vendredi 19 février 2016

LA PEROUSE (suite)


 
De guerres en Pacifique (2/3)
 
 
 
 
 
LA RENCONTRE INATTENDUE (6)

La Pérouse, de guerres en Pacifique (2/3)

Sur le point d’être exécuté, Louis XVI aurait prononcé ceci : « A-t-on des nouvelles de La Pérouse ? » voilesetvoiliers.com a eu l’opportunité de rencontrer, début mars 1788, le célèbre navigateur en Australie, à Botany Bay, quelques semaines avant sa disparition en mer. Deuxième partie.
 
Suite de notre entretien avec Jean-François de La Pérouse. Première partie à retrouver ici.
 
La Pérouse vient de se retirer quelques instants dans son logement. Il nous rejoint sur la dunette de la Boussole alors que des poules caquettent dans leurs mues.
Jean-François Galaup de La Pérouse : Voilà un petit rhum de mon tonnelet personnel. Les hommes du bord ont entièrement piraté le tout-venant. Vous allez m’en dire des nouvelles. Je suis désolé d’avoir énuméré mon catalogue de batailles tout à l’heure, cela devait être un rien assommant. Où en étions-nous ?
La Pérouse : Vous avez raison, ce sera plus roboratif. Or donc, un an après le Traité de Versailles de 1783 instituant la paix entre l’Angleterre, l’Espagne et la France, je suis désigné par le directeur des ports et arsenaux, Charles-Pierre Claret, comte de Fleurieu, pour diriger ce grand voyage de par la planète mer. C’est un grand honneur pour moi. On doit à ce brillant esprit l’organisation de toutes les dernières campagnes navales contre l’Angleterre. Il a surtout été l’un des premiers à tester la montre de marine à secondes, indispensable maintenant pour calculer la position exacte de nos navires. Son choix est accepté par notre ministre de la Marine, le marquis de Castries, et surtout par notre bon roi Louis XVI. Il est enthousiaste à l’idée de redorer la glorieuse histoire maritime de la France et que nous fassions mieux que le vénérable capitaine anglais Cook, disparu il y a moins d’une dizaine d’années. Pour ce long périple censé durer trois ans, ses instructions bien précises sur les navigations à effectuer me demandent entre autres de découvrir de nouvelles terres, de prendre contact avec les peuples sauvages et surtout, de faire des observations quant à la géographie, la géologie, l’astronomie, la botanique, etc.  
Voilesetvoiliers.com : Vous partez donc avec deux vaisseaux ?
La Pérouse : Oui, avec des flûtes : l’Astrolabe, commandée par le sieur Paul-Antoine Fleuriot de Langle et donc la Boussole sur laquelle nous sommes. Ces excellents navires qui s’appelaient avant l’Autruche et le Portefaix sont des bateaux marchands aux larges cales. Nous sommes partis de Brest le 1er août 1785 avec une cargaison incroyable, il y avait quand même des lieues à avaler pour nos étraves. Pour l’ensemble des équipages - deux cent seize hommes en tout - nous avions embarqué trois cent cinquante tonneaux de vivres. Et puis nous avions prou de produits pour nos futurs échanges avec les peuplades rencontrées. De la verroterie et autres pacotilles comme deux mille haches et herminettes.
Voilesetvoiliers.com : Il y avait surtout à bord au départ d’éminentes personnes ?
La Pérouse : Des savants de renom. Monsieur Dagelet de l’Académie des Sciences, et Monsieur Monge, l’un et l’autre professeurs de mathématiques à l’école militaire et embarqués en tant qu’astronomes. Les chirurgiens et médecins Rollin, Lavaux et La Martinière, ce dernier étant aussi botaniste. L’abbé Mongès, physicien et surtout aumônier à mon bord. L’ingénieur en chef Monneron et les artistes Prévost, père et fils, et Duché de Vancy. Tout ce petit monde partant avec son propre matériel de travail.
La Pérouse : Nous faisons route vers la baie de La Conception au Chili, via Madère, l’île de La Trinité, celle de Sainte-Catherine et le cap Horn. Tout cela sans encombre et donc sans perte d’hommes. Toutes mes pensées n’avaient eu pour objet que les routes des anciens navigateurs. Mais leurs journaux sont si mal faits qu’il faut en quelque sorte les deviner. Les géographes ont ainsi tracé des îles qui n’existent pas, comme celle de Drake qui n’est en fait que la Terre de Feu. Nous aperçûmes, le 22 janvier, les Mamelles du rio Biobio, deux montagnes dont le nom indique leurs formes, situées à quelques lieux d’un havre remarquable. De l’ancienne ville de La Conception, détruite par un tremblement de terre en 1751, il ne reste plus que des ruines qui ne dureront pas autant que celles de Palmyre. Les Espagnols ont donc reconstruit une nouvelle cité. Elle contient environ dix mille habitants. Cette partie du Chili est un terrain fertile où l’on cultive le blé et la vigne. Les campagnes y sont couvertes de troupeaux innombrables et toutes les rivières y sont aurifères. Malgré toutes ses richesses, ce pays n’en profite pas. Il faudrait que l’Espagne change de système et que la liberté du commerce soit autorisée. Mais là n’est pas mon propos ! Nous y sommes restés quelques temps avant de rejoindre l’île de Pâques que nous abordons le 9 avril.
Voilesetvoiliers.com : Comme le relatait le capitaine Cook, il n’y a rien à exploiter là-bas ?
La Pérouse : L’île n’a aucun arbre qu’ils ont eu l’impudence de couper dans des temps sans doute reculés. La dixième partie de la terre y est à peine cultivée. On y trouve des patates, des ignames, des bananes, des morelles et des cannes à sucre. Nous avons été reçus par les habitants avec joie. Sans exagération, je crois pouvoir porter la population à deux mille personnes. Ces derniers ne semblaient pas malheureux et ne sont en rien des sauvages. Les femmes, dont la physionomie est agréable, offraient leurs faveurs à tous ceux qui voulaient leur faire quelque présent. Pour les hommes, nous prîmes le parti de nous amuser des ruses que ces insulaires employaient pour nous voler, même si nous leur avons fait cadeau de graines et d’animaux. Nous avons visité l’île en deux groupes, entrant dans les maisons communes ou souterraines dans lesquelles ils habitent. Parfois à plus de deux cents. Et puis, nous avons vu leurs monuments. Des bustes grossiers de taille colossale dont M. Duché a donné un dessin fort exact. Ils sont faits de lapillo, une pierre volcanique tendre et si légère qu’une centaine d’hommes suffisait pour les élever.
Voilesetvoiliers.com : Vous y êtes restés combien de temps ?
La Pérouse : Seulement une journée mon ami. Il nous fallait faire de la route pour rejoindre les côtes Nord-Ouest de l’Amérique. Nous avons fait relâche à Mowée (Maui) aux îles Sandwich (Hawaï) d’où nous sommes partis le 1er juin. Trois semaines plus tard, alors que le brouillard se dissipait, nous reconnûmes le mont Saint-Elie que le navigateur danois Berhing avait découvert pour le compte de la Russie en 1728. Nous mouillâmes dans une baie que je nommais Port-des-Français. Nous avons été rapidement entourés par des pirogues de sauvages. Contre des poissons et des peaux d’animaux, ce qu’ils désiraient le plus c’était du fer. Apparemment, ce métal ne leur était pas inconnu, ils avaient tous un poignard pendu au cou. Sans doute échangé avec les Russes, des employés anglais de la Compagnie d’Hudson ou autres négociants américains. Alors que nous allions quitter ces contrées, un grand malheur nous est arrivé. Un désastre plus cruel que les maladies. Mes regrets ont été, depuis cet événement, cent fois accompagnés de mes larmes. Reprenons du rhum pour calmer ma douleur…
Le troisième volet de cet entretien exceptionnel sera dévoilé prochainement sur notre site.

Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)




Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)

Nous sommes en août 1557 sur les hauteurs de Saint-Malo. Au manoir de Limoëlou, l’ancien explorateur, chef d’escadre pour le compte de François 1er, poursuit la narration de ses différentes expéditions. Alors en disgrâce, il disparaîtra quelques jours plus tard, emporté par l’épidémie de peste sévissant dans la région.
 
 

    Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Le galion La Grande Hermine de 100 tonneaux était accompagné par La Petite Hermine et L’Émerillon lors de la deuxième expédition de Jacques Cartier.Photo @ DR



    La première partie de cette entretien est disponible ici.

    -  C’est du vin bio ?
    Jacques Cartier : Oui, il pique un peu. Alors, nous en étions où ?
     -  Je vous demandais si ces territoires étaient luxuriants.
    J.C. : Après la baie des Chaleurs, notre but, je vous le rappelle, était de découvrir le fameux passage. Il y avait par ces terres de beaux arbres, prairies, champs de blé sauvage et de pois en fleur, aussi gros et aussi beaux que j’en vis jamais en Bretagne et qui semblaient y avoir été semés par des laboureurs. En continuant dans l’Ouest, nous sommes restés bloqués près d’une semaine par le mauvais temps dans une baie (Gaspé, ndlr.) À terre, nous y avons rencontré une autre peuplade (Les Iroquois, ndlr). Le 24 juillet, nous avons érigé une puissante croix en bois sur laquelle était gravé « Vive le roi de France ». Il a fallu parlementer avec le chef des sauvages qui avait bien assimilé notre but. Malgré la barrière de la langue, j’ai réussi à leur faire comprendre que nous ne voulions pas nous attribuer ce territoire mais simplement planter une sorte de balise pour une future visite dans ces lieux. Une semaine plus tard, alors que nous avions convié de force deux jeunes hommes à bord, nous avons contourné une île et nous nous sommes retrouvés face à un fort courant venant de l’Ouest. Persuadés d’avoir découvert notre voie vers Cathay, nous avons décidé de rentrer en France que nous rejoignons le 5 septembre, après cent trente-sept jours de périple.

    - Vous repartez assez rapidement, cette fois avec d’autres ambitions ?
    J.C. : Mon récit au retour a fait belle impression à la cour. Fort d’une cartographie précise et de descriptions de ces terres pleines de promesses, il a convaincu mes mandants. François 1er et surtout l’amiral Chabot qui ouvre le trésor royal pour une deuxième expédition. Il faut dire que nos deux invités sur le chemin du retour nous avaient décrit un pays, au-delà du passage, riche d’une grande quantité d’or et de cuivre rouge. Un argument frappant, non ? Avec trois excellents vaisseaux, le galion La Grande Hermine, La Petite Hermine et l’Émerillon, et cent dix hommes d’équipage, nous quittons Saint-Malo en mai 1535 avec quinze mois de vivres. Avec nous, des gentilshommes ayant soif d’aventures comme Claude de Pontbriand, échanson du Dauphin et futur Seigneur de Montréal, et Charles de la Pommeraye. Plus nos deux indiens, Domagaya et Taignoagny, baragouinant maintenant notre langue si je puis m’exprimer ainsi.


    Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Le deuxième périple de Jacques Cartier aura duré une douzaine de mois.Photo @ DR


     -  Vous faites donc route vers le Canada ?
    J.C. : En fait, nous avons fait route vers le camp de Stadacana. Le mot village se dit Kanata dans le dialecte des indigènes emplumés. Le nom Canada est resté pour décrire toute la région, même si l’on parlait alors de Nouvelle-France. Le 10 août, jour de la Saint-Laurent, je donne le nom à une côte Nord du fleuve que nous sommes en train de remonter. Eh oui, l’eau s’adoucit. Nous atteignons le camp de nos amis indiens trois semaines plus tard. Le chef, Donnacona, averti par nos deux interprètes au fait de nos desseins, nous décourage de progresser encore plus en amont. Loin d’être sot, il avait rapidement saisi l’intérêt du commerce qu’il pouvait faire avec nous. Nous racontant même que des diables habitaient ces contrées. Je persiste et progresse sur le fleuve avec l’Émerillon et donc quelques hommes. Nous sommes à un moment donné obligés de continuer avec deux chaloupes. C’est là, le 2 octobre, que nous nous retrouvons devant un fortin, tout rond et clos de bois nommé Hochelaga (aujourd’hui Montréal, ndlr). Il y avait une cinquantaine de maisons couvertes de grandes écorces. Elles étaient vastes, avec une grande place par terre où les habitants faisaient leur feu et vivaient en communauté. Elles possédaient aussi un grenier où ils mettaient leur blé avec lequel il fabriquaient leur pain.

     -  Ces indigènes sont sympathiques ?
    J.C. : Plutôt chaleureux. Mais se méfiant de notre puissance tout autant que de nos pouvoirs qu’ils pensaient magiques. Aveugles, borgnes, boiteux et gens si vieux que les paupières de leurs yeux pendaient sur les joues nous ont demandé de les soigner. Dans mon embarras, j’ai lu l’Évangile et fait moult signes de croix. Avec de nombreux cadeaux, les relations ont été parfaites mais nous ne sommes restés qu’une seule journée. J’ai quand même eu le temps d’apprendre, en regardant depuis le promontoire que j’ai nommé mont Royal, que les terres au loin, au-delà d’une rivière appelée Saguenay, renfermaient l’or que nous recherchions.
    Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Saguenay est devenue au fil du temps une ville prospère de 146 000 habitants et le grand carrefour commercial du Québec.Photo @ DR


      -  Pourquoi être restés si peu de temps ?
    J.C. : J’en savais assez. Il fallait retourner vers mes hommes restés à Stadacana avec mes deux vaisseaux principaux. Pendant ma courte absence, ils avaient commencé à édifier un fort. Nous nous méfiions de l’amabilité des Iroquoiens et de leur chef, Dannacona. Creusant même un fossé autour de notre enceinte. Et puis l’hiver est arrivé. Les breuvages gelaient dans les futailles et la neige recouvrait tout. Et commence la maladie autour de nous.
    Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Malgré la bienveillance du chef Dannacona, Jacques Cartier s’est toujours méfié des Iroquois. Photo @ DR




    Elle montait aux hanches, cuisses, épaules et à la bouche si infecte et pourrie que toute la chair en tombait jusqu’à la racine des dents. De la mi-décembre au printemps, vingt-cinq de mes hommes sont morts de ce mal (le scorbut, ndlr). Ce qui m’obligea d’ailleurs à abandonner sur place La Petite Hermine, faute de navigants lors de notre retour en France. Les Indiens étaient eux-aussi touchés, dont Domagaya. Mais ils avaient leur remède. Le chef envoya deux femmes chercher des feuilles et de l’écorce d’anneda. Il fallait les piler, mettre tout à bouillir puis en boire, et mettre le marc sur les jambes enflées et malades. Un vrai miracle.



     -  Vous êtes donc obligés de pactiser avec vos amis ?
    J.C. : Évidemment. Nous en apprenons plus sur leurs rites et coutumes. Par exemple, ils sont persuadés que l’âme est immortelle et, une fois leur mort arrivée, ils rejoindront des étoiles où ils vivront dans de beaux champs, pleins de beaux arbres, de fleurs et de fruits somptueux. Stupidité. Heureusement, j’ai réussi à leur promettre le baptême pour en convertir quelques-uns à notre foi. Leurs mœurs sont plutôt dissolues. La conduite de leurs filles est fort mauvaise. Dès qu’elles sont en âge d’aller à un homme, elles sont mises dans une maison, abandonnées à tout le monde qui en veut jusqu’à ce qu’elles aient trouvé un mari. Les hommes sont fainéants et préfèrent jouer. Les femmes en revanche, à la belle saison, cultivent la terre. J’ai d’ailleurs essayé une de leurs plantes. Après l’avoir pilée, ils la font brûler dans un cornet et sucent par l’autre bout pour que de la fumée sorte par la bouche et par le nez. Une horreur ! Cela dit, il était temps de rentrer pour nous et sommes partis le 3 mai de l’an de grâce 1536.
    Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Jacques Cartier reste peu vénéré en France alors qu’il est bien présent dans la mémoire de tous les Canadiens. Ici, l’une des rares reconnaissances du pays du célèbre navigateur. Un timbre français de 1934. Photo @ DR





     -    -       Comment êtes-vous accueillis en France ?
    J.C. : Nous débarquons à Saint-Malo vers la mi-juillet. Avec des Indiens que nous avions enlevés dont le chef Dannacona. Ils étaient pour moi la preuve de notre périple et les meilleurs témoins de nos découvertes de terres riches de la Nouvelle-France. Mais le roi François 1er a d’autres priorités et principalement l’annexion du duché de Savoie. Il a fallu que j’attende de nombreuses années pour repartir coloniser les terres occidentales et découvrir les gisements aurifères. J’y suis reparti en 1540 avec cinq navires. Mais vous narrer cette dernière expédition avec le seigneur de Roberval m’ennuie. Il a tellement été dit de bêtises que je préfère me taire.
    Cela serait pourtant l’occasion ?Jacques Cartier, Malouin de chez lui (2/2)Jacques Cartier, né en 1491 à Saint-Malo, y décède 66 années plus tard dans son lit, emporté par la peste, le fléau de l’époque.

    samedi 13 février 2016

    LA NOIX DE COCO



    Je vais vous faire découvrir tous les mystères de la noix de coco! Le  fruit du cocotier,  un des représentants de la famille des Arécacées.

    D’ailleurs, pourquoi les îles et les cocotiers exercent-ils une telle fascination sur nous?
    L'inflorescence complète fait jusqu’à 1 mètre. Le fruit, qui peut mesurer jusqu'à 30 cm de diamètre, est lisse et de couleur vert clair ou orange lorsqu'il n'est pas mûr, tirant sur le brun et recouvert d'une épaisse couche de fibres ligneuses brunes entourant la noix à maturité composée d'une solide coque plus ou moins sphérique ovalisée qui protège une amande blanchâtre comestible.

    Je ne voudrais pas vous décevoir mais il y a  un malentendu  au sujet du cocotier...
    Grâce au cocotier, don du ciel, il est possible de survivre dans une île déserte, paradisiaque, sans avoir besoin de travailler ni de cultiver... (rappelez vous du film “Seul au monde” avec Tom Hanks). La nature offre gratuitement la boisson et la nourriture. Le  vert des îles, les reflets dorés sur les palmes, l’essence éminemment naturelle du cocotier...le retour à la nature! Mais sachez que le paysage idyllique des  franges de cocotiers au long des îles basses et sur les flancs montagneux n’existait pas avant que l’homme blanc, l’explorateur, le colon (ou le colonisateur, l’impérialiste...) ne soit venu bouleverser l’aspect ancien, le vrai visage naturel des îles. Lorsque Magellan puis ses successeurs les plus immédiats découvrirent toutes ces iles elles ne présentaient pas du tout l’aspect qu’elles ont aujourd’hui...Pas de cocotiers, juste des buissons assez ingrats, peut-être quelques filaos,  appelés aussi “arbres de fer”, et surtout des pandanus, dont les fruits orange, durs et filandreux à la fois, fournissaient, seuls, aux indigènes le peu de sucre qu’ils contenaient.
    Noix de coco vertes (La noix de coco peut être consommée verte ou mûre.)
    Il devait bien y avoir, dans quelques îles quelques cocotiers apportés, autrefois, sur leur pirogue, par les émigrants venus de l’ouest ou de l’est (les avis sont très partagés à cet égard). Certains pèsent même que des cocos ont pu venir d’arbres lointains en flottant simplement à la surface des flots, guidés par les courants et poussés par les vents. Mais nulle part ne se voyaient  ces paysages qui ornent aujourd’hui la quasi-totalité des îles, ces immenses plantations de cocotiers sont en général l’œuvre des colons : ce que nous prenons pour l’état originel de la nature n’est en fait que le résultat d’une opération commerciale! Les“envahisseurs”(Occidentaux, mais, avant, Moyen-Orientaux, Asiatiques, civils, militaires, mais aussi religieux : combien de “missions”, spécialement dans les anciennes colonies allemandes (Nouvelle-Guinée par exemple) ne sont que des propriétés de “rapport”, pour faire rendre à la terre ses tripes et rendre productifs des territoires qui ne demandaient pas forcément à l’être. Il fut vite constaté que le coprah du cocotier pouvait représenter un marché et il fut planté en alignements pour constituer d’immenses plantations = Palm Island aux Grenadines s’est ainsi faite! Et cent ans plus tard on croit que c’est l’œuvre de la nature!
    En quelque sorte ces cocoteraies seraient aussi peu naturelles que les champs de betteraves du Nord de la France, les empilements de rizières de l’Asie du Sud-Est ou les sillons tracés au long des courbes de niveau des champs immenses du Middle-West américain...
    Que c’est beau pourtant!

    Après tout, les vieilles prairies européennes, les tendres tapis verts qui couvrent les collines d’Europe, de l’Irlande à la Suisse, de la Suède à l’Auvergne,  ne sont pas non lus un paysage naturel, puisqu’elles sont le fruit du travail de générations de cultivateurs sans lesquels toute l’Europe aurait sans doute l’allure d’une taillis hirsute et impénétrable...
    Et une île de cocotiers, c’est tout de même plus agréable à regarder qu’un champ de betteraves!ça demande infiniment moins de travail, d’ailleurs,  et la diversité des produits agréables ou utiles que l’on peut tirer du cocotier est si grande...


    Noix de coco percée au coupe-coupe.
    C’est là où je voulais en venir!
    Plus que du cochon, en fait, où pourtant tout est bon!
    De la racine au faîte de l’arbre, de l’intérieur à l’extérieur du fruit, de la moindre brindille, de  la moindre feuille, on sait faire usage :
    -          du tronc on peut faire des bateaux, des maisons, des meubles, des armes, des rouleaux pour sortir de l’eau les pirogues, des sculptures, des clôtures, des mâtures...
    -          des racines on  peut faire des teintures et des médecines
    -      des feuilles on fait des nattes, des couvertures de toit, des cloisons, des rideaux, des paniers, des nappes, des chapeaux, des tissus
    -          du cœur on fait un légume
    -         des fleurs , en coupant l’extrémité et en laissant fermenter, on tire une sorte d’alcool, connu sous le nom de “toddy”, qui est le seul spiritueux accessible aux indigènes de certaines îles
    -          des fruits, enfin, on utilise la bourre qui entoure le fruit : verte, lisse, brillante lorsqu’elle est fraîche; brune et filandreuse lorsque, le fruit ayant séché, on la détache de la coquille dure, forme sous laquelle nous achetons en France les noix de coco.
    -      de la coquille dure, on fait des récipients, passoire, bols, entonnoirs, et même...des soutiens-gorges!
    Et puis le fruit du cocotier, et son abondante teneur en corps gras dont les ressources n’ont rien à envier en diversité à celle des la pétrochimie...
    On se souvient de l’image montrée de l’agile indigène qui va, de ses pieds nus, faire tomber les noix...puis de leur séchage, au chaud soleil des tropiques, ouvertes en deux d’un coup de machette bien ajusté...


    Coco vert ouvert pour la consommation de l'eau de coco.


    L'eau de coco est de l'eau douce que la plante a stockée en réserve dans la noix pour y puiser les éléments nécessaires à sa croissance : les cocotiers poussant souvent en bord de mer, l'eau est trop salée pour la très jeune pousse, et seule une réserve d'eau lui assure sa survie. Cette eau est consommée par les jeunes racines du germe de la plante tout au long de la germination.
    L'eau de coco est consommée comme une boisson rafraîchissante légèrement sucrée, et entre dans la fabrication de vinaigres. Fermentée, elle forme une gélatine translucide nommée nata de coco.
    Le lait s'utilise dans de nombreux plats asiatiques, thaï, indiens, malgaches ou polynésiens : il s'obtient en pressant la pulpe râpée du fruit. La première extraction donne un lait très concentré, gras et légèrement sucré, alors que la deuxième extraction, souvent après ajout d'eau, donne un lait moins gras. Nature, le lait de coco est utilisé comme sauce pour le poisson cru à la tahitienne, le cochon grillé et de nombreux plats de poissons. Il sert également à la préparation de certains plats indiens, mélangé au curry.
    Le lait de coco est très utilisé dans la cuisine haïtienne du sud de l'île. On l'utilise principalement pour préparer le riz (ou le blé, le petit mil ou la semoule de maïs) aux petits pois (ou aux haricots). On l'utilise également pour préparer le pot-au-feu (ou bouillon), pour faire de la bouillie aux céréales, dans les jus de cuisson de la viande. Certains l'utilisent même dans la préparation du jus au lait. Par exemple, en Haïti, on conseille un mélange de jus de carotte, de jus de betterave rouge et


    J’ai longtemps confondu lait de coco et eau de coco.

    Grosse différence!


    L’eau vient seule du coco, tandis que le lait est le produit d’une manipulation assez compliquée, destinée à concentrer et à purifier les corps gras du fruit arrivé à maturité; car, de l’état de minuscule bourgeon à celui de fruit presque sec, le coco passe par des dizaines de degrés d’évolution auxquels les indigènes des îles accordent des noms différents. En résumé, cela commence par une petite boule grossissante, verte, lisse, creusée d’un trou qui se remplit (Dieu sait comment!) d’une eau au départ presque insipide; au fil des jours, sur la paroi intérieure, très lisse,  de ce qui sera la coquille apparaît une couche mince, puis de plus en plus épaisse, d’une substance blanche, laiteuse, translucide, assez visqueuse, en même temps que l’”eau” prend un goût légèrement sucré; c’est le stade du “coco vert” que l’on cueille pour se désaltérer. Un couteau suffit à entamer  extérieure; seuls les gourmands, l’eau bue, ouvrent en deux la noix et, à l’aide d’une “petite cuiller” arrachée à l’enveloppe, raclent doucement la délicieuse substance gélatineuse qui tapisse en fine couche l’intérieur...


    Noix de coco débarrassée de sa bourre et ouverte en deux.
    Quelque temps plus tard, le coco commence à mûrir : l’enveloppe extérieure perd son beau vert, se tache de marron, se cabosse un peu; le couteau ne parvient plus à bout de la bourre qu’il faut attaquer à la machette! ( ou bien détachant habilement en piquant le coco sur un pieu pointu fiché dans le sol). 
                                                                      Récolte du coprah.

    Séchage des noix de coco coupées (Kérala)



    Apparaît alors la boule marron, légèrement poilue, que nous connaissons en Europe et dans laquelle s’ouvrent trois trous (dont deux faux) où l’on peut enfoncer une paille pour boire une eau plus sucrée , mais déjà réduite en quantité. Un coup de machette bien placé sépare en deux hémisphères la noix : la chair, d’un blanc vif, est épaisse, assez dure, croquante. On peut la détacher de la coquille en glissant dessous la pointe de la machette et offrir les deux bols (ensuite certaines en couvrent leur poitrine) puis on peut procéder au râpage du coco : sur un petit banc où a été fixée une pièce de fer terminée par des dents disposées en un petit cercle, on s’assied à califourchon, et on râpe l’intérieur du coco : la pulpe râpée tombe dans un récipient placé dessous (logique) et on presse ensuite dans un tissu blanc la masse ainsi obtenue. Il faut presser fort, en le tordant le tissu comme pour l’essorer, et, si le coco est bien frais, il sort du linge une sorte de lait que l’on recueille dans un bol. De ce lait on peut tirer les mêmes produits que du lait normal, y compris du beurre ou de l’huile, et les ingénieurs chimistes ont su trouver des procédés (plus ou moins racontables)  pour faire rendre au coprah la moindre de ses parcelles nutritives ou utilisables. Alors, corps gras, lubrifiants, margarine, médicaments, produits de beauté, il n’est guère de domaines où l’on ne puisse utiliser les sous-produits du coprah. Pas étonnant que le cocotier, qui rend si facilement tant de services, passe pour un don du ciel!
    Plus tard, si on laisse la noix dépasser ce stade (par exemple, si tombée au sol, elle a échappé à l’homme, au rat ou autres gourmands...) elle atteint un nouveau stade et son cœur ressemble alors à une éponge vaguement sucrée qui a un peu la consistance d’une génoise et fait office de “gâterie”...
    Enfin, totalement oubliée, elle prend racine à nouveau :

    Jeune pousse de cocotier.
     elle pousse, lorsqu’elle atteint un mètre de hauteur, renferme déjà un mince cœur, blanc, tendre, croquant, que l’on peut manger en salade. Si on ne le fait pas,  le cycle recommence, et bientôt émergera du feuillage touffu un nouvel arbre, jeune, puis de plus en plus imposant, qui pourra atteindre 25 mètres parfois... Il se dressera, seul,  orgueilleux, ou bien s’emmêlera à d’autres (rarement). Alors, blotti à l’abri de cet enchevêtrement de troncs et de palmes,  il nous guettera de ses yeux torves, du cœur de l’obscurité, comme un monstre préhistorique..

    Le cocotier est probablement originaire de la région indomalaise. Il est maintenant acclimaté dans la plupart des pays tropicaux.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Noix_de_coco

    samedi 6 février 2016

    CROISIERE A SAINTE LUCIE





    SAINTE-LUCIE

    À seulement 30 milles nautiques des côtes martiniquaises, Sainte-Lucie est un réel dépaysement. Véritable phénomène géologique, son relief autant que sa végétation terrestre et sous-marine, sont exubérants. Il n’y a qu’à visiter son volcan, à admirer ses deux pitons dressés à la verticale au-dessus de la mer et à prendre un bain thermal pour saisir l’esprit des lieux...
     
     
     
    déjà quelques aperçus....
     
     
     
    LES DEUX PITONS ET L’ANSE CHASTANET



    FORT DE L’ÎLE PIGEON – RODNEY BAY




    VENDEUR DE FRUITS DEUX PITONS




    APERO À LA TERRASSE DU LADERA




    SOUFRIÈRE – LA VILLE






    SOUFRIÈRE-VOLCAN
     


    SOURCE THERMALE CHAUDE




    MARCHE AUX POISSONS