mercredi 11 novembre 2020

MADÈRE

 Carnet de route








Certains l’ont dépassée dans la nuit, d’autres l’ont en ligne de mire: Madère surnommée l’île aux fleurs. Pas le temps de s’y arrêter mais je vous partage quelques jolies photos... Bon vent! 




Nous y avons fait escale 3 fois avec EOLISIII




Description: 

Madère, région autonome du Portugal, est un archipel de 4 îles au large de la côte nord-ouest de l'Afrique. Elle est connue pour son vin et son climat subtropical chaud. L'île principale de Madère est volcanique, verte et accidentée, avec de hautes falaises, des plages de galets et des villages sur les deltas du fleuve Fajã. La capitale, Funchal, possède des jardins botaniques. Elle est connue pour son port et son grand spectacle pyrotechnique du Nouvel An.



L’histoire:





Sa virginité et sa beauté, elle les doit à sa découverte tardive. Aussi incroyable que cela nous paraisse aujourd’hui, l’acte de naissance de Madère ne date que du XVe siècle. Une île couverte d’une forêt si épaisse, si dense, qu’il a fallu plusieurs années d’incendies à répétition pour permettre enfin aux hommes de s’y installer durablement. Puis Zarco est arrivé. L’explorateur portugais aborde l’île de Porto Santo en 1419 pour finalement jeter l’ancre au large de l’île principale, Madère, en 1420, et en entamer la colonisation 5 ans plus tard.



Aujourd’hui, la richesse de l’île de Madère, c’est Dame Nature. Inconcevable de quitter l’île sans avoir usé ses semelles sur les dizaines de chemins de randonnée qui longent les côtes, s’attaquent aux plus hauts sommets ou suivent les levadas, ces canaux d’irrigation caractéristiques de l’île. 

Les amateurs de nature qui bouderaient l’effort physique s’offriront un bon bol d’air dans les luxuriants jardins. Si vous avez plutôt le pied marin, cap à l’ouest pour titiller les vagues des meilleurs spots de surf de l’île. On peut aussi barboter dans les piscines naturelles.

Des fonds marins aux sommets volcaniques, à Madère la nature occupe tout l’espace et le voyageur n’a plus qu’à se glisser dans le décor. 



Un dernier conseil : grimpez dans un des nombreux téléphériques pour prendre de la hauteur et vous offrir un souvenir grand angle de ce jardin posé au cœur de l’océan.


etoile-de-lune.net

Nathalie et Dominique Catana


Bem-vindo a Ilha Dourada
Bienvenue à l’île Dorée

PORTO SANTO, une tranquillité volcanique…

Nous avons navigué sans escale de France vers Porto Santo, la petite sœur de Madère, l’île promise de l’Atlantique Nord. Porto Santo se présente à nous, tel un amas friable de rejets volcaniques fait île. Venant du large, nous contournons l’Ilhéu de Cima, qui porte un phare imposant. Surgie du fond des océans, il y a 35 millions d’années, Porto Santo offre un paysage singulier. A l’approche du petit port de Abrigo, quelques rafales bien comptées nous cueillent encore. Puis, tout se calme du moins en cette période estivale, car dès l’automne les conditions météos peuvent se montrer beaucoup moins clémentes.
Porto Santo… Tout comme les découvreurs portugais, nous trouvons sous le vent de cette île un abri qui nous permettra de nous reposer d’une traversée musclée. En effet, Zarco la découvrit après avoir essuyé une tempête sur le même parcours que nous. Ainsi, il la nomma Port Saint… Bénie soit cette île !

Faux départ…

Nous avions l’intention de loger à l’ancre dans l’enceinte de la marina. C’était la méthode recommandée par l’Imray, le guide de navigation édité par Loisir Nautique (voir à la fin de l’article les petites précisions pour les futurs marins en escale). Donc, confiants, nous nous faufilons entre les deux balises qui marquent l’entrée du port. Nous pensons avoir de la chance, car il n’y a personne au mouillage. Nous plongeons l’ancre et… était-ce la fatigue de la navigation ? Nous n’apercevons le cadre qu’à ce moment là ! Nous sommes bien abrité, certes, derrière le môle, mais nous avons pour voisins, trois usines particulièrement bruyantes. L’une d’elle fait fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre d’énormes générateurs qui alimentent l’île en électricité. Nous prenons à plein poumon les gaz d’échappement de ladite usine. Aussitôt remarquée, notre position ne nous plaît guerre, et nous préférons ressortir du port pour loger face à l’une des plus grandes plages de sable fin que j’ai vue jusqu’ici : 7 ou 9 kilomètres (selon les sources).

Une plage dorée… « Dourada »

Paradoxalement, nous sommes mieux abrités des rafales à l’extérieur du port qu’à l’intérieur ! Le môle ouest forme un véritable bouclier contre l’effet Venturi ! Il casse les bourrasques qui dévalent de la montagne, et le clapot bien présent à l’intérieur de la marina, n’a pas le temps de se reformer derrière la digue. En revanche, nous profitons des avantages de notre dériveur intégral, pour nous approcher de la plage (dans les limites de l’évitage bien entendu) cela nous permet de ne pas trop ressentir l’effet de la houle qui se lève parfois au moment de la bascule des marées ! Ce mouillage est vraiment d’excellente tenue, avec 30 mètres de chaîne et notre nouvelle brake de 24 kilos, nous pourrons tenir le siège des caprices du vent pendant un mois !

Pendant notre séjour, des travaux de dragage étaient en cours, chassant les petits pêcheurs de leur lieu de mouillage habituel. Ainsi, les barques et des nasses de poissons sont restés ancrées derrière la digue. Les pêcheurs nous ont laissé au mouillage sans rien nous dire.

De plus, quel plaisir que de loger le long de cette longue plage de sable doré ! Ilha Dourada, c’est le deuxième nom de cette île. Cette plage est resplendissante, et les eaux qui la prolongent sont d’une limpidité exceptionnelle. Les flots brillent des mille joyaux qu’ils réinventent chaque jour. Avec le jeu des lumières, tour à tour nous voyons briller l’émeraude, qui cède sa place au turquoise, puis vient l’aigue-marine qui se mariera avec le lapis-lazuli. L’Etoile de Lune trace une ombre sur le sable sous elle et l’eau est si claire que le bateau semble voler.

Par temps clair, au mouillage notre quotidien se mêle au panorama que nous offre notre position dans le golfe. Aux confins de l’île, un détroit entre un îlot désertique et Porto Santo offre une vue des plus hauts sommets de Madère. Parfois le coucher de soleil est si somptueux qu’il devient LE spectacle qui occupera toute la soirée. Une écharpe nuageuse entoure les pentes de Madère. La montagne se pare d’un camaïeu de mauves et d’un geste d’une suprême noblesse, elle dévoile ses cimes. Le Pico Ruivo et le Pico Arieiro se détachent d’un ciel incandescent. J’imagine, le cadeau que doit représenter un tel moment, pour ceux qui se trouvent là-haut. Ils voient en cet instant, le soleil se coucher sur une immensité molletonneuse de nuages éclairés les teintes du couchant. Puis, comme s’il disparaissait à jamais, le soleil se noie dans les profondeurs de l’Océan. Spectacle fugace et donc magique !

Porto Santo transformée en escale technique pour l’Etoile de Lune

Les responsables de la marina effectuent un réel travail de rabattage des plaisanciers. Tout prétexte est bon pour vous faire prendre une place à la marina. Nous avions un problème d’anode. Nous nous rendons donc au bureau d’accueil l’Assistência Nautica, afin de savoir s’ils vendaient des anodes. Avant de nous répondre, il a fallu prendre une place de port, ils verraient ensuite s’ils pouvaient nous aider… En fait, ils n’ont absolument aucune pièce de rechange. Ils disposent par contre d’un travel lift pouvant lever 35 tonnes. Nous l’avons testé, justement pour notre problème d’anode. Par contre, vous devez impérativement prévoir vous-mêmes vos pièces de rechange et votre outillage.

Visite guidée

A l’occasion de la sortie d’EDL, nous avons eu droit, par le chef de chantier qui parle un français très correct, à une visite guidée des nouvelles installations. Ils ont tout construit à trois (les trois seuls gars qui travaillent à la marina !). Les bâtiments sont là. La place de chaque atelier est prévue, ils attendent les machines et les outils pour effectuer les réparations et les clients pour travailler. C’est un cercle vicieux. Comme les plaisanciers sont trop rares à passer à Porto Santo, ils ne peuvent prévoir une quantité suffisante de matériel. Et comme rien n’est prévu sur place, les plaisanciers ne s’y arrêtent pas, préférant Madère.

En plus de cette virée didactique, nous avons reçu une aide gracieuse afin de réaliser la réparation qui s’imposait. C’est-à-dire que le chef de chantier, nous a aidé à remettre l’hélice en place, car il fallait trente six mains d’après le capitaine. Il nous a fourni un peu de graisse et un produit génial pour maintenir les boulons en place une fois vissés. Cette fois, les vis ne nous feront plus faux bond…

Commodités à proximité

La petite ville, mais néanmoins « capitale » de Porto Santo se trouve à deux petits kilomètres de la marina. Du mouillage, il est possible de déposer l’annexe sur la plage. C’est un moment apprécié ( !) par tout l’équipage. Car si le mouillage est peu rouleur, les rouleaux se concentrent tous sur la plage et donnent lieu à des scènes que l’on trouve cocasses à regarder lorsque l’on voit un équipage nouveau s’évertuer à partir habillé et tout propre de son bord, pour arriver complètement trempé sur la plage ! Par contre, bizarrement, l’exercice cesse de nous amuser quand c’est à notre tour…

La petite ville de Porto Santo est agréable. C’est là que se concentre quasi toute la verdure de l’île. Des maisons neuves sont entourées de jolis jardins souvent très soignés. Les trottoirs et les rues sont propres. Elle dispose d’un « complexe » municipal extrêmement moderne, voire un peu ostentatoire pour une île de ce calibre. Les ruelles piétonnes sont agréables, une ambiance tranquille règne partout.

C’est là que nous communiquons par Internet avec nos familles et amis. C’est toujours un moment émouvant que d’envoyer ou de recevoir des photos, de raconter nos péripéties. Il y a deux petits super marchés et je suis étonnée de constater à quel point la vie est peu chère, pour une île. J’ai le souvenir des Caraïbes où tout est hors de prix parce que tout est importé. Ici, c’est pareil, l’île ne produit absolument rien. Et pourtant, c’est une vie économe, pour les denrées alimentaires au magasin, mais aussi au restaurant et les boissons en terrasse au bar.

LOBO MARINHO

La vie locale est rythmée par les allers et venues d’un Lobo Marinho, le ferry de la compagnie Porto Santo Line qui assure la liaison entre Funchal et sa petite sœur. Le matin, vers dix heures moins dix, on voit tout le monde s’affairer en ville. Les taxis, les bus et deux carrioles tirées par un cheval se hâtent de parcourir la petite ligne droite qui sépare le bourg du port. Ils attendent la fournée du jour. Le soir c’est le manège inverse.

L’intérêt de Porto Santo

Outre la beauté incontestable de ses eaux et de sa plage, la petite ville de Porto Santo offre une attraction touristique dont elle use et abuse parfois… En effet, les responsables du développement touristique de l’île semblent très fiers de leur « Casa de Colombo ». Elle est précisément nommée la Casa Museu de Cristovao Colombo. Le navigateur est venu dans l’île en 1478. A l’époque, il travaillait pour le compte d’un négociant génois. Il épousa Filipa Moniz Perestrelo fille du pays, dont il eut un fils : Diego. Après la mort de sa femme, il se rendit à Lisbonne pour présenter son projet d’exploration de la route des Indes. La suite, je pense que nous aurons l’occasion d’y revenir, car il me semble que notre route perpétue ce que l’on découvrit jadis…

Une sécurité sereine

Nous apprécions l’atmosphère de totale sécurité qui règne sur l’île. Le bateau peut rester ouvert, seul à l’ancre, rien n’aura disparu.
Pour parler de l’accueil réserver aux étrangers. A vrai dire, au bout de plus d’un mois de fréquentation nous n’avons aucune opinion sur la question. Les portugais semblent avoir l’habitude d’accueillir des étrangers ne parlant pas leur langue. Mais, ils n’essayent pas non plus de se faire comprendre, même dans un rudiment d’anglais. J’ai bien essayé d’apprendre un embryon d’expressions de politesses, histoire de dire « bonjour », « merci » et « au revoir » dans la langue insulaire, le tout mixé à une gestuelle et des mimiques plus ou moins compréhensibles lorsque le besoin s’en faisait sentir. Nous n’avons pas poussé plus loin le débat. Eux non plus ! A vrai dire, mis à part Nelson, et le chef de chantier de la marina, qui parlaient français, nous n’avons pas eu l’impression que les îliens s’intéressent un temps soit peu aux étrangers. Tout au plus, pouvons nous dire qu’ils semblent à cheval sur certaines procédures, dès que celles-ci sont respectées l’indifférence la plus totale les anime.

Une vie de chien…

Une chose étonnante, toutefois, c’est leur comportement vis-à-vis du chien. C’est un mélange de fascination, de stupéfaction, de crainte ou de parfaite intolérance. Les uns voudront la caresser à tout prix comme s’ils n’avaient jamais vu de chien, du moins de berger allemand. Les autres feront un détour pour l’éviter. On a surpris des yeux noirs nous regardant, mais pas d’attitude agressive… Il existe peut-être des réglementations que nous ne connaissons pas. Pourtant, nous ne laissons jamais de trace du passage de lune derrière nous, laissant place nette où qu’on aille…

Nous avons rencontré dans les rues des petits bâtards très sympas. Ils vivent leur vie, sont en général propres et semblent relativement nourris. Bref, il règne un climat que j’ai bien du mal à définir. Nelson, le gars de la marina, me dira que les insulaires de Madère ou de Porto Santo conçoivent le chien comme un gardien, qui reste attaché à la niche, et non comme un animal de compagnie qui se balade avec son maître… Chacun son truc, nous ne sommes que de passage…

Une jolie balade

Il n’y a pas grand-chose à faire à Porto Santo. Les hyperactifs doivent y mourir d’ennui. Le tour de l’île se fait en scooter en une journée, en voiture, une demi journée suffit, à vélo… ça dépend des mollets ! La location d’un véhicule vaut-elle la peine ? Cela dépend des goûts… Pour le moment, (été 2004) Porto Santo subit de profonds bouleversements. Ainsi, de nombreuses routes sont coupées pour accueillir des travaux qui préfigurent les développements touristiques à venir. Ceux-ci entièrement sponsorisés par la communauté européenne…

Nous avons préféré la marche à pied. On va moins loin, mais l’on choisit mieux ses randonnées.

L’une des plus belles balades de l’île est celle qui contourne la pointe Est de l’île : Ponta da Galé, et qui monte au Pico de Baixo qui culmine à… 189 mètres ! Il faut gravir le morne derrière la marina, c’est un peu pentu, mais bien chaussé, c’est possible.

Là haut, une vue panoramique sur la plage s’ouvre à vous. Ils nomment ça un « miradouro ». J’aime bien ce mot. J’y entends à la fois le mot mirador, mais aussi admirer et panorama. Tout un programme pour un seul mot! L’aplomb est si important qu’on a l’impression de faire des photos vues d’avion ! D’ici, la beauté et la limpidité des eaux se confirment. La plage blonde baigne dans une eau translucide qui décline les émeraudes avec les aigues-marines. Un écrin merveilleux pour notre Etoile qui se balance gracieusement. Notre regard porte vers Baixo Ou Da Cal, îlot désertique séparé de Porto Santo par un mince détroit où les franges d’écume soulignent la limite entre les eaux d’un bleu outremer et celles plus étincelantes qui témoignent de fonds peu profonds. Au-delà des confins de l’île, nous apercevons Madère, et sa montagne imposante qui attire les nuages pour les emprisonner dans sa végétation.

Quant au morne sur lequel nous sommes, il offre à quelques vaches le souvenir d’une herbe qu’elles mâchouillent longuement. On se demande où elles puisent leur subsistance, car l’endroit est particulièrement désertique. Sur les hauteurs environnantes, nous devinons les réminiscences de cultures en terrasses. Nous nous posons la question. Cette île fut-elle toujours aussi aride et l’homme s’est hasardé à contrecarrer la nature en tentant de l’exploiter. Ou, était-elle boisée et l’homme l’a-t-il désertifiée en instaurant l’agriculture sur ces terres ? La question nous taraude tandis que nous observons le Pico da Gandaia, seule colline de l’île qui soit entièrement boisée. Il faut dire qu’étant la plus élevée (484m), elle accroche tous les nuages pour y puiser l’humidité nécessaire à sa survie.

Avant de quitter notre « miradouro » nous allons faire une petite visite des trois moulins très minutieusement reconstitués vers la pointe de Portela. Puis, via une zone résidentielle, nous contournons la pointe par l’intérieur du morne Est. Chaque maison est construite avec soin. Plusieurs d’entre elles sentent encore le neuf. Mais leur fierté semble être leur jardin. Car chacune d’elle défend farouchement son carré de verdure au milieu du désert. Des fleurs, des arbustes d’ornements font de ces masures des petits paradis au milieu de nulle part.

Le hameau pourrait afficher la tranquillité la plus parfaite, s’il n’avait la malchance de voir pousser au-dessus de sa tête une carrière qui triture la montagne. A grand fracas, des pelleteuses infligent des meurtrissures indélébiles au paysage. Nous passons notre chemin. Une route nous mène tout droit vers le côté au vent de l’île. Au bout d’une longue ligne droite, une plage déserte et une maison en ruine se réservent une vue imprenable sur l’océan calme.

Il est incroyablement calme ! L’Océan !…Après qu’il se soit déchaîné sur nous pendant notre traversée, cette placidité nous paraît presque suspecte. Pourtant, partout autour de nous, les traces du combat que se livrent la roche et l’Atlantique sont présentes. Les falaises splendides et dignes offrent leurs flancs lacérés à la houle. Elles tombent à-pic dans l’eau translucide où des perles d’émeraude s’éparpillent sur l’outremer. Côte fascinante où la diversité géologique se joue des éclats des teintes sous un soleil radieux. La roche en majorité sombre car volcanique s’illumine par pans entiers où des concrétions de sable dessinent des formes fantasmagoriques.

La roche résume son histoire : ici, des éclats de lave ont été catapultés dans une strate de sable à mi-hauteur de la déclivité. Nous devinons que le sommet qui représente des orgues couleur ciment a jailli d’une première activité volcanique, puis celui-ci s’est calmé. Les eaux plus hautes ont apporté le sable et fabriqué de merveilleuses plages tout autour des collines toutes neuves. Mais le volcan, ne s’est pas arrêté là. Il a continué sa formidable poussée, entraînant vers le ciel les plages et les sommets. De formidables orgues basaltiques sont nées de ce deuxième feuilleton. Le sable a été pris en sandwich entre les deux impulsions volcaniques, puis les eaux ont baissé, pour laisser la place au spectacle actuel. Un paysage fascinant, sauvage et dangereux ! Nous sommes dans un royaume ou instabilité et friabilité se partagent les lauriers. La roche noire presque menaçante surplombe les strates de sable insaisissables et étincelantes, puis elles cèdent le terrain aux teintes vertes laissant supposer la présence de minerais, ensuite, c’est au tour de la bauxite de marier ses rouges à la couleur anthracite dominante. En contre bas, au bord de l’eau qui rivalise au jeu des nuances, une plage miel cendré se faufile au creux de la falaise. Elle est déserte, là, l’écume cristalline pourlèche le sable lourd marquant une trêve entre l’Océan et la Terre.

Mais je me laisse emporter par le lyrisme. Car la beauté s’exprime ici de manière bien lunatique, au gré des couleurs du ciel.

Petites précisions complémentaires pour les futurs marins en escale à Porto Santo

Position : 33°03N 16°18W
Période où nous étions à PORTO SANTO: Juillet et Août 2004

Météo

Vents :
La plupart du temps, le vent de NE (alizés portugais) souffle sur Porto Santo, donc le mouillage derrière la digue de la marina est bien protégé de la mer du vent. Par contre lorsque le vent dominant est bien établi de violentes rafales (effet Venturi) de NE balayent la partie sous le vent. Pendant un mois, nous avons connu ce régime. Début août, le vent a tourné au secteur Sud, puis Ouest et là, le mouillage devient inconfortable.
Il est donc important de mouiller de manière à prévoir un tel retournement. Sans oublier la variation de marée qui est de plus de deux mètres. Quelques bateaux mouillés soit trop près de la digue, soit trop près de la plage, (voire les deux) ont subi le désagrément simultané d’un vent d’ouest fraîchissant creusant la houle pendant que la marée baissait… Aïe !!! Pas bon !

Temps :
Nous avons tout connu : pluie, soleil, brouillard. Les températures étaient comprises entre 20 et 27 degrés la journée. La mer est d’environ 23 degrés. Certaines journées sont d’une visibilité « tempête de Sahara »… l’air est chargé de sable rouge et l’atmosphère est glauque. Tout prend la couleur d’un sable rouge. Ce n’est pas le moment d’étendre le linge !

Quelques corrections par rapport à l’Imray « Iles de l’Atlantique » par A. Hammick

Argent :

L’Escudo a cédé sa place à l’Euro.

Formalités :

Même si l’on vient d’un pays européen, il faut faire les formalités d’entrée à Porto Santo. Pour les formalités de sortie, tout cela semble beaucoup plus aléatoire. Nous avions omis de nous présenter à l’entrée, et un douanier est venu en annexe à notre bord pour les faire. C’est gratuit. Seule Lune n’a pas apprécié cette visite, sinon, l’échange est cordial.

Assistência Nautica 33° 16°

Porte bien mal son nom. Ils sont très gentils, mais d’une assistance peu convaincante. N’espérez pas trouver de pièces de rechanges pour votre bateau, même pas la plus petite vis. Par contre il semblerait qu’ils aient de l’anti-fouling pour le carénage. Le travel lift existe et peut lever jusqu’à 35 tonnes, mais gare à la largeur maximale ! Notre Etoile de Lune fait 4m18 et avec les pare battage il ne restait que quelques centimètres entre les murs de béton de la darse et la coque.

Corps-morts :
Attention, les corps-morts de la marina ne sont absolument pas entretenus ! On peut mouiller à l’ancre entre les digues. Mais attention, contrairement à ce qu’il est dit, le ferry quotidien fait demi tour à l’intérieur du port. Il faut donc lui laisser de la place. Il faut aussi laisser la place à un éventuel cargo qui viendrait charger du ciment, à l’usine côté sud du port.

Courrier :
N’espérez pas vous faire envoyer colis et lettres à l’assistência nautica, comme c’est mentionné dans le guide nautique. Ils refusent catégoriquement de prendre en charge votre courrier pour des questions d’assurance et de réexpédition. Par contre, vous trouverez un accueil plus cordial à la poste, et vous pourrez vous faire envoyer le courrier en Posta Restante 9400-999 PORTO SANTO MADEIRA Portugal.

Demande d’autorisation pour les îles Salvagens et desertas :
Assistência nautica s’en chargera À CONDITION que vous soyez client de la marina. Ils vous feront payer l’envoi ET la réception du fax au jardin botanique de Funchal, où se fait la demande (gratuite). Petite précision, ne faites pas la demande le dernier jour de votre séjour à la marina, car ils considèreront que vous n’êtes plus client, et ne vous rendrons plus ce service…
Autorisation valable pour 48 heures à des dates dûment précisée.

Tarifs en 2004:
Place à la marina (au quai) 24 euros la journée
Place à la marina (mouillage) 13 euros la journée
Si vous désirez laisser l’annexe à la marina, plutôt que de vous mouiller le short en débarquant sur la plage, il vous en coûtera 10 euros la journée.
Travel lift : pour un 43 pied 436 euros (levage et remise à l’eau)
Lessive : 33 euros (!) pour 10 kilos de linge (lavé, séché, plié, prix d’ami exclusivement pour les clients de la marina)


Sous le vent d’un paradis perdu

Tous les articles que nous avions lus sur Madère étaient si élogieux que nous n’envisagions même pas de zapper cette île. Ô sacrilège que c’eût été… De nos lectures, nous avions imprimé dans nos esprits idéalistes l’image d’un paradis verdoyant, où l’homme vivait en symbiose totale avec son île. Bref, l’un des derniers endroits préservés de cette Terre…

Séparation et prison

La découverte de Madère, commence par une séparation. En effet, nous laissons l’Etoile de Lune dans le petit Port de Porto Santo. Nous n’avons pas hésité longtemps après lecture des divers guides nautiques concernant Madère. Les possibilités de mouillages nous semblaient fastidieuses. Donc, nous empruntons la Porto Santo Line pour nous rendre à Madère. Le Lobo Marhino est un bateau confortable, du moins pour nous, car la pauvre Lune est en prison. Elle doit voyager dans la soute, dans une cage à peine assez grande pour elle… Bourreaux que nous sommes ! Pourtant, avec un tapis sous les fesses et quelques friandises, elle profitera de ces deux heures et demi de traversée pour se faire une petite méridienne dont elle a le secret.

Découverte du littoral

Nous abordons en début de soirée, la pointe Est de l’île, Ponta de Sao Lourenço. Elle porte le nom du bateau de Zarco, qui découvrit l’île en 1419, pour le compte des Portugais. Dans un écrin de nuages sombres, des falaises hautes et abruptes dominent une houle hargneuse et arrogante. La mer bouillonne attisée par un vent qui ne décolère pas depuis dix jours. A certains endroits, le littoral ténébreux, se déchire et forme des passerelles dont les arcades enjambent les vagues qui viennent se heurter violemment aux bases de l’édifice.

Déjà, nous apercevons les éoliennes qui tournent à plein régime. Je suis heureuse de voir que l’homme peut vivre en intelligence avec ce que lui fournit la nature. Je m’extasie un moment, prête à philosopher sur le mariage d’amour entre l’homme et la nature. Je me dis : « ha, c’est vraiment ce que j’imaginais ! »

« N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et me suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers» (P. Corneille)

Mais Lobo Marinho va vite et déjà nous passons devant Machico. Il y a déconnection entre mes yeux et ce que j’imaginais. Un bug ! Le rêve s’étiole. Madère paraissait une forteresse inexpugnable dressée face aux éléments. Ses hautes falaises semblaient imprenables, inaccessibles ! Mais, ce que l’océan acharné n’a pu détruire, l’homme l’a fait. Verdict sévère, je l’admets, mais sans appel ! Rien n’a arrêté la folie immobilière. Dans chaque faille de la paroi la gangrène du béton se propage. Chaque brèche, chaque ouverture de l’île est exploitée. Quel gâchis ! Les embouchures des cours d’eau sont colonisées par des immeubles disparates. L’efficacité a pris le pas sur l’harmonie ou le bon sens. Les villes se succèdent tout au long du littoral et couvre l’île d’infamie.

J’imagine la stupeur de Christophe Colomb, ou de Zarco s’ils revenaient aujourd’hui… Que cette île devait être belle alors ! Il découvrait, au milieu de l’Océan, une montagne, surgie des volcans sous-marins. Sa terre si fertile a vu naître spontanément une nature exubérante. Lorsque Zarco l’a découverte, il la nomma « l’île du bois » (Madeira en portugais), car la forêt qui la recouvrait recensait une profusion inouïe d’arbres inconnus en Europe. Il ne se doutait pas qu’il foulait là le royaume d’une des dernières forêts lauriphyles de cette planète. Le vestige de ce qui existait en Europe avant l’époque glacière.

L’homme fut la malchance de cette nature, car très vite les colonisateurs eurent envie de rentabiliser l’île. A l’époque, la protection d’un patrimoine naturel n’avait pas les significations écologiques qu’elles revêtent aujourd’hui. Ainsi, une politique de déboisement a été mise en place pour favoriser la culture en terrasse. Légende ou fait réel ? On dit que l’incendie initiée par les premiers explorateurs dura 7 ans. La canne à sucre fut l’une des premières exploitations de ce pays, puis, la vigne, la banane, les fruits qui poussent facilement dans ce climat subtropical prirent le relais.

MACHICO, le souvenir d’une rade paisible

Que diraient ces navigateurs de la première heure en retrouvant Machico ? Elle fut la première capitainerie de l’île. Zarco avait choisi d’atterrir dans cette petite rade abritée des vents dominants, car une vallée luxuriante permettait de pénétrer facilement dans les terres. Aujourd’hui, la jolie petite rade présente un aspect industriel exacerbé. De plus, elle est complètement défigurée par l’aéroport. Prouesse technologique s’il en est. L’île trop accidentée n’offrait pas de plaine suffisamment longue pour faire atterrir les gros porteurs. Peu importe, l’homme du vingt-et-unième siècle est capable de rapprocher les montagnes ! Il a ainsi imaginé d’énormes piliers de bétons qu’il a fait saillir entre deux mornes, puis il les a couvert d’une piste d’atterrissage. Il suffisait d’y penser… Pour l’esthétique on repassera…

Je me sens navrée de ne pouvoir extraire le côté sauvage et luxuriant de cette île. Et c’est dans cet état d’esprit que nous arrivons à Funchal. L’apothéose ! L’amphithéâtre naturel formé par les montagnes est bâti jusqu’aux sommets. L’immobilier se répand partout de manière anarchique et incohérente. Comment en serait-il autrement d’une ville de plus de 120 000 habitants ?

Le port est encombré de cargos et de navires de guerre : porte-avions, croiseurs et. Une découvrons une réplique de la Santa Maria, remise dans une darse au fond du port. Elle fait peine à voir dans cet environnement. A notre descente de ferry, la chaleur épaisse et écoeurante des monoxydes de carbone nous accueille. Le boulevard de la mer est encombré de voitures et de cars. Nous arpentons la ville à la recherche de notre hôtel.

FUNCHAL

Nous quittons les grands axes et nous retrouvons les trottoirs joliment pavés, décrits dans les guides. Petit à petit notre quête se transforme en villégiature. Funchal est une ville trépidante, mais pourtant, elle a su garder, en arrière plan, quelques ruelles piétonnières où il est agréable de se promener. Partout, les trottoirs, les rues sont propres. C’est un des points appréciables commun aux deux îles : la propreté ! Quelques édifices témoignent du passé glorieux de Funchal où la canne à sucre faisait la richesse de l’île.

Et puis, il y les jardins publics. Certains d’entre eux sont organisés comme de véritables jardins botaniques. Je ne me lasse pas d’admirer les frangipaniers en fleur. Ils sont d’une teinte orangée. Visuellement, chaque arbre, chaque bosquet fleuri offre une trêve dans l’urbanisme débridé de Funchal. Ces jardins sont de véritables parcelles de quiétude au cœur de l’agitation qui se propage jusqu’aux sommets des montagnes. Le moment le plus agréable à vivre à Funchal, c’est le dimanche. Le boulevard de bord de mer est coupé à la circulation, et les enfants jouent au foot, au volley. La ville s’arrête et se laisse vivre au bord de l’océan.

MONTE

Nous avons profité de ce moment de quiétude pour prendre le téléférique et aller à Monté. C’est une localité qui par l’expansion de Funchal semble absorbée par l’agglomération. Pourtant, elle tente d’entretenir sa différence. Elle s’enorgueillit des demeures qui furent bâties ici par les notables du dix-neuvième siècle qui venait chercher ici la fraîcheur de son altitude (600 mètres). De fait quelques imposantes masures aux allures un peu kitch défient les lois de la gravitation à flanc de montagne. Monté abrita quelques illustres figures des cours européennes. Le dernier empereur d’Autriche y finit ses jours. Il y est d’ailleurs enterré.

La curiosité de Monté est sans nul doute les « carros de cesto », sorte de traîneaux en osier qui dévalent une rue très pentue poussée par deux hommes habillés de blanc coiffés d’un canotier. Le dimanche après-midi les carreiros sont au repos. L’atmosphère y est plus sereine, qu’en semaine où les rabatteurs essayent à tout prix de vous vendre ce moyen de descente vertigineux.

Le jardin public qui sépare la place de Monté de l’Eglise Nossa Senhora da Monte présente à flanc de colline une grande variété d’espèces. Il est entretenu avec soin et y flâner est un réel plaisir. Vraiment une petite merveille ! Sur la place, des platanes affichent une hauteur que je ne leur connaissais pas. Et pourtant, nous venons du pays où le platane est maître.

L’île en deux tours

PARTIE OCCIDENTALE

LA CHAMBRE DU LOUP (de mer)

Nous avons loué une voiture et nous entamons le tour de l’île commençant par la partie Ouest. Nous sortons de Funchal et tour à tour nous enjambons la montagne par des viaducs aux piliers de béton gigantesques, puis nous la traversons par des tunnels qui la transpercent. Très vite, nous arrivons à CAMARA DE LOBO. Une fois encore, nous nous attendons, d’après les divers guides et sites lus, à un village de pêcheurs des plus pittoresque. La ville tient son nom des loups de mers qui y vivaient du temps de Zarco. Mais, ici, il n’y a plus guerre de phoques. On parle de culture en terrasse. Oui, il y a des strates de maisons, construites par paliers. Elles possèdent chacune un carré de jardin où elles exploitent le bananier, jusque dessous les piliers de l’autoroute. Désolés, nous n’avons pas trouvé le côté pittoresque de ce village tant admiré par Churchill qu’il y passa des heures pendant lesquelles il aimait le peindre. Sans doute, sommes-nous passés trop vite ?

Ici, la nature est vaincue, elle a jeté l’éponge ! La seule chose qui soit encore intacte, c’est le degré d’inclinaison des falaises qui se jettent dans la mer. D’ailleurs, si j’étais méchante, j’ajouterais qu’il ne lui resterait que ça à faire… Mais là je suis par trop sévère. Peut-être…

Pour oublier ma déception, je me concentre sur le nom des espèces florales que nous croisons. En effet, les routes regorgent de fleurs. Attention, rien de spontané, une explosion de couleurs en ordre rangé, soumise à la seule volonté de l’homme. Qu’importe, cela cache les affres infligées par l’expansion bétonnière. Chaque façade, chaque pourtour de maison est parsemé d’agapanthes à en faire pâlir le plus féru des jardiniers. Les hortensias sont légion. Les hibiscus atteignent des hauteurs incroyables, si mêlent oiseaux de paradis, abutilons, et autres céanothes d’où s’écroulent des cataractes de capucines. Nous trouvons dans cette nature fabriquée un savant mélange qui témoigne d’un climat tempéré à tendance tropicale. Si je devais me laisser aller à nommer chaque espèce florale qui anime les axes routiers, je vous lasserais. N’est-ce pas déjà fait ?

Voilà sans doute, l’un des intérêts de cette île : les fleurs ! Elles poussent partout. Madère est un amalgame informel de jardinets proprets, arrangés par des propriétaires amoureux de leur terre, et de zones désorganisées, ou tout pousse avec plus ou moins de bonheur.

Se perdre sur la route de CABO GIRAO

Nous empruntons une route qui s’échappe vers les hauteurs de la Montagne. Nous nous perdons un peu du côté de JARDIM DA SERRA. La fureur immobilière semble, ici, marquer une trêve. Des glycines ombragent des tonnelles, des vignes sauvages envahissent les pentes de la montagne. Peu de fleurs mais une végétation qui s’octroie le droit à l’occupation du terrain. Le trafic autoroutier se calme. Le silence reprend ses droits. Un petit village tranquille s’accroche à un pan escarpé s’offrant une vue imprenable sur l’Océan.

Plus loin, vers l’Ouest, une forêt d’eucalyptus et de pins entoure une petite route qui serpente les flancs de la falaise. Le temps, la course folle s’arrête, la forêt absorbe tout, bruits et vent, pour nous restituer la quiétude de sa végétation intacte. Les agapanthes alternent le bleu et le blanc pour jalonner la route.

CABO GIRAO

Mais déjà, nous sommes arrivé à CABO GIRAO. C’est la seconde plus haute falaise du monde, et le plus haut promontoire d’Europe. En effet, un aplomb de 580 mètres se jette directement dans la mer. Un point de vue vertigineux est aménagé en une petite esplanade accueillante pavée de galets volcaniques et agrémentée de corbeilles de fleurs. De ce « miradouro », il faut penser à regarder vers l’Est et vers le bas. La colline à pic, a été aménagée en « fajâs », des petits champs en terrasse. Au pied de celle-ci des champs semblent avoir gagné sur la mer, ils ne sont accessibles que par des chemins dangereux ou par la mer. Ces aménagements datent du temps des premiers colons. Il faut imaginer le travail que cela représente. La colline est découpée en parcelle, réduite à l’état d’escalier.

Une île chantier

Nous reprenons la route. Mais cette fois, c’est une forêt de grues qui nous attend. Madère subit, sans doute, l’une des plus grandes mutations de son existence ??? Pas une ville, pas un village, pas une route n’est vierge de travaux.

Depuis, les premiers colons, les insulaires ont mis en œuvres des techniques hallucinantes pour vaincre la roche. Ils ont aménagé des champs dans des endroits impensables, ils ont tracé des routes là où la montagne se montrait inaccessible, ils ont creusé des tunnels, pour prendre des raccourcis. Mais, aujourd’hui, le travail n’est pas fini. Madère est prise d’une frénésie bétonneuse.

Tout au long de notre séjour, l’engin que nous croiseront le plus souvent est sans conteste : la bétonnière. Suivie de près par les semi-remorques transportant du gravas. Les routes sont jalonnées de bifurcations pour cause de travaux. Le panneau que nous aurons le plus vu est celui qui nous disait « Attençao… travaux !!! ». Des ronds-points improvisés contournent une tractopelle qui s’acharne à déchiqueter la montagne. Le chantier préféré est le tunnel !

Nous surnommons Madère, l’île aux 3650 tunnels, Dix par jours !

RIBEIRA BRAVA

RIBEIRA BRAVA n’échappe pas à la métamorphose de l’île. Nous y trouvons un littoral en construction. Le cortège habituel de grues, pelleteuses et autres bétonnières se présente pour tout décor en front de mer. D’ici dix ans, c’est sûr, un complexe hôtelier masquera la vue mer à quelques ruelles pittoresques ! Et la jolie petite chapelle du seizième siècle se sentira bien dépassée. Découragés, nous ne nous éternisons pas, nous dépassons le sempiternel chantier qui perce la montagne d’un x-ième tunnel, pour prendre une petite route qui se faufile vers l’intérieur à travers la montagne.

En quête d’authenticité

Plus nous nous éloignons, plus la végétation reprend le dessus. Les agapanthes et les hortensias refont leur apparition, et ne cessent de m’émerveiller par leur teinte bleue, irréelle. La petite voiture de location peine, car nous grimpons à l’assaut de la montagne. La route se faufile, s’entortille, autour d’une vallée verdoyante. Il faut s’arrêter à mi-pente, et contempler. Là, c’est beau !

Incroyable revirement du décor ! Une gorge profonde tapissée de végétation entaille la Montagne. Une vallée escarpée s’étire et s’évase sur l’Océan. Le panorama est si gigantesque qu’aucune photo ne permet de l’englober. L’homme retrouve sa place : humble face à la majesté de la nature. Partout autour de nous des monts laissent tour à tour dominer l’amarante ou le mordoré. Certains pans semblent se couvrir d’un velours cramoisi. Au rythme du jeu des nuages et du soleil, la montagne se joue des teintes ocre. En bas dans la vallée, le vert domine. Quelques cultures en terrasse subsistent, puis elles s’essoufflent. Elles ne sont pas de taille à combattre la nature qui s’exprime dans un spectacle triomphal.

L’air se rafraîchit pendant que nous montons. En prenant de l’altitude, la forêt décroche ses titres de noblesse. Chaque point de vue aménagé sur les bords de route donne envie de s’arrêter. On a envie de s’attarder dans un tel endroit. Ici, il faut se laisser aller à l’observation. Les yeux s’emplissent d’images inoubliables. Le vent, les nuages qui défilent sur les sommets donnent l’impression que ceux-ci vacillent et plient sous la force des éléments. Ce site est vraiment sauvage et préservé. Ici, la montagne semble détenir au sein de sa beauté, LA vérité de Madère. On oublie le rivage, et l’on se laisse conduire heureux spectateur d’une si jolie nature, jusqu’à Encumeada de Sao Vicente.

 

 

ENCUMEADA DE SAO VICENTE

Il fait froid et venteux à 1007 mètres d’altitude. Mais si vous avez la chance de voir les nuages se déchirer pour découvrir le panorama, vous êtes vernis ! Ici, vous êtes sur une crête montagneuse. Vous tutoyez les nuages, et vous côtoyez le toit de Madère. Ici, vous avez une vue plongeante vers les deux rivages. D’un geste vous embrassez la côte nord, puis la côte sud. Mariage de la mer et de la montagne, LE rêve pour tous les amoureux de beaux paysages.

PAUL DA SERRA

Nous poursuivons notre route vers PAUL DA SERRA. Nous gagnons encore en altitude et la forêt s’éclaircit pour laisser place à 1400 mètres d’altitude à un plateau, balayé par les vents, où la végétation rase se donne des airs de Cévennes.

Nous avons la sensation de jouer dans un « remake de Don Quichotte », car nous nous trouvons dans un champ d’éoliennes géantes. C’est un système de production d’énergie judicieux dans une île qui ne dispose pas d’autre énergie naturelle que le vent. Nous traversons de grandes zones de pâturages, où paissent des moutons en liberté. Quelques vaches mâchouillent sereinement une touffe d’herbe bien grasse. Puis, nous quittons ces plateaux d’alpage, pour redescendre vers FONTE DA PEDRO.

La végétation se densifie à nouveau. A RABACAL, il y a un départ de randonnée. En effet, Madère est célèbre pour ses randonnées le long des levadas. Les levadas, sont des canaux d’irrigation qui parcourent l’île en tout sens, afin d’amener l’eau dans toutes les zones de culture. L’aire de parking qui marque le départ de cette balade est encombrée de voitures, de taxis, de cars et de minibus. Tout cela laisse présager d’une promenade bien peu solitaire ! Finalement, cela ne nous tente guère. Décidément, nous sommes d’un tempérament peu partageur…

COTE NORD EST DE MADERE

La route descend vers la côte Nord de Madère, les agapanthe, les hortensias, véritables fils conducteurs de l’île, nous montrent le chemin à suivre. Tout en regagnant le littoral, la civilisation reprend ses droits. Et, avec elle, l’inévitable essor du maître béton. A PORTO MONIZ, nous pensions emprunter la célèbre route des corniches, réputée à la fois spectaculaire et dangereuse.

Ici, l’île affronte l’Océan, inlassablement poussé par les vents dominants. Elle se rempare derrière des falaises sombres et abruptes. A leurs pieds se déroule un combat violent entre l’écume et la roche volcanique. C’est une véritable succession de falaises vertigineuses, ombrageuses, indomptables. Indomptable ?...

Sauf pour les entreprises de travaux publics ! Exit la petite corniche qui devait nous dévoiler une vue plongeante sur l’Océan. Bonjour… les vilains et hideux tunnels ! Chaque escarpement est pris en traître par un de ces abominables tuyaux de béton qui le transperce. Pauvre Madère, bétonnée jusque dans son sein.

La route se poursuit de chantier en chantier. L’agacement émousse l’envie de découvrir. Le découragement nous donne envie d’abandonner à jamais cette île qui correspond si peu à nos âmes avides de nature, belle et préservée.

A SAO VICENTE

Même décor, même punition, et nous finissons par emprunter le tunnel, qui coupe tout droit au travers de la montagne vers Ribeira Brava. Retour à la case départ par la voie des taupes. Quand j’imagine que juste au-dessus de nos têtes, il y cette montagne si belle. Il ne faudrait jamais la quitter et rester à l’intérieur de Madère.

PARTIE ORIENTALE

Point de départ FUNCHAL, vers POISO… test d’effet de Foehn

Nous passons rapidement au-delà de Monté, la forêt s’installe dès 800 mètres d’altitude. Le climat change, il fait frais et humide. Si humide qu’il nous tombe dessus… le climat ! Nous expérimentons grandeur nature l’effet de foehn. Les nuages se remplissent d’eau au-dessus de l’océan. Ils atteignent la côte au vent de l’île, chargés d’humidité et ils grimpent les flancs de la montagne. En arrivant là-haut, sous l’effet d’une baisse sensible de la température, l’air humide se condense, et … il pleut ! Les nuages se vident ainsi en poursuivant leur route vers les sommets, puis repartent essorés du côté sous le vent de l’île. Voilà pourquoi, il pleut si peu à Funchal, alors que dès que vous avez dépassés ses sommets, vous êtes sous la pluie…

Une forêt fossile…

Avantage de tout cela, la végétation adore, et ça se voit !
Des grands eucalyptus côtoient des pins et d’autres arbres que je ne connais pas. Comment le pourrais-je, nous sommes dans la forêt lauriphyle de Madère. Aussi nommée Laurisilva. Il reste quelques hectares de l’un des derniers témoignages de la végétation qui recouvrait toute l’Europe il y a plus de 65 millions d’années.

En effet, il se produisit à l’ère tertiaire et quaternaire une nouvelle répartition des masses continentales. En même temps, des variations climatiques de grande amplitude se manifestèrent, plongeant les zones subtropicales dans une longue période de glaciation. Parallèlement, l’Océan Atlantique tout neuf (car il n’est apparût que lors de la séparation des masses continentales), voit pousser sous l’effet d’une activité volcanique intense, une chaîne de montagnes sous-marines. Les sommets de celles-ci donnent naissance aux îles de l’Atlantique, dont Madère. Les phénomènes climatiques anéantirent les forêts qui recouvraient l’Europe. Par contre, la position de Madère, ainsi que des Canaries fut plus propice à la conservation de la forêt laurisilva.

Je ne sais pas pourquoi, je m’imaginais que cette forêt était tapissée de lauriers roses. En fait, cet arbuste d’ornement n’a aucune parenté avec la grande famille des lauriers, représentée au grand complet dans la forêt insulaire, mais avec la famille des pervenches. En revanche, la famille des lauriers regroupe 2000 espèces, dont le laurier sauce, le laurier noble, le camphrier, le cannelier, l’avocatier. Elle comprend nombre d’espèces grimpantes et ligneuses, souvent étudiées pour leurs propriétés aromatiques. On trouve également dans les forêts de l’île l’acajou de Madère, l’azobé, le pin blanc, le chlètre arborescent (qui n’est autre que la fougère arborescente), la vigne des montagnes, le berbéris, le houx… Ces dernières variétés sont connues en Europe, mais l’on trouve ici, des souches de variétés qui sont endémiques aux îles de l’Atlantique. A ces variétés arbustives viennent se mêlées des fleurs comme la marguerite, le genêt, l’immortelle, le géranium sauvage, et quelques orchidées insulaires.

En fait, lorsque vous vous baladez dans cette forêt, il y a un caractère à la fois commun et singulier. La première impression vient du fait, que vous reconnaîtrez des espèces courantes des zones tempérées. Mais, elles côtoient des essences tropicales. Tous les climats semblent réunis au cœur de la forêt de Madère.

Au-delà de POISO, la route nous laisse le choix. Soit, nous piquons tout droit vers SANTANA, autre ville du littoral, soit nous montons au PICO DO ARIEIRO. Dom hésite à s’enfoncer plus dans la montagne. En effet, alors que nous sommes déjà à 1400 mètres, le brouillard est épais. Il craint que là-haut, nous ne voyions plus rien du tout. Mais, j’insiste. Guidée par mes sempiternelles lectures, j’ai la sensation que là-haut, nous passerons au-dessus des nuages.

PICO DO ARIEIRO

Ca grimpe, on voit les bas-côtés se débarrasser de leurs fleurs. Bientôt on ne voit plus rien du tout. Purée de pois au menu ! La route en lacets étroits est balayée par des vents violents. Par moment, on ne sait même plus s’il y a une paroi, ou si la route est sur une crête. Dom s’accroche au volant et roule prudemment pour éviter les embardées causées par les rafales. Il semble soucieux… J’espère que j’ai raison… et que là-haut, ça vaut le coup !

Plusieurs kilomètres sont parcourus dans un silence lourd. Puis, le voile se déchire, le Cap se détend. Nous arrivons sur une aire de parking au sommet du PICO DO ARIEIRO. Nous ne sommes pas seuls, cars, taxis… Mais alors… Quel spectacle ! Que c’est beau ! Pour tout dire, nous sommes plutôt mer que montagne. Mais, le PICO DO ARIEIRO a su nous séduire !

Que dire pour décrire un tel panorama ? Mélange éthéré de nuages, de pierres, de couleurs ocre, de végétation sur fond d’Océan ! Ici, l’on sent Madère fille du ciel et de la mer. Engendrée par le feu et sculptée par les flots. Ici, se trouve, Madère, l’originelle. Sur ces sommets sauvages, la beauté est restée intacte ! Le paysage est gigantesque. Du bonheur remplit les poumons à chaque bouffée d’air. Tout autour n’est que pureté. C’est un festival de pics basaltiques acérés interrompus par de profondes vallées où quelques maisons sont noyées dans une épaisse végétation. Je ne peux m’empêcher de penser au courage des gens qui ont choisi de vivre dans ces vallées retirées de tout. Par-dessus, les monts environnants, je cherche l’Océan. C’est du vice, monter si haut pour voir la mer… Toujours la mer !!!!

A contre cœur, nous nous arrachons au spectacle majestueux qu’offre le PICO DO ARIEIRO. En descendant la montagne, nous renouons avec le plaisir de contempler des cascades de végétation. Tout au long de notre descente, nous observons la diversité qu’offre les différentes strates de végétation. Les sommets sont quasiment désertiques. Ensuite, il y a les grands plateaux herbeux, royaume de la fougère et de la bruyère. Puis, en regagnant des altitudes moyennes, les espèces arbustives prennent de la hauteur, elles s’étoffent et monopolisent des pans entiers de la montagne. A hauteur de POISO, les fleurs et des espèces tropicales, comme la fougère arborescente, prennent le relais. Les bas-côtés de route s’ornent d’anthémis, de digitales, de vipérine. Des bouquets d’agapanthes et d’hortensias illuminent la grisaille ambiante. La route s’insinue ainsi jusqu’à RIBEIRO FRIO.

RIBEIRO FRIO

Etape touristique incontestable, pour les minibus et les cars. Ici, vous trouverez un élevage de truites qui fait la fierté des habitants de la paroisse. C’est aussi le point de départ d’une des nombreuses randonnées qui longent les levadas de l’île. Nous nous arrêtons au cœur même de la forêt, un peu à l’écart de l’agitation touristique. Cette forêt ne cesse de m’étonner, à la fois proche et dépaysante. On voudrait s’y balader un bouquin de botanique à la main, afin de reconnaître les espèces méconnues.

Nous flânons un moment. Un bosquet d’anthémis flirte avec les épis bleus d’une vipérine, une fougère arborescente plie sous la petite pluie qui la nourrit. Un petit chemin pavé de galets volcaniques et très pentu s’enfonce dans l’épaisse végétation. La tranquillité règne. La végétation semble absorber tous les bruits de la civilisation et prodigue un merveilleux silence. Un silence feutré… Une ambiance sourde… Une atmosphère épaisse et suave. L’humus chatouille les narines. L’air est dense et humide, pas un souffle ne parvient au cœur de la forêt. La furie venteuse qui balaye en ce moment l’archipel est exclue de cet antre. Elle est bannie de cette forteresse végétale, qui pourtant nous accueille… Même Lune se laisse aller à la douce torpeur de cet endroit. Elle choisit de faire une halte dans un bouquet de hautes herbes. Puis, elle s’y roule comme sur un matelas moelleux. Elle ferme ses petits yeux, elle enfonce sa truffe dans le tapis végétal… Elle en « rongrogne » de plaisir.

En poursuivant notre balade, nous découvrons, un canal d’irrigation, construit en escalier. L’eau tintinnabule allègrement. La petite cascade frappe chaque marche et éclabousse les bords. La végétation, opportuniste, a colonisé l’endroit. Des azalées sauvages profitent de l’aubaine pour se gaver et faire de l’ombre aux hortentias. C’est ici que le mot fertilité a été inventé… C’est sûr !

SANTANA

Notre curiosité nous rappelle à l’ordre : « Hé, Ho… et le reste ? ». Donc, nous quittons cet endroit paisible pour rejoindre SANTANA. Située sur la côte nord-est de l’île, la ville a la réputation d’être « pittoresque et d’une rare beauté ». Mais, nous retombons dans le schéma classique des villes de bord de mer. Sans âme et n’ayant pas gardé les traces du passé qui eût pu les rendre intéressantes.

Cependant, une typicité subsiste. Ce sont ces minuscules chaumières en forme de « V » inversé. Qui ont été construite lors d’un hiver si froid que les habitants, démunis pour combattre ces conditions exceptionnelles, ont cherché le moyen de garder la chaleur. Ainsi, j’imagine, que la dimension réduite de ces masures, impose de vivre à l’étroit et donc de se tenir chaud…

FAIAL

Plus à l’est sur la côte nord, se trouve FAIAL. Un petit fortin est indiqué sur la carte, avec un « miradouro ». En fait, de fortin, nous trouverons quelques canons positionnés sur une esplanade surélevée, pavée et nantie d’une petite cabane, ou s’ébattent 4 photos vieillies de ce à quoi le coin ressemblait au début du siècle dernier… Par contre la vue est belle ! Ombrageuses les falaises se succèdent tout au long de la côte nord. Elles se jettent, vertigineuses, dans l’Océan. Toute la côte se présente comme une immense forteresse qui se dresse fièrement, lançant un affront à la mer…

Les maisons neuves construites en front de mer ont tort de leur tourner le dos… En effet, la plupart des maisons sont construite comme pour regarder l’intérieur de la ville et non comme chez nous, avec vue mer… Etrange. Et peut-être qu’ils ont raison, car en même temps, ils n’exposent pas le côté ouvert de la maison aux embruns…

A l’est de FAIAL, un morne aux allures de table colossale sépare la ville de sa voisine PORTO DA CRUZ. C’est un village très calme, nanti de deux superbes frangipaniers sur la place de l’Eglise. Comme partout dans l’île des maçons s’affairent autour d’une bétonnière. Afin de bâtir un nouvel immeuble, juste à côté d’un autre, qui s’écroule. Drôle de pays, qui aime à cimenter de neuf plutôt qu’à restaurer l’ancien. Nous trouverons néanmoins une tonnelle tranquille où nous restaurer. Instant paisible où s’interrompt la course folle à la découverte de cette île.

PONTA DE SAO LOURENCO

Après cet intermède, nous trouvons au-delà de la route, la PONTA DE SAO LOURENCO. La pointe Est de Madère est une falaise extraordinaire, qui plonge de plus de 180 mètre de haut dans les flots. La presqu’île offre des côtes escarpées qui se baignent dans une eau translucide. Des bancs placés judicieusement face à l’horizon, invitent à la flânerie. Ici, votre regard, vos pensées se perdent dans le vaste horizon. Dans la baie d’Abra, une goélette à l’ancre passe des heures tranquilles à l’abri du phare. Seules les taches émeraude clairsemées dans l’eau outremer donnent un relief chromatique au décor extrêmement aride. La zone est zébrée de multiples chemins de randonnées. Les promenades sont innombrables. Lune, malgré son grand âge, trotte sur les chemins de caillasses qui mènent à de jolis panoramas.

Retour à FUNCHAL

JARDIM BOTÂNICO DA MADEIRA

Ne partez pas de Madère sans aller au jardin botanique. Bon, d’accord, on est surpris de voir qu’il est construit par-dessus un tunnel d’autoroute. Mais, la richesse botanique compensera rapidement ce petit défaut. Vous y trouverez bon nombre des espèces endémiques de l’île. Mais aussi des plantes vraiment originales, comme ce cycas du japon. Sorte de palmier, qui couve en son sein un énorme chou. Vous reconnaîtrez la traditionnelle étoile de Noël. Mis à part, qu’ici elle affiche la taille d’un arbuste ! Et puis, une variété inouïe de cactus est représentée. Une farandole de fleurs offre un écrin joyeux à une immense volière qui regroupe des oiseaux tropicaux. Des arbustes, dont plusieurs variétés de ficus, trouvent des formes inattendues, comme cette chaise qui pousse à côté d’un oiseau, ou d’une spirale. Finalement, quelle que soit la famille botanique présentée, ce qui étonne le plus c’est la dimension qu’atteignent les spécimen. Bref, pour une ancienne « jardinière », cette balade est vraiment divertissante.

EN BREF...

Comme nous l’avons dit plus haut, nous désirions vraiment voir Madère. Nous avions lu (trop lu, sans doute) des descriptions qui ne nous laissaient aucun doute. Les adjectifs « magnifique », « pittoresque » avaient attisé notre imagination. Combien de fois avons-nous lu que Madère était « un véritable jardin tropical où on pouvait encore rêver de paradis » ? A lire, l’archipel s’approche de la perfection… A voir… nous en sommes encore perplexe ! Pourquoi une telle disparité ? Si Madère ressemble au paradis, le béton doit être canonisé ! Mais je balsphème…

Bien sûr, nous n’avons voulu garder comme souvenir que ces bouquets de fleurs qui se perpétuent tout au long des routes. La montagne est splendide. Il reste quelques hectares de forêt qui font la fierté des insulaires. Mais, les autorités mettent trop de zèle à façonner l’île en vue d’une surexploitation humaine, laissant l’image tenace d’une île chantier. La découverte de Madère se résume en une succession de désillusions et d’émerveillement. Le pire côtoie le meilleur.

Je me pose un cruel dilemme. Une question d’éthique. Comment peut-on conclure par une opinion négative ? Une île est-elle belle car l’homme y a trouvé sa place tout en ayant préservé sa nature intacte, du moins autant que possible ? Ou, une île force-t-elle l’admiration par le travail acharné de l’homme à plier une nature, à ses yeux ingrate, à ses volontés de rentabilité ?

Sans doute vaut-il mieux donner une image moins mirobolante d’un pays, le visiteur ne l’abordera donc pas la tête farcie d’images idylliques.

Si vous disposez de beaucoup de temps, et que vous désirez attendre la bonne saison pour traverser l’Océan, Porto Santo est un bon plan pour patienter. Mouillage agréable, d’excellente tenue (LA qualité marine par excellence) et offrant des commodités appréciables. Vous pouvez de Porto Santo, faire un saut sur Madère, afin de satisfaire une curiosité bien légitime. Sinon, la toute nouvelle marina de Caniçal peut représenter une bonne option.

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