En ce temps-là, la France était Brel ou Brassens, Delon ou Belmondo, Bourvil ou De Funès, Peugeot ou Renault, DS ou 403… Et elle était, bien sûr, Anquetil ou Poulidor. C’était l’époque des Trente Glorieuses, quand les divisions étaient le fruit de la passion, et non de la haine. C’était avant, en noir et blanc, quand les héros - les vrais - n’étaient pas fabriqués par la rumeur des réseaux sociaux… Jacques Anquetil, de la race des sprinteurs, a franchi la ligne d’arrivée depuis longtemps. Raymond Poulidor, grimpeur endurant, vient juste de le faire, un jour de novembre lui aussi, mais trente-deux ans après. Poulidor, un nom propre devenu commun, immortel, pour désigner l’éternel second. Jamais vainqueur en deux septennats de Tour de France, jamais Maillot jaune à l’issue d’une étape. Mais, au final, toujours premier dans les cœurs. Les Français aimeraient-ils à ce point les perdants? Pas du tout, mais ils détestent la malchance et l’injustice. C’est l’h...