jeudi 29 août 2013

LE PETIT TRAIN DE PERROS





LE PETIT TRAIN DE PERROS


Cela a été une grande partie de la vie de Pierre Symoneaux (oncle de mon mari) qui fut une mémoire vivante de Perros-Guirec : conseiller municipal de 1964 à 1970, puis adjoint jusqu’en 1976, créateur de l’Association des Plaisanciers et du Club des modèles réduits, il était aussi le petit-fils du docteur Symoneaux, ancien maire de Perros, et le « mari de la pharmacienne », dont l’officine fait face à la gare routière à la Rade : « mon grand-père a participé à l’arrivée du petit train à Perros et mon autre grand-père, caboteur au long cours, y voyait là  un grand espoir pour le port » .


Tout commence avec la naissance de principe, en 1880, d’un train départemental « à voie étroite métrique » qui couvrirait toutes les Côtes du Nord de l’époque. « A Perros-Guirec, le maire, qui était mon grand-père, prévoit la ligne Lannion-Perros avec une patte d’oie à Petit-Camp vers Tréguier et retour à Lannion par Trégastel et Trébeurden ».  Faut-il passer sur le domaine public ou le domaine privé ? « On discute, on s’oppose, on traîne les pieds. C’est  la guerre ouverte entre les « Radains », pro chemin de fer côtier, et les Bourgeois, hostiles. Mon grand-père, qui était « radain », donnera même du terrain à Pont-Couennec ! De guerre lasse, il démissionnera en 1886 …».


Les travaux commenceront quand même. « Avant 1900, on remblaie le fond du port, on achète des terrains ; on ébauche la trouée vers Trestignel et celle qui sera la rue Foch. On invente une chaussée qui créera une « chasse d’eau » pour drainer la jetée du Linkin. » Jusqu’en 1906, où le « petit train » arrive à la rade. «  La gestation de la gare aura duré 26 ans, son exploitation 40 ans seulement. » car le train n’ira pas plus loin que Perros, faute de crédits ! « Le chemin, pourtant tout tracé pour lui, deviendra la route de la Corniche et profitera des ouvrages d’art dessinés par Harel de la Noé, Ingénieur des Ponts & Chaussées. »Le terrain de la gare, prévu au centre du bourg de Perros, accueillera finalement la mairie actuelle en 1934. 


Beaucoup de choses ont été avancées sur cette époque, « notamment que des prisonniers allemands ont construits la voie ferrée avec des pics et des pioches » révèle Pierre Symoneaux : « En fait, c’était des déserteurs de l’armée teutonne. Une équipe a fait la trouée de Trestrignel et l’avenue Foch. Les habitants devaient les loger, les nourrir, et certains pensaient que c’était n’importe quoi car, pour eux, le train c’était l’Arlésienne. Les gens dont les noms à consonance allemande ou alsacienne vivant aujourd’hui dans le coin sont des descendants de cette époque. »


Dès sa création au début du XXème siècle, le quartier de la gare va « exploser » et devenir un quartier commercial important. « En 1925, on compte 4 hôtels, 2 pharmacies, la poste principale, un notaire, un camionneur, des fiacres, deux agences de location, deux marchands de bois, charbons et matériaux, un bazar, une épicerie, un coiffeur, un grand café…Ma grand-mère habitait la maison derrière la galerie Saint-Guirec. »


Pour Pierre Symoneaux, les promoteurs ont négligé un aspect essentiel : « le train devait servir au port, mais, en mettant les rails trop loin des quais, le bateau devait décharger dans un tombereau, qui lui-même transbordait dans les wagons ! » une manutention de trop qui empêchera tout lien commercial  entre les deux moyens de transport. « L’autre « erreur » c’est d’avoir « ignorer » le progrès et l’arrivée du moteur diesel avec la grande Guerre. » Le « petit train » et la gare de Perros connaitront leur apogée vers 1930 : « on préféra ensuite le car  ou le camion, qui passaient sur des chemins pas encore goudronnés, notamment pour le charbon du Nord, qui arrivait à Perros et dont c’était une véritable corvée que de le transborder du bateau vers le train. »


De cette étonnante période Pierre Symoneaux se souvenait étonnamment bien  de ses voyages entre Perros et Lannion allers et retours : « J’allais travailler tous les jours à Lannion, et comme le train mettait une heure pour rejoindre cette commune, on avait le temps de discuter ! C’était très convivial. »


Le « petit train » était composé « de la locomotive, une 030 n°14, d’un wagon de service : poste et serre-freins. » C’est dans ce dernier wagon que se tenait le « chef du train » qui faisait aussi fonction de contrôleur. « La « loco » était servie par un mécanicien et un chauffeur. Les derniers furent Le Luyer et Alfred Dagorn. Le chauffeur cassait les briquettes de charbon, allumai le feu dans la chaudière, l’alimentait. Il assurait aussi le plein d’eau aux principaux arrêts : Perros, Petit-Camp, St Marc et Kermaria (Lannion). »


Le mécanicien était également responsable de la conduite, de la sécurité et du sifflet ! Selon ce rituel : « un coup long, attention ; un coup bref, départ ; trois coups brefs, serrer les freins ; deux coups brefs, lâcher les freins ». Les briquettes de charbon étaient en aggloméré de « pitch », « poussier de charbon anthracite, principalement de Cardiff ». La briquette, « estampée d’une ancre de marine et destinée au cargo vapeur », convenait à toutes les locomotives. «Elle laissait une grande quantité de mâchefer en résidu, dont une partie venue de Lannion a servi à finir le remblai de la chaussée du lac. Les plaisanciers en subissent encore les conséquences par la très forte électrolyse qui érode les « métaux non anodisés. C’est ainsi que certains lests fixes de bateaux sont tombés au fond du port après une lente érosion détruisant les goujons de retenue. »  


« Tout le monde descend ! »                                                                                        Il fallait une heure pour mettre la locomotive sous pression : « les cylindres usaient d’autant plus de charbon que le trin était lourd ou le temps trop froid ».  La convivialité venait surtout du fait de la longueur du voyage et de ses aléas : « il fallait parfois demander aux voyageurs de descendre pour alléger le train, et même de pousser dessus dans la côte de Kernu, avant Mézernec ». Par contre, il fallait freiner dans les descentes après St Marc vers Lannion, après Mézernec vers Perros. « Le chef de train freinait dans le wagon de queue et, en cas de nécessité, demandait à des habitués de faire de même dans les wagons de voyageurs. Il y avait une grande solidarité entre les voyageurs. »


Mais le train n’avait pas que des avantages. Et en matière de sécurité, il y aurait aujourd’hui beaucoup à redire…L’arrivée en gare n’était pas toujours une formalité. « Ce jour-là, les freins ne marchèrent pas : incident mécanique, erreur ou oubli ? La locomotive patina et ne s’arrêta pas, fauchant un vieux perrosien qui passait au passage à niveau sur la route du Linkin, M.Trifoll, honorabilité du quartier, qui fut tué sur le coup, le crâne éclaté et la cervelle explosée arrosant de nombreux témoins, dont Mimi Lissilour (plus tard madame Garnier), notre fidèle postière…qui ne mangea dès lors plus de cervelle de sa vie…Ni sa fille Françoise. Le train termina sa course en enfonçant le fond du garage de la loco et broya la tonnelle du jardin de la propriété voisine où par bonheur il n’y avait personne. »


Un autre jour c’est le wagon de queue qui cassa son attelage au haut de la côte du Kernu alors que le  contrôleur faisait son service en tête de train ! « Le wagon  descendit la côte à vive allure, franchit Pont-Couennec tel un météorite dans un bruit de tonnerre, traversa toute la Rade jusqu’après le port où il arrêta son élan…sans le moindre incident. » Cela tenait du miracle car le train ne passait que deux fois dans la journée, le matin et le soir, sans exception. « Et, lorsque c’était le cas, il passait prudemment en sifflant beaucoup. Le reste de la journée, les gens garaient effet charrettes et autres autos sur les rails posés sur la route départementale. Ce jour-là, la voie était heureusement libre… »


« La dernière fois que le petit train a marché c’était en 1947. Je n’étais déjà plus là… » Pierre, parti travailler 13 années à Loudéac, reviendra à Perros-Guirec en 1958. On connaît la suite et notamment sa passion pour les maquettes de bateaux. « Pendant dix ans j’ai couru et fait courir les jeunes adhérents du club dans les régates de modèle réduit. Deux de mes fils ont même été champions de France. »


Alors, lorsque Marie-Claude Guéguen lui parle d’un salon de la maquette sur le thème du centenaire du train des Côtes d’Armor, il  propose de se charger de la gare de Perros… » Une fois les premières esquisses lancées, je me suis dit qu’il fallait faire l’environnement avec ses maisons et ses commerces ». Grâce à des cartes postales d’époque, mais aussi à ses propres souvenirs de jeune homme, Pierre Symoneaux conçut le gros-œuvre de la maquette, « sa belle-fille se chargeant de la décoration »,  qui a été exposée à la maison des Traouïero les 21, 22 et 23  janvier 2005. « Pour l’Hôtel de l’Armor, par exemple, je n’avais aucune carte postale. Une nuit je l’ai rêvé et l’ai reproduit le lendemain matin » s’étonne-t-il encore lui-même. « Pour le réservoir d’eau, c’est encore pareil : des mais m’ont fait part de leurs souvenirs, mais personne ne se rappelait  exactement où il était dans la rade. »


Au final ce fut une magnifique exposition que ce premier salon de la maquette, avec une conférence de Louis Jourdan et une projection vidéo dans le cadre du centenaire des chemins de fer des Côtes du Nord. Yvonne Jouan a fait partager les souvenirs des voyageurs de cette époque et la salle a ensuite pu échanger. Les visiteurs ont pu découvrir les nombreuses maquettes réalisées par les exposants : outre Pierre Symoneaux, quatre personnes étaient en compétition sur le patrimoine de Perros-Guirec : Annie, la belle-fille de Pierre, mais aussi Alexandre Cornu du collège des Sept-Iles, Pierre Leroux de Tonquédec et Jérôme Cosmard des Closets de Coadout, qui l’ont évoqué  leur manière. Pour le reste, bateaux, trains électriques, charrettes, sardinier de Concarneau, Tour de France, voitures et camions, avions et dioramas se sont partagé  la vedette.




Petite et brève histoire de

 

«La Gare de Perros-Guirec»:1906-1947

.

£a gare de Perros-Guirec fut inaugurée en 1906 après une conception longue et très discutée, qui a débuté aux environs de 1880. £e Dr Pierre Symoneaux est maire alors que se construit la ligne de chemin de fer Paris-Brest partant par Saint-Brieuc, Guingamp, Morlaix,  avec un écartement des voies à 1,54 ML (ou 5 feet), dites voies normales.

£a  Bretagne est alors la légion française la plus excentrée, quasi déserte, où les routes sont des chemins, et où seul le cheval tire voyageurs et marchandises. Par contre, les matériaux lourds et non « urgents » circulent facilement par la mer. £e cabotage et les ports font florès. Danouet, £e £égué, Binic, Paimpol, Tréguier, Perros-Guirec, Toul an Héry... reçoivent des bateaux de 40 à 200 tonneaux. Bois, ciment, charobn arrivent ; Pommes, pommes de terre, céréales, poteaux de mine, partent. £es côtes de la Bretagne en sont la « Ceinture  Dorée ».

Il est normal qu'ait germé dans l'esprit des édiles l’idée de relier les ports à la voie ferrée axiale Paris-Brest.

Mais comment réaliser un tel projet ?

C'est la naissance du principe d'un train départemental à voie étroite métrique qui couvrirait tout le département des « Côtes du Nord » : de £amballe à Pléneuf, Saint-Brieuc à Carhaix, Guingamp à Paimpol et Tréguier par Pontrieux, Plouaret à £annion et Perros… et pourquoi pas Saint-Brieuc à Morlaix par la côte. £'idée fait son chemin. On en fait les plans. On chercne des financements. Simultanément surgissent les difficultés, les trafics d'influence, les divergences de vue ou d'intérêts, les atermoiements, les retards ...

à Perros-Guirec, le maire prévoit la ligne £annion à Perros avec « patte d'oie » à Petit-Camp vers Tréguler, et retour à £annion par Trégastel et Trébeurden.

£à aussi les problêmes s'accumulent: passera-t-on sur les routes départementales, sur le domaine maritime, ou sur le domaine privé ? On discute, on s'oppose, on traîne les pieds. £e Dr Pierre Symoneaux va même donner du terrain à Pont Couennec... De guerre lasse, il démissionnera en 1886... £es travaux vont quand même commencer. Dès avant 1900, on remblaie le fond du port ; on achète des terrains ; on ébaucne la trouée de Trestrignel et celle qui sera la rue port ; on invente une chaussée qui créera une chasse d'eau pour drainer ia jetée du £inkin... Enfin, en 1906, le « Petit Train » arrive à ta Rade, mais il n'ira pas plus loin, faute de crédits. £e chemin, pourtant tout tracé pour lui, deviendra la Corniche et profitera des ouvrages d'art dessinés par Har de ia Noé, ingénieur des Ponts et Chaussées à Saint Brieuc : les Arcades du £inkin comme le Pont de £anneg Pont Mein à Ploumanac’h. £e terrain, acquis au bourg  pour y faire la gare et devenu inutile, verra s'y construire la mairie en 1934...
£a gestation de la gare aura duré 26 ans.
Son exploitation durera 40 ans.

Dès 1906 le quartier de la gare va « exploser » : de quelques rares maisons d'habitation, dites « de Capitaine », il va devenir un quartier commercial important.

En 1925, on compte 4 hôtels, 2 pharmacies, la poste principale, un notaire, un camionneur, des fiacres, 2 agences de location, 2 marchands de bois, charbons et matériaux, un bazar, une épicerie, un coiffeur, un grand café : « £a Terrasse » avait une salle de billard et une grande salle de réunions pour noces et bals, avec un piano mécanique qui fonctionnait avec une pièce en bronze de deux centimes (souvenir personnel avec mention de mon premier abus de boisson alcoolisée en 1924 lors du mariage de Félix £e Rolland avec Marie £e Briquir.)

Les « promateurs » du petit train ont fait quelques erreurs. £a principale est d'avoir posé les rails trop loin des quais du Port. Un Batea qui décharge doit vider son chargement dans des tombereaux, puis les transborder dans les wagons : une manutention trop chère qui empêchera tout lien commercial entre le port et le train, à l'arrivée comme au départ. Une autre erreur est d'avoir « ignoré » le progrè,s et l'arrivée du moteur diesel en particulier, vulgarisé par la Grande Guerre. £e moteur va concurrencer à mort la marine à voile, augmenter le tonnage des navires et ruiner les ports à échouage.

Ainsi le « Petit Train » et notre gare verront-ils leur apogée vers 1930. Ensuite les chemins de fer départementaux partout régresseront. £'arrivée à Perros du charbon du Nord sera freinée par les frais du transbordement, l'expansion du camionnage et l'amélioration des routes.

Notre petit train aura sa pleine activité durant la 2ème  guerre mondiale, s’essoufflera... et s'arrêtera en 1945.

En 19 47, on enlèvera les derniers tronçons de voies...

En 1961, la mairie de Perros « rasera » la gare, dont heureusement nous sauverons la Salle des Pas Perdus, devenue officiellement en 1972 « Fouer des Plaisanciers ».

Sic transit, terminus !

£a maquette au I/I00ème de la gare de Perros-Guirec vers 1930 présente quelques anomalies : erreurs matérielles, mauvaise échelle ou anachronismes ? Merci de les signaler pour une éventuelle correction. Mais, vers 1930, l'évolution du quartier fut une vraie R-évolution !

Pierre Sumoneaux   (1918 - 2009)

 

 

 

 

 

mercredi 28 août 2013

28 AOUT 2013 : I HAVE A DREAM IL Y A 50 ANS


 
Martin Luther King, lors de son discours, le 28 août 1963.
 
 

Apothéose de la commémoration de la Marche sur Washington du 28 août 1963, Barack Obama s'est exprimé hier sur les marches du Lincoln Memorial, à l'endroit exact où Martin Luther King avait prononcé le discours «I Have a Dream».

 
L'intégralité du discours en français
 
"Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui pour participer à ce que l’histoire appellera la plus grande démonstration pour la liberté dans les annales de notre nation.
Il y a un siècle de cela, un grand Américain qui nous couvre aujourd’hui de son ombre symbolique signait notre Proclamation d’Émancipation. Ce décret capital se dresse, comme un grand phare illuminant d’espérance les millions d’esclaves marqués au feu d’une brûlante injustice. Ce décret est venu comme une aube joyeuse terminer la longue nuit de leur captivité.
Mais, cent ans plus tard, le Noir n’est toujours pas libre. Cent ans plus tard, la vie du Noir est encore terriblement handicapée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination. Cent ans plus tard, le Noir vit à l’écart sur son îlot de pauvreté au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Cent ans plus tard, le Noir languit encore dans les coins de la société américaine et se trouve exilé dans son propre pays.
C’est pourquoi nous sommes venus ici aujourd’hui dénoncer une condition humaine honteuse. En un certain sens, nous sommes venus dans notre capitale nationale pour encaisser un chèque. Quand les architectes de notre République ont magnifiquement rédigé notre Constitution de la Déclaration d’Indépendance, ils signaient un chèque dont tout Américain devait hériter. Ce chèque était une promesse qu’à tous les hommes, oui, aux Noirs comme aux Blancs, seraient garantis les droits inaliénables de la vie, de la liberté et de la quête du bonheur.
Il est évident aujourd’hui que l’Amérique a manqué à ses promesses à l’égard de ses citoyens de couleur. Au lieu d’honorer son obligation sacrée, l’Amérique a délivré au peuple Noir un chèque en bois, qui est revenu avec l’inscription “ provisions insuffisantes ”. Mais nous refusons de croire qu’il n’y a pas de quoi honorer ce chèque dans les vastes coffres de la chance, en notre pays. Aussi, sommes-nous venus encaisser ce chèque, un chèque qui nous donnera sur simple présentation les richesses de la liberté et la sécurité de la justice.
Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. C’est l’heure d’émerger des vallées obscures et désolées de la ségrégation pour fouler le sentier ensoleillé de la justice raciale. C’est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvant de l’injustice raciale et de l’établir sur le roc de la fraternité. C’est l’heure de faire de la justice une réalité pour tous les enfants de Dieu. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence du moment. Cet étouffant été du légitime mécontentement des Noirs ne se terminera pas sans qu’advienne un automne vivifiant de liberté et d’égalité.
1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel.
Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse.
Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple, debout sur le seuil accueillant qui donne accès au palais de la justice : en procédant à la conquête de notre place légitime, nous ne devons pas nous rendre coupables d’agissements répréhensibles.
Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Sans cesse, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où la force de l’âme s’unit à la force physique.
Le merveilleux esprit militant qui a saisi la communauté noire ne doit pas nous entraîner vers la méfiance de tous les Blancs, car beaucoup de nos frères blancs, leur présence ici aujourd’hui en est la preuve, ont compris que leur destinée est liée à la nôtre. L’assaut que nous avons monté ensemble pour emporter les remparts de l’injustice doit être mené par une armée bi-raciale. Nous ne pouvons marcher tout seul au combat. Et au cours de notre progression il faut nous engager à continuer d’aller de l’avant ensemble. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.
Il y a des gens qui demandent aux militants des Droits Civiques : “ Quand serez-vous enfin satisfaits ? ” Nous ne serons jamais satisfaits aussi longtemps que le Noir sera la victime d’indicibles horreurs de la brutalité policière. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos corps, lourds de la fatigue des voyages, ne trouveront pas un abri dans les motels des grandes routes ou les hôtels des villes.
Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que la liberté de mouvement du Noir ne lui permettra guère que d’aller d’un petit ghetto à un ghetto plus grand. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps que nos enfants, même devenus grands, ne seront pas traités en adultes et verront leur dignité bafouée par les panneaux “ Réservé aux Blancs ”. Nous ne pourrons être satisfaits aussi longtemps qu’un Noir du Mississippi ne pourra pas voter et qu’un Noir de New-York croira qu’il n’a aucune raison de voter. Non, nous ne sommes pas satisfaits et ne le serons jamais, tant que le droit ne jaillira pas comme l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.
Je n’ignore pas que certains d’entre vous ont été conduis ici par un excès d’épreuves et de tribulations. D’aucuns sortent à peine d’étroites cellules de prison. D’autres viennent de régions où leur quête de liberté leur a valu d’être battus par les orages de la persécution et secoués par les bourrasques de la brutalité policière. Vous avez été les héros de la souffrance créatrice. Continuez à travailler avec la certitude que la souffrance imméritée vous sera rédemptrice.
Retournez dans le Mississippi, retournez en Alabama, retournez en Caroline du Sud, retournez en Georgie, retournez en Louisiane, retournez dans les taudis et les ghettos des villes du Nord, sachant que de quelque manière que ce soit cette situation peut et va changer. Ne croupissons pas dans la vallée du désespoir.
Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.
Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.
Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.
Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai.
Que la cloche de la liberté sonne du haut des merveilleuses collines du New Hampshire !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des montagnes grandioses de l’Etat de New-York !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des sommets des Alleghanys de Pennsylvanie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut des cimes neigeuses des montagnes rocheuses du Colorado !
Que la cloche de la liberté sonne depuis les pentes harmonieuses de la Californie !
Mais cela ne suffit pas.
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Stone de Georgie !
Que la cloche de la liberté sonne du haut du mont Lookout du Tennessee !
Que la cloche de la liberté sonne du haut de chaque colline et de chaque butte du Mississippi ! Du flanc de chaque montagne, que sonne le cloche de la liberté !
Quand nous permettrons à la cloche de la liberté de sonner dans chaque village, dans chaque hameau, dans chaque ville et dans chaque Etat, nous pourrons fêter le jour où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les Juifs et les non-Juifs, les Protestants et les Catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux Negro Spiritual : “ Enfin libres, enfin libres, grâce en soit rendue au Dieu tout puissant, nous sommes enfin libres ! ”."
 
 
 
Martin Luther King, lors de son discours, le 28 août 1963.© AFP
Après la marche contre les discriminations raciales, le pasteur noir américain Martin Luther King, à Washington, le 28 août 1963, devant 250 000 personnes, prononce son discours "I have a dream". Son rêve est celui d'une Amérique fraternelle où Blancs et Noirs se retrouveraient unis et libres. Revivez ce moment et retrouvez-en la retranscription intégrale.

 
 
 

Martin Luther King's Speech: 'I Have a Dream' - The Full Text

PHOTO: Martin Luther King Jr., left, circa 1970's, left, and President Barack Obama Dec. 3, 2012, at the National Defense University in Washington, D
Auto Start: On | Off
The Rev. Martin Luther King Jr.'s 'I Have a Dream' speech is among the most acclaimed in U.S. history, and the 50th anniversary this week of the March on Washington where he delivered it highlights the speech's staying power.
His soaring close "to let freedom ring" still resonates today and inspires those who are moved by his dream.
He began with: "I am happy to join with you today in what will go down in history as the greatest demonstration for freedom in the history of our nation.
"Five score years ago, a great American, in whose symbolic shadow we stand signed the Emancipation Proclamation. This momentous decree came as a great beacon light of hope to millions of Negro slaves who had been seared in the flames of withering injustice. It came as a joyous daybreak to end the long night of captivity.
"But one hundred years later, we must face the tragic fact that the Negro is still not free. One hundred years later, the life of the Negro is still sadly crippled by the manacles of segregation and the chains of discrimination. One hundred years later, the Negro lives on a lonely island of poverty in the midst of a vast ocean of material prosperity. One hundred years later, the Negro is still languishing in the corners of American society and finds himself an exile in his own land. So we have come here today to dramatize an appalling condition."
Read the speech in its entirety HERE at the U.S. National Archives.

LA VERITE SUR TINTIN

Nous avons tous en nous quelque chose de Tintin!
 
tintinophiles, tintinolâtres, de 7 à 77 ans...
(et même au-delà, pour faire mentir la célèbre devise...)
attention : voici enfin dévoilé le secret de l'éternelle jeunesse de Tintin!
Tintin, sa jeunesse est éternelle, il est toujours tel que nous l’avons découvert à l’âge de 7 ans ! Nous le retrouvons semblable à lui-même, à 77 ans comme à 7 ans …  et pourtant lui-même les a dépassées, les 77 berges!
 
Ainsi en est-il de nos héros de papier qui traversent les années sans que celles-ci n’affectent leur visage ni l’image que  nous avons d’eux. Evidemment cela chiffonne les exégètes démystificateurs qui ne se satisfont pas de la naïveté de notre regard. Tintin a déjà été passé au crible de la psychanalyse qui a jugé suspectes la pauvreté de sa vie amoureuse et l’absence de sa libido ! le docteur Claude Cyr, pédiatre de la faculté de Sherbrooke au Canada, a voulu aller plus loin et traquer la raison médicale d’une adolescence qui n’en finit pas. Il a trouvé ; Dans la dernière livraison du très sérieux Journal de l’association médicale canadienne, il nous livre son diagnostic : c’est une simple question d’hormones. L’enfant d’Hergé souffrait d’une « déficience de l’hormone de croissance et d’hypogonadisme hypogonatrophique »  (sic). En clair : une insuffisance de fonctionnement des testicules… Ce n’est plus « Etre ou ne pas être », mais « En avoir ou pas ». Cette défaillance glandulaire expliquerait qu’il n’ait jamais connu le feu du rasoir, les cheveux gris, ni de poussée libidinale. Toutefois, il ne s’agit pas d’une faiblesse congénitale mais d’un désavantage acquis dû à des « traumatismes  répétés ». Le médecin les attribue à une cinquantaine d’évanouissements recensés au fil des albums, dont 43 provenant de coups à la tête, 26 étant portés par des objets contondants. A ce stade, il pouvait encore espérer devenir un homme, un vrai, s’il n’avait eu à subir également 3 empoisonnements au chloroforme, 4 explosions, 3 accidents de voiture et 2 chutes… (le pédiatre oublie son passage par la fumerie d’opium…).Cela témoigne tout de même d’une robuste et virile constitution ! Notre médecin, scrupuleux, a voulu aller plus loin : il a évalué la force des chocs successifs en fonction de la quantité d’étoiles, ou de chandelles, tournant autour de la tête de Tintin, et la durée de ses évanouissements selon le nombre de cases dessinées avant qu’il ne reprenne conscience. On ne jurerait pas que la méthode soit d’une grande rigueur scientifique…                                                                                     On ne sait si le tintinophile médical va ausculter de la même manière les compagnons du petit reporter. Il n’aurait guère de difficultés à justifier les colères jupitériennes du capitaine Haddocck par son éthylisme, ou la maladresse des Dupont et Dupond par leur gémellité. Mais le cas de Milou, le chien qui parle, mille sabords ! Peut-être que Tintin était ventriloque, utilisant au mieux une voix qui n’a jamais mué ?










A propos du film de Spielberg
" Tintin et le secret de la licorne"

CHEF D'OEUVRE !

 

Très réussit ! Spielberg nous fait encore une merveille ! A vrai dire ,ce n'est pas vraiment du "pur TINTIN ", c'est bien un mélange à l'américaine et ça a bien un côté "INDIANA JONES ". Le début et un tout petit mou , mais après Spielberg se rattrape ! Ça va presque trop vite à un moment , mais on ne s'en plaint pas . Visuellement ,les images sont une pur merveille ! C'est révolutionnaire ! Vous passerez un excellent moment à voir ce film bourré d'aventure , humour et action ! A VOIR ABSOLUMENT !


Déçu de l'adaptation des BD; où sont les frères Loiseau? Où est passé Tournesol, personnage incontournable des Aventures de Tintin à partir du "Secret de la Licorne"?
Je n'ai pas été convaincu du mélange des 3 aventures "Le crabe aux pinces d'or" n'a rien à voir avec "Le secret de la Licorne et le trésor de Rackham le Rouge" dommage que Spielberg a pris de grandes libertés sur l'adaptation.Pour info Steven, Tintin n'est pas Indiana Jones !
Par contre mention spéciale pour les décors, la capture de l'image, le réalisme des personnages et les clins d'oeil au monde de Tintin (présence d'Hergé, des articles de journaux relatant ses exploits etc...)

belle réalisation mais...
Il manque un truc ou au contraire, il y a trop de tout ! trop de cascades, trop vite, trop, trop, trop... Enfin c'est le sentiment que j'ai eu.

mardi 27 août 2013

LADY MOND (1869-1949) et LE CHATEAU DE COAT-AN-NOZ

                               Le Château de Coat-An-Noz

 
 
 


                    Le château de Lady Mond à Belle Ile en Terre avec ses quatre tours

A la lisière ouest de la forêt s’élève un château de style Louis XIII, construit au début du XIXème siècle. L’édifice est bâti sur les vestiges d’une ancienne place forte appelée Manoir de la Bosse.
Il est construit par la comtesse de SESMAISON, née
Cécile de KERGORLAY pour l’agrément de sa fille Françoise-Marie-Raphaëlle. C’est la comtesse elle même qui établit les plans, s’inspirant du château de Saint Jean Kerdaniel. La construction dura 30 ans. En 1859 il passe, par alliance, à la famille FAUCIGNY-LUCINGE, qui en reste propriétaire jusqu’en 1923.

Pendant la deuxième guerre mondiale, le château est le siège des FFI. Racheté plusieurs fois à partir de 1969, le château retrouve une âme grâce à un antiquaire nantais, Mr FRESNEL (dont le grand père fut naguère maire de Belle-Isle-en-Terre). Il avait pour objectif, d’y développer un salon de thé. Le projet n’a pas abouti.
Lors de chaque rachat, la mairie a soin de vérifier que le nouveau propriétaire ne rasera pas le château et n’enlèvera pas les cheminées.

 

Lady Mond (1869-1949)
en quelques dates

5 février 1869 : naissance de Maï Manac’h à Belle-Isle-en-Terre                                                 
1887 : vend des fleurs à Montmartre                                                                                              
1894 : épouse    Simon Gugenheim – Il décède en 1902                                                                        
6 décembre 1922 : épouse Robert Mond, le « roi du nickel »                                                       
1924 : don à   Dinard de son premier bateau de sauvetage, le « Maï Manac’h »                           
1928 : achat du château du Bec à Dinard, rebaptisé « Kastell Mond »                                            
1929 : achat du château de Coat An Noz à Belle-Isle-en-Terre                                                              
3 Juin 1932 : Robert Mond est anobli par le roi George V, il devient Lord et Maï devient Lady Mond                                                                                   
1932 : début du projet Kastell Mond
 
Le château de Coat an Noz ( en breton : bois de la nuit)
La famille de Sesmaisons possédait un ensemble de biens qui formait à l’époque une très grande propriété, plus de 2000 hectares, dont les forêts de Coat An Noz et Coat An Hay et des fermes autour qui dépendaient d’une ancienne grande batisse appelée « Maison de la Bosse », la bosse étant le nom de ce lieu.
Auparavant, tout cet ensemble avait appartenu au Marquis de Goesbriand, marquis de Belle Isle en Terre et maréchal de camp à la cour de Louis XIV, puis au marquis de Suffren.

Le Château de Coat An Noz , alors appelé Château de la Bosse, a  été construit en 1856 par la comtesse de Sesmaisons.
La fille de la Comtesse de Sesmaisons, Françoise Marie Raphaëlle, épousa le 1er Août 1859 le Prince Charles de Faucigny Lucinge, député des Côtes du Nord, petit-fils du Duc de Berry et arrière-petit-fils de Charles X. Le château devint donc par alliance la propriété du Prince Faucigny Lucinge. La Princesse et le Prince Charles Faucigny Lucinge sont enterrés à Loc Envel en 1910.

Le Prince Charles Faucigny Lucinge était le grand père maternel de la famille de l’épouse de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, ancien Président de la République française.
Le 21 janvier 1929, Sir Robert Mond acheta le Château et combla son épouse qui réalisait ainsi son rêve de jeune fille qui était de devenir princesse.

On sait que Marie Louise Le Manach naquit à Belle Isle en Terre en 1869 dans un petit moulin de bois (Prat Guégan) au bord du Guer ou son père travaillait dur pour élever ses 5 enfants.

Maï, la fille au teint de lait, voyait passer chaque jour les attelages princiers des Faucigny Lucinge sortant du Château de Coat An Noz. Un jour à son père qui l’interroge, elle déclare « moi aussi un jour je serai Princesse ». A 18 ans, elle part pour Paris. On connaît mal ses débuts, mais à 23 ans elle épouse Simon Gugenheim. Devenue vite veuve avec une belle fortune, elle se réfugie quelques années sur la Côte d’Azur, puis elle revient à Paris. Désormais connue du « Tout Paris » et de la « Société Londonienne », elle fait la connaissance de Sir Robert Mond et l’épouse en 1921. Dès lors, la petite Marie mena une vie heureuse et fastueuse auprès de son second mari. On la compare à Paris à madame Récamier pour sa beauté et à Madame de Staël pour son esprit.

Mais « Maï la Bretonne » ne résidera que peu à Coat An Noz, appelé par ailleurs à honorer moult cérémonie en compagnie de son époux, Sir Robert Mond. C’est pourtant à Belle Isle En Terre, dans son château « Castel Mond », qu’elle fit construire pour ses vieux jours qu’elle mourut le 21 Novembre 1949.

Elle gît avec son mari dans la chapelle de Loc Maria, dans le mausolée qu’aurait voulu faire construire Lady Mond, à l’image des ossuaires de son pays.

 

La lourde pierre tombale dans la crypte du mausolée de Locmaria où aujourd’hui et à jamais reposent Robert et Lady Mond, entourés de divers membres de la famille, est en granit rose.

Maï la Bretonne est morte à l’âge de 80 ans.

Sur le Guic, en bas de la forêt, se trouve le moulin Guersan, moulin à farine transformé par la suite en moulin à scierie. Il fournissait l’électricité au château et au village à raison d’une ampoule de 25 watts par maison, avant la venue du courant électrique. C’est pour cela qu’on dit que le Château de Coat An Noz relève d’un compte de fée.
Château de Coat an Noz
 
Manoir de la Bosse (castel bosse), grande maison, sans trop de caractère, première habitation des Faucigny avant 1850. Château actuel construction en 1870, électrifié en 1898 grâce à un système de turbines (toujours en place et fonctionnelles jusqu‘en 1955, 110 volt) et de ligne électrique reliant un moulin & le château (vestiges des poteaux et socles de béton), de plus eau courante grâce à la fontaine Gilo alimentant des réservoirs en zinc placé sous les charpentes grâce à une pompe électrique. Chauffage central au charbon (air pulsé au sol), bibliothèque, présence d’un orgue (pièce sud ouest), cuisine et gardien dans les caves.
Les Faucigny vivant aux dessus de leur train de vie (achat de nombreuses automobiles) ils font banqueroute.
Marie Louise le Manach fille du pauvre meunier de Belle Isle en terre se jura un jour d’être propriétaire du château
de Coat an Noz. Après une multitude d’aventure dans la capitale française, elle partie à Londres où elle rencontra
sir Robert Mond le roi du Nickel quelle épousa. Celui-ci pour réaliser le rêve de jeune fille de sa femme lui offrit le
château de Coat an Noz pour son 60e anniversaire en 1929 (cf: livre "Maï la bretonne" de Pierre Delestre).
 
château de Coat an Noz


Marie-Louise LE MANACH est la seule fille d’une famille de 10 enfants. De père meunier et de mère ménagère, ils habitent le moulin de Prat Guégan en Belle Isle en Terre. Elle répond rapidement au prénom de « Maï ». Elle vit dans un logis précaire, mangeant rarement de la viande et vêtue de haillons. Malgré cela, elle est vive et regorge de santé. A 12 ans, on lui en donne 15.

Lors des obsèques de Victor HUGO, l’occasion lui est donnée de se rendre à Paris. Elle découvre la capitale et ce voyage change à jamais sa vie qsi bien qu’elle décide d'y rester. Elle connait des débuts difficiles comme les provinciales de son temps, mais le personnage n'est pas ordinaire. Pourtant on imagine mal une torride Maï derriière la froide austérité de ses photos… A 18 ans elle établit ses quartiers à Montmartre, vend des fleurs dans la rue et devient la reine des nuits chaudes de Paname. Elle se fit même remarquer en descendant un soir la butte Montmartre dans le plus simple appareil ! Elle était lancée ...
En 1893, lors du bal costumé de l’école des beaux arts au Moulin Rouge, elle fait sensation. Elle est reconnue faisant partie des 10 femmes admises à figurer dans le cortège costumé au bal des Beaux-Arts au Moulin Rouge, à peine vêtue d’une gaze fort transparente. Quelque mois auparavant, lors d’un dîner, elle se fît remarquer : un homme cria : « 20 Louis à la personne qui… ? ». Maï Le Manac’h accepta et fit, dans la tenue qu’on imagine, le tour de la société sur le dos du parieur. Elle fût inculpée pour outrage public à la pudeur et le 23 juin 1893 on la condamne à deux mois de prison pour exhibitionisme.

La trentaine approchant elle se reprend et reste à Paris où elle fait la connaissance, à 28 ans, de Simon GUGENHEIM qui en a 38, un commerçant alsacien. Ils se marient et quittent la France pour Londres. On disait que c’était un riche anglais, qu’il possédait une réserve de pêche sur Belle-Ile et qu’il était chirurgien de grande réputation. En fait, il est originaire du Bas-Rhin et n'était qu'un fabricant d’allumettes puis un marchand de fruits et légumes. Il décède en 1902 d’une tuberculose et d’une cirrhose du foie en laissant une veuve avec en tout et pour tout 18 livres. Il repose à Montparnasse dans la tombe GUGENHEIM-POUNOT.

Elle tente de cacher une idylle avec le Prince Antoine d’Orléans (1866/1930), mari de l’infante d’Espagne Eulalie (1864/1958). En effet, à 30 ans l’infidèle Antoine a abandonné Eulalie. Celle-ci prit, en 1900, la décision de divorcer bien que la cour de Madrid soit contre. On comprend alors que Maï eu envie de tenter sa chance. Cette aventure transforme matériellement son existence. Mais elle découvre que de nombreuses intrigues entourent le trône d’Espagne et que son train de vie parait suspect. Elle finit par se lasser des infidèlités du prince.

Elle parcours alors l’Espagne, l’Angleterre, la Suisse, Paris…avant de repartir pour Londres où elle rencontre Sir Robert Mond, avec qui elle aura enfin ce qu’elle convoite depuis l’enfance : « Vivre la vie des princes sans jamais oublier d’où elle vient », car elle aide beaucoup sa famille.C’est un chimiste qui a découvert un prodcédé qui permet d’extraire du nickel à l’état très pur. Robert et Maï se marient le 6 Décembre 1922. Elle a 53 ans.

                    Sir Robert MOND (1862-22/10/1938)                 
Robert MOND découvre un nouveau composé métallique gazeux : le nickel carbonyle. Il lui ouvre la voie à un nouveau procédé d’extraction du nickel à l’état très pur. Ses exploitations au Canada lui vaudront son appellation de « Roi du Nickel ». Lors de la première guerre mondiale, ses usines sont transformées pour la fabrication du TNT.                              
Anobli par le roi Georges V le 3 Juin 1932, il est très riche et a beaucoup de connaissances dans le monde. Archéologue dans les pays et passionné d’égyptologie , ils voyagent, découvrent la vallée du Nil. Le monde est leur village, balisé de résidences :  il acquiert des villas, des résidences  et des appartements à Londres (à Cavendish Square) et en France (à Dinard, il achète « Le Bec de la Vallée » devenu le Kastell Mond avec vue sur Saint Malo). Ensuite, il achete le château de Coat An Noz pour l’offrir à sa femme pour ses soixante ans.
Toujours présent lors des grands évènements comme en 1926 où, avec neuf personnes, Sir et Lady MOND relient l’Angleterre à Dinard en hydravion.
Ils font également don du premier Bateau de sauvetage commandé à St Servan (bateau plat répondant au nom de Maï Manach).

Le Pavillon MOND

Le Kastell Mond ressemble au château où, petite fille, elle allait livrer de la farine, du lait et des œufs avec sa maman… C’est là aussi qu’elle découvre la vie  en mondaine n jouant avec les fillettes du prince de Faucigny-Lucinge. Elle le rachètera  en 1929, mais ce n’est plus alors la Maï en haillons, la fille d’une famille de dix enfants, qui prend possession des lieux ! C’est Lady Mond …        En 60 ans la fille du meunier a fait son chemin ! En usant d’une « stupéfiante beauté , d’un caractère trempé, d’une intelligence hors normes et d’un culot de tous les diables » (Yannick Kervern). Quand elle venait c’était la fête, le champagne coulait à flots (le « bannac’h mad boum boum ») de longues nuits durant… Elle maîtrisait parfaitement le français et l’anglais, mais parlait toujours breton avec ses gens de maison ansi que ses frères et soeurs. Elle était aussi très généreuse : Lady MOND a fait raser le moulin Toulquer en 1932 où ses parents travaillaient à la fin de leurs vies (mai 1885). A la place, elle fait construire le Pavillon Mond en l’honneur du couronnement du Roi d’Angleterre Georges V. Le pavillon accueillera ensuite mairie, salle des fêtes et la cantine en sous-sol. Plus loin elle installe poste et pharmacie. Elle finance aussi la cantine scolaire, la maternité de Guingamp, elle dote le fameux concours de lutte bretonne d’un taureau !

Approchant des 70 ans et se sentant seule à Coat an Noz (Robert est décéd é en 1938) elle décide de faire construire le Kastell mond : elle passe commande, à l’architecte Hénar de Saint Malo pour les plans d’un château en granit avec quatre niveaux et pour chaque niveau, 12 fenêtres. Au terme de la construction, alors que la charpente est posée,  le château s’avère trop près de la route et de ce fait cache la mairie. On le démonte pour le reconstruire 10 mètres plus loin. La construction s’achève la veille de la guerre 39-45. Ses preimiers occupants sont les Allemands ! ils y trouvent le faste : ascenceur, monte-charge, chauffage central alimenté par 2 chaudières, 8 salles de bain, téléphone intérieur permettant la communication entre tous les étages. Les murs sont recouverts de marbre, de boiseries, de toile de Jouy. Maï récupère so « logis » en 1945 pour y passer les cinq dernières années de sa vie.

Aujourd’hui le faste a disparu…Le mobilier a été vendu aux enchères après son décès et son inhumation dans la chaêlle de loc maria. Après avoir accueilli jusqu’à 300 collégiens, le Kastell Mond devient, en 1997, un centre régional  d’initiation à la rivière, joli clin d’œil à la châtelaine  qui aurait répondu aux Allemands,  se plaignant d’un problème d’eau : « I am not a spring ! ». Maï était pourtant une belle fontaine de Jouvence…

Les différents acquéreurs ont été :
- 1953/1986 : (Mairie ): école, collège public
- 1986/1998 : hôpital psychiatrique de Bégard
- depuis 1998 : Centre régional d’initiation à la rivière

Mausolée de Lady MOND

A côté de la chapelle Loc Maria, Lady Mond a fait édifier une chapelle personnelle dont la conception, sur une crypte enterrée, s’inspire des recherches faites par Lord Mond en Egypte (tombe du sous sol).

Par contre, le mausolée érigé au dessus est en forme de chapelle qui se veut médiévale. Elle ne conserve que les gisants de marbre de Carrare que « Maï la bretonne » a fait sculpter après la mort de son mari.

A sa mort  Lady MOND est enterrée au cimetière de Loc Maria. Elle avait demandé qu’après 20 ans, elle soit conduite au mausolée (en fait après 30 ans car le cercueil était de bonne qualité). Depuis le cercueil d’ébène de Lady MOND repose dans un tombeau de granit rose situé dans la crypte et entouré de sépultures d’autres membres de sa famille. Au fond du mausolée, une niche renferme les cendres de Sir et Lady MOND. Aujourd’hui, les cendres de Sire MOND sont retournées en Angleterre.

La porte du mausolée est un réemploi : elle provient de la chapelle du Paradis qui se trouvait à Keranfloc’h, dans la commune de Trégrom.

Il devient célèbre grâce à son rachat, le 21 Janvier 1929, par Sir Robert MOND pour les 60 ans de son épouse.

Contact : Yannick Kervern, originaire de Belle-Isle-en-Terre est à la recherche , depuis de nombreuses années d’archives, de documents de photos ou d’objets ayant trait à l’histoire de Sir Robert et Lady Mond, ainsi que celle du Château de Coat An Noz . 06 18 14 50 14