dimanche 17 septembre 2023

 

Coupe du monde de rugby : Jean Dujardin et Antoine Dupont s’unissent contre «Valeurs actuelles», qui réplique

Affichés en une de l’hebdomadaire d’extrême droite, l’acteur Jean Dujardin et le capitaine du XV de France, Antoine Dupont, ont dénoncé une entreprise de «récupération». Pas du goût de l’hebdomadaire, dont le directeur a publié une longue lettre de justification samedi.

Se faire traiter de ringard, passe encore. Mais être utilisé pour une bataille identitaire qui n’existe que dans le cerveau de l’extrême droite, pas question. Affichés en une de l’hebdomadaire Valeurs actuellesl’acteur Jean Dujardin et le capitaine du XV de France, Antoine Dupont, contre-attaquent.

Sous le titre «La France rugby», le numéro de cette semaine s’enthousiasme pour les «supporters bien élevés, joueurs patriotes, valeurs exemplaires» que véhiculerait selon la rédaction la Coupe du monde de rugby qui se déroule en France depuis le 8 septembre. On parle aussi des «recettes d’un sport enraciné devenu modèle de société» avant de dérouler une longue liste de chroniqueurs, de Patrick Sébastien à Bernard Laporte en passant par Robert Redeker, polémiste menacé de mort en 2006 après des propos virulents contre Mahomet.

Le tout est incarné par un Jean Dujardin tout sourire, dans son costume de la cérémonie d’ouverture, et un Antoine Dupont applaudissant la foule au Stade de France. «La France rugby oui, vos valeurs non, pas de récupération, merci», a posté sur Instagram l’acteur et metteur en scène du spectacle de vendredi dernier, que de nombreux observateurs ont trouvé ringarde. Dans la foulée, le demi de mêlée des Bleus, un des rares sportifs à avoir signé une lettre ouverte appelant à voter pour Emmanuel Macron en 2022 pour faire barrage à Marine Le Pen, a reposté l’image et la mise en garde.

Pour appuyer leur dénonciation, les deux hommes ont masqué le titre de l’hebdomadaire dans leur image. Le message avait le mérite d’être bref et limpide. La réponse de Valeurs actuelles fait… deux pages. Tugdual Denis, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire, a posté samedi 16 septembre une «lettre d’un amoureux éconduit» sur X (anciennement Twitter).

«Vous évoquez le mot récupération. Parce que nous sommes (et resterons) génétiquement un journal de droite conservatrice ? On ne penserait jamais, croyez-nous, au mot récupération si nous voyions vos visages à la une de Libération, de l’Humanité ou de l’Obs. Parce que chacun a le droit de vous aimer, que chaque journal est libre de ses publications», écrit Tugdual Denis. «Nous vous aimions avant, nous vous aimerons après. Nous vous aimons sans savoir pour qui vous votez, poursuit-il. Nous vous aimons sans nous préoccuper de votre éventuelle religion ou de votre couleur de peau. Nous vous aimons sans savoir si vous nous appréciez (maintenant nous savons)

Vendredi dernier, la cérémonie d’ouverture était censée «célébrer l’art de vivre à la française», avec une action se déroulant dans les années 1950 et en personnage central Jean Dujardin, moustache de poulbot, tricot blanc sur le dos, casquette sur la tête mimant le boulanger enfournant son pain dans son fournil. Le spectacle a été moqué par beaucoup, dont Libé qui a titré «Allez la Rance», évoquant «la carte postale sépia d’une France qui sent la naphtaline».

Jean Dujardin, connu dans le monde entier pour The Artist a répondu jeudi sur Instagram. «Le second degré que j’ai toujours aimé manier n’a pas été compris et je le regrette. Nous aurions dû certainement nous rappeler que notre pays est largement critiqué pour son esprit polémique et ronchon. Dommage que nous n’ayons pu y échapper alors qu’il y avait une telle bonne volonté», a écrit celui qui incarne aussi une parodie d’espion franchouillard dans la série de films OSS 117. Cette cérémonie n’aurait jamais dû nous opposer mais nous rassembler. Je suis un artiste, je ne serai le porte-drapeau d’aucun parti. Je vais vous laisser régler vos affaires entre vous. Je voulais que ce soit une cérémonie d’ouverture d’esprit, de partage et de joie. Je garde cette belle émotion au chaud. Allez les Bleus», conclut-il.

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