Merci le retour des jours gris et pluvieux car voici venu le temps du bon vieux hachoir en fonte d’aluminium avec sa manivelle et sa molette qui permet de le fixer à la table de la cuisine. C’est beaucoup plus qu’une antiquité, qu’une relique, qu’un moulin à histoires, c’est le font baptismal d’une nourriture fondamentale, essentielle : le pâté. Nous, on vous le dit : s’il n’existait pas, la vie ne vaudrait sans doute pas le coup d’être becquetée.
On peut se passer de beaucoup de choses dans la gamelle (caviar, champagne, chocolat, oui même le chocolat…) mais pas de pâté. Sans lui, pas de tartine de minuit à la fenêtre des hauts plateaux parisiens, pas de mâchon de 10 heures avec un gorgeon de blanc («Le vin est un liquide rouge sauf le matin quand il est blanc», dixit le poète Charles Cros), pas d’entrée, ni de hors-d’œuvre dans le «menu du jour» qui ne vous coûte pas une blinde ; pas de quatre-heures entre deux stères de bois à rentrer pour la Godin d’hiver ; pas de dînette gourmande avec une rougette parfumée par l’échalote ciselée.
Ainsi le pâté est de tous les instants du mektoub. En traversée solitaire comme en bande d’aminches et en duo fripon. Alors quand reviennent le temps de la buée sur les vitres de la cambuse et des premières gelées blanches, on convoque le hachoir et le cochon comme si c’était la toute première fois quand on eut le droit de tourner manivelle. ♦︎
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