, et la montagne Pelée, que l'éruption du 8 mai 1902 anéantit...

La rade est immense et ce n'est pas la place qui manque pour jeter l'ancre face à ce site remarquable... Appelée le " Petit Paris des Antilles ", elle était auparavant la capitale économique et culturelle de l'île. Seules quelques ruines (de l'ancien théâtre en particulier), épaves et le célèbre cachot de Cyparis -le seul rescapé de l'éruption volcanique, mis ai trou pour état d'ivresse la veille - témoignent à ce jour du terrible cataclysme...Un siècle après ces évènements on ne peut pas dire que la ville soit très folichonne !!quelque chose d'immanent semble peser sur la bourgade surgie cahin-caha des pans de murs calcinés et de pierres effondrées que l'on remarque partout...Un vrai champ de batailles, dont les victimes ne sont pas des héros hélas...Il règne ici une sorte de lassitude, un morne accablement, entretenu par la présence de l'énorme montagne dont les nuages voilent presque toujours la face, comme si elle interdisait à quiconque qu'on la regardât dans les yeux...malgré cette somnolence quasi léthargique, Saint-Pierre est devenue un des hauts lieux touristiques de l'île. Mais ce ne sont que ruines... des fragments d'escalier : c'était le théâtre, avec sa scène, encore visible...là se trouvait une église remplie de fidèles venus implorer le ciel...ici des murailles un peu larges, en terrasse sur la mer, avec des canons rapportés d'on ne sait où...la forteresse : sorte de caveau voûté, d'où l'on tira le seul survivant du drame, que le cirque Barnum promena ensuite dans le monde comme un témoignage paradoxal de la clémence de Dieu... La magnificence de l'endroit arrache au visiteur plus d'une réflexion pseudo-philosophique sur l'impossible rêve d'un Eden privilégié. L'impression en est soigneusement entretenue au petit musée volcanologique où l'on a rassemblé des montres arrêtées à l'heure de la mort, des objets fondus, déformés, agglomérés par la fusion, des aliments calcinés et autres touchantes épaves...et sur la route menant de Saint-Pierre au Prêcheur, ce ne sont que  blocs de lave et bombes volcaniques tordues qui parsèment le sol et les collines arides ou les ravins desséchés, comme un troupeau de gros cochons noirs...



Au revoir la Martinique...

Voici que se découpent à l'horizon les côtes de la Dominique...

La Dominique, un nom de baptême pour une île aperçue un dimanche par notre copain Christophe Colomb, toujours lui...Mais impossible d'y débarquer : il y a trop de Caraïbes qui ne se laissent pas faire... il faudra attendre le 18ème siècle pour que les Français s'y implantent en force, inaugurant une série de bagarres avec les Anglais qui finissent par l'emporter. Comme la plupart des autres îles ex-britanniques, la Dominique est aujourd'hui indépendante, tout en demeurant un Etat associé à la Couronne...

L'île a un littoral élevé, fragmenté, déchiré, avec des falaises rongées par les vagues, des pics et des effondrements, des vallées perdues, sans lien apparent entre elles, le tout recouvert, presque sans faille, d'une forêt qui retient prisonnière une plantation par ci, quelques cases par là, une forêt tenace qui ne le cède en force qu'à la mer dans laquelle elle s'achève...

Sévère, impressionnante, dramatique sont les mots qui me viennent à l'esprit en voyant cette masse au visage froissé, presque hostile...

Le Terre, dans sa forme primitive...à la fois sauvage et magnifique, c'est ici qu'il faut venir la chercher, dans cette Dominique encore à peine égratignée par les hommes qui se sont pourtant évertués pendant des siècles à étendre leurs razzias sur toutes les Caraïbes...

Fait unique dans toutes les Antilles : depuis la côte du Venezuela jusqu'à Hispaniola (actuelle république Dominicaine) les derniers Caraïbes survivant aux grands massacres des siècles sont là ! ils doivent incontestablement leur existence - leur survie - à la nature même de l'île, qui les abritai de toute poursuite... ils ont environ mille, dont la moitié seulement ont conservé leurs caractères ethniques d'origine, assez semblables à ceux des indiens d'Amérique : peau jaunâtre, cheveux noirs et raides, pommettes saillantes, yeux bridés légèrement...ils vivent en communauté dans une réserve de 1800 hectares, concédée en 1903 par la reine Victoria et où personne n'a le droit de s'installer. Ils élisent un chef pour 9 ans. Ils habitent encore de petites cases couvertes de feuillages et construisent le " kanassa ", taillé comme autrefois dans un tronc de gommier, qui demeure la meilleure embarcation des îles. On peut aller les voir, par une route (accidentée) qui traverse l'île et mène à leur réserve sur la côte au vent, côté atlantique. Ils survivent et subsistent grâce aux produits de l'agriculture et à la vente d'objets tressés en fibres.

C'est une île au climat difficile pour ce qui concerne les pluies ; 2 m au niveau de la mer, plus de 10 m sur l'échine de la montagne !

Il faut absolument aller jusqu'aux " Trafalgar Falls " dont les flots se déversent en grondant à travers la forêt puis gagner les " fresh water Lake " et l' "Emerald Pool " (qui tient son nom de la couleur des flots). Attention : les routes sont passablement tourmentées, et même parfois difficiles... c'est le prix à payer pour pénétrer cette île inextricable... en 4x4 ou jeep ou landrover...utilisées ici comme une attraction à touristes pour un safari-photo dans la nature la plus sauvage qui soit... on vous fera goûter le fameux poulet de montagne... sous les mines hilares des locaux ! et oui ! ce n'est autre que du gros crapaud....et je me suis bien fait avoir...mais je n'ai pas été malade !

Sisserou et son copain Jacquot se cachent là dedans : ce sont les plus grands et les plus beaux des perroquets verts, bleus et rouges, du genre " amazona ". Leurs couleurs les protègent, paraît-il, de la vue des chasseurs...

Nous avons mouillé en baie de Portsmouth au nord de l'île.



Et voici qu'apparaissent les Saintes, los Santos, découvertes par...Christophe Colomb le jour de la Toussaint 1493.

En 1782 les Anglais provoquent la fameuse bataille qui allait terrasser la flotte de l'amiral de Grasse et leur permettre de s'emparer de l'île. Terrible Trafalgar avant l'heure, mettant aux prises près de 70 bateaux armés et plus de 5000 canons, faisant 7000 morts !... la bataille des Saintes, dans le canal qui les sépare de la Dominique, vit, en ce 12 avril 1782, la défaite dramatique du comte de Grasse face aux 50 vaisseaux de l'amiral anglais Rodney... Ce n'est qu en 1816 que le calme revint, lorsque les Français reconquirent les Saintes de manière définitive, juste au moment où les Anglais reconnaissaient l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique...

Petit à petit la population augmente : des Bretons et des Poitevins, car, la canne ne poussant pas sur ce sol aride, on n'eut pas recours aux esclaves et la population est pour ainsi dire blanche (à quelques nuances près !). Pendant longtemps les Saintois arborèrent un couvre-cher typique, le " salako ", étrange chapeau de paille d'origine tonkinoise, importé par des ouvriers asiatiques embauchés dans une poterie de Grande-Baie et devenu depuis le symbole des saintois avec une réplique en madras pour les touristes !

J'aime beaucoup les Saintes.

Sa grande baie, la 3ème plus belle au monde, disent les guides, après Rio et Along !? un accueillant plan d'eau en arc de cercle, et même un " Pain de sucre " miniature, sentinelle avancée sillonnée d'orgues basaltiques. Dès l'arrivée on remarque tout de suite une construction bizarroïde, en forme de proue de paquebot, une sorte de maison-navire pittoresque (à gauche en arrivant), bleu et blanc, avec hublots, bastingage et chaîne d'ancre, qui n'est autre que la maison du médecin de l'île, le docteur Ballabriga !

Sinon le bourg s'étire tout en longueur avec, au centre, une mairie toute pimpante, d'inspiration coloniale, à côté d'un square ombragé. Au bout du quai la gendarmerie, en bleu et blanc, semble sortir d'un décor d'opérette ! l'église marque la limite entre le quartier résidentiel dit  du " Mouillage " et celui du Fond-Curé où habitent les pêcheurs. Cette église se différencie des autres églises antillaises par sa forme et son clocher légèrement décalé ! les petites maisons aux toit rouges (en tôle ondulée) autour de la rade affichent un certain goût pour l'exotisme...

Il ne faut pas rater la visite du Fort Napoléon (environ une heure à pied), forteresse massive d'où l'on a une magnifique vue sur l'archipel.
















DE GUADELOUPE A LA MARTINIQUE



La Martinique 
 
 
 
Après une vingtaine d'heures de mer, nous atterrissons à St Pierre dans le nord de la Martinique, au pied de la Montagne Pelée
 
 
Plusieurs sites magnifiques pour les plongeurs chevronnés à St Pierre : les épaves coulées lors de l'éruption de la Montagne Pelée, les Canyons de Babody (coulées de laves recouvertes de corail et séparées par des bandes de sable), le rocher de la Perle...
 
Chassés par une mauvaise houle nous descendons dans le sud, au Marin

Nous faisons une croisière le long des côtes ouest de la Martinique, découvrant le grand mouillage de Ste Anne, les Anses d'Arlet, l'Anse Noire, si petite et très encaissée et juste à côté l'Anse Dufour avec son sable aussi blond que celui de l'anse voisine et noir.

Nous avons aussi passé du temps à St Pierre et beaucoup aimé le nord de l'île avec sa forêt tropicale sur les pentes des volcans de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet.
Une fois encore la houle nous a contraints à quitter le mouillage de St Pierre et nous retournons à Ste Anne et au Marin pour une  balade à la grande plage des Salines et dans la Savane des Pétrifications

mercredi 30 mai 2007

CAP AU SUD


Martinique, Ste Lucie, St Vincent, Grenadines
Nous retrouvons le mouillage de St Pierre avec plaisir. Nous y  découvrons des coins non explorés lors de notre voyage aller, dont le très moderne et très didactique « Centre de Découverte des Sciences de la Terre » qui, dans un bâtiment antisismique d’allure futuriste, fournit moultes explications sur le volcanisme et autres colères de notre planète.
Nous sommes à St Pierre pour le 8 mai, date anniversaire de l’éruption de la Pelée en 1902 et nous assistons à diverses manifestations commémoratives, programmées sur plusieurs jours, dont une messe et procession jusqu’au cimetière, avec dépôt de gerbes fleuries.
La procession se poursuit ensuite vers le port où Monsieur le Maire et le Conseil Général offrent discours (de tenue très moyenne) et un pot (beaucoup plus apprécié). A la sortie du cimetière, la procession, jusque là recueillie et sérieuse, devient joyeuse et festive, avec l’adjonction d’une fanfare et de majorettes. Jean est devenu copain avec Monsieur le Maire et nous discutons avec lui de possibles améliorations pour l’accueil des plaisanciers. Il y aurait lieu notamment de revoir le ponton d’accostage qui est trop haut pour les petits dinghies comme le nôtre ; il passe en dessous et, par frottements, nous y avons laissé la manette de gaz. Jean a dû bricoler son xième système D.
Nous assistons aussi à deux régates de yoles martiniquaises. Ce sont de grandes barques à fond plat. A l’intérieur, on fixe latéralement de longs madriers sur lesquels les quelque 20 équipiers jouent les équilibristes en se suspendant en rappel ou à la force des bras, pour compenser la gîte du bateau. Les grandes voiles sont très colorées. C’est un magnifique spectacle sur l’eau et les arrivées sont très disputées.


Nous aurons encore le plaisir d’assister à un concert gratuit , donné en plein air aux pieds de la Montagne Pelée, par l’Orchestre Symphonique de Fort de France, avec Mozart pour le coucher de soleil.

Et puis nous allons aussi nous donner quelques sensations fortes en parcourant le « Canal de Beauregard » ou Canal des Esclaves.
A 7 km de St Pierre commence le canal, construit par des esclaves, pour amener l’eau des montagnes jusqu’aux plantations du bord de mer. Le chemin se résume à un mince muret de 30 à 50 cm de large, qui court et serpente à flanc de montagne, avec des à pics de 30 à 130 mètres. Et rien pour se tenir. Côté montagne, le canal (environ 1 mètre de profondeur sur 1 mètre de large, des crabes jaunes qui y courent à foison, des serpents sont signalés, et il y a pas mal de toiles d’araignées. Bref de quoi m’ôter l’envie de poursuivre DANS le canal. De l’autre côté : le vide ! Jean est à l’aise sur cet étroit muret. Je croyais ne pas être sujette au vertige, mais je découvre que dans cette situation précise, je ne suis pas particulièrement à mon aise. J’ai le pied très lourd, je fais de tout petits pas et je dois rester très concentrée pour ne pas regarder vers le vide. Une fois engagés, il faut pourtant bien continuer à avancer. Personne ne peut venir nous chercher ici. L’exercice d’équilibre dure 1H30. Avec des passages plus faciles bien sûr.
Au bout, en pleine montagne, il y a une auberge où nous mangeons un poisson au coco, curcuma et anis, assis en face d’un énorme arbre à litchis qui porte une profusion de grappes rouges. Je n’en avais encore jamais vu. Malgré mes efforts, je n’arrive pas à attraper un seul fruit. Les branches sont trop hautes et je suis fatiguée.
Normalement, le retour s’effectue en sens inverse. Mais je ne m’en sens pas capable et nous repartons donc à pied vers le village des Fonds St Denis. Il est 13HOO, il fait chaud, lourd et ça grimpe comme pas permis. Nous sommes en nage. Au village, une petite auberge où nous achetons de l’eau. La patronne nous propose de nous ramener en voiture à St Pierre. Quelle gentillesse ! Vous ai-je dit combien les Antillais ont le cœur sur la main, et du temps à consacrer aux autres ? Combien en avons-nous rencontré de ces gens charmants, souriants, qui vous viennent en aide sans rien demander en retour. Le matin même, cet homme qui travaillait à l’entretien des bords de route et qui a laissé son boulot pour nous accompagner durant un kilomètre pour nous remettre sur le bon chemin. Et cette dame ce matin aussi, dans sa petite maison avec des arbres fruitiers magnifiques que nous admirions, et qui nous a offert un sac entier de mangues fraîches…
Nous quittons St Pierre pour Fort de France. Navigation au moteur car le vent est faible et de face. Nous avons un peu de ravitaillement à faire et du rangement pour deux bonnes semaines de navigation vers les Grenadines…
Le dimanche nous allons en bus aux Jardins de Balata, jardin botanique sur les hauteurs de Fort-de-France. Joli, sans plus.
Capitale ou pas, la vie n’est pas plus animée à Fort-de-France qu’ailleurs le dimanche. Dans l’après-midi, nous levons l’ancre et un bon petit vent nous amène aux Anses d’Arlet, où nous nous étions arrêtés déjà lors de notre voyage aller. Je vais visiter ce petit rocher près de la plage qui abrite plein de poissons colorés. J’aime toujours autant ce coin. En soirée, la houle se fait sentir assez fort.
La nuit sera mauvaise  car inconfortable. Mais  le lendemain la skippette est en pleine forme pour refaire une petite plongée au dessus de l’aquarium.L'après-midi, on va mouiller un peu plus loin, à Ste Anne, et le lendemain nous allons au quai de la marina du Marin pour faire le plein de tous les réservoirs avant de partir vers Sainte Lucie. Une nouvelle île !

On part avec un vent d’est de 20 nœuds bien établis , je m
e concentre sur le seul point fixe de l’horizon : Ste Lucie. On a le vent de travers, les creux sont de 1,5 m à 2 m, mais la mer est confortable et on ne gîte pas trop. Et pour agrémenter cette belle navigation, nous voyons un globicéphale (gros dauphin à la tête ronde) qui suit le bateau un moment, traîne le long de la coque pour se laisser admirer, puis décide d’aller se faire voir ailleurs.                   
Arrivée à Rodney Bay, large baie ouverte derrière Pigeon Island.  .

L’étape suivante nous mène à Marigot Bay, au milieu de la côte ouest de Ste Lucie. C’est un joli mouillage, où nous arrivons en fin de journée après une navigation tranquille sous voiles.
Sur la gauche de notre mouillage, une langue de sable blanc barre en deux la longueur du chenal. 

Dessus, des cocotiers et quelques très  beaux établissements en bois, colorés, jolis, 
très classe.
Nous sommes déjà en basse saison et il n’y a pas trop de monde au mouillage. En saison (de novembre à début mai), les places sont chères. La matinée du lendemain est consacrée à la découverte des environs. Marigot Bay est un chenal étroit avec beaucoup de cailloux sur les bords et peu de profondeur d’eau. Le bassin du fond de la baie est dans la mangrove. On y achève la construction d’un énorme complexe touristique tout en bois. Ce sera très beau, très chic. Beaux matériaux, belle architecture. Mais c’est très massif et concentré et la saturation risque d’être vite atteinte.
Après-midi, nous poussons la navigation jusqu’au sud de l’île, à la Soufrière. Le vent est de 15 à 20 nœuds, toujours d’est, et la mer est calme. Nous voguons avec Genois, Solent Nous mouillons sur un corps-mort au bord de la falaise face aux pics du Petit et du Grand Piton qui surgissent de la mer. Le site est grandiose. La baie est très large, avec beaucoup de hauteur d’eau. C’est aussi une réserve marine. D’où la double obligation de s’amarrer sur une bouée.
On plonge voir en dessous.


La faune et la flore sont superbes et le tombant vers les hauts-fonds est assezimpressionnant. La nuit est rouleuse, chaude, avec moustiques et le bruit de l’eau qui claque sur les rochers situés à 20 mètres à peine Le capitaine dort mal, un peu inquiet de cette proximité. Dans les anfractuosités nichent des centaines de chauve-souris. Le réveil est plutôt courbatu. On trouve des petites bêtes dans notre réserve de biscottes… On les balance à l’eau (les biscottes), attirant des dizaines de poissons voraces, lignés jaune et gris. Jean et moi allons voir le spectacle d’en bas tandis que ça continue à alimenter les affamés. Il y a aussi de gros poissons jaunes et des bancs de tout petits poissons bleutés. Avec la flore colorée et la lumière bleue violacée sur le tombant, c’est très beau.
Nous allons à terre voir le cratère du volcan, ses trous sulfureux bouillonnants et ses fumerolles puantes. C’est un peu l’attrape touristes : un guide pour nous emmener à l’entrée du site, un autre au cratère. Mais nous apprécions particulièrement l’heure qui suit. Nous la passons sous le massage d’une petite cascade qui tombe dans un bassin naturel de pierre. L’eau est chaude, 35°C et soufrée. Nous profitons seuls pendant une heure de cet endroit isolé. Ensuite arrivent les Américains, en grappe. Nous nous séchons et partons arpenter les ruelles du village de Soufrière. Autrefois, sur la place de l’église trônait une guillotine.! Aujourd’hui c’est plutôt tranquille. Nous entrons dans une gargote locale animée, qui ne paie pas de mine. On y grille un peu de tout sur de grands barbecues et on y trouve des salades et garnitures de légumes en tout genre, préparées par les grosses matrones qui trônent derrière le comptoir. On se prend chacun une tranche de porc grillé avec salade mixte, sous la tonnelle de la cour intérieure. Délicieux.
Nous traînons ensuite dans la rue des pêcheurs où c’est jour de grande lessive. Il y a du linge étendu partout.
La vie semble très communautaire, on ne sait où finit le cabanon de l’un et où commence celui du voisin. Je me demande comment ils retrouvent quoi appartient à qui, tant du linge que des enfants, des poules, des chiens et des moutons qui courent partout...!
Nous décidons de changer de mouillage, espérant passer une meilleure nuit de l’autre côté de la baie, face à la plage. C’est notre premier mouillage bahaméenpar ici : une ancre à l’avant et un cordage à l’arrière amené à terre et accroché à un cocotier (ou en l’occurrence à un petit palétuvier). Ca nous évitera de tourner avec la houle et le changement de marée.
Nous quittons Ste Lucie pour St Vincent
Réveil à 5H30. Départ dans le calme à 6H00. Pas de vent. Pourtant un grain nous rafraîchit bien en quittant l’île et un autre nous accueille à St Vincent. Nous partons donc au moteur mais à mi-chemin, un petit vent s’établit et nous permet de poursuivre sous voiles, avec Genois. Nous visons la baie de Cumberland, au centre ouest de St Vincent, mais nous passons outre sans nous en apercevoir, tant l’entrée de la petite baie est discrète et étroite. Nous revenons sur nos pas. Le comité d’accueil s’appelle aujourd’hui Joseph. Il nous guide pour ancrer près de la plage et nous aide à porter une amarre à terre pour un nouveau mouillage bahaméen. Ici les fonds tiennent mal et descendent de façon abrupte ; il vaut mieux se prémunir d’éventuels dérapages de l’ancre. Il y a quatre bateaux au mouillage et de rares autochtones sur la plage. Un second Joseph, plus vieux celui-ci, vient nous vanter la carte de son petit bar-restaurant. Puis c’est le vieux Sydney qui arrive avec sa barque pour nous proposer tout et rien de précis. On dit OK pour des cocos vertes, pour en boire l’eau désaltérante. Il part à la cueillette mais ne nous ramène que de décevantes petites cocos brunes et sèches. Comme on le trouve sympa et rigolo avec ses « listen to Sydney »  on lui achète ses vieilles cocos, on lui offre un verre de vin et on lui donne un vieux tee-shirt. 
Ensuite, ce sont trois gamins qui pêchent sur des chambres à air qui viennent demander des biscuits. Ils sont un peu fatigants tous ces visiteurs, mais tellement souriants et plein de grâce.
La nuit est calme, bien que chaude et avec moustiques. Après le bain matinal, avec Jean on part pêcher quelques petits poissons qui devront servir d’appâts pour espérer tout à l’heure une plus grosse prise.!

Pour oublier cette frustration, nous partons pour « Young Island Cut », à côté de Kingstown la capitale de St Vincent. Il y a beaucoup de vagues, de courant et de vent dans le coin. On s’amarre à un corps-mort dans l’étroit chenal entre l’île de St Vincent et la minuscule Young Island, qui abrite un joli hôtel spécialisé dans les voyages de noces. Nous sommes juste au bord du récif.
Le courant est très fort dans le chenal, mais on ne roule pas. Sur terre, côté St Vincent, il y a quelques beaux bars et restaurants. On sent que la saison se termine et il n’y a pas grand monde. Nous faisons le tour des restos, cherchant le moins cher car nous n’avons plus grand-chose à manger à bord. Nous allons chez Xcape, sur la terrasse en bois, et nous y mangeons plutôt bien.

Le lendemain, petite escale de 9 miles nautiques jusque Bequia, notre première étape dans les Grenadines.
Les creux atteignent 2 mètres, nous avons un petit vent étable et Eolis est heureuse. On fait un virement de bord en arrivant dans l’Admiralty Bay à Bequia, on essuie un petit grain qui nous dessale bien, puis un deuxième, et on arrive sous voiles presque jusqu’au mouillage. En 10 minutes nous sommes installés, panneaux solaires mobiles fixés, bateau ventilé, annexe à l’eau, etc. A t
deux on est rodés  c’est drôlement plus efficace. Chacun connaît bien son boulot !
Nous passons l’après-midi à terre pour accomplir les formalités, faire quelques courses au marché local Rasta, Le jour suivant, départ de Bequia vers 12H00. Nous passons entre les îlots de Petit Nevis, Isla Quatre, … La navigation est bonne, on avance bien, malgré le frein du courant.
Nous arrivons à Mustique en fin de journée. Mustique, vous en avez tous certainement entendu parler ? Cette île de milliardaires au milieu des Grenadines. Ca commence à bien ressembler au cliché de l’île tropicale paradisiaque que l'on espérait trouver ici. C’est 5km² de collines abritant une centaine de villas luxueuses, refuges de princes et de stars du rock. Depuis les années 60, l’île est en gestion privée, par la « Mustique Company », qui comprend l’ensemble des propriétaires de l’île. Pour faire partie du club, il faut montrer patte blanche et aligner de multiples zéros sur son compte bancaire. Mais si vous en avez les moyens, la plupart de ces villas de rêve peuvent aussi être louées à la semaine, tout le staff d’entretien inclus. J’ai obtenu la brochure de présentation avec tarifs pour les amateurs.
Tout ici est propre et bien rangé, organisé. Les habitants circulent à bord de voiturettes électriques comme sur les parcours de golf. Et ils chargent volontiers le touriste de passage pour un lift. La nature sauvage est préservée, bien que pas mal disciplinée, harmonie d’ensemble oblige. Les plages sont magnifiques et l’eau est bleue et transparente comme jamais. Le mouillage au corps-mort est obligatoire et payant. C’est assez cher, mais on peut rester 3 jours pour le même prix. A Britannia Bay, nous sommes face à la plage où sont alignées les barques colorées des pêcheurs. Il y a de petites maisons roses ou vertes avec des festons de bois blanc et le beau bâtiment du Basil’s Bar avec ses pilotis en bois. Tout est beau ici, où que se porte le regard. Les îlots au large réconfortent, diminuent l’impression d’isolement. La nuit, les lumières de Bequia toute proche scintillent.

Nous profitons un peu de Mustique, de ses eaux, de ses plages, de son calme. Nous y passons deux nuits avant de poursuivre vers les Tobago Cays que nous souhaitons découvrir . Ce sont 5 îlots minuscules, inhabités, perdus au milieu d’un massif de corail, accessibles par quelques passes à aborder avec prudence, et protégés du large par l’immense barrière de corail de « Horseshoe Reef » et par une autre plus à l’est appelée « World’s End Reef ».  Tout un roman ! Mouillage de rêve, dans de l’eau de rêve, couleurs de rêve, îlots de rêve tout autour. Bien sûr la beauté des lieux attire tous les bateaux de passage et il faut partager cet endroit sauvage. Et dire que nous sommes en basse saison. Nous n’osons imaginer la surpopulation nautique de la pleine saison. Mais chacun ici semble être là pour la même raison : savourer calmement la majesté de ce recoin du monde, que ce soit pour quelques heures ou pour quelques jours. Nous mettons pied à terre sur Jamesby, Petit Bateau et Petit Rameau. Nous escaladons ces petits cailloux pour se rassasier de la vue imprenable et des dégradés infinis de bleus. Nous ancrons notre annexe au dessus du récif pour visiter la faune et la flore marines. Pas beaucoup d’eau sous le ventre, ce n’est pas ici que nous risquons de croiser des requins. Par contre des petits serpents, il y en a. Nous préférons les imaginer inoffensifs.
Nous profitons deux jours de ce petit paradis. Le 27 mai nous appareillons vers l’île de Canouan après une nuit très venteuse.
Courte navigation agréable, sous voiles, jusque Charlestown. Mouillage au corps-mort. Les fonds sont herbeux et l’eau n’est donc pas transparente. Ca ne nous empêche pas de prendre notre douche quotidienne en fin de journée. Je vous ai déjà raconté le rituel du bain-douche ? On procède comme suit : d’abord on emmène sur le pont du shampoing et du savon et un bidon genre pulvérisateur de jardin rempli d’eau douce. souvent de l'eau de pluie récupérée...
En soirée, nous faisons le tour de la petite ville de Charlestown. C’est très animé. Tout le monde est dehors, comme tous les soirs. Comme nous sommes samedi, il y a la musique en plus. Partout. A tue-tête. Ca discute, ça crie, ça bouge. Dommage, les rues ne sont pas très propres.
Le lendemain matin nous retournons à terre à la recherche d’un magasin d’alimentation.
C’est dimanche et avant la fin des offices, il ne faut rien espérer trouver d’ouvert. Seules les églises vivent et chantent bruyamment. Chacun s’est fait beau, les belles se sont toilettées, chapeautées, bijoutées, les fillettes portent leurs soquettes blanches à colerette et des rubans dans les cheveux, les hommes leur belle chemise des grandes occasions.

L'après-midi, il faut repartir vers Mustique  Nous faisons un bon repas à bord, un peu arrosé, terminé sur des bananes flambées au rhum. Et un dernier verre au Basil’s Bar…



















mardi 29 mai 2007

MONTSERRAT

 
 
 
 
Nous avons remonté vers le Nord de l'Arc Antillais, pour une étape désormais classique : Saint Martin !  Pour les marins, Saint Martin représente souvent une escale technique. Nous y retrouvons bon nombre d'amis en partance pour l'Europe. Pendant notre séjour, Montserrat, l'île voisine de la Guadeloupe connaît une phase éruptive violente. Nous retraçons ici son historique.
 
 

En quittant Deshaies, le panache du volcan de Montserrat nous paraît franchement impressionnant… Nous hésitons. OK, les copains en viennent, ils nous ont raconté… "Visibilité nulle par brouillard de cendres, le pont enseveli sous une farine collante, anthracite… "
Le vent nous pousse, la nuit tombe, Montserrat et ses volutes s'estompent dans la lune descendante.

Pffff !!!!
 
 
 

Très vite, la nouvelle tombe… le matin du 20 mai 2006, à 7 h 20 Montserrat a explosé. Le dôme qui se formait peu à peu à coup de panache, s'est abîmé en mer. La Guadeloupe a eu chaud… ils parlent d'un mini-tsunami. Du tsunami, il faut retenir le « mini »… Selon témoins, de trente centimètres à un mètre de vague… de quoi faire balbutier les barques de Deshayes. Sacrés journalistes, toujours prêts à en rajouter ! Ceci dit, Montserrat est une réelle menace. Rien ne peut être exclu, le volcan n'a pas dit son dernier mot. Si le moindre voilier, un cargo de ravitaillement ou quelque pêcheur eût été sous le vent de la montagne ce jour là, les marins n'auraient pas survécu à la nuée ardente et aux gaz toxiques. Une « nuée ardente », cette expression rappelle la catastrophe de la Montagne Pelée en 1902. Ce qui a permis d'éviter un funeste destin, c'est la science ! Aujourd'hui, les hommes en savent plus qu'en 1902.

Les premiers tremblements de terre se manifestent en 1992. Cette petite île de 15 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large fait des siennes, et les îles voisines la craignent désormais. En 1994, l'île connaît l'un des plus impressionnants tremblements de terre de son histoire. Mais c'est en juillet 1995 qu'une équipe de chercheurs est diligentée aux chevets du volcan. Celui-ci est mis sous haute surveillance, car il entre en éruption. L'évacuation de la ville est ordonnée dès 1997. Cette année là, une éruption a tué une vingtaine de personnes et elle a complètement enseveli la capitale sous un tapis de cendres. Il n'y a plus âme qui vive dans le sillage de Soufrière Hills. Il ne reste qu'une poignée d'irréductibles qui vivent dans la partie « sécurisée » au Nord de l'île. Entre 1997 et 2005, le volcan connaît des phases éruptives, avec l'émergence de dômes, suivies de périodes de calmes où les dômes s'écroulent.

Mais, depuis la fin de l'année 2005, les activités volcaniques et sismiques montrent un regain d'énergie et affichent un niveau élevé. La croissance du dôme se poursuit à un rythme dramatique de 1,3 à 1,8  m3 par seconde. Le 27 février 2006 est apparue une aiguille de lave au sommet du dôme. Le 28, une partie de cette aiguille s'effondre, provoquant des nuées ardentes qui ont, à nouveau, ravagé une partie de l'île jusqu'à la côte. Entre les 24 et 31 mars, la croissance du dôme de lave s'est poursuivie avec apparition d'un nouveau lobe en direction de l'Est. Cet appendice s'est effondré le 20 mai. Le nuage tel un champignon atomique est monté à 17 000 mètres. Les images satellites sont formelles. Cet effondrement n'a pas arrêté les effusions du volcan, que du contraire, l'activité à son comble reprend dès le lendemain, et un hélicoptère qui survole Montserrat le 23 mai atteste de la naissance d'un nouveau dôme de lave. Les risques majeurs à venir, sont de type sismiques et éruptifs (nuée ardente et gaz toxiques) Mais il ne faut pas occulter non plus la possibilité de tsunamis qui affecteraient les îles voisines de Montserrat : Guadeloupe, Antigua, Nevis, Saint Kitts...
 
 
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