samedi 14 juillet 2012

L'ANOLI et autres reptiles



L'Anoli de la Guadeloupe
ou
Anoli à tête marbrée (Anolis marmoratus)
Anolis à tête marbrée femelle
      anoli de la Guadeloupe (femmelle)


- l'anoli des Saintes (anolis terraealtae)
 
Reptiles-4736.JPG


 anolis des Saintes (Terre de Bas)







- l'anolis de la Désirade (anolis desiradei)


- l'anolis de Petite Terre (Anolis chrysops)
 
- l'anolis de Kahouanne (Anolis kahouannensis), une des espèces de reptiles dont la réppartition mondiale est la plus limitée, elle n'est présente que sur les îlets Kahouanne et "Tête à l'Anglais"


ilets 3737anolis de Kahouanne

- l'Anoli de Marie -Galante (Anolis ferreus)

- le sphérodactyle des Saintes (sphaerodactylus phyzacinus)

- la couresse de la Guadeloupe (Alsophis antillensis), serpent (couleuvre) inoffensif en danger de disparition


Couresse de la Guadeloupe juvénile
jeune couresse de Guadeloupe
 
 
- la couresse des Saintes (Alsophis sanctonum), serpent inoffensif
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 Couresse des Saintes (Terre de Bas )

- le typhlos de la Guadeloupe (Typhlops guadeloupensis),
 fouisseur inoffensif

jeudi 12 juillet 2012

LE MARIN

Comment parler de la Martinique sans parler du Marin? Pour un plaisancier c'est impossible. Le Marin est devenu, depuis la création de sa base nautique en 1998, la capitale du nautisme francophone aux Antilles ; la plaque tournante de tout ce qui flotte en Martinique. Elle attire les marins de tous horizons. Le Marin, qui mérite bien son nom, est pour la plupart des équipages qui ont traversé l'Atlantique, la première escale des Antilles. Au bout d'une vingtaine de jours de traversée océanique les marins se faufilent entre les bouées de balisages qui dessinent un chenal tarabiscoté entre les récifs qui parsèment l'entrée de cette gorge profonde tapissée de mangroves. Côté pile, ils y trouvent, à l'abri de la houle, le sommeil mérité après vingt nuits de veille. Côté face, ils découvrent une baie immense où séjournent en permanence un millier de bateaux.

Entre rêve de tranquillité et affluence il faut choisir. Le Marin ne répond pas franchement au stéréotype du mouillage de rêve sous les Tropiques. Beaucoup de monde, une ville aux odeurs d'embouteillages sont les apanages du Marin. Cependant, si le Marin n'est pas l'endroit idéal où passer ses vacances, il répond à bon nombre des besoins des plaisanciers, d'où sont succès. Au marin tout est possible : avitaillement, réparations mécaniques, électroniques, structurelles... Les plaisanciers y chercheront les compétences nécessaires pour résoudre les problèmes et les lacunes du bord. Certains n'hésitent pas à y passer des mois entiers. Quelques-uns y trouveront du travail.

Autre facilité, on peut laisser le bateau en marina, sur corps-mort ou sur ancre (attention mettre deux ancres : fonds de vase) et louer une voiture dans l'une des nombreuses sociétés de location de la ville. De là, il est possible de partir à la découverte de l'intérieur de l'île. Attention : se munir de patience. La Martinique étant l'une des îles les plus densément peuplées de la Caraïbe, les bouchons sur les routes y sont légion! À certaines heures, il est presque impossible de circuler autour de Fort-de-France !

En escale au Marin vous verrez à coup sûr les yoles,  ces bateaux construits d'un seul tenant dans un tronc d'arbre servent de monture aux équilibristes de la mer. Le spectacle d'une dizaine parfois même d'une vingtaine d'hommes suspendus en rappel au-dessus des flots pour assurer l'équilibre de leur esquif est unique au monde.

Yole ou gommier?
Un sport unique au monde
Ces deux termes désignent une barque en bois qui servait à la pêche en mer des Caraïbes. Les pêcheurs utilisaient principalement la voile pour revenir de leur lieu de travail. L'esprit de compétition animait toujours les retours au village. Ils se lançaient des défis : le dernier arrivé perdait le produit de sa pêche. Esprit du jeu bon enfant, le dimanche, des petits concours s'organisaient. Les pêcheurs de différents villages se retrouvaient sur le plan d'eau et briguaient la première place au jeu des alizés.
Aujourd'hui, on ne trouve plus guère de gommiers. Cette barque solide était taillée d'un seul tenant dans l'arbre qui se nommait "gommier". Malheureusement le gommier avait quasiment disparu de la forêt martiniquaise tandis que le nombre de pêcheurs augmentait. Les constructeurs de gommiers s'adressèrent alors aux îles voisines (Sainte Lucie et Dominique) pour s'équiper. Cette solution n'arrangeait pas tout le monde et certains cherchèrent une autre manière de poursuivre leur activité.
Dans les années 40, un charpentier du François réussit à concevoir une embarcation s'inspirant à la fois du gommier et de la yole européenne. Le terme yole vient du norvégien «Jol» qui signifie canot. Le terme arrive en France dès 1713 et il désigne une embarcation étroite, effilée, légère et très rapide, de faible tirant d'eau, généralement mue par plusieurs rameurs et surtout utilisée dans les compétitions. En Martinique, la yole ronde devient une embarcation légère, sans quille, sans lest, sans dérive ni gouvernail, à faible tirant d'eau, pouvant naviguer à une ou à deux voiles. Elle s'est d'abord répandue sur la côte Est de la Martinique. Les pêcheurs trouvaient en la yole ll'héritière du gommier. De construction plus complexe que ce dernier, la yole ronde de la Martinique était comme le saintois en Guadeloupe, plus maniable et plus rapide.
La yole ne tarda pas à supplanter le gommier surtout sur la côte atlantique de Grand Rivière à Sainte Anne voire Marin. Avec l'arrivée des yoles, la pratique de compétition spontanée entre pêcheurs s'intensifia. Des manifestations sportives égayaient les fêtes patronales du François, du Robert ou du Vauclin. Petit à petit, les Martiniquais se sont approprié ce sport unique au monde et personne, sur l'île, ne veut manquer le Tour de la Martinique en yoles! En plus des manifestations fréquentes sur l'île, les yoles sont très demandées à l'extérieur : déplacements en Guadeloupe, aux Saintes, à Trinidad, à Arcachon. Peu à peu on a vu les yoles abandonner leurs noms pittoresques à la faveur de leurs sponsor. Les noms haut en couleur comme "ki ma fouti é sa", "vini woué sa", "l'oiseau léger", "L'Avenir à Dieu", "Etoile filante"... sont devenus "Brasserie lorraine", "caresses antilles"... et autres noms commerciaux.
Ceci s'explique par le coût d'une yole. Son prix d'achat est de minimum 18000 €. Sans mécène, ce sport n'existerait pas!
Ce coût élevé de fabrication comprend des techniques élaborées de fabrication.
Voici ce comment l'excellent site de « la Société des Yoles Rondes de la Martinique » nous décrit les étapes de la construction d'une yole.
Le principe de la construction de la coque :
La construction de la yole donne priorité avant tout sa «coque» qui doit être étudiée pour la régate. Sur une «quille» liée solidement à une «étrave» et à un «étambot» qui se différencient nettement, sont fixées des «membrures» de formes arrondies sur lesquelles sont cloués les «bordés» extérieurs, faits de planches de bois. Ces dernières seront calfeutrées puis mastiquées pour assurer l'étanchéité de l'embarcation. L'embarcation peut accueillir deux voiles pouvant totaliser cent mètres carrés de surface, sans «lest» et sans «quille» plombée.
Pour la fabrication de la yole de compétition, la hache demeure le principal instrument constituant la boîte à outils du charpentier de marine local. En l'absence de véritables plans, l'expérience constitue le premier atout de la réussite.
La Yole Ronde de compétition, évoluant à l'occasion des régates, est créée sans apport de matériaux modernes. D'une longueur de plus de 10 m, la coque, les membrures, les mâts, les «bois dressés», les «va et vient» d'écoute, sont tous tirés de la forêt martiniquaise. Le bois le plus utilisé est le poirier local. La vergue, elle, sort des champs de bambou du pays Certains bois proviennent de Guyane Française, comme le teck, ou l'angélique, dont sont faits la quille et le bordé.
Les voiles
Les yoles peuvent comporter une ou deux voiles dont les mâts sont placés respectivement à l'avant et au tiers de l'embarcation. Une vergue en bambou est placée au travers des mâts et est destinée à
soutenir la voile, qui peut atteindre 35 ou 40 mètres carrés quand le vent est faible. Avec un vent de 25 noeuds, la surface moyenne des voiles est réduite respectivement de 15 et de 22 m².
Le mât de la grand-voile est soutenu par deux cordes mobiles que manient deux équipiers en effectuant des manoeuvres de rappel, afin d'assurer la stabilité de l'embarcation. Autrefois, avant et pendant la course, les voiles en coton étaient aspergées d'eau afin de les tendre au maximum. Maintenant la plupart des embarcations possèdent des voiles en nylon. Avec ce type de matériau, les voiles sont faciles à mâter, sont moins lourdes quand elles sont mouillées et possèdent une meilleure prise au vent.
L'équipage : des acrobates de la mer
Un équipage comprend 11 hommes en moyenne, prenant part à la course à deux voiles et huit pour la course à une voile ou misaine. Pour cette dernière, l'équipage peut être réduit à 6 hommes en cas de vent faible. Cet équipage se décompose en quatre parties: la barre, les manoeuvres d'écoute, les manoeuvres de rappel avec les bois dressés et les cordes
Les manoeuvres d'écoute
à bord de la yole, la polyvalence est de règle. Bien qu'il y ait un homme désigné pour les manoeuvres d'écoute, il arrive que le patron ou son adjoint se charge de cette tâche. Cette opération consiste, par le biais d'un cordage, à orienter la voile, lui donner du mou, ou la tendre au maximum en fonction du vent. Cette manoeuvre est très délicate, quand elle est effectuée au passage d'une «vigie» (bouée ou, drapeau tricolore délimitant le circuit). A ce moment précis promptitude et force physique sont réclamées. Un bateau peut perdre son avance initiale sur ses concurrents, et peut même se faire dépasser si les manoeuvres d'écoute sont effectuées trop lentement. Nous avons vu des yoles prendre l'eau à l'occasion de ces manoeuvres. En effet, la yole est une embarcation particulièrement instable. Un membre de l'équipage écope en permanence à coups de sceaux. Dans le cas de manoeuvres ratées, l'embarcation chavire. L'équipe qui les suit dans un bateau à moteur doit alors agir vite pour sauver la yole et la remettre à flot.
La naissance du Tour de la Martinique en yoles rondes

En mai 1966, quatre yoles appelées « Etoile », « Frisson », « Mouette » et « Odyssée » tentent d'effectuer le tour de la Martinique. Avec l'aide de marins pêcheurs, les membres d'équipages atteignent leur objectif en cinq étapes. L'année suivante, l'opération est reconduite et le tour est bouclé en quatre étapes. Cependant, les difficultés de navigation sont telles que les protagonistes décident de mettre un terme à l'aventure. Elle s'achève en 1968.
Depuis 1985 Georges Brival organise l'épreuve annuelle du Tour de la Martinique en yoles rondes. Depuis. Les concurrents dorment dans les villes-étapes et repartent le lendemain. C'est un rendez-vous attendu par tous les Martiniquais. Les plans d'eau sont, à l'occasion de cette compétition, envahis de bateaux de tous types qui supportent leur équipe fétiche à grands coups de klaxons et de cornes de brume. Toute la Martinique se retrouve donc à chaque été au bord de l'eau.
C'est une fête inimitable qui enflamme toutes les passions.


La Martinique resplendit !
MADININA

Son surnom est l'île aux fleurs. Ne cherchez pas, vous les trouverez partout ! Dans les jardins d'agrément, sur les places des villages, au bord des routes, dans les bocages et jusque dans la forêt tropicale où anthuriums et balisiers tels des pixels de couleurs égayent le vert profond du monde végétal. La première fois que nous sommes venus en Martinique, les fleurs ont été ma première source d'émerveillement. Je restais admirative devant les haies qui ceinturaient les pâturages. Celles-ci étaient faites de piquets en bois et de fils barbelés. Jusque-là, rien d'étonnant me direz-vous. Oui, mais en Martinique chaque bout de bois planté redonne un arbuste ! Les haies ainsi repartent de plus belle pour une floraison tropicale qui cache le barbelé. Souvent, ce sont les casses qui servent de haies. En janvier, ceux-ci sont en fleur. Il faut y être attentif, la floraison est extrêmement courte. Ces arbres portent le joli nom d' « averses d'or » lorsque leurs fleurs sont jaunes. Terme imagé, mais lorsque les fleurs sont roses, l'effet de pluie est analogue. Il faut imaginer des fleurs cotonneuses d'un rose délicat, elles envahissent l'arbre alors que les feuilles sont toutes tombées. Toutes les haies des pâturages, tous les bords de route sont roses. Au gré de l'alizé, une neige de pétales envahit les routes. Des flocons volatiles, éclatants de rose sur fond d'azur céleste s'étiolent en myriades de corolles. Ne vous en faites pas, si vous manquez le mois de janvier en Martinique, leurs cousines jaunes fleurissent en mai. Les lauriers roses sont en fleurs tout au long de l'année ainsi que les bougainvillées. En mai et juin, les flamboyants magnifient le paysage... Vous l'aurez compris, il n'est pas un mois qui ne soit accompagné de fleurs...

Vous me direz... et les ouragans ? Ils passent bien sûr de temps en temps, au gré des caprices du temps et ils balayent entre autres la végétation. Mais ce climat tropical est étonnant. En quelques mois tout repousse et mis à part la taille des jeunes cocotiers que l'on a dû replanter après le passage du vilain gros cyclone, plus rien n'y paraît en très peu de temps...

Alors, profitons de la balade, partons sur les routes du Sud, et commençons notre visite par un lieu-dit à quelques kilomètres du Marin.

Crève-coeur

Le site abrite les ruines d'une ancienne sucrerie, aujourd'hui mangée par la végétation. Il reste néanmoins de grands pans de murs construits en de robustes pierres de taille. Il reste l'embrasure des fenêtres. L'herbe folle n'a pas totalement envahi les engrenages qui servaient autrefois à entraîner les mécanismes du moulin qui broyait la canne. Vu l'étendue des bâtiments et ce qu'il en reste, l'habitation de Crève Coeur était une habitation importante. Il règne sur ces lieux de vestiges une âme nostalgique, il y a toujours un je ne sais quoi de persistant sur ces anciennes habitations. Sans doute un sentiment d'abandon, quelque chose de palpable, une grandeur et sa décadence. Mais aussi un malaise. Chaque fois que l'on se trouve en ces lieux de labeurs, on en peut que penser aux êtres qui y donnaient leur vie jusqu'à la dernière goutte de sueur. Peu de choses nous aident à comprendre les ruines de Crève Coeur. Un simple panneau à l'entrée. Puis, c'est l'imagination qui fait le reste. Peut-être vaut-il mieux ne pas trop penser au passé, une belle randonnée nous attend.

Au-delà des restes de la prospérité d'autrefois, un sentier s'engage sous une épaisse forêt et nous mène par des pentes un peu raides vers le sommet. Les gambettes nous rappellent que sur nos bateaux, nous n'avons pas souvent l'occasion de les faire marcher! Aïe, aïe, aïe!!!

Là-haut, un ciel de grains nous attend. À nos pieds, la campagne, la Martinique profonde et paisible s'étale jusqu'à l'océan. Sur elle, les nuages qui défilent dans le ciel prodiguent un spectacle d'ombres et de lumières. Les bocages interrompus par quelques mares d'eau accueillent parfois quelques maisons traditionnelles. L'aboiement d'un chien monte jusqu'à nous. Le vent emporte le chant de dizaines d'oiseaux. J'aime ce genre d'atmosphère mêlée. Au fond du tableau la mer toujours présente sur les panoramas des îles, à nos pieds la vie rurale tournée vers la terre.

Le ciel s'assombrit et dans le canal qui sépare Sainte Lucie de la Martinique une coulée de lumière vive s'abat sur l'océan. L'imagination va bon train ! On dirait que les 4400 reviennent ! (série de science-fiction) Le grain nous évite et nous laisse descendre le dénivelé de Crève Coeur au sec. Heureusement, car en cas de pluie forte, le chemin se transforme en vrai torrent de boue. Au bout de la balade, la « Maison de Maître ». Ou du moins un reste de chambranle de fenêtre qui offre un panorama inimitable sur le morne que nous venons de gravir.

Les Salines


Plus au Sud, la route nous mène à la plus célèbre plage de la Martinique : les Salines. C'est sans doute la carte postale la plus vendue de l'île. Et pour cause... Un croissant doré de sable fin, frangé d'une des plus belles cocoteraies de l'île où vient mourir une écume scintillante s'étire sur six kilomètres au bord de la mer des caraïbes. Connaissez-vous plus stéréotypé ? Difficile ! Les Martiniquais aiment s'y retrouver. En fin de semaine, tout le monde se mêle sans distinction de couleur, de taille, d'avis ou de parti pris à l'ombre des palmes frissonnantes des cocotiers. Les locaux s'installent : hamac, toile de tente, tables, chaises, barbecue. Une organisation qui sent bon la joie de vivre. Elle s'inspire directement des alizés et du jus de canne à sucre. Elle se régale aussi de poulet boucané, d'accras, de boudin de lambis et de sorbet coco. Ici, le rire sonore d'un joueur de dominos, là, le souffle léger de la sieste, plus loin les câlins discrets d'un couple lové au creux de l'écume de la houle. À l'ombre des cocotiers, le commerce s'installe. Des lolos (restaurants improvisés) proposent les spécialités locales. Les tables bancales sont prises d'assaut par une horde de touristes affamés par la baignade. Les « ti blancs », casquettes sur la tête, joues rouges, tee-shirt scandant les beautés de la Martinique, appareils photos en bandoulière offrent à leurs papilles novices la palette des saveurs créoles. Planteur pour Madame. Ti punch pour Monsieur. Dès la première goulée, les joues s'empourprent et le rire prend de l'assurance. Dans leur assiette : boudins créoles et crabes farcis tentent de leur remettre les idées en place. Une brochette de crevettes pour la majorité, langouste pour les plus audacieux et un flan coco pour achever la bête ! Après ces agapes et à peine recalés sur l'horaire local, ils viendront grossir les rangs des « hamaqueurs » des Salines ! En fin de compte, ils sont prêts à expérimenter la vraie ambiance locale !

La Table du Diable

Au-delà des Salines, il existe un trésor. L'extrême Sud de la Martinique est sauvage. Le littoral s'arcboute et lutte contre les assauts permanents de l'océan. Celui-ci dessine au gré des vents un rivage découpé, si déchiré qu'il paraît tourmenté. Les lieux dits annoncent le programme : la Savane Des Pétrifications, la Table Du Diable, la Pointe D'Enfer! Ici, plus aucune voiture, pas de complexe hôtelier, pas de restaurant ni de snacks ou de bars. Un sentier de randonnée parcourt le littoral où la nature règne seule.

Bien que mal chaussés, nous décidons de le suivre. Allez comprendre... Une Marine à terre, ça joue les pin-up : sandales et paréo... C'est d'un pratique pour la randonnée ! Au diable la coquetterie ! Nous sommes happés par le paysage entre savane et océan quelle magie! Aujourd'hui, le ciel est sombre et menaçant. Il s'harmonise parfaitement à l'atmosphère que dégage le paysage. Il ajoute une autre dimension, quelque chose d'authentique. Nous ne sommes plus dans la carte postale de rêve : eaux émeraude, horizon scintillant, plage étincelante. Tout dégage une force, un caractère sincère et spontané. Un panorama sans fioriture.

Côté terre, un étrange désert dégage une atmosphère figée. La végétation rejetée vers les bordures du littoral cède sa place à un univers minéral. Ici, une terre dépouillée est jonchée de blocs de jaspe polychrome. Des teintes jaunes, rougeâtres, noires surgissent du gris et de l'ocre ambiant. Parfois l'on décèle la présence de calcédoine. Je rêve de trouver l'ombre de la trace d'une opale... Paraît-il que ce sol en recèle. Mais il faut faire attention où l'on pose les pieds. Par endroits, les Coussins de Belles Mères jonchent le sol. (Nom malicieux donné aux cactus raquettes !) En face de la Savane, les souvenirs nous assaillent. Le sentier nous entraîne sur les traces de la Table Du Diable. Là, nous remontons le temps. Ce rocher est la première terre que nous avons contournée après 21 jours de traversée océanique. Aujourd'hui, nous la contemplons tranquillement en Terrien d'occasion. Au large, comme lors de notre arrivée en 2004, les grains s'acharnent et donnent à l'océan la couleur grisâtre d'une mauvaise humeur caractérisée.

Cap Macré

De plages en falaises, les panoramas subtils et surprenants nous envoûtent. Des Salines au Cap Macré en passant par l'anse Trabaud, tout est à prendre, rien n'est à oublier ! La plupart du temps nous sommes seuls. Plages, sentiers, falaises se succèdent. Parfois, au détour d'un chemin, un moulin désaffecté évoque discrètement les fastes sucriers d'antan. La voûte des nuages se déchire et laisse filtrer le soleil. Aussitôt, les teintes émeraude rivalisent avec la turquoise. Le regard court sur l'horizon comme sur un champ de paillettes dorées. L'océan bouillonne. Les palmes des cocotiers luisent, comme lustrées par les pluies qui viennent de passer. L'alizé souffle fort. Il escarmouche mes lunettes d'embruns. Quelle bouffée d'énergie !

Au bout du voyage, une petite chapelle sans prétention est érigée pour Notre Dame de la Rose des Vents. Elle suscite en nous une émotion vive. Elle est ouverte. A l'intérieur l'alizé diffuse un air frais salvateur. Devant l'hôtel de la Vierge des bougies allumées l'honorent. Surprenant, nous n'avons rencontré personne et pourtant, la flamme est entretenue. Nous sommes impressionnés et heureux de voir un endroit laissé en libre accès à tout un chacun. C'est formidable. Nous aimerions voir plus souvent ce genre d'endroit respecté de la sorte. Pas de barreaux, pas de porte fermée. Tout est ouvert. Que du bonheur !

Ici se termine notre balade sur la côte orientale de l'île. Mes sandales agonisent et nous sommes repus d'images plus merveilleuses les unes que les autres. La rive battue par les flots, au caractère marqué par sa résistance face aux éléments a imprimé pour toujours une image forte dans notre boîte à souvenirs.
Sans aller très loin, on peut découvrir depuis le Marin, le Grand-Sud . Et puis, pour une vision inattendue de cette large gorge qui s'enfonce dans les mangroves, montez en haut du Morne Gommier. Le morne ainsi nommé car il était autrefois recouvert de forêts de gommiers. Cet arbre était utilisé pour la construction de barques qui portaient le même nom que l'arbre.

On y trouve un point de vue extraordinaire. Le regard court sur 360°.

- à l'est, une campagne verdoyante recouvre des mornes dodus.
- au Nord, les communes de Sainte Luce et du Diamant offrent leurs plages échancrées à la mer des Caraïbes.
- à l'ouest la vue vous transportera au-delà de l'horizon, jusqu'aux Pitons de Sainte Lucie.
- au Sud, la baie du Marin et les plages de Sainte Anne.
Joli panorama qui nécessite une sacrée grimpette   qui mène au Point de vue : lianes trompettes ( en créole Lyann Twonpèt), aloès, glycérine, véritable jardin créole qui réunit fleurs, plantes aromatiques et médicinales ainsi que la culture vivrière, arbres à pain, bananiers et cocotiers.


mardi 10 juillet 2012

Le souverain et la comtesse Bruni





Le souverain et la comtesse Bruni


Pour le «Nouvel Observateur», l'ancien prix Goncourt qui publie sa «Chronique du règne de Nicolas Ier» (Grasset), désopilante et informée, narre le dernier épisode de la vie de la cour élyséenne. S'y révèlent une intrigante séduisante, un cardinal Guéant servile et une Majesté cynique




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DR
Patrick Rambaud
                                           


Les choses qui précédèrent et suivirent aussitôt le jour de l’An méritent une sorte de panorama, parce qu’elles servirent de fondement à un chapelet de faits considérables. Sa Majesté devait avant tout effacer la tonitruante visite du Bédouin de Tripoli qui s’était attardé dans Paris, provoquant mille embarras par ses caprices, jusqu’à cette partie de chasse d’un quart d’heure, à Rambouillet, où notre invité ne réussit point à tuer même de très près les faisans malades et le dindon empaillé qu’on lui lança sous le fusil. Selon un principe que nous avons précédemment étudié, un événement éclatant devait recouvrir cet événement pénible, et le ridicule qu’il nous fit subir. Ce fut l’apparition de la comtesse Bruni. Voyons-en les circonstances.


Notre Lumineux Souverain s’était vite réparé de son divorce, même si l’Impératrice se répandait en affreusetés sur son compte, puisqu’elle le peignait en radin, volage, père au cœur sec et sans vraie noblesse. Nicolas Ier n’en avait cure, lorsqu’il rencontra la comtesse chez un vieux publiciste qui ne servait plus guère, sinon à organiser des soupers et les menus plaisirs des puissants qui entretenaient son aisance. La comtesse était naturellement intrigante et avait besoin de se pousser toujours plus avant, aussi voyait-elle le plus de monde qu’elle pouvait. Elle avait beaucoup d’esprit, plaisante, complaisante, toute à tous et amusante. Son esprit était tourné au romanesque et à la galanterie, tant pour elle que pour autrui. Quand Notre Frétillant Leader la vit, elle lui plut fort par ses facilités et son filet de voix rauque, car elle s’accompagnait à la viole pour murmurer des couplets frondeurs:


Je m’imagine qu’il prendra
Quelques nouvelles amantes
Mais qu’il fasse ce qu’il voudra
Je suis la plus galante…

 
Après avoir feint de résister, la comtesse se laissa emmener au parc de Versailles en secret, puis au parc de M. Disney en public, que dis-je, en foule, avec un grand concours de gazettes mondaines et populaires. Sa Majesté lui offrit une bague identique à celle que portait l’ancienne Impératrice, le modèle Cupidon de chez Dior, et la convia tout exprès dans ses déplacements officiels qui se prolongeaient en courts voyages de noces, car on parla bientôt de mariage, surtout la mère de la comtesse, très présente, qui imaginait sa fille sur le trône. Cette mère était une femme habile, avec un œil de maquignon comme les éleveurs du Piémont qui vont à la foire; elle avait une grosse ambition et une fortune à consolider. Cette alliance du monarque et de la comtesse passionna et intrigua. M. de La Bruyère donna ses raisons: «A juger de cette femme par sa beauté, sa jeunesse, sa fierté et ses dédains, il n’y a personne qui doute que ce soit un héros qui doive un jour la charmer. Son choix est fait: c’est un petit monstre qui manque d’esprit.» Cette fine observation du moraliste ne réussit point à convaincre l’entourage de Sa Majesté.


Les plus politiques, les yeux fixés à terre, et reclus en des coins, méditaient profondément aux suites d’un événement si peu attendu, et bien davantage sur eux-mêmes. Les courtisanes en grâce et en place redoutaient l’intruse, qui allait diminuer pour elle les faveurs de Notre Glorieux Leader, et même, sans doute, les écarter. Il y eut un souffle de panique au Château. Des malveillants prétendaient savoir bien le passé de la comtesse et enfilaient des anecdotes pour éclairer:


«Mademoiselle Bruni, disait l’un, n’avait que 4 ans quand on vit bien que ce serait une beauté extraordinaire…
– Cela se conçoit,
disait un autre,
mais on ne nous apprend rien.
– Justement si,
reprenait le premier,
tous la considéraient, sauf son beau-père.
– Il lui avait donné son nom et ne se souciait point d’elle?

Jamais, voilà pourquoi elle devint modèle, pour qu’on l’admire.
– Cela semble anodin.
– Eh non! L’âge des amours venu, elle se mit à collectionner les hommes comme d’autres des poupées ou des timbres; à chaque fois, elle s’empressait de les jeter au-dehors, à demi cassés, pour leur faire payer l’absence paternelle.
- Une vengeance?

- Vous verrez: c’est le Diable! Elle va ficeler Notre Précieux Leader, sans doute avec un enfant, vous verrez, avant de l’écraser aux yeux du monde comme les rock stars, les comédiens, les ministres, les intellectuels, tous les brillants qu’elle a consommés…»


Sa Majesté vivait sur son cumulus, et les médisances ne lui parvenaient point aux oreilles, ni les mines défaites de ses anciennes favorites que soudain on vit moins paraître au-devant de la scène. Au contraire, le Prince devenait farce à tous propos et débitait à ses conseillers des histoires pour lui désopilantes. Un jour, il poussa la porte du cardinal de Guéant, interrompit son travail:


«Et celle de Buffalo Bill, tu la connais ?
– Non, Sire.»


Son éminence mentait, mais il lui fallut supporter pour la douzième fois cette galéjade qui faisait tomber de rire Notre Pétulant Monarque:


«C’est un type qui dit de lancer six pièces en l’air, et avec son colt il les transperce toutes avant qu’elles retombent. On lui demande son nom, il dit: Bill… Buffalo Bill. Alors y en a un autre qui dit qu’il peut remplir six verres en même temps en pissant dedans. On lui apporte les verres, il ouvre sa braguette: il a six queues. On lui demande son nom, il dit: Bill… Tcherno Bill!
– Ah ah, Sire!»
, fit le cardinal.


Sa Majesté se tordit de rire sur le canapé Louis XV du bureau. Ses proches s’inquiétaient du temps qu’il passait à raconter des histoires de fesses ou des blagues bécassonnes, parce que, dès qu’il reprenait son rôle officiel, il faisait moins rire, Notre Sublissime Souverain. Toujours avide de rompre avec l’ancien régime, il en suivait cependant les coutumes, et lors qu’on s’attendait à des vœux de bonne année différents, il n’en fut rien; même si le temps du discours avait été heureusement raccourci, le texte ne s’élevait jamais au-dessus de la généralité et des formules d’usage. Le parler de Sa Majesté parut mécanique, on crut qu’il contemplait le vide quand il suivait des yeux les lignes écrites qu’on lui présentait, ce qui enlevait du naturel et de la chaleur au ton.


L’année commençait sous le signe de la brutalité, car on voulait réformer les mœurs par la contrainte, et les lois se durcissaient. On poussait les parents à punir leurs enfants, et les fumeurs à s’adonner dehors à leur funeste passion, et on les voyait par grappes au pied des immeubles ou emmitouflés aux terrasses des cafés; cela étonna fort lorsqu’on vit que Sa Majesté, dans une gazette qui faisait chaque semaine sa publicité, allumait un cigare voluptueux dans son bureau doré du Château. Ailleurs, la police intervenait dès qu’un vertueux dénonçait ses voisins, car la délation était désormais encouragée.





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Pour demeurer présent et apporter une réponse sur tous les sujets, Notre Sémillant Leader convoqua plusieurs centaines de gazetiers à un jeu de dupes; Nicolas Ier renouait avec une invention maligne de ce Charles Ier qui fonda la Ve dynastie: cela consistait à sélectionner des poseurs de questions, et malheur à l’impertinent puisqu’il ne pouvait pas répliquer et devait s’asseoir, rougissant, pour subir en silence les quolibets impériaux; Sa Majesté en profitait pour éluder les vraies réponses et recourait ouvertement au mensonge. Aurait-il traité le Premier ministre de collaborateur? Non point, jurait-il, mettant au défi quiconque d’en donner la preuve, preuve qui existait dans une gazette du Sud-Ouest. C’est ainsi que le prévôt Joffrin fut souffleté en public à cause de sa comparaison entre les monarchies électives et l’actuelle pratique personnelle du pouvoir. «Bravo! persifla Notre Savant Leader, c’est le roi Chirac qui m’a placé sur le trône? Parce que les monarchies, hein, ça s’hérite.» C’était faux, Bernadotte, roi de Suède, en attestait, et d’autres en Pologne, mais chacun de s’esclaffer lâchement pour plaire.


En vérité, Notre Prince ne parlait plus de sa fonction, mais de son boulot, comme s’il menait le pays à la façon d’une boutique. Il n’aimait désormais plus que l’argent, et des observateurs à l’œil en trou de serrure soulignaient qu’il voulait partout vendre du nucléaire, comme s’il se ménageait un autre métier quand il devrait quitter les sommets de l’Etat, et il emportait en effet des contrats de la sorte en Libye, en Algérie, au Maroc, à Abou Dhabi, aux Emirats du Golfe, en Egypte demain, et demain en Arabie Saoudite. Plus tard, les affaires sauraient le couvrir d’or.


Peu avant sa disparition, le roi Mitterrand avait dit: «Je suis le dernier. Après moi, il n’y aura que des comptables.» La prophétie s’accomplissait. Les chiffres avaient vaincu les mots, et les ministres allaient être notés. La Culture n’y échappait point: un cabinet de consultants en stratégie, Marx Brothers & Co, devait recenser le nombre des entrées gratuites dans les musées, la part de marché des films, le nombre d’heures de programmes culturels à la télévision, l’audience, le volume dépensé pour le patrimoine. Le nombre! La quantité! Il devenait indécent d’évoquer la qualité.


Le vent se mit alors à tourner. Par impatience, puisqu’ils ne voyaient point d’amélioration dans leurs vies, ceux qui avaient poussé Notre Divine Majesté tout en haut lui retiraient peu à peu leur confiance, et l’Impétueux Souverain en parut moins apprécié. Quelle nouvelle singerie nous préparait-il? Des trublions osaient maintenant affirmer que les projets du Prince étaient plus pour lui que pour son peuple, et qu’il ne changeait rien à la maigreur des porte-monnaie.


Source: dossier «Pourquoi ils deviennent sarkophobes», «Le Nouvel Observateur» du 24 janvier 2008.



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Pourquoi les pulls marins sont-ils à rayures ?

Tout d'abord, on ne dit pas un pull marin mais un chandail marin.

Le chandail marin trouverait ses origines en Bretagne.
C'est la contraction de marchand d'ail, nom dont les navigateurs qui se rendaient en Angleterre pour y vendre leur production d'ail et d'oignons se faisaient affubler au XVIIIème siècle.
Dans les années 70, ce vêtement est vite adopté par les officiers de surface avant de devenir la tenue de travail des marins.
L'acte de naissance de la marinière se trouve dans le décret du 27 mars 1858 qui introduisit dans la liste officielle des tenues de matelot de la marine de tricot rayé bleu et blanc.
Les marins avaient coutume de dire que la rayure permettait de mieux repérer l'homme tombé à la mer.



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