Etrangement, la pièce de Jean Racine se nomme Britannicus , alors que c’est Agrippine qui en est le cœur. A la suite de Suétone et Tacite, les historiens, jusqu’à récemment, l’avaient toujours peinte en monstre sanguinaire, digne mère du tyran Néron. Mais, parvenant à se maintenir au pouvoir, à travers ce fils qu’elle fit reconnaître comme son successeur par son époux mourant, Agrippine fut, semble-t-il, une plutôt bonne administratrice de son empire. Employer l’intrigue, les menaces, le bannissement, le fer ou le poison, était, en ce temps-là, le minimum syndical chez les Césars. Et, aujourd’hui encore, quitter le pouvoir quand on y a goûté, demeure impensable pour nos modernes empereurs qui n’ont plus besoin de les faire mourir pour tuer ceux qui les gênent. En 1669, comme en 2016, c’est bien de la passion du pouvoir, dissimulée sous le mot galvaudé de politique, que nous parle cette pièce, cruelle, sombre et dont les vers magnifiques hantent nos mémoires. Cela m'a don...