Janvier 2007
Nous avons
passé la première partie du mois de janvier en Martinique.
"
Martinino "- l'île aux femmes- ou bien " Madinina " -l'île aux
fleurs ? Sans doute les premiers Indiens Caraïbes aimaient-ils contempler cette
splendeur de verdure après qu'ils eussent dévoré les Arawaks d'origine et
" annexé " leurs épouses... Quoi qu'il en soit depuis le passage de
l'hispano-génois Christophe Colomb qui la découvrit le 15 juin 1502, s'écriant
que c'était la plus charmante contrée qu'il y ait au monde, on n'y revit plus
personne avant l'arrivée en force du français Pierre Belain d'Esnambuc le 1er
septembre 1635. Un têtu ce normand ! après une vie d'aventures aux trousses des
galions espagnols dans la mer des Caraïbes, Richelieu lui permet de fonder une
" Compagnie des Isles de l'Amérique " : s'entourant de colons très au
fait des choses de la terre et munis de matériel en quantité suffisante,
l'industrieux d'Esnambuc achemine ses pionniers vers la réussite ! mais c'est
son neveu, Jacques du Parquet, qui fera la Martinique : il racheta d'ailleurs
toute l'île, qu'il conserva jusqu'à sa mort en 1676 ! il œuvre avec tant d'intelligence que quatre ans
seulement après son arrivée, l'île compte 2000 habitants satisfaits de leur
sort...
La Martinique
est bien partie ! voici que s'édifie Fort-Royal, qui deviendra plus tard
Fort-de-France et l'île s'annonce comme le chef de file des Antilles
françaises.
Mais rien
n'est définitif dans cette région volcanique à plus d'un titre, où les accords
d'un jour ne sont qu'une pause éphémère dans la partie de quatre coins que ne
cessent de jouer Anglais, Hollandais,
Espagnols et Français !...
La
colonisation s'étend régulièrement. Les Anglais ne l'ignorent pas. Malgré le
traité d'Utrecht (1713) par lequel Louis XIV se voit obliger de leur céder
Terre-Neuve et l'embouchure du Saint-Laurent, les hostilités s'éternisent.
(Françoise d'Aubigné, future madame de Maintenon, future madame Louis XIV,
élevée au bourg du Prêcheur au nord de l'île où son père avait été nommé
gouverneur, sut intéresser le Roi-Soleil à ce petit territoire !)
En 1762 l 'île tombe entre les
mains des Anglais, mais neuf mois plus tard, le traité de Paris accouche d'un
compromis par lequel, en échange de l'Inde, de la Louisiane et du Canada, ils
consentent à nous rendre la Martinique. Les Français vont d'une certaine
manière prendre leur revanche en faisant de l'île une base de ravitaillement
pour les Américains lancés à la conquête de leur indépendance...
En 1789 les
aristocrates martiniquais ne veulent rien entendre de la prise de la Bastille
et transforment même leurs grandes maisons en centres d'accueil pour les
émigrés...Rochambeau débarque offensivement et débaptise Fort-Royal en
République-Ville ! Les planteurs finissent par appeler l'ennemi héréditaire à
leur secours au moment où la Convention proclame ce qu'ils ne sauraient tolérer
: l'abolition de l'esclavage dans les colonies ! Par le traité d'Amiens de 1802 ils tiennent
finalement pour acquis le rétablissement de l'esclavage par un Bonaparte que
suggestionne puissamment une épouse
experte en l'art d'aimer : la créole Marie-Josèphe Rose
Tascher de la Pagerie, originaire de Trois-Ilets.
La suite, en
gros, s'illustre ainsi :
1848 : le
ministre Schoelcher libère les esclaves
1862 : la
première ligne transatlantique est créée
1902 : la
catastrophe de la
montagne Pelée
1946 : elle
devient département français d'Outre-Mer (DOM)
Notre
arrivée en Martinique par le sud nous
fait toujours faire escale d'abord à Sainte-Anne : c'est une magnifique baie
bordée d'une très belle plage de sable fin blanc et l'on se croirait dans un
lagon...bains de mer dans une eau cristalline...c'est la commune la plus au sud
de la Martinique et une bonne partie de son territoire donne sur la mer et
forme une presqu'île presque perpendiculaire à celle de la Caravelle.
Toujours pas
mal de vent si bien qu'on a pas pu affaler le génois qui est à recoudre. La
nuit du réveillon les feux d'artifice ont rivalisé le long de la côte mais
celui du Club Med était le plus rasqueux ! La sono a bien résonné toute la nuit
et la lune presque pleine a éclairé le ciel toute la nuit... c'est marrant, on
a de nouveau été voisin du suisse Aquataurus comme l'an dernier, celui qui
avait pavoisé son bateau le 2 mars 2003 lorsque Alingui avait remporté la coupe
de l'America ! décidément on se suit !
Sainte Anne a
été le théâtre de nombreux combats maritimes : les fortins des pointes
Borgnesse et Dunkerque qui commandent l'entré de la baie ont été violemment
bombardés par les anglais et on peut encore voir en ces lieux les vestiges des
bastions ainsi que des abris de canons de l'époque. En 1808 eut lieu un
engagement au cours duquel périt le commandant
de sainte Anne et c'est en souvenir de ce glorieux défenseur de l'île
que la commune a pris son nom (et non en souvenir d'Anne d'Autriche, la mère de
Louis XIV !).
L'artisanat
est en restructuration, en particulier avec la poterie dite de Mme Dillon,
épouse du général Bertrand, compagnon de Napoléon venu s'installer après Sainte
Hélène sur la propriété de son épouse Fanny Dillon, fille du général Arthur , comte de Dillon.
Ensuite escale
prolongée au Marin, escale technique pour les différentes réparations - il y en
a toujours - les approvisionnements, la laverie...
Le Cul-de-Sac
du Marin est une grande baie profonde avec marina, centre de carénage, chargée
d'histoires marines (débarquements, batailles navales et invasions ont jalonné
l'histoire de la ville...) a résolument fait le pari de la plaisance comme
vecteur de développement durable...C'est l'un des plus beaux sites portuaires
des Antilles, protégé de la houle de l'Atlantique par des barrières de coraux.
Pilier
architectural du patrimoine marinois, l'Eglise Saint-Etienne est l'un des lieux
de culte les plus visités : construite en pierre de taille, la façade, de style
" jésuite ", est ornée de deux
ordres toscans superposés, le dernier couronné par un fronton rectangulaire.
Au-dessus de la porte d'entrée, logé dans une niche, saint Etienne
veille...L'édifice religieux se singularise par l'emplacement de son clocher et
son beffroi en bois d'Inde. A l'intérieur on découvre une voûte qui évoque la carène
d'un bateau renversé, œuvre de charpentiers de marine. Le maître-autel est un
véritable joyau, en marbre blanc incrusté de marbre de couleur avec un
bas-relief où sont sculptés les personnages de la Cène. La légende raconte
que cet ouvrage, promis à la cathédrale de Lima, fut embarqué sur un navire qui
fit naufrage sur les côtes du Cap, à
l'est du Marin...
En route
maintenant vers Fort-de-France, nous passons devant le rocher du Diamant, îlot
de forme tronconique aux falaises abruptes, in mini Gibraltar, qui a connu la
célébrité suite à un épisode héroïque de
la guerre franco-anglaise : voulant maîtriser l'accès maritime de la
Martinique, les anglais y installèrent 200 hommes dès 1804 leurs canons pour le
transformer en bastion imprenable. Pendant 17 mois, résistant à tous les
assauts, ils pilonnèrent à loisir les vaisseaux français croisant vers
Fort-de-France. Suite à cet exploit, les Britanniques élevèrent cet îlot au
rang de " navire de Sa royale Majesté ", " Her Majesty Ship
" Diamant Rock ! H.M.S. Diamant Rock sur les cartes marines, salué à la
sirène par les navires anglais le doublant !sacrés anglais !! il devrait son
nom moins poétiquement à l'éclat particulier que produit sous le soleil le
résultat de la digestion des oiseaux de mer qui y ont élu domicile ! Suivant la
légende, les Français - sous les ordres de l'amiral Villaret de Joyeuse ( !) -
n'eurent raison des troupes anglaises qu'en faisant échouer sur l'îlot quelques
embarcations chargées de fûts de rhum... Ivre mort, l'ennemi capitula sans
autre violence... cette version n'est pas retenue dans les annales britanniques
!...of course !!
Et voici
Fort-de-France : les habitants s'appellent les Foyalais (quand faut y aller !...) en souvenir de
l'ancien nom de Fort-Royal ! avec le " o " créole qui mange les
" r " et que Joséphine allait mettre à la mode avec les "
me(r)veilleux " et les " inc(r)oyables "...
Nous sommes
mouillés sous le Fort Saint-Louis, d'architecture militaire de type Vauban du
17ème et 18ème siècle, construction remarquable surplombant toute la baie de
FdeF : il est édifié en roches volcaniques de la montagne Pelée. C'est
la forteresse la mieux conservée de l'archipel des Antilles. Son histoire
débute en 1638 lorsque le premier gouverneur de la Martinique, Jacques du
Parquet, décide de renforcer cette position qui deviendra une base navale.
Classée monument historique en 1973 cette construction est la gardienne du
patrimoine unique et culturel de la mer des Caraïbes. A ce jour le Fort est le siège du commandant de la Marine Française
de la zone maritime couvrant les Antilles et le Golfe du Mexique.
Nous sommes
aussi en face de la célèbre place de la savane avec ses cinq hectares arborés
et fleuris, avec sa statue de Joséphine (décapitée par des sauvageons !). Un
peu derrière on ne peut pas rater, ni par les yeux ni par l'oreille, la cathédrale Saint-Louis ,
" antisismique ", toute en poutrelles d'acier fourrées d'un nougat de
briques, avec son clocher de 60mde haut dont les cloches sonnent tous les 1/4
d'heure une jolie mélodie.
A voir aussi la bibliothèque Schoelcher ,
expédiée pièce par pièce de Paris, montée en 1893 à l'emplacement de l'ancien
hôtel du Petit Gouverneur. Elle doit beaucoup à l'emploi d'une structure en fer
et s'inspire visiblement des grandes
envolées métallo-lyriques en faveur lors de l'Exposition de 1889 de Paris, où l'architecte Henri Pick
présentait, à côté de l'œuvre de son
confrère Gustave Eiffel, un autre bâtiment issu de l'accouplement contre
nature d'une gare d'Austerlitz en vadrouille avec une église byzantine
égarée...Partisan obstiné de l'abolition de l'esclavage, Victor Schoelcher
avait offert à la bibliothèque qui porte son nom une collection de 1200 livres sauvée de
l'incendie de 1890. L 'édifice,
considéré comme le plus beau monument de la ville, est inscrit à l'inventaire
des monuments historiques depuis 1973.
A visiter
aussi : la théâtre municipal, l'hôtel de la préfecture, le musée d'archéologie
précolombienne...
Grâce à nos
amis Céline et Stéphane et au passage de la maman de Céline nous sommes allés
avec eux voir d'autres sites en campagne.
Le canal des
esclaves, rebaptisé, pour être politiquement martiniquement " correct
" le canal de Beauregard : promenade originale sur le bord extérieur d'un
ancien canal d'irrigation, accroché à flan de morne. Construit en 1760 il
alimentait les distilleries du Carbet et celles de Saint-Pierre. On marche à
l'ombre des frondaisons, traversant des plantations d'anthuriums, d'alpinias et
de roses porcelaine...vue remarquable sur la rivière du Carbet que l'on domine
d'une centaine de mètres. Ce sentier circule souvent au niveau de la cime des
arbres d'en dessous et rappelle les " levadas " de Madère que nous
avons parcourues avec bonheur...
Le sentier est
limité à la bordure du canal, soit une trentaine de centimètres de large, et
moi, dont la marche est encore hésitante et qui suis sujette au vertige, j'ai
eu quelques difficultés mais après j'étais super contente de l'avoir fait !...
Nous avons
fait ensuite une halte fraîcheur à la cascade du Saut Gendarme, où un petit
sentier aménagé par l'ONF permet d'accéder à la chute. La promenade est
facile et on peut se baigner dans une eau vivifiante...La seule évocation du
nom fait penser à l'époque de la maréchaussée à cheval. En fait il y a 2 (3)
versions de la légende : pour les uns, jadis halte privilégiée pour se
rafraîchir et faire boire les chevaux des gendarmes montant à Saint-Pierre ;
pour les autres, cascade témoin de l'escalade ratée d'un gendarme (de type
" asiatique ", précise-t-on ?) ; plus récemment, suite à l'éruption
en 1902, lieu de prédilection des gendarmes en poste à Deux-Choux qui
surveillaient les pillards revenant de Saint-Pierre en ruine...
Enfin, arrêt
au Sacré Cœur de Balata, le Montmartre martiniquais (réplique faite au
1/5ème de la basilique parisienne),
projet grandiose de Mgr Lequien, évêque depuis 1015 et du Père Charles de
Jaham, édifié à partir de 1922 et achevé
en 1929.
Nous suivons
ensuite la côte sous le vent, passant devant l'anse Madame, Schoelcher
(anciennement Case-Navire), apercevant les grands bâtiments modernes de
l'Université des Antilles Guyane, le petit village de Case-Pilote, l'un des plus anciens de toute la Martinique,
avec le cap Enragé, les plages de la Batterie et du Fond Bourlet. La mère de
Gaston Monnerville (président du Sénat de 1948 à 1968), était la sœur du maire.
Des falaises monumentales se succèdent, grottes, criques, plages, au caractère
géologique prononcé.
Et voici
Saint-Pierre, et la
montagne Pelée , que l'éruption du 8 mai 1902 anéantit...
La rade est
immense et ce n'est pas la place qui manque pour jeter l'ancre face à ce site
remarquable... Appelée le " Petit Paris des Antilles ", elle était
auparavant la capitale économique et culturelle de l'île. Seules quelques
ruines (de l'ancien théâtre en particulier), épaves et le célèbre cachot de
Cyparis -le seul rescapé de l'éruption volcanique, mis ai trou pour état
d'ivresse la veille - témoignent à ce jour du terrible cataclysme...Un siècle
après ces évènements on ne peut pas dire que la ville soit très folichonne
!!quelque chose d'immanent semble peser sur la bourgade surgie cahin-caha des
pans de murs calcinés et de pierres effondrées que l'on remarque partout...Un
vrai champ de batailles, dont les victimes ne sont pas des héros hélas...Il
règne ici une sorte de lassitude, un morne accablement, entretenu par la
présence de l'énorme montagne dont les nuages voilent presque toujours la face,
comme si elle interdisait à quiconque qu'on la regardât dans les yeux...malgré
cette somnolence quasi léthargique, Saint-Pierre est devenue un des hauts lieux
touristiques de l'île. Mais ce ne sont que ruines... des fragments d'escalier :
c'était le théâtre, avec sa scène, encore visible...là se trouvait une église
remplie de fidèles venus implorer le ciel...ici des murailles un peu larges, en
terrasse sur la mer, avec des canons rapportés d'on ne sait où...la forteresse
: sorte de caveau voûté, d'où l'on tira le seul survivant du drame, que le
cirque Barnum promena ensuite dans le monde comme un témoignage paradoxal de la
clémence de Dieu... La magnificence de l'endroit arrache au visiteur plus d'une
réflexion pseudo-philosophique sur l'impossible rêve d'un Eden privilégié.
L'impression en est soigneusement entretenue au petit musée volcanologique où
l'on a rassemblé des montres arrêtées à l'heure de la mort, des objets fondus,
déformés, agglomérés par la fusion, des aliments calcinés et autres touchantes
épaves...et sur la route menant de Saint-Pierre au Prêcheur, ce ne sont
que blocs de lave et bombes volcaniques
tordues qui parsèment le sol et les collines arides ou les ravins desséchés, comme
un troupeau de gros cochons noirs...
Au revoir la
Martinique...
Voici que se
découpent à l'horizon les côtes de la Dominique...
La Dominique,
un nom de baptême pour une île aperçue un dimanche par notre copain Christophe
Colomb, toujours lui...Mais impossible d'y débarquer : il y a trop de Caraïbes
qui ne se laissent pas faire... il faudra attendre le 18ème siècle pour que les
Français s'y implantent en force, inaugurant une série de bagarres avec les
Anglais qui finissent par l'emporter. Comme la plupart des autres îles
ex-britanniques, la Dominique est aujourd'hui indépendante, tout en demeurant
un Etat associé à la Couronne...
L'île a un
littoral élevé, fragmenté, déchiré, avec des falaises rongées par les vagues,
des pics et des effondrements, des vallées perdues, sans lien apparent entre
elles, le tout recouvert, presque sans faille, d'une forêt qui retient
prisonnière une plantation par ci, quelques cases par là, une forêt tenace qui
ne le cède en force qu'à la mer dans laquelle elle s'achève...
Sévère,
impressionnante, dramatique sont les mots qui me viennent à l'esprit en voyant
cette masse au visage froissé, presque hostile...
Le Terre, dans
sa forme primitive...à la fois sauvage et magnifique, c'est ici qu'il faut
venir la chercher, dans cette Dominique encore à peine égratignée par les
hommes qui se sont pourtant évertués pendant des siècles à étendre leurs
razzias sur toutes les Caraïbes...
Fait unique
dans toutes les Antilles : depuis la côte du Venezuela jusqu'à Hispaniola
(actuelle république Dominicaine) les derniers Caraïbes survivant aux grands
massacres des siècles sont là ! ils doivent incontestablement leur existence -
leur survie - à la nature même de l'île, qui les abritai de toute poursuite...
ils ont environ mille, dont la moitié seulement ont conservé leurs caractères ethniques
d'origine, assez semblables à ceux des indiens d'Amérique : peau jaunâtre,
cheveux noirs et raides, pommettes saillantes, yeux bridés légèrement...ils
vivent en communauté dans une réserve de 1800 hectares ,
concédée en 1903 par la
reine Victoria et où personne n'a le droit de s'installer.
Ils élisent un chef pour 9 ans. Ils habitent encore de petites cases couvertes
de feuillages et construisent le " kanassa ", taillé comme autrefois
dans un tronc de gommier, qui demeure la meilleure embarcation des îles. On
peut aller les voir, par une route (accidentée) qui traverse l'île et mène à
leur réserve sur la côte au vent, côté atlantique. Ils survivent et subsistent
grâce aux produits de l'agriculture et à la vente d'objets tressés en fibres.
C'est une île
au climat difficile pour ce qui concerne les pluies ; 2 m au niveau de la mer, plus
de 10 m
sur l'échine de la montagne !
Il faut
absolument aller jusqu'aux " Trafalgar Falls " dont les flots se
déversent en grondant à travers la forêt puis gagner les " fresh water
Lake " et l' "Emerald Pool " (qui tient son nom de la couleur
des flots). Attention : les routes sont passablement tourmentées, et même parfois
difficiles... c'est le prix à payer pour pénétrer cette île inextricable... en
4x4 ou jeep ou landrover...utilisées ici comme une attraction à touristes pour
un safari-photo dans la nature la plus sauvage qui soit... on vous fera goûter
le fameux poulet de montagne... sous les mines hilares des locaux ! et oui ! ce
n'est autre que du gros crapaud....et je me suis bien fait avoir...mais je n'ai
pas été malade !
Sisserou et
son copain Jacquot se cachent là dedans : ce sont les plus grands et les plus
beaux des perroquets verts, bleus et rouges, du genre " amazona ". Leurs
couleurs les protègent, paraît-il, de la vue des chasseurs...
Nous avons
mouillé en baie de Portsmouth au nord de l'île.
Et voici
qu'apparaissent les Saintes, los Santos, découvertes par...Christophe Colomb le
jour de la Toussaint 1493.
En 1782 les
Anglais provoquent la fameuse bataille qui allait terrasser la flotte de
l'amiral de Grasse et leur permettre de s'emparer de l'île. Terrible Trafalgar
avant l'heure, mettant aux prises près de 70 bateaux armés et plus de 5000
canons, faisant 7000 morts !... la bataille des Saintes, dans le canal qui les
sépare de la Dominique, vit, en ce 12 avril 1782, la défaite dramatique du
comte de Grasse face aux 50 vaisseaux de l'amiral anglais Rodney... Ce n'est qu
en 1816 que le calme revint, lorsque les Français reconquirent les Saintes de
manière définitive, juste au moment où les Anglais reconnaissaient
l'indépendance des Etats-Unis d'Amérique...
Petit à petit
la population augmente : des Bretons et des Poitevins, car, la canne ne
poussant pas sur ce sol aride, on n'eut pas recours aux esclaves et la
population est pour ainsi dire blanche (à quelques nuances près !). Pendant
longtemps les Saintois arborèrent un couvre-cher typique, le " salako
", étrange chapeau de paille d'origine tonkinoise, importé par des
ouvriers asiatiques embauchés dans une poterie de Grande-Baie et devenu depuis
le symbole des saintois avec une réplique en madras pour les touristes !
J'aime
beaucoup les Saintes.
Sa grande
baie, la 3ème plus belle au monde, disent les guides, après Rio et Along !? un
accueillant plan d'eau en arc de cercle, et même un " Pain de sucre "
miniature, sentinelle avancée sillonnée d'orgues basaltiques. Dès l'arrivée on
remarque tout de suite une construction bizarroïde, en forme de proue de
paquebot, une sorte de maison-navire pittoresque (à gauche en arrivant), bleu
et blanc, avec hublots, bastingage et chaîne d'ancre, qui n'est autre que la
maison du médecin de l'île, le docteur Ballabriga !
Sinon le bourg
s'étire tout en longueur avec, au centre, une mairie toute pimpante,
d'inspiration coloniale, à côté d'un square ombragé. Au bout du quai la
gendarmerie, en bleu et blanc, semble sortir d'un décor d'opérette ! l'église
marque la limite entre le quartier résidentiel dit du " Mouillage " et celui du Fond-Curé
où habitent les pêcheurs. Cette église se différencie des autres églises
antillaises par sa forme et son clocher légèrement décalé ! les petites maisons
aux toit rouges (en tôle ondulée) autour de la rade affichent un certain goût
pour l'exotisme...
Il ne faut pas
rater la visite du Fort Napoléon (environ une heure à pied), forteresse massive
d'où l'on a une magnifique vue sur l'archipel.