dimanche 1 mars 2020

La folie des gourdes, un business juteux pour les marques


Maintenant que je me suis remise au sport cet article m'intéresse et va m'aider à choisir la gourde qu'il me faut !


oserai-je ?

La gourde, en verre, en inox ou en plastique, a quitté le sac de sport et fait désormais partie du quotidien des Français. L’objet est devenu un symbole d’engagement écologique autant qu’un accessoire de mode. Et surtout, la gourde commence à rapporter gros.

Elle est le symbole de l’engagement écologique dans la vie quotidienne. Des stars l’arborent avec fierté. Et même Bernie Sanders, candidat à la primaire démocrate américaine, en a fait un outil de sa campagne…
La mode de la gourde, que l’on remplit au robinet au lieu d’acheter des bouteilles d’eau en plastique, déferle comme une inexorable vague. En France aussi, la tendance s’est installée et le marché est en plein boom.
Aux États-Unis, le candidat à la primaire démocrate Bernie Sanders a sa gourde de campagne… (Photo : Thimothy A. Clary / AFP)
« Tout le monde peut avoir une part du gâteau »
« Je pense que le gâteau est tellement gros que tout le monde peut en avoir une part », s’amuse Fabien Marescaux, chef de produit chez Décathlon.
En quelques années, la vente de gourdes a explosé en France. L’enseigne de sport bénéficie pleinement de cette tendance. « En 2018, on avait déjà eu une croissance à deux chiffres, mais on ne pensait pas que cela durerait », convient le spécialiste de la gourde.
L’an dernier, les ventes ont augmenté dans d’impressionnantes proportions. Entre 30 et 50 %. Résultat, les ventes de gourdes chez Décathlon se comptent en millions. « Pas plusieurs millions, mais c’est déjà énorme », lâche Fabien Marescaux. Une bonne nouvelle quand l’objet coûte entre 2 et 15 €.
La raison de ce succès ? La gourde est devenue un accessoire à la fois à la mode et jugé indispensable. Bref, incontournable… « Aujourd’hui, on sort de l’univers du sport. Il s’agit même d’un produit iconique », selon le chef de produit de Décathlon.
Pour répondre à la demande des clients, les marques ont dû diversifier les matières et designs de leurs produits. (Photo d’illustration : Pxhere)
Le porte-gourde Chanel fait un tabac à l’étranger
Les grands noms de la mode se mettent eux aussi à la gourde, qui se doit désormais d’être stylée. Prada a sorti deux modèles en acier griffé l’an dernier. Évian a demandé au créateur Virgil Abloh de créer un design exclusif. Et même Chanel est entré dans la danse. Sur son site internet, la marque propose un porte-gourde en cuir à quelque 4 700 €.
D’après le quotidien El País, le luxueux objet est très recherché en Espagne. Au Royaume-Uni, le journal britannique The Guardian assure même que le produit est en rupture de stock outre-Manche.
Très chic, le porte-gourde de Chanel. (Photo : Chanel.com)
Mais les marques de luxe ne sont pas les seules à surfer sur la vague de la gourde. De nouvelles sociétés voient régulièrement le jour à l’instar de Qwetch, une start-up créée à Aix-en-Provence.
D’autres entreprises, plus anciennes, capitalisent sur leur savoir-faire. Partenaire la COP21 en 2015, la société Gobilab a vu sa cote exploser : « L’idée est partie de l’absurdité d’acheter une bouteille d’eau pour la jeter ensuite. 20 cl ingurgités et la bouteille est jetée à la poubelle », s’agaçait à l’époque Florence Baitinger, directrice générale de Gobilab, dans le journal Le Point.
En 2018, le chiffre d’affaires de l’entreprise a dépassé le million d’euros. Il faut dire que ces marques de gourdes « nouvelle génération » vendent leurs produits entre 20 et 50 €.
175 bouteilles d’eau vendues chaque seconde en France
Car le marché de la gourde tient sur un grand credo : l’écologie. En effet, en France, il se vend 175 bouteilles d’eau chaque seconde, soit 5,5 milliards de bouteilles d’eau par an, dont 4,5 milliards d’eau plate d’après le site PlanétoscopeRemplacer sa bouteille d’eau en plastique par une gourde est perçu comme un geste utile à la planète.
Au-delà de l’impact écologique, posséder et montrer sa gourde revêt aussi une dimension sociale. Joe Derochowski, conseiller pour une société d’études de marché aux États-Unis a ainsi qualifié l’objet de « doudou pour adulte » dans les colonnes de L’Opinion . Comprendre : la gourde rassure son propriétaire et montre son appartenance à une communauté de gens concernés par les problématiques environnementales.
Pour éviter les bouteilles en plastique et faire un geste écologique, de plus en plus de personnes adoptent la gourde. (Photo d’illustration : Lucie Weeger / Ouest-France)
Pour répondre à l’attente des consommateurs, les marques ont fait évoluer leurs modèles. Personnalisation, couleur, matière, emplacement dans le magasin… rien n’est laissé au hasard.
« Nous, on s’est positionné sur la gourde en inox, en aluminium ou en Tritan (un polyester), précise le chef de produit chez Décathlon. Mais d’autres concurrents se lancent aussi dans le verre. » Quechua, la marque de randonnée de l’enseigne de sport a ainsi multiplié les coloris. « Personne ne veut avoir la même gourde que son voisin », souligne Fabien Marescaux.
Un accessoire militant
La gourde est donc un accessoire de mode, mais militant. Elle a d’ailleurs été mise sur le devant de la scène par des personnalités publiques.
« Quand Yann Barthès accepte de se mettre à la gourde, ça compte », insiste Fabien Marescaux. Le présentateur télévisé de l’émission Quotidien, sur TMC, la pose en évidence sur son bureau chaque soir.
Mieux, le rappeur Roméo Elvis a même créé sa propre marque : « J’utilise l’audience que j’ai sur les réseaux sociaux pour encourager les jeunes à utiliser moins de plastique »expliquait-il à Ouest-France dans une interview, en marge du festival Les nuits de l’Erdre.
De jeunes Bretons ont même lancé leur appli recensant les fontaines à eau où remplir sa gourde via une carte interactive… Si la tendance persiste, la bouteille d’eau en plastique, ringardisée, pourrait finir par n’être plus qu’un objet du passé.

Par Sacha MARTINEZ

DU 49.3





Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le gouvernement ne peut l'utiliser "que pour un seul texte par session parlementaire". La cartouche a été grillée samedi. 

mercredi 26 février 2020

À NOS PORTES...

BON À SAVOIR...

Si vous êtes placés en quarantaine et que vous ne développez pas de symptômes, vous recevrez des indemnités. “La durée maximale pendant laquelle chaque assuré exposé et faisant l’objet d’une mesure d’isolement, d’éviction et de maintien à domicile peut bénéficier des indemnités journalières versées est fixée à vingt jours. Pendant ce laps de temps, comme lors d’un arrêt de travail, le contrat de travail est suspendu. Ainsi, l’employeur ne peut pas vous demander de rattraper ces jours passés à l’isolement, il ne peut y avoir aucune sanction possible.” Si vous développez des symptômes, cela se transforme en arrêt maladie, vous percevez donc également des indemnités.

Vous pouvez tout à fait refuser ce déplacement professionnel. Comme le précise Jean-Christophe Gouret, avocat associé et directeur du département prévention santé et sécurité au travail du cabinet Barthélémy Avocats interrogé par WK-RH.fr: “Un salarié à qui il serait ainsi demandé de se rendre en Chine (ou plus largement dans toute région du monde qui demain serait considérée comme zone à risques) pourra refuser de partir dès lors que, conformément à l’article L. 4131-1 du Code du travail, les salariés peuvent se retirer de toute situation de travail dont ils ont un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour leur vie ou leur santé, ainsi que se soustraire de toute défectuosité qu’ils constatent dans les systèmes de protection.
L’employeur ne peut contraindre un salarié qui fait usage de son droit de retrait à reprendre son activité. Aucune sanction, aucune retenue de salaire ne peut être pratiquée à son encontre.”

A NOS PORTES...

https://youtu.be/R_pX-hXHbuo



jeudi 20 février 2020

MONDE

ACTUALITÉ

Les Seychelles, archipel paradisiaque gangrené par l’enfer de l’héroïne

Par Nicolas DELAUNAY
Dans l’océan Indien, 5 % des quelque 95 000 habitants des Seychelles sont héroïnomanes, soit près de 10 % de la population active de l’archipel. Un triste record mondial, selon les autorités de ces îles, plus connues à l’international pour leurs magnifiques plages et leur tourisme de luxe que pour leurs problèmes de drogue.
Glissant les doigts sur les stigmates de son addiction passée, dans le pli du coude gauche, Graham Moustache remue de sombres souvenirs. « L’héroïne, ça te détruit. Tu te réveilles le matin, tu te sens mal dans ton corps. Ton seul horizon, c’est ta prochaine dose. »
Aux Seychelles, archipel de l’océan Indien, 5 % des quelque 95 000 habitants sont héroïnomanes, soit près de 10 % de la population active. Un triste record mondial, selon les autorités de cet archipel plus réputé à l’international pour ses magnifiques plages et son tourisme de luxe que pour ses problèmes de drogue.
En comparaison, à l’échelle de la planète, 0,4 % de la population était consommatrice d’opiacés en 2016, dont plus de la moitié d’Asiatiques, selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Avec les Seychelles dans le peloton de tête aux côtés de pays producteurs comme l’Afghanistan, selon des données nationales rassemblées par l'Onu.
Dès l’adolescence
Graham Moustache, 29 ans, a commencé l’héroïne à l’adolescence. « Un père difficile, murmure-t-il. J’ai quatre frères et deux sœurs, nous avons tous été héroïnomanes à un moment. »
« J’ai été deux fois en prison pour vol, poursuit-il. C’est ma mère qui m’a dénoncé, elle ne savait plus quoi faire. Parfois, je n’avais pas assez d’argent et je devais choisir entre manger et acheter de l’héroïne, et je choisissais l’héroïne. »
Graham Moustache, 29 ans, vient chercher sa méthadone, dans le cadre du programme gouvernemental de substitution à l’héroïne mis en place sur l’île de Mahé. (Photo : Yasuyoshi Chiba / AFP)
Ce matin où des journalistes de l’Agence France Presse (AFP) le rencontrent, il attend, loin des hôtels chics et des yachts, sur un terrain vague des Mamelles, une localité de Mahé la plus grande île des Seychelles, l’heure de la distribution de méthadone, médicament de substitution à l’héroïne.
« Ça fait plus d’un an que je suis clean. J’ai trouvé un emploi comme pêcheur et je peux voir mes deux enfants, des jumeaux de 7 ans », dit le jeune homme, bonnet gris sur la tête, rayonnant de fierté.
Pile à l’heure, le mini-van blanc se parque. Le frein à main à peine tiré, une file de quelques dizaines d’héroïnomanes s’est déjà formée devant ses vitres, attendant avec un gobelet leur dose quotidienne de méthadone, dans le cadre d’un programme gouvernemental.
Un vieil homme appuyé sur une canne ingurgite 50 millilitres de ce liquide, une jeune femme maigrichonne aux yeux cernés rejoint la file avec son bébé dans les bras, un chauffeur de taxi aux cheveux soigneusement tirés vers l’arrière serre quelques mains en souriant.
Injectée ou inhalée, l’héroïne ne discrimine pas aux Seychelles. Elle transcende classes sociales et générations.
Sur les routes de l’héroïne
Archipel aux frontières poreuses, les Seychelles ont été frappées de plein fouet par cette drogue au sortir des années 2010, quand les nouvelles routes de l’héroïne passant par l’Afrique de l’Est ont émergé, croisant une population au pouvoir d’achat élevé par rapport à de nombreux pays d’Afrique (salaire moyen de 390 €).
À cet égard, nombre d’observateurs ne manquent pas d’épingler le paradoxe des Seychelles : c’est le seul pays africain considéré à « haut revenu » par la Banque mondiale, notamment grâce à un secteur touristique en hausse constante, mais dont environ 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon des chiffres de 2015.
« Le problème a pris cette ampleur parce que nous avons réagi trop tard », reconnaît Patrick Herminie, directeur de l’Agence pour la prévention des abus liés à la drogue et la réhabilitation (APDAR).
« En 2011, nous nous sommes rendu compte que 1 200 personnes utilisaient de l’héroïne et nous avons adopté une approche punitive, explique Patrick Herminie. Nous avons confondu les trafiquants avec leurs victimes. »
De jeunes Seychellois jouent au football sur la plage de Beau Fallon, à Mahé, dans le cadre d’un programme de prévention de l’addiction. (Photo : Yasuyoshi Chiba / AFP)
En 2017, un rapport montre que le nombre d’héroïnomanes est passé à 5 000. Les autorités changent alors leur fusil d’épaule. L’addiction à l’héroïne est déclarée priorité de santé publique et traitée comme une maladie. Un programme de distribution gratuite de méthadone couplé à un suivi médical est lancé.
Le budget de l’État consacré aux addictions aux drogues atteint 75 millions de roupies seychelloises (5 millions d’euros) pour 2020, près de dix fois le budget 2016. À l’APDAR, créée en 2017, il y a aujourd’hui 75 personnes mobilisées, quatre fois plus qu’avant.
« Les drogues ne sont plus un tabou », note Noéllie Gonthier, de l’organisation non-gouvernementale seychelloise Care, qui lutte contre l’addiction aux drogues.
Et cela ne concerne pas que l’héroïne. « On a un problème avec les addictions dans ce pays, l’alcool, la cigarette, la marijuana dit Patrick Herminie. En ce moment, c’est l’héroïne mais à un autre moment, ce sera peut-être autre chose. »
Un phénomène banalisé
Le phénomène s’est tellement banalisé que, dans les écoles, « parfois, des enfants de 4 ou 5 ans miment l’injection d’héroïne dans le bras, pour jouer, déplore Noéllie Gonthier. Notre défi, c’est de leur faire comprendre que ce qu’ils considèrent comme normal, à cause de leur contexte familial, n’est pas normal du tout. »
À Mahé, petite île montagneuse à la végétation luxuriante où la majorité de la population vit près de l’eau, la vie est tranquille, proprette, sans bouchons ni beaucoup de déchets. Même la pauvreté se voit peu, concentrée dans les banlieues populaires aux murs défraîchis de la capitale Victoria ou sur les hauteurs.
Pourquoi tant de Seychellois s’y droguent-ils ? Les autorités avouent n’avoir pas achevé leurs réflexions et recherches sur la question, même si celles-ci tournent principalement autour de la pauvreté qui, dans cet archipel, ne permet pas de vivre bien mais de s’acheter des doses.
En attendant, quelque 2 500 héroïnomanes participent désormais au « programme méthadone » de l’APDAR et les résultats du changement de paradigme ne se sont pas fait attendre.
Un combat de tous les jours
Tous les indicateurs liés à la consommation d’héroïne se sont améliorés : la criminalité a baissé de 45 %, le nombre annuel de cas d’hépatite C de 60 % et le chômage chez les jeunes est passé de 6,5 à 2,1 %.
Dans les rues de la capitale aux allures de petite ville de province comme ailleurs, des panneaux publicitaires et des fresques murales sur les bâtiments des écoles rappellent qu’il ne faut pas se droguer.
Dans les rues de la capitale, des panneaux et des fresques murales sur les bâtiments des écoles rappellent qu’il faut dire oui à la vie et non à la drogue. (Photo : Yasuyoshi Chiba / AFP)
Mais aux Mamelles, l’addiction reste pour certains un combat de tous les jours. D’autant que pour concurrencer la méthadone gratuite les dealers ont baissé le prix de la dose d’héroïne.
Le teint pâle, l’œil vitreux, le souffle court et des gouttes de sueur perlant sur son front, Gisèle Moumou, 32 ans, souffre. « La méthadone m’aide beaucoup mais c’est difficile de ne pas toucher du tout à l’héroïne », assure la jeune femme, consommatrice depuis l’âge de 13 ans, lorsqu’à son insu un ami lui « en a fait prendre lors d’une soirée » dans une cigarette. « Parfois, je craque », confie-t-elle.
Cigarette au coin de la bouche, un chauffeur de taxi décrypte : « La méthadone, c’est pas mal, ça enlève le manque, mais ça ne te procure pas les mêmes sensations… Parfois, j’en reprends. On est une petite île au milieu de l’océan, qu’est-ce qu’il y a d’autre à faire ici ? »

mercredi 19 février 2020

M E R





ACTUALITÉ

Pourquoi les grands courants océaniques vont de plus en plus vite

Par Laura DANIEL
Alors que les scientifiques tablaient sur un ralentissement des grands courants océaniques, une étude vient de démontrer le contraire : leur vitesse irait croissant depuis 1990. Un phénomène qui pourrait être lié au dérèglement climatique.
Tous les modèles de projections climatiques annonçaient jusqu’alors une phase de ralentissement des grands courants marins. Un effet interdépendant du changement climatique, sans que l’on puisse très bien en déterminer la cause exacte.
Seulement voilà, une étude inédite, publiée le 5 février dans la revue Science Advances, tend à démontrer le contraire. Ses auteurs constatent en effet une « accélération profonde de la circulation océanique moyenne mondiale au cours des deux dernières décennies ».
Le phénomène, particulièrement important dans les océans tropicaux, serait notamment dû à la vitesse accrue des vents de surface depuis le début des années 1990. Chaque décennie, la vitesse des vents a en effet augmenté de 2 % au-dessus des océans, ont mesuré les chercheurs. Cela contribuerait à une accélération des courants marins, tant à la surface que jusqu’à 2 000 mètres de profondeur.
« Probablement dû au changement climatique mondial »
Mais pour que le phénomène d’accélération des courants soit aussi notable, les vents ne peuvent pas être les seuls responsables. La hausse des températures jouerait aussi un rôle et contribuerait à cette circulation plus rapide des courants marins.
Un effet inverse de celui qu’anticipaient les modèles de projections climatiques, donc, selon les auteurs de l’étude : « Ce résultat inattendu est probablement dû au changement climatique mondial », ont déclaré les chercheurs dans un communiqué.
Quelles seront les conséquences de l’accélération des courants océaniques ? Pour l’instant, il est impossible de le déterminer : d’autres études seront nécessaires, assurent les auteurs de celle-ci.
« Le climat est un système trop complexe pour que nous puissions prédire l’impact de cette accélération, si elle venait à être confirmée », estime Pascale Lherminier, chercheuse en océanographie physique de l’Ifremer au Laboratoire d’océanographie physique et spatiale (Lops).
Le potentiel des flotteurs Argo
Ce qui est certain, c’est que climat et courants océaniques sont étroitement liés. « Les températures terrestres génèrent des mouvements dans l’océan afin de se réhomogénéiser », résume Pascale Lherminier.
Une telle augmentation de la vitesse des vents aura certes des conséquences sur les mers, mais aussi sur les terres. Et l’accélération des courants marins pourrait également avoir un impact sur les températures terrestres...
Pour la chercheuse de l’Ifremer, plus que ses résultats en tant que tels, sur lesquels on manque encore trop de recul, cette étude montre le potentiel des flotteurs Argo, avec lesquels ont été réalisées ces mesures, et qui sont en pleine expansion.
« En allant jusqu’à 4 000 m de profondeur, ils vont permettre d’accéder à des zones sur lesquelles nous n’avons encore aucune connaissance. Ce n’est que le début des découvertes qu’ils vont rendre possible », constate-t-elle.

dimanche 16 février 2020

Perros-Guirec : la vie secrète d'une station balnéaire 

Le tourisme capte 30% du budget de la commune des Côtes-d'Armor. Pendant des mois, la petite ville se prépare à la saison estivale.


Perros-Guirec est l'une des principales stations balnéaires de Bretagne, sa population passe de 7300 à 40.000 habitants en août.
Perros-Guirec est l'une des principales stations balnéaires de Bretagne, sa population passe de 7300 à 40.000 habitants en août.
Il paraît bien loin le temps où les rares touristes bravant les embruns de la Côte de Granit rose se nommaient Joseph Conrad, Ernest Renan ou Maurice Denis. Un siècle plus tard, Perros-Guirec, devenue l'une des principales stations balnéaires bretonnes, est une ville cossue de 7300 habitants l'hiver, pointant à 40.000 âmes en août - dont 20 % d'étrangers, Anglais en tête. Une véritable grande marée, pas toujours simple à gérer.
Car si les écrivains et autres peintres se contentaient de rochers roses et d'inspiration, les hordes modernes exigent confort et distractions, surtout quand la météo prédispose peu à jouer les crêpes sur la plage. «Cela ne se fait pas tout seul, mais on est rodés», glisse Yvon Bonnot, le maire de Perros-Guirec depuis trente-deux ans.

Marmotte et macareux

L'élu centriste, ancien patron d'une entreprise générale de bâtiment, avoue se sentir tellement «responsable» de sa ville qu'il y fait des tournées même le soir, suscitant des «tiens, voilà le shérif!». «Mais grâce à cela, j'ai coincé des voleurs qui vidaient des casiers de homards !», se défend-il, tout en fusillant du regard des promeneurs munis de bâtons de marche à pointe d'acier: un fléau pour les sentiers de Ploumanac'h, le site naturel qui fait la fierté de la commune.
La mairie a eu le temps de peaufiner son organisation. Un peu comme le personnage du film Un jour sans fin, condamné à revivre tous les jours la fête de la Marmotte. «On a mis près de quatorze ans à trouver la bonne formule pour notre Festival de musique de chambre. Au début, on a essayé le chant, mais cela ne marchait pas», reconnaît Erwan Henry, le responsable culturel. En coulisses, chacun connaît par cœur sa partition. Dès la fin août, quand les sons de la fest-noz vont faiblissant, l'office du tourisme est déjà sur le pont afin de lancer la prochaine année touristique. Pour ses équipes, le gros du travail s'opère à l'automne, quand la plupart montent en charge au printemps.
Il y a ce qui se voit, la petite ruche qui s'active dans la cité aux macareux pour repeindre les cabines de plage ou rambardes rongées par le sel. Il y a ce qui ne se voit pas: les négociations avec la trésorerie pour lancer un service de paiement en ligne au centre nautique ou encore l'accord de la protection du littoral pour une démonstration de la Patrouille de France. Le spectacle aérien a beau strier chaque année le ciel de Perros de ses fumigènes tricolores, l'instruction du dossier représente trois mois de palabres. Ouf, la fin de cette intense préparation s'achève mi-juin, lorsque les deux vieux plongeoirs blancs terminent leur hivernage pour être replantés sur la grande plage de Trestraou. Mais c'est là que le service des fêtes entre en scène…

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Ligne de flottaison

Tous ces efforts ne sont pas gratuits. Le tourisme, principale activité économique de Perros-Guirec, capte 30 % des près de 16 millions d'euros inscrits à son budget de fonctionnement. Quelque 3 millions d'euros de dépenses - office du tourisme, animations ou encore embauche de 80 saisonniers - sont couvertes par des recettes, les impôts des 2000 résidences secondaires, à la dotation globale de fonctionnement (DGF), en passant par les lucratives redevances du casino. Il faut aussi financer les ports (1,3 million d'euros) et le centre nautique (500.000 euros).

Côté infrastructures, une population multipliée par six en août oblige à surdimensionner les capacités par rapport aux besoins des onze autres mois de l'année. D'où un investissement de 20 millions d'euros dans un système de gestion de l'eau. L'usine dernier cri, qui traite 2500 m3 d'eau potable par jour l'hiver, affiche une capacité maximale de 8500 m3: forcément un surcoût pour les locaux. «Les résidents savent bien que s'il n'y avait pas le tourisme, ils ne bénéficieraient pas de tous leurs équipements», justifie Yvon Bonnot.

Disponibles 7 jours sur 7

Sur ce point, les boulangeries, magasins de déco ou restaurants, dont 90 % sont ouverts toute l'année, n'ont pas d'état d'âme. «La plupart des commerçants réalisent environ 50 % de leur chiffre d'affaires pendant l'été et les vacances scolaires. Pendant cette période, ils se rendent disponibles 7 jours sur 7», avance Christian Roncin, directeur de l'agence du Crédit agricole de Perros-Guirec. Pour les professionnels, l'embellissement de la ville se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes: 30 % de chiffre d'affaires en plus après l'aménagement du quartier du port, se félicitent certains commerçants.
Comme toutes les collectivités territoriales, toutefois, Perros-Guirec est confrontée à une baisse des dotations publiques conjuguée à l'évaporation du crédit. «Comme nous n'avons pas de vrai levier sur les recettes, la seule solution, c'est de moins dépenser», explique Alain Couanau, le directeur général des services de la mairie. Exit, par exemple, les plantes saisonnières dans les massifs. Vive les vivaces qui permettent de diviser par deux le budget fleurs. De leur côté, les affaires culturelles sont priées de rééditer le carton de l'exposition 2011 sur le photographe Doisneau, dont la facture de 90.000 euros a été couverte par la billetterie: bon baiser de Perros la rose.