dimanche 28 juin 2020

TOUJOURS EN ALERTE POLLUTION À LA BRUME DE SABLE

Gigantesque brume de sable et bancs de sargasses affectent la Caraïbe

qualité de l'air
Brume de sable
Vue sur le Rocher du Diamant, enveloppé par la brume
Un épais nuage de particules fins en provenance du Sahara et des échouages massifs d'algues brunes perturbent la vie des habitants dans une large zone de l’archipel caraïbe. Deux phénomènes naturels provoqués par l’activité humaine.
"Kòd yanm maré yanm". Traduction de ce dicton créole : "Nous pouvons être pris à notre propre piège ". C’est typiquement le cas pour le climat planétaire. Nous subissons, dans une bonne partie de l’archipel caraïbe, les manifestations désagréables de deux de ses conséquences néfastes : la brume de sable et les sargasses.

Un épais nuage de particules fines s’étend plus de 8 000 kilomètres au-dessus de l’Atlantique. Nous y sommes habitués depuis trois décennies. Il se forme au-dessus du désert de sable du Sahara, dans le nord de l’Afrique. Ces nuages se nourrissent aussi de poussières en suspension venant d’Europe après avoir traversé la Méditerranée.

Les nuages de haute altitude parviennent quasiment jusqu’au sol. Les particules constituées partiellement de produits polluants provoquent des troubles respiratoires et toutes sortes de gênes.

De manière concomitante, un autre phénomène naturel nous interpelle, la prolifération de bancs d’algues sargasses. De gigantesques radeaux constitués de ces algues s’échouent sur les littoraux des îles situées entre Barbade et Guadeloupe. Nous y sommes habitués également, depuis une décennie.
 

Nous sommes responsables de nos malheurs


Notre minuscule île perdue dans l’immensité océanique n’est pas la seule à subir les affres de ces deux phénomènes naturels qui sont, en réalité, générés par l’activité humaine. A l’instar de nombre de ses confrères climatologues, le Professeur Pascal Saffache, géographe à l’Université des Antilles, nous l’explique fort bien.

Les particules fines contenues dans la brume de sable contiennent des nutriments issus de l’agriculture intensive. Ces nutriments tombent dans la mer et deviennent une denrée précieuse pour les sargasses. Elles se reproduisent alors à grande vitesse. Sur leur route depuis l’Afrique de l’ouest vers l’Amérique, elles envahissent notre archipel qui tente de s’en dépêtrer, sans succès.

Nous sommes ainsi directement responsables de nos malheurs ce qui nous arrive. Notre mode de vie, basé sur l’utilisation irréfléchie des ressources naturelles nous a conduit à une impasse écologique, économique et sociétale. Nous n’avons pas de planète de rechange, nous le savons et nous vivons comme si l’espèce humaine va survivre à son autodestruction. Jusqu’à quand ?

samedi 27 juin 2020

MÉTÉO NORD-ATLANTIQUE FIN JUIN 2020



https://www.leetchi.com/c/meteo-des-ouragans

Bonsoir,

J'avais prévu de rédiger un article sur la relation entre la brume de sable et les cyclones un peu plus tard dans la saison. Vu l'actualité sur le sujet, j'ai un peu avancé sa publication. Cette fin de semaine verra donc 2 articles coup sur coup avec celui d'hier ... sans compter le point hebdomadaire de demain. Ne vous y habituez pas ;)

La brume de sable, surtout avec la densité actuelle, est pénible pour nos organismes. Mais qu'en est-il des ses impacts sur les cyclones, sur leur développement et leur intensité ? Je vais essayer d'apporter quelques éléments de réponse sur ce sujet ;)

Bonne lecture et bon WE...




Systèmes en cours et vigilance

Il n’y a pas de cyclone sur l’Atantique
Vous pouvez faire glisser la table horizontalement avec le doigt.

La brume de sable et les cyclones

Le 27 juin 2020 à 18:00
Par Olivier Tisserant




Nous vivons depuis une semaine un épisode de brume de sable particulièrement intense et dense. Les effets sont importants sur notre physiologie et pour certains ça se transforme en véritable enfer. Je revendrai dans un prochain article sur les raisons de la brume de sable et le cheminement à travers l’océan.
Mais pour l’instant la question est : qu’en est-il des effets de cette brume sur les cyclones, leur développement et leur intensité ?
Brume de sable en Atlantique

Les effets indirects de la brume de sable

Les effets indirects sont ceux qui affectent l’environnement et le rendent plus ou moins favorable à la genèse cyclonique. La brume de sable génère plusieurs effets indirects sur cet environnement parmi lesquels le plus important est la température de l’eau.
La température de l’eau en surface est liée à plusieurs paramètres : les courants de surface, la houle, la convection, l’ensoleillement … etc. La partie liée à l’ensoleillement n’est pas déterminante en soi en période normale, mais elle peut prendre de l’importance dans les situation exceptionnelles.
Dans le cas des épisodes de brume, plus elle est dense et plus elle bloque le rayonnement solaire qui ne peut ainsi plus réchauffer la surface de l’océan durant la journée. Et plus l’épisode est long, plus l’effet est marqué.
Anomalies de température de l'eau en Atlantique sur 1 semaine











Pour cette période exceptionnelle, on a une brume particulièrement dense qui est présente depuis plus d’une semaine (et qui devrait continuer encore un peu) et le résultat est flagrant lorsque l’on regarde la carte des anomalies de température de l’eau (SST) sur l’Atlantique tropical sur les 7 derniers jours. Une grande partie de la zone couverte par la brume est en anomalie négative depuis une semaine alors que depuis un mois on est en anomalies positives quasiment en permanence.
Cet effet est bien entendu temporaire et va doucement s’estomper au fur et à mesure qu’elle sera de moins en moins dense, mais il est possible que ça nous fasse gagner au final quelques petits dixièmes de degrés sur la saison, ce qui est toujours bon à prendre ! Il y a d’ailleurs un précédent avec la saison 2006 qui était prévue plutôt active (après la saison 2005 mémorable) et qui s’est retrouvée particulièrement peu intense avec 10 cyclones nommés et 2 ouragans de Cat. 3 pour les plus intenses. Il existe un article (en anglais) sur le sujet, publié par des scientifiques de la NASA que vous pouvez retrouver ici : https://ntrs.nasa.gov/archive/nasa/casi.ntrs.nasa.gov/20080039568.pdf.


Les effets directs de la brume de sable

Les effets directs sont ceux qui affectent directement un cyclone ou une perturbation. Il faut séparer les effets sur les perturbations (ondes ou creux dépressionnaires) et les effets sur les systèmes déjà actifs et cycloniques.
Pour les premiers, la brume de sable limitera de manière importante le risque de renforcement. L’air sec qui englobe la brume va assécher l’environnement immédiat et limiter la convection, qui est le moteur du développement des cyclones.
Pour les seconds, le principe est le même, à savoir l’air sec qui contrarie la convection, mais le résultat est souvent la mise en péril de l’organisation du système. En entrant dans la circulation externe, l’air sec va s’infiltrer dans toute la circulation interne et assécher la convection. Ca aura pour effet de bloquer le renforcement mais aussi de contrarier la circulation verticale du vent à l’intérieur du système ce qui le plus souvent l’affaiblira énormément.

La brume de sable, un des cauchemars des cyclones !

On le voit bien, la brume de sable est un ennemi juré de la genèse cyclonique. Dans le passé les cas de systèmes qui ont été affaiblis ou n’ont pas pu se renforcer avant l’arc antillais sont légion. En 2019 par exemple, l’ouragan Dorian qui a terriblement impacté le nord des Bahamas n’a pu se renforcer qu’une fois sorti de cette brume qui l’a parfaitement contenu avant  de passer au nord de Îles Vierges.
Cette brume est donc un allié de circonstance majeur pour nous concernant le risque cyclonique. Au même titre que le cisaillement qui est probablement encore plus important et que les températures de l’eau à un niveau un petit peu moindre.
On souffre beaucoup en ce moment de cette brume … mais au final, c’est un mal pour un bien 😉




















































mercredi 24 juin 2020

ALERTE ROUGE BRUME DE SABLE MARTINIQUE



La brume de sable n'en a pas fini avec les îles des Petites-Antilles...

Malgré le passage entre jeudi et vendredi prochain d'une onde tropicale désignée OT10, celle-ci aura quelques difficultés à s'imposer, on croise les doigts 🤞 face à la nouvelle poche d'air sec SAL (Saharan Air Layer) et de poussière de sable qui traversera l'arc dès ce vendredi et ce jusqu'à dimanche au moins. Fort heureusement, celle-ci devrait être moins dense que la précédente, mais tout de même bien présente.

Illustration : prévision Copernicus du jeudi 25 juin 2020.



C'est la plus importante pollution atmosphérique que nous ayons connue. Depuis vendredi dernier (19 juin 2020), un épais nuage de poussières a jeté son rideau gris sur une grande partie de la Caraïbe. Que contient cette brume ? De nombreux scientifiques de la Région se sont posé la question.  
Toux, yeux qui piquent, peau qui gratte, asthme, les effets de la brume de sable sont bien là. Et pour cause, les poussières qui ont envahi notre atmosphère depuis vendredi dernier (19 juin  2020) sont composées de particules fines plutôt dangereuses pour la santé.

Difficile d'avoir des données scientifiques récentes sur la composition exacte de ces nuages nous arrivant des déserts d'Afrique (Sahara et Sahel).

Madininair annonçait en 2017 le lancement d'une campagne de prélèvements en Martinique. Les poussières prélevées devaient être analysées par un laboratoire avant une parution des résultats de ces analyses quelques mois plus tard. Seulement un "quiproquo" sur les matières à rechercher dans les échantillons a retardé la publication prévue du coup pour septembre 2020.

Nous nous sommes donc tournés vers les parutions scientifiques caribéennes. La plus récente réalisée est bibliographique. C'est-à-dire qu'elle réunit tous les résultats d'investigations scientifiques menées avant sa parution (septembre 2019).
Brume de sable
© Martinique la 1re | Brume de sable en Martinique.

Une majorité de minéraux selon la littérature scientifique...


Cette étude a été menée par l'Institut National de la Santé des États-Unis. Elle rappelle que depuis les années 60 les poussières du Sahara et du Sahel qui arrivent sur les terres caribéennes sont largement étudiées.

Des prélèvements réalisés à Porto Rico ou encore à Barbade ont montré, dès les années 80, que ces nuages de sables africains transportent bien d'autres matières.

À la fin du XXe siècle, les scientifiques y avaient en effet mesuré une forte concentration en minéraux. Beaucoup de Quartz, des minéraux argileux comme la Kaolinite mais aussi du fer et du magnésium avaient ainsi été détectés.

C'est la raison pour laquelle les brumes de sable n'ont pas que des effets négatifs. Les minéraux dont elles sont chargées ont l'avantage de fertiliser fortement les sols sur lesquels elles s'échouent.

Malheureusement ces nutriments sont aussi l'un des repas préférés des sargasses qui prolifèrent donc au large du Brésil et de la Floride.


... mais aussi des métaux et autres polluants organiques


Sulfate, nitrate, ammonium, carbone et métaux avaient également été détectés dès les premières études dans les années 1970. Il existe une abondante littérature sur la composition des brumes de sable de l'époque et sur leur processus d'enrichissement. En revanche, il existe très peu d'écrits scientifiques sur leurs effets réels sur la santé.

Ce n'est que depuis que le phénomène s'est accéléré dans les années 2000, que les scientifiques ont voulu actualiser leurs données quant à la composition de ces nuages de particules fines.

Ainsi, une dernière étude parue en décembre 2017 est un peu plus précise sur ce que contient exactement ce "panache de poussière".
Brume de sable
© Martinique la 1re | Brume de sable vue de la plage de la Française à Fort-de-France.

Une dernière étude scientifique datant de fin 2017 confirme les données existantes


Cette dernière étude est consacrée à l'analyse scientifique de poussières prélevées à Barbade entre 2013 et 2016. Elle aura permis de cibler pas moins de 50 éléments parmi lesquels ont été retrouvés les mêmes minéraux et métaux que dans les années 70. La présence d'arsenic et de matières fécales a également été révélée mais à des niveaux très peu élevés.

Toute la question est maintenant de savoir les effets de cette pollution sur la santé. A ce titre, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), a lancé un certain nombre de travaux.
Mais d'ores et déjà les États-uniens tirent la sonnette d'alarme.


Des études alarmistes


En plus de l'augmentation des crises d'asthme chez les enfants dans la Caraïbe, les poussières du Sahara et du Sahel seraient aussi responsables de l'augmentation des méningites à méningocoque et de cancers. Ce sont les résultats de plusieurs études menées dans la Région.

Selon ces études "la poussière du Sahara diminue la qualité de l'air et augmente la mortalité et la morbidité à des concentrations élevées."

Certains parlent même d'une incidence sur l'augmentation du nombre d'AVC (Accidents Vasculaires Cérébraux)...

mardi 23 juin 2020

Brume de sable : alerte rouge aux Antilles


La brume de sable annoncée et tant redoutée a débuté sa traversée des petites antilles

La qualité de notre air s’est énormément dégradée ce dimanche avec l’arrivée, cette nuit de l’imposante brume de sable annoncée depuis plusieurs jours, en provenance du désert du sahara au nord de l’Afrique.
Visibilité réduite, sensation d’étouffement, yeux et gorge qui piquent ou encore chaleur… L’imposante brume de sable d’une densité rarement atteinte sur le bassin Atlantique annoncée depuis plusieurs jours a débuté cette nuit sa traversée des Petites-Antilles.
Il suffit de mettre le nez dehors pour s’en apercevoir. La qualité de l’air qui s’était pourtant légèrement améliorée, s’est dégradée au fil des heures pour atteindre du 10 sur 10 (indice ATMO), voire plus si l’indice allait au-delà de 10. Malheureusement, une amélioration n’est attendue que dans la nuit de mercredi à jeudi prochain avec l’arrivée d’une nouvelle onde tropicale. D’ici là, il est demandé aux personnes fragiles et souffrantes de se protéger.

Valeur atteinte à 9H à la station de Pointe-à-Pitre : 228 microgrammes par mètre cube.

La concentration en particules fines PM10 dans l’air dépasse les 80 μg/men moyenne sur 24h, valeur correspondant au seuil d’alerte. Après plusieurs jours consécutifs de dépassement des seuils réglementaires et face à cette prévision, la procédure d’alerte est déclenchée conformément à l’arrêté préfectoral relatif à la qualité de l’air.
Pour les populations vulnérables: Femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires, personnes asthmatiques.
Pour les populations sensibles: Personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (par exemple: personnes diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d’affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux.
• En cas de gêne respiratoire ou cardiaque, prenez conseil auprès d’un professionnel de santé,
• Privilégiez des sorties plus brèves et celles qui demandent le moins d’effort,
• Prenez conseil auprès de votre médecin pour savoir si votre traitement médical doit être adapté le cas échéant,
• Evitez les déplacements sur les grands axes routiers et à leurs abords, aux périodes de pointe,
• Evitez les activités physiques et sportives intenses (dont les compétitions), autant en plein air qu’à l’intérieur,
• Reportez les activités qui demandent le plus d’effort. Pour les jeunes (0 à 6 ans), les écoliers, les collégiens et les lycéens:
• Interdire les activités sportives à l’extérieur dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire
• Pour les jeunes enfants, interdire les activités sportives à l’extérieur et à l’intérieur.
Pour la population générale:
• Réduire les activités physiques et sportives intenses (dont les compétitions)
• En cas de gêne respiratoire ou cardiaque, prenez conseil auprès d’un professionnel de santé.
De manière générale:
• Se renseigner sur la qualité de l’air dans la région sur le site de Gwad’Air: www.gwadair.fr,
• Des recommandations sanitaires complémentaires sont rendues disponibles sur le site de l’agence régionale de santé de Guadeloupe: www.guadeloupe.ars.sante.fr

ZOOM sur notre zone


La brume en provenance du sahara

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