La soupe de Kafka : Une histoire complète de la littérature mondiale en 16 recettes
Si vous alliez dîner chez Marcel Proust, Gabriel Garcia Marquez, Virginia Woolf ou Raymond Chandler, que vous offriraient-ils à table ? Mark Crick répond à la question en nous donnant à lire une série de savoureux pastiches de quelques-uns des plus grands écrivains du m... voir plus
Un bijou en librairie
Pour les amateurs de bonnes recettes et de bonne littérature, un récent ouvrage réunit les deux qualités. Paru en novembre, la maison d’édition le réédite tous les quinze jours, tellement la demande est inattendue – pour un éditeur près de ses sous, pas pour les lecteurs.
Il s’agit de La soupe de Kafka, « une histoire complète de la littérature mondiale en 16
recettes », de Mark Crick chez Flammarion.
16 recettes rédigées chacune à la manière d’un auteur littéraire.
Il y a ainsi
un Agneau à la sauce à l’aneth à la Raymond Chandler,
des Moules marinières à la Italo Calvino,
un Rösti à la Thomas Mann ,
un Tiramisu à la Marcel Proust.
Non seulement les recettes sont-elles opérationnelles, mais le style est au rendez-vous. Chaque recette fait l’objet d’une courte histoire racontée par l’auteur en question.
Voici quelques extraits.
Pour préparer un clafoutis grand’mère, l’héroïne de la recette à la Virginia Woolf constitue la pâte : « La farine, quant à elle, lui procura une sensation exquise, il en resta une pointe sur sa joue semblable à une caresse lorsqu’elle écarta une fine mèche de cheveux, comme si sa beauté l’ennuyait et qu’elle voulait être comme les autres, insignifiante, une veuve seule dans sa maison, armée d’une plume et de papier, qui rédige des notes, explique la pauvreté, expose les problèmes sociaux (elle incorpora la farine à la préparation)... »
Fenkata à la Homère. Pour calmer la faim des Achéens ’aux ventres creux’ assiégeant Troie [pardon, Ilion], Ulysse est allé chassé un lièvre qu’il rapporte au camp : « Alors le vaillant Achille sécha ses larmes et sortit de sa tente. Il ceignit un tablier de cuir autour de sa poitrine et de ses reins, dépeça le lapin et le détailla en parts égales d’une main experte. Puis il prit les morceaux et les fit revenir dans l’huile d’olive, et la fumée s’éleva au haut de l’Olympe où siègent les dieux qui gouvernent les hommes. Voyant que le divin Achille ne ruminait plus sous sa tente, le blond Ménélas reprit courage et vint avec des herbes aromatiques, qu’il ajouta au chaudron. Puis Ulysse aux mille tours mêla du vin doux comme le miel dans le cratère, en arrosa la viande et retira le chaudron du feu pour laisser mariner trente minutes... »
Et enfin le Tiramisu à la Marcel Proust, raconté par la belle Ursula Patrignani à qui l’auteur veut déclarer sa flamme : « Mes sentiments pour elle avaient atteint une telle intensité que je sentis ma tête commencer à tourner, et que je me mis à mélanger paroles et pensées, tout en me demandant si je n’avais pas par inadvertance exprimé tout haut ce que je me disais à part moi. Eprouvait-elle quelque chose pour moi ? Trouvait-elle en son coeur de quoi répondre à mes sentiments pour elle ? Malgré moi, un ’Il faut que je sache !’ m’échappa. Qu’elle eût réellement mal compris ou que, par coquetterie, elle eût décidé d’interpréter ma question de façon à entretenir le doute qui me torturait et faisait monter en moi une sorte de fièvre, elle me répondit : ’Et vous allez savoir. Le chef commence toujours par le café, frais et bon, mais déjà refroidi dans la glace pour éviter que les biscuits de Savoie, ces petits biscuits à tremper qui nous parviennent régulièrement d’Italie, ne ramollissent et ne se désagrègent trop tôt. Il les trempe dans le café en les retournant, avant de les disposer dans le bol pour former la base de son amalgame. Le secret, c’est qu’il coupe toujours le café avec l’Amaretto, qu’il garde à la portée de la main tout au long de cette opération... »
éditeurs se battent pour le publier.
La soupe de Kafka, Flammarion, 12 euros
"A Table !"
"LA SOUPE DE KAFKA" Mark Crick. Flammarion 2006.
Tout le monde connaît la petite Madeleine de Proust mais qu'en est-il de son Tiramisu ? Et qui connaît la recette du Poulet vietnamien à la Graham Greene, le Risotto aux champignons façon John Steinbeck ou encore les Moules marinières à la Italo Calvino?
C'est à un succulent festin littéraire, à « une histoire complète de la littérature mondiale en 16 recettes », que nous invite Mark Crick dans « La soupe de Kafka ».
Maîtrisant avec brio l'art du pastiche littéraire, Mark Crick nous sert dans cet ouvrage seize recettes de cuisine écrites à la manière de tel ou tel auteur passé à la postérité.
On trouvera donc dans la carte du Menu :
C'est à un succulent festin littéraire, à « une histoire complète de la littérature mondiale en 16 recettes », que nous invite Mark Crick dans « La soupe de Kafka ».
Maîtrisant avec brio l'art du pastiche littéraire, Mark Crick nous sert dans cet ouvrage seize recettes de cuisine écrites à la manière de tel ou tel auteur passé à la postérité.
On trouvera donc dans la carte du Menu :
AGNEAU A LA SAUCE A L'ANETH à la Raymond Chandler
Traduit par Patrick Raynal
OEUFS A L'ESTRAGON à la Jane Austen
Traduit par Geneviève Brisac
SOUPE MISO EXPRESS à la Franz KAFKA
Traduit par Eliette Abecassis
GATEAU AU CHOCOLAT à la Irvine Welsch
Traduit par Alain Defossé
COQ AU VIN à la Gabriel Garcia Marquez
Traduit par Claude Durand
RISOTTO AUX CHAMPIGNONS à la John Steinbeck
Traduit par Frédéric Jacques Temple
MOULES MARINIERES à la Italo Calvino
Traduit par Patricia Reznikov et Gérard de Cortanze
POUSSINS DESOSSES ET FARCIS à la Marquis de Sade
Traduit par Patrice de Méritens
CLAFOUTIS GRAND-MERE à la Virginia Woolf
Traduit par Anne Freyer-Mauthner
FENKATA à la Homère
Traduit par Isabelle D. Philippe
TIRAMISU à la Marcel Proust
Traduit par Alain Malraux
POULET VIETNAMIEN à la Graham Greene
Traduit par François Rivière
SOLE A LA DIEPPOISE à la Jorge Luis Borges
Traduit par Patricia Reznikov et Gérard de Cortanze
PAIN GRILLE AU FROMAGE à la Harold Pinter
Traduit par Jean Pavans
RÖSTI à la Thomas Mann
Traduit par Anne Freyer-Mauthner
TARTE A L'OIGNON à la Geoffrey Chaucer
Traduit par André Crépin
C'est donc à une véritable fête des mots et des saveurs que nous invite Mark Crick dans cet étonnant petit livre farci d'humour et parsemé de photos et illustrations de l'auteur évoquant l'univers visuel des auteurs et rendant hommage, là aussi par le procédé du pastiche, à des artistes célèbres tels que, entre autres, Hogarth ou Giorgio de Chirico.
Brillant exercice de style, tant par ses pastiches littéraires que picturaux, « La soupe de Kafka » est un ouvrage où se mêlent avec humour littérature, arts plastiques et gastronomie. Chaque recette se présente sous la forme d'un texte court accompagné d'une illustration, et remarquablement traduit de l'anglais par des auteurs français contemporains tels que Patrick Raynal, Eliette Abecassis, Gérard de Cortanze, etc...
La lecture de chacun de ces courts récits est un pur régal et ne manquera pas de faire s'esclaffer les lectrices et lecteurs coutumiers de tel ou tel auteur lorsqu'ils retrouveront sous la plume de Mark Crick les habitudes et les manières stylistiques de ceux-ci.
Ce recueil de recettes à la sauce littéraire agrémenté d'illustrations et de peintures est un enchantement des sens et une invitation à revisiter d'une manière tout à fait originale l'univers de seize auteurs qui ont marqué de leur empreinte l'histoire de la littérature. Un livre à déguster sans retenue.
Par MarianneDesroziers, le 27 juillet 2010
Elle déposa les cerises dans une terrine beurrée et regarda par la fenêtre. Les enfants couraient sur la pelouse, Nicholas, qui avait déjà atteint les massifs de tritomas rouge flamboyant, se retournant pour attendre les autres. Elle revint aux cerises, pois rouges sur fond blanc, si gais et si plaisants, avec leurs noyaux durs invisibles qu'elle n'enlèverait pas. Elle eut une pensée émue pour Mrs Sorley qui en connaissait que la dureté du noyau et non la douceur ; et elle réserva la terrine de cerises.lire la suite
(extrait de "Clafoutis Grand-mère à la Virginia Woolf")
Par jovidalens, le 17 mai 2012
- J'ai besoin d'un sursis à exécution, fit le curé sans lever les yeux de son café.
- Impossible. Le peloton est déjà en route. Il sera là dés demain.
- Il a réclamé du coq au vin et ça demande deux jours de préparation.
- C'est donc vrai que le Syrien a sacrifié El Jagarcito ?
- El Jagarcito est dans ma cuisine, niché au fond d'une marmite.
Le maire se signa.
- On ne peut pas le faire cuire aujourd'hui ?
- Tobaga dit que ce serait faire injure au Très-Haut. On ne peut pas servir à Fidel Agosto Santiago un ultime souper à moitié cuit.