Marseille, le 31 juillet 1720, la nouvelle inédite de Camille Pascal
La nouvelle s’était répandue à travers la ville, plus vite encore que la peste. Ces messieurs du Parlement d’Aix, bien à l’abri dans leur bastide, avaient ordonné aux échevins de fermer toutes les portes de la ville avant la tombée du jour. Dans quelques heures, Marseille ne serait plus qu’un immense lazaret à ciel ouvert où 80.000 âmes n’auraient d’autres ressources que de se préparer à comparaître devant Dieu.
Les chanoines du chapitre n’étant pas si pressés, ils avaient aussitôt fait leurs malles et s’étaient dirigés en procession vers le palais épiscopal d’où ils espéraient que Mgr de Belsunce leur offrirait tout à la fois une place dans ses voitures et le sauf-conduit sans lequel les dragons du Régent tiraient désormais à vue. Ces diables de soldats n’entendant ni le patois ni le latin, parlementer ne servait à rien et ils étaient bien capables de traiter de saints hommes d’Église comme de vulgaires huguenots cévenols.
Henri François Xavier de Belsunce de Castelmoron (1671-1755), appelé aussi Monseigneur Belsunce, a été évêque de Marseille de 1709 à 1755. il a joué un rôle très important pendant la grande peste de Marseille de 1720. Né en 1671 au château de La Force en Périgord, il est élevé dans la religion protestante.