dimanche 10 avril 2022

 

Guerre en Ukraine : un navire-école russe indésirable dans les ports européens, malgré les prises de position anti-Poutine de son capitaine

L'équipage du navire russe le Shtandart, réplique d'un navire de guerre du 18e siècle, est tenu à l'écart de plusieurs ports européens. Privé d'Escale à Sète, le navire a accosté à Port-de-Bouc, dans les Bouches-du-Rhône, en attendant la fin des négociations avec la préfecture.

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La frégate russe le Shtandart, réplique de la frégate du 18e siècle, amarrée à Cap d'Ail (Alpes-Maritimes), le 1er avril 2022. (CYRIL DODERGNY / MAXPPP)

Imaginez un capitaine dont le père est ukrainien, et dont le navire n'est pas le bienvenu en Russie. Il dénonce les dérives dictatoriales de Vladimir Poutine depuis longtemps. Plusieurs membres de l'équipage sont même partis en Ukraine apporter de l'aide humanitaire. Comprenez dès lors que se voir refuser l'accès au port de Sète est vécu difficilement à bord. "C'est sûr qu'on a l'impression d'être victime d'une punition collective", réagit Cédric Cellier, un membre de l'équipage.

Le Shtandart, réplique de la célèbre frégate russe du 18e siècle, navire amiral du tsar Pierre le Grand, devait participer à l'événement festif "Escale à Sète", un grand rassemblement nautique prévu du 11 au 18 avril 2022. Mais sa participation a été interdite. Le vieux gréement bat pavillon russe mais c'est une obligation administrative, son port de rattachement étant Saint-Pétersbourg. Il est désormais à quai à Port-de-Bouc, (Bouches-du-Rhône). "Tous ceux qui visitent le navire et à qui on pose la question savent faire la différence entre le pavillon d'un navire-école, qui est la réplique d'une frégate russe, et un lance-missiles russe", remarque Cédric Cellier.

Un risque de trouble à l'ordre public

Depuis mercredi 6 avril où la décision est tombée, les négociations sont engagées avec la préfecture de l'Hérault qui invoque un risque de trouble à l'ordre public. Pour le moment, rien ne bouge. Pourtant, l'enjeu est considérable selon Wolfgang Idiri, le directeur du festival Escale à Sète. "Si on arrive à créer un précédent à Sète en accueillant ce bateau dans le port de manière sécurisée, ce serait déjà avoir une main tendue, espère-t-il. Parce que si ce bateau n'est pas accueilli à Sète, ça veut dire qu'il y aura peu de chances que d'autres ports fassent le contraire, et donc, ça veut dire qu'il est persona non grata partout dans le monde."

"C'est quand même incroyable alors que ce bateau est un navire ami qui enchante toutes les fêtes maritimes depuis dix ans en Europe. On vit quand même dans un monde de fou."

Wolfgang Idiri, le directeur du festival Escale à Sète 

à franceinfo

À La Rochelle, où le Shtandart doit participer à la Fête du nautisme dans deux mois, on attend les consignes des autorités. Pour autant, Patrice Bernier, le maître du port de plaisance qui connaît bien le bateau, rappelle l'urgence de la situation. "Ce bateau vit notamment des festivals, explique-t-il. Après deux ans de Covid, sa caisse est vide, il va avoir des difficultés à payer l'équipage qui est à bord." De plus, le maître du port de plaisance alerte : "Il n'a plus de carburant. Il est obligé de naviguer à la voile, et quand il y a pas de vent, il n'avance pas. Il fait partie de ceux qui nécessitent, tout simplement, une aide humanitaire à bord de son propre bateau."

Élan de solidarité

Le navire a pu s'approvisionner en eau douce gratuitement grâce à un groupe marayeur, affirme vendredi l'Office de tourisme de Porc-de-Bouc.

Une situation décidément bien paradoxale pour le Shtandart, qui a envoyé de l'aide humanitaire en Ukraine. Le bateau doit quitter Port-de-Bouc demain. Il ne sait toujours pas où il ira la semaine prochaine.

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