L'océan Atlantique s'agite un peu en cette période active de la saison. 2 ondes sont désormais suivies par le NHC et une autre est à venir ce WE (la majorité des modèles la développent).
Nous avançons dans la période la plus active de cette saison très active. Il est normal que l'océan Atlantique fasse parler de lui.
En plus de l'onde en sortie d'Afrique dont j'ai parlé hier soir, le NHC monitore à nouveau l'onde qu'ils avaient déjà suivi il y a quelques jours avant de la laisser tomber. Un risque de renforcement de 10% à 48h et de 30% à 5 jours est annoncé.
2 systèmes qui menacent de se renforcer en direction de l'arc antillais ... on entre dans le vif du sujet.
Il ne fallait pas s’attendre à trop de répit après l’épisode Laura. On est fin août et c’est statistiquement le moment où la saison cyclonique s’accélère vraiment. Que 2 ondes soient surveillées en Atlantique n’a rien d’étonnant et ça pourrait continuer ainsi ces prochaines semaines.
J’ai parlé hier soir de l’onde la plus à l’Est.Il n’y a pas grand chose de plus à en dire ce soir. Le NHC a corrigé son graphique pour indiquer une position actuelle ce qui évite les malentendus et a glissé la zone de renforcement envisagée plus au nord. Le risque est toujours limité à 20% à 5 jours et c’est consistant avec les modèles qui ne la développent pas en cyclone et font passer la perturbation au nord de l’arc.
Celle sur le centre de l’Atlantique a déjà été suivie par le NHC le WE dernier alors qu’elle était au sud du Cap-Vert. Mais en début de semaine les conditions défavorables sur l’Atlantique ont mené le NHC à ne plus la suivre. C’est une situation assez rare mais le gros boulot pour les prévisionnistes sur Laura peut expliquer qu’ils n’aient pas voulu trop se disperser. Les conditions sont toujours défavorables pour elle mais pourraient s’améliorer avant l’arc antillais, notamment le cisaillement. Néanmoins aucun modèle global majeur ne la développe vraiment. Mais à 4 jours avec une eau assez chaude, il faut se méfier, on en a vu d’autres se renforcer hors prévision dans ces conditions. Elle est à 10% de risque cyclonique à 48h et à 30% à 5 jours.
Pour le moment ces 2 ondes ne créent pas encore un véritable danger pour l’arc antillais et ne sont même pas en Invest. La plus proche pourrait par contre se renforcer après l’arc et inquiéter les grandes Antilles et il faut quoi qu’il en soit la surveiller.
Vous savez que je ne suis pas fan des prévisions à long terme, soit au delà de 120h. Je vais pourtant faire une exception aujourd’hui avec une perturbation impressionnante sur l’Afrique qui devrait se retrouver sur l’Atlantique ces prochains jours. En temps normal je ne soulève pas ce genre de situations (qui ne sont pas rares) parce que ces perturbations très actives ont souvent des difficultés à s’adapter à leur passage en mer. Mais là, une majorité de modèles globaux, dont les 2 majeurs (l’ECMWF, très performant sur Laura et le GFS) développent un cyclone sur l’Atlantique la semaine prochaine à partir de cette perturbation. Les tendances ayant beaucoup d’importance à mes yeux, ce consensus m’interpelle. Alors soyons clairs, on parle d’un truc sur le centre Atlantique et en aucun cas d’une quelconque menace pour le moment, il est bien trop tôt. Mais c’est suffisamment rare que cette situation se produise : à la fois une perturbation visuellement impressionnante et une confirmation de renforcement par les modèles. Je me suis posé la question de savoir si je devais en parler … mais comme je sais que nombreux ne se poseront pas la question et le feront de manière alarmiste, j’ai pensé que c’était nécessaire.
Voilà pour le point intermédiaire de ce soir. Les prochains jours vont être probablement agités sur les réseaux sociaux, surtout avec cette perturbation en Afrique. Il faudra rester sereins mais attentifs et se contenter de suivre les prévisions officielles si ça dégénère un peu. J’ai bien conscience que c’est pas toujours facile, mais c’est le mieux à faire !
Laura est en train de dévaster une partie des côtes du Texas et de la Louisiane et risque même d'être classée en Catégorie 5 avant de toucher la terre ... mais l'actualité tropicale ne s'arrête pas pour autant. Le NHC monitore une nouvelle onde qui s'apprête à sortir d'Afrique.
une énorme pensée pour ceux qui sont face à ce monstrueux ouragan !
L’ouragan Laura a fait vivre une nuit infernale aux habitants de la partie Ouest de la côte de la Louisiane et de la partie Est de la côte du Texas. C’est désormais un ouragan de catégorie 4 (et très proche de la Cat.5 selon le dernier passage du Hunter, ça peut donc encore évoluer). Au delà du vent qui a largement dépassé les 250 km/h le souci est la montée des eaux avec une marée cyclonique de plus de 5 mètres qui est prévue sur ces zones sans reliefs et marécageuses. La ville de 78.000 habitants de Lake Charles en Louisiane pourrait être en partie submergée. Les autorités des 2 états sont extrêmement inquiètes et le NHC a publié des bulletins extrêmement alarmistes, ce qui n’est pas DU TOUT dans leurs habitudes.
Mais comme le dit l’expression, “le spectacle continue”, et le spectacle c’est cette saison cyclonique qui commence à user un peu tout le monde.
Et ça va continuer à être usant puisque le NHC monitore une onde qui est en sortie d’Afrique et qui pourrait se développer selon eux en approche de l’arc antillais en début de semaine prochaine.
Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que je suis assez allergique aux prévisions à long terme, ou du moins à leur utilisation en public sans qu’elles soient analysées. Dans ce cas on est sur une prévision à 120h pour être plus ou moins proche de la longitude de l’arc, ce qui indique que l’on peut commencer à regarder les tendances issues du croisement des modèles.
Sur les derniers runs disponibles (12h ou 18h) une immense majorité de modèles globaux voit bien quelque chose se renforcer un petit peu sur l’océan mais une majorité ne le développe pas en cyclone et le fait passer au nord de l’arc antillais. C’est pour le moment la seule chose un peu concrète que l’on peut dire sur ce système. Le NHC pour sa part ne voit rien se passer à 48h et établit un risque de renforcement à 20% à 5 jours. Compte tenu que l’onde est en train de passer de la terre à l’océan, il est bien trop tôt pour en tirer des conclusions voire même une quelconque prévision. J’ai d’ailleurs un peu de mal à comprendre pourquoi le NHC s’avance sur ce terrain alors que quelques jours auparavant ils ont déjà anticipé une sortie d’Afrique qui n’a absolument rien donné malgré un risque qui était pourtant monté à 30% à 5 jours. Ce genre de prévision n’apporte rien à la sécurité des territoires et risque surtout de décrédibiliser un peu l’organisme. La prévision c’est une approche scientifique mais ça doit laisser un peu de place à la composante psychologique. Bref, je ne vois pas l’intérêt. Et d’autant moins que la carte ci-dessous n’indique même pas la réalité qui est que le système envisagé n’est même pas encore sur l’Atlantique alors que la zone de risque de renforcement est à l’opposé de l’océan. Ca induit tout le monde en erreur.
Pour le reste, si on regarde un petit peu l’environnement sur la moitié Est de l’océan on peut noter la présence d’une zone d’air sec et de sable très large et très dense et d’un cisaillement fort. Les conditions sont donc très hostiles au développement cyclonique pour les 2 prochains jours. Au delà ça s’améliore un peu mais la prévision du cisaillement au delà de 72h est très aléatoire.
En ce qui concerne la pression sur l’Atlantique, la dorsale vigoureuse qui a conduit Laura jusque dans le Golfe du Mexique est prévue pour s’affaiblir ces prochains jours, ce qui explique en partie les prévisions des modèles pour un passage au nord de l’arc antillais.
Pour terminer, rappelons nous que la prévision à 5 jours est extrêmement complexe et rarement pertinente. Sur son run du 21 août à 18h, le GFS voyait une onde qui passait sur la Floride et allait disparaître dans le golfe du Mexique … alors que 5 jours après il y a Laura qui attaque les côtes américaines avec des vents à 250 km/h !
Vous pouvez suivre le passage de Laura sur la Louisiane ou le Texas sur le Tableau de Bord, c’est ICI.
En passe de devenir un ouragan, Laura doit frapper le sud des Etats-Unis dans la soirée, mardi 25 août, moins de 24 heures après l'arrivée d'une autre tempête tropicale. Pour en savoir plus sur ce phénomène extrêmement rare dans le Golfe du Mexique, LCI a interrogé Thierry Dupont, de Météo-France.
24 août 19:43 - Propos recueillis par Matthieu DELACHARLERY
Pas une mais deux tempêtes tropicales, dont l'une devrait passer bientôt au stade d'ouragan, font actuellement route vers les côtes américaines du Golfe du Mexique. Se trouvant actuellement à moins 150 kilomètres des terres, Marco, rétrogradé d'ouragan à tempête, va frapper le sud de la Louisiane dans les prochaines heures, provoquant des pluies diluviennes. Moins de quarante-huit heures plus tard, suivra Laura, qui a atteint Cuba dans la nuit dernière après avoir provoqué des inondations en Haïti et en République dominicaine et tué douze personnes.
Selon l'Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), la tempête Laura va passer mardi au stade d'ouragan de catégorie 2 juste avant que son centre n'atteigne les côtes américaines. Pour en savoir plus, LCI a contacté Thierry Dupont, responsable de la prévision chez Météo-France pour les Antilles et la Guyane.
LCI : Laura et Marco sont-ils suffisamment proches l'un de l'autre pour qu'une interaction se produise, ce qu’on appelle l'effet Fujiwara, comme l’ont annoncé dimanche certains médias américains ?
Thierry Dupont : Dimanche, les prévisions prévoyaient l’arrivée de deux ouragans à un intervalle de moins de 48 heures et sur la même zone. Aujourd'hui, le scénario n’est plus tout à fait le même, puisqu’on ne parle plus d’ouragan pour Marco, mais d’une tempête tropicale, le niveau en dessous. Par ailleurs, ce n’est pas exactement la même zone. Ils se trouvent à une distance de 1.000 kilomètres l’un de l’autre. Laura touchera finalement une zone située entre la Louisiane et le Texas, alors que Marco, lui, frappera le sud-est de la Louisiane, autrement dit les régions de l'Alabama, du Mississippi ainsi que la partie nord-ouest de la Floride.
Des pluies diluviennes sont attendues sur la zone, faut-il également s'attendre à des inondations localement ?
T.D : Une succession de deux systèmes dépressionnaires tropicaux, dont une tempête et un ouragan, reste un phénomène très rare. Un épisode de très fortes pluies et sur un temps assez long va toucher les côtes américaines du Golfe du Mexique, coup sur coup. De quoi provoquer un risque de submersions marines sur la côte, des inondations et des glissements de terrain, tout ce qui peut être associé à des pluies torrentielles. Des vents à 160 km/h avec des rafales pouvant atteindre 200 km/h sont attendus dans la nuit de mercredi à jeudi lors du passage de Laura. La vallée du Mississippi peut également avoir un effet multiplicateur, en provoquant des inondations plus loin dans les terres.
Habituellement, pour toute la saison, on compte entre douze et treize tempêtes tropicales. Nous en sommes déjà à quatorze !- Thierry Dupont, responsable de la prévision chez Météo-France pour les Antilles et la Guyane.
Dans l’Atlantique, la saison des ouragans s’annonce intense, voire très intense. Commencée particulièrement tôt, elle atteint déjà un record avec neuf tempêtes dont deux ouragans déjà observés. Et le pic de la saison ne fait que commencer. Faut-il s'attendre à une multiplication de ce type de phénomènes météorologique ?
T.D : Habituellement, pour toute la saison, on compte entre douze et treize tempêtes tropicales. Nous en sommes déjà à quatorze tempêtes baptisées alors que nous sommes pas encore au mois de septembre ! Les conditions sont plus propices qu'en temps normal.
Selon les prévisions des experts du Giec, les cyclones risquent à l'avenir d'être encore plus dévastateurs. Seront-ils également plus nombreux ?
T.D : A cause du réchauffement climatique, les scientifiques s’attendent au cours des prochaines années à une augmentation de l’intensité des cyclones, des phénomènes plus puissants associés à des pluies plus intenses qui s’expliquent notamment par l’augmentation des températures des océans. En revanche, il ne semble pas qu'il y ait d'incidence sur leur fréquence. Par ailleurs, les cyclones atteindraient leur intensité maximale plus au nord qu'actuellement, un phénomène que les scientifiques appellent l'extension des tropiques.
Surtsey, l’une des îles les plus jeunes de la planète
Ce lundi, cap sur l’une des plus jeunes de la planète : Surtsey, dans l’Atlantique Nord. Surgie des flots en 1963, elle est un paradis pour les scientifiques.
Rares sont les îles à qui l’on peut donner un âge précis. Surtsey a ce privilège. Elle soufflera ses 57 ans en novembre. Car cette île n’existe que depuis 1963, quand, en novembre, une éruption a eu lieu à trente kilomètres des côtes de l’Islande, au sein de l’archipel des îles Vestmann.
En quelques jours, une nouvelle terre émerge des flots et continue à se former sous les yeux des scientifiques, jusqu’en 1967, où elle atteint une altitude de 155 mètres et une superficie de 2,57km².
Elle n’est déjà plus aussi grande : l’érosion marine et les vents l’ont amputée de moitié de son territoire (1,41 km² en 2010). Et elle est condamnée à re-disparaître presque entièrement dans les flots d’ici quelques centaines à milliers d’années…
La colonisation de la vie en direct
Dès son apparition, Surtsey fascine les foules. En décembre 1963, soit une poignée de semaines après la première formation, trois Français – dont un journaliste de Paris-Match – posent les pieds dessus… entre deux explosions.
Mais rapidement, consigne est donnée : cette île est une véritable aubaine pour les scientifiques. S’il n’est pas rare qu’une terre émerge avec une éruption, bien souvent, elles repartent très vite sous les flots. Pas ici. On va donc pouvoir y observer le développement de la faune et de la flore sur une roche vierge au long cours. Un véritable laboratoire du développement de la vie sur terre en temps réel.
La colonisation des espèces débute d’ailleurs assez rapidement. Des plantes arrivent très vite par les vagues et les bois flottés. Roquettes de mer, pourpiers de mer, seigles de mer, plantes huîtres, saules nains poussent. Quelques insectes accompagnent les graines.
De plus gros animaux font leur apparition un peu plus tard. D’abord, les oiseaux migrateurs qui y font juste étape. À partir de 1986, des premiers signes d’installation pérennes de goélands sont observés. Par leurs déjections, et ce qu’ils transportent sur eux, ils contribuent aussi à diversifier la flore sur l’île.
Sciences et Avenir rappelle ainsi que le premier ver de terre est identifié en 1993. Aujourd’hui, l’île compte 60 espèces de plantes vasculaires, 75 mousses, 71 lichens, 24 champignons, 335 espèces d’invertébrés, près de 90 espèces d’oiseaux !
Une autre île dans le Pacifique
Évidemment, par son intérêt, Surtsey – le géant du feu dans la mythologie nordique – est particulièrement choyée par l’humanité. Zone interdite à part pour les scientifiques, elle est d’ailleurs classée au patrimoine mondial de l’Unesco, histoire de la sanctuariser et de pouvoir continuer à documenter ce cours de biologie en direct.
Une autre île a surgi récemment des flots, mais cette fois-ci dans le Pacifique : Hunga Tonga-Hunga Ha’apai est apparue en 2015 au sein de l’archipel des Tonga. Elle est déjà colonisée par les oiseaux, la végétation… et les déchets de plastique.