lundi 12 novembre 2018

LE CATAMARAN VAINQUEUR




Pourquoi le trimaran Idec Sport gagne toujours la Route du Rhum ?


VOILE
Idec Sport, le maxi-trimaran de Francis Joyon, a remporté pour la troisième fois d’affilée la Route du Rhum. Un exploit retentissant pour un bateau lancé il y a douze ans maintenant ! Au cours d’une Route du Rhum à suspense, la fiabilité et la polyvalence de ce voilier ont de nouveau fait la différence.
Avec son sourire de vieux loup de mer, Francis Joyon savoure la plus belle victoire de sa carrière. À 62 ans, et pour sa 7° participation à la Route du Rhum, le natif de Hanches (Eure-et-Loir) a coupé le premier la ligne d’arrivée, au large de Pointe-à-Titre. Francis Joyon a remporté un sprint inoubliable face à François Gabart, dont le maxi-trimaran Macif était amputé d’un safran et d’un foil.
La fiabilité a déjoué la vitesse. Le rouge d’Idec est arrivé devant le bleu de Macif. L’expérience a triomphé de la jeunesse. La Route du Rhum est une épreuve simple, plusieurs bateaux partent de Saint-Malo et, à la fin, c’est Idec Sport qui s’impose à Pointe-à-Pitre !
Trois victoires d’affilée
Le maxi-trimaran a remporté son 3° « Rhum » d’affilée (2010, 2014, 2018), un exploit monumental dont Francis Joyon reconnaît la portée avec humour : « Je n’ai pas de mérite, le bateau gagne à chaque fois. Si je ne gagnais pas, j’étais un âne. » Francis Joyon n’est donc pas un âne, et Idec Sport a des allures de pur-sang.
La genèse du maxi-trimaran prodige débute en 2004. Désireux d’obtenir les records les plus prestigieux de la voile, Groupama annonce la création d’un bolide des mers. Le design est confié au cabinet VPLP, la référence mondiale de l’architecture navale pour les courses au large. Après 130 000 heures de travail dans les chantiers vannetais de Multiplast, Groupama 3 est mis à l’eau le 7 juin 2006.
D’une longueur de 31,5 mètres pour 22,5 de large, le maxi-trimaran est révolutionnaire à plus d’un titre. Groupama 3 est, d’une part, le premier multicoque doté de foils capable de faire le tour du monde. Et d’autre part, son design s’éloigne des géants de mer tels Orange II (36,8 mètres), plus lourds et plus dépendants des caprices d’Éole.
Avec Groupama 3, Franck Cammas et son équipage ont remporté le Trophée Jules-Verne en 2010. (Photo : Yvan Zedda / Groupama)
Le chef-d’œuvre de Franck Cammas
L’assureur mise sur son skipper Franck Cammas, vainqueur de la Transat Jacques-Vabre en 2007 sur Groupama 2, pour aller chercher les records avec le maxi-trimaran. Après deux tentatives manquées de record du tour du monde en équipage, Groupama 3 triomphe le 20 mars 2010 en bouclant le trophée Jules-Verne en 48 jours, 7 heures, 44 minutes et 52 secondes.
La même année, Franck Cammas prouve qu’il est bien « le petit Mozart de la voile ». Conçu comme un maxi-trimaran d’équipage,Groupama 3 se transforme en machine de guerre pour solitaire.
Cammas « épure » Groupama 3 en modifiant le gréement, en réduisant le mât et en installant un vélo pour actionner plus efficacement les cordages. Un coup de génie dans la mesure où la puissance musculaire de l’homme est plus développée dans les jambes que dans les bras. Franck Cammas remporte haut la main la Route du Rhum en 2010, devant un certain Francis Joyon. La légende du maxi-trimaran débute ici.
Après avoir tout gagné avec Franck Cammas, Groupama revoit ses objectifs avec la préparation de la Coupe de l’America. Groupama 3est rebaptisé Banque Populaire VII après son rachat par la société en 2013.
Le maxi-trimaran repasse par la case chantier : « Tout ce qui existe est passé en revue mais aucune modification majeure n’a été effectuée », précisait Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire. Nouvelle preuve que le maxi-trimaran est décidément bien né…
Loïck Peyron remporte la Route du Rhum 2014 avec le maxi-trimaran prodige sous les couleurs de Banque Populaire. (Photo : Thierry Martinez / BPCE)
Une pluie de records et de victoires
Entre les mains d’Armel Le Cléac’h, Banque Populaire confirme son immense potentiel. La maniabilité et la réactivité du maxi-trimaran permettent au « Chacal » de faire tomber les records en solitaire, chasse gardée de Joyon : celui de la distance à la voile parcourue en 24 heures (673 milles) et de la Route de la Découverte en reliant Cadix et San Salvador en moins de 7 jours.
La Route du Rhum 2014 semble promise au duo. Mais Armel Le Cléac’h se blesse à la main après une chute sur un objet tranchant. Loïck Peyron le remplace et signe une véritable démonstration en abaissant le record à 7 jours, 15 heures et 8 minutes.
Après un court passage sous les couleurs de Lending Club, le maxi-trimaran passe en 2015 dans le giron d’Idec Sport, sponsor de longue date de Francis Joyon, admirateur de longue date du monument. Le maxi-trimaran le plus performant de sa génération skippé par un marin expérimenté et collectionnant les records de vitesse ? Le binôme fonctionnera à merveille.
Après avoir bouclé le record du tour du monde en solitaire avec son équipage, Francis Joyon s’aligne pour une 7° participation à la Route du Rhum. Mais le paysage de la voile a changé. Les trimarans volants, dont le design est basé sur les foils, font figure de favoris pour le sprint dans l’Atlantique.
Francis Joyon à la barre d’Idec Sport, au large de la Guadeloupe et de la ligne d’arrivée de la Route du Rhum (Photo : Thomas Brégardis / Ouest-France)
« Ce sont des bateaux très récents, conçus pour voler, être plus légers et spécifiquement maniables par une personne seule. Alors qu’Idec, cest le plus dur de la flotte, cest celui qui nécessite le plus defforts pour chaque manœuvre », précise Joyon.
Mais le sexagénaire refuse la course à l’armement, sa foi envers son bateau est inébranlable. « Francis pense que la sagesse et la qualité de son bateau peuvent lemporter sur ces bateaux qui vont plus vite », explique Patrice Lafargue, patron d’Idec.
Un pari réussi. Comme un symbole, Francis Joyon a grillé la politesse au véloce, mais finalement fragile Macif de François Gabart dans les derniers kilomètres de la Route du Rhum. « Cest un bateau qui a résisté à tout et qui arrive en bon état », s’est félicité Francis Joyon. Le temps ne semble pas avoir d’emprise sur ce maxi-trimaran d’exception, il n’est pas étonnant de le voir résister aux pires dépressions de l’océan.

dimanche 11 novembre 2018

ILS Z'ARRIVENT !...

Route du Rhum 

JOYON VAINQUEUR  à 23h 22


    https://twitter.com/routedurhum

  1. 🏁 1er sur la ligne d'arrivée de la : ‼️ Passage de la ligne à 23h 21min 47sec après 7j 14h 21min et 47 sec ! 4367 milles bouclés à 23,95 noeuds de moyenne 👏👏👏

en 7 jours 14 heures 21 ' battant le record

sur la fin MACIF a rattrapé IDEC
a été obligé de le doubler sous le vent 
donnant l'avantage 
à ce moment-là à Francis qui a viré pour se trouver bâbord amures à 8-10 noeuds et la ligne en ligne directe

Ils marchent quasi à la m vitesse, l'un à 1 filet ds le safran au vent, l'autre n'a pas de safran sous le vent, ils sont à 5,8 nm de l'arrivée et à moins d'1 mille d'écart


la ligne d'arrivée est entre l'ilet cochon et l'ilet Gosier


LES DERNIERS MILLES...


Malgré les nombreuses avaries qui ont endommagé son embarcation, François Gabart, le skipper de Macif est toujours en tête; il résiste de toutes ses forces aux assauts de son poursuivant, Francis Joyon sur Idec Sport . Il a connu une longue période sans vent, jusqu'à ne plus pouvoir avancer. Francis Joyon peut encore créer la surprise. A 19h50, François Gabart contournait la pointe de Vieux Fort tandis que Francis Joyon longeait les abords de Gourbeyre, en face de Rivière Sens.  Ensuite, ils devront entamer la remontée de la Côte au Vent dans le Petit-Cul-de-Sac-Marin jusqu'à la ligne d'arrivée au Mémorial ACTe
Francis Joyon longeant la Côte sous le vent © S. Gengoul
© S. Gengoul Francis Joyon longeant la Côte sous le vent
Pour l'heure, après avoir retrouvé du vent, François Gabart a choisi de changer de cap dans le canal des Saintes. L'écart remonte à 2,9 milles pour le skipper à bord de Macif, qui navigue actuellement à plus de dix nœuds. La victoire semble se dessiner mais derrière, Joyon, qui n'est pas encore dans le canal des Saintes, n'a pas dit son dernier mot et la remontée du skipper lors de ces dernières 24 heures maintiennent le suspens pour ces ultimes moments de course

François Gabart doit composer avec un safran et un foil en moins qui risquent de l'handicaper dans sa course à la victoire.














Fidèle à sa légende, la Route du Rhum, 11e du nom, nous offre un final d'anthologie, ce dimanche soir à Pointe-à-Pitre. Un ultime combat de titans autour de l'île entre un Gabart, privé d'un foil et d'un safran, et un Joyon, remonté comme une pendule. A 23 milles de l’arrivée, Joyon est revenu dans le tableau arrière de Gabart, en tête à la bouée de Basse Terre. Quel suspense !


le ciel chargé ce soir en Guadeloupe...


 Samedi, à l'hôtel Créole Beach au Gosier, le Team Macif ne sait plus où donner de la tête. François Gabart tient Francis Joyon à distance respectable et file vers la victoire. A l'intérieur de la salle de presse, les sollicitations médiatiques pleuvent. Dehors, c'est le déluge. Et c'est comme ça depuis plus d'une semaine. "On a rarement vu ça à cette période", glisse un Guadeloupéen.

Gabart a repris de la vitesse, 

arrivée du vainqueur prévue ce soir vers 21 h  ici 



Macif englué au large de la Guadeloupe / © Yvan Zedda / MACIF
Le finish est haletant dans cette Route du Rhum 2018. François Gabart est resté un bon moment littéralement "scotché", alors que Francis Joyon poursuivait sa remontée sur le leader.
Gabart et Joyon au coude à coude pour un finish haletant de la Route du Rhum 2018 / © Capture d'écran site Route du RhumFrançois Gabart a pris une option plus au large alors que Francis Joyon a choisi de rester plus près des côtes. Une option qui semble payer pour le skipper d'Idec Sport, mais le leader n'a pas dit son dernier mot.

A 0h20 0,5 milles séparaient le leader François Gabart de Francis Joyon. Le skipper de Macif évoluait à 2 noeuds alors que Joyon avançait à 7,2 noeuds...
Gabart a désormais passé Basse-Terre et repris de la vitesse, naviguant à 10,5 noeuds, reprenant, par la même occasion, un peu d'avance sur le skipper d'Idec Sport qui navigue à 4,7 noeuds. L'écart à 0H40 est de 2,5 milles.

Une "fin de course insoutenable" pour l'équipe de Gabart.






























Informations sur les Publicités Twitter et confidentialitéGabart et Joyon doivent obligatoirement contourner la Guadeloupe pour rejoindre Pointe-à-Pitre, le passage de la bouée de Basse-Terre pouvant prendre plusieurs heures en fonction des vents.













Gabart et Joyon au coude à coude pour un finish haletant de la Route du Rhum 2018 / © Capture d'écran site Route du Rhum

La fin de course est à suivre en direct, grâce aux équipes de Guadeloupe 1ère,vers 2 heures du matin, heure française. Horaire susceptible de varier en fonction de la progression des skippers et de leurs Ultim.

samedi 10 novembre 2018

ça FAIT CHER...




Combien coûtent les bateaux de la Route du Rhum ?

SPORT
La Route du Rhum s’est élancée de Saint-Malo, dimanche dernier. 123 bateaux étaient au départ, un record. Ils n’ont évidemment pas tous coûté le même prix. Mais pour ce genre de voiliers taillés pour la course au large, on parle de quelle somme, au fait ?

La Route du Rhum devrait connaître son dénouement, ce dimanche, pour les plus gros bateaux, les Ultime, ces multicoques géants qui volent sur l’eau. François Gabart, en tête ce vendredi, est attendu à Pointe-à-Pitre le premier, après avoir bouclé sa traversée de l’Atlantique en sept jours, battant probablement la marque de Loïck Peyron, le précédent lauréat en 2014.
L’exploit, de taille, va mettre en lumière tout le team du skipper rochelais, et accessoirement profiter à Macif, la compagnie d’assurance. Un retour intéressant après un lourd investissement.
Car tous ces bateaux, en plus d’être souvent de jolis bijoux de technologie, sont aussi des joujoux très chers. Nous nous sommes donc posé la question : mais combien coûtent-ils ?
Les Ultime, les plus chers

Francis Joyon sur l’Ultime Idec. (Photo : Ouest-France)

Les voiliers les plus onéreux sont évidemment les plus grands, les plus puissants et rapides, ceux disposant par exemple des outils derniers cris (foils qui permettent de voler). Les plus pointus de ces Ultimes valent entre 10 et 12 millions d’euros à la construction.
Leur conception, confiée aux plus grands cabinets d’architectes français, s’est déroulée sur plusieurs mois (phase de bureau d’étude, de fabrication). Mais une fois construit, prêt à être mis à l’eau, un bateau coûte encore de l’argent. On estime entre 3 et 5 millions d’euros par an le budget de fonctionnement d’un Ultime. Le prix du matériel, qu’il faut régulièrement changer (voiles, etc.), est conséquent et se chiffre parfois en plusieurs centaines de milliers d’euros.
Les Imoca, très onéreux également

Jeremie Beyou sur l’Imoca Charal. (Photo : Ouest-France)

L’autre catégorie très chère de cette Route du Rhum s’appelle Imoca. Ces bolides monocoques, les mêmes qui courent le Vendée Globe, sont de véritables concentrés de technologie également, d’autant que les foils y ont aussi fait leur apparition, faisant monter les enchères considérablement. Un bateau neuf va coûter 5 millions d’euros, au moins, quand certains montent jusqu’à 6 millions. C’est le double d’il y a dix ans, à titre de comparaison.
Le budget de fonctionnement, lui, grimpe à 2 millions par an. Certains voiliers peuvent également être remis au goût du jour, avec l’ajout de matériel de pointe (comme les foils par exemple). Ce rafraîchissement de bateau a un coût, forcément. Comptez par exemple 400 000 € pour l’ajout d’appendices volants sur un Imoca. Mais à la revente, c’est comme pour une voiture de deuxième ou troisième main, c’est nettement moins intéressant.
Plus accessible pour les autres, et encore…
Derrière ces deux classes de pointe, les autres voiliers de la Route du Rhum sont « un peu » moins chers. Mais ils ne sont pas accessibles au plus grand nombre non plus, et requièrent l’appui d’entreprises performantes.
Un Multi 50, par exemple, coûtera neuf 2 millions d’euros, quand les plus anciens se trouveront à un peu moins du million d’euros. Les budgets de fonctionnement sont estimés à 500 000 €. Quid des Class40, la catégorie avec le plus de voiliers au départ (53) ? Les plus modernes et performants valent 600 000 €, avec des coûts de fonctionnement de 300 000 €. Là aussi, obligation d’avoir un sponsor avec de la ressource.
Le prix des bateaux des plus petites catégories est logiquement le moins important. Le Happy de Loïc Peyron, petit trimaran de la classe Rhum Multi, a par exemple été mis en vente à 120 000 €.

Loïck Peyron sur le Multi Rhum Happy. (Photo : Ouest-France)

Enfin, sachez que le coût du bateau, et de son fonctionnement, n’est pas la seule dépense d’une marque ou d’un skipper. Les droits d’inscription, eux aussi, sont assez élevés. Pour un Ultime, par exemple, il fallait débourser 80 000 € pour s’amarrer dans le bassin Vauban, tandis que les plus petits voiliers devaient quand même payer 6 000 €. Sans compter tous les autres frais comme l’assurance, les équipements de sécurité, l’hébergement à Saint-Malo comme en Guadeloupe…