mercredi 24 mars 2021

 

La Martinique sous le coup d’un couvre-feu pour 3 semaines

R.L.Mardi 23 Mars 2021 - 16h59
La Martinique sous le coup d’un couvre-feu pour 3 semaines

En raison de la reprise de la circulation du Coronavirus dans l’île, le préfet annonce, ce mardi, un nouveau couvre-feu pour une durée de 3 semaines. Il prendra effet dès ce vendredi (26 mars), à 22 heures.

C’était dans les tuyaux, c’est désormais officiel. Face à la reprise de l’épidémie de Covid-19 (plus de 400 cas en une semaine), Stanislas Cazelles, le préfet, annonce une mesure de couvre-feu de 3 semaines dans l’île à compter de ce vendredi 26 mars, de 22h à 5 heures du matin. La mesure sera précisée par décret et arrêté préfectoral publiés dans les tout prochains jours (tous les détails ce MERCREDI 24 MARS dans France-Antilles).


Seuls les déplacements d’ordre professionnel, pour des consultations ou des soins urgents ou pour des motifs impérieux d'ordre familial seront autorisés sur la période du couvre-feu. Une attestation dérogatoire, qui sera mise en ligne sur le site de la préfecture, sera obligatoire. « Une concertation spécifique sera engagée avec les restaurateurs », précise le préfet.
En parallèle de cette mesure principale, déjà appliquée en Guadeloupe, d’autres dispositifs seront mis en place.

Plusieurs mesures renforcées


Les établissements de restauration qui reçoivent du public dans les galeries commerciales seront fermés. Dans la même optique, la consommation de boissons et de denrées dans les galeries commerciales sera interdite.

Une troisième mesure s’applique aux rencontres sportives en plein air. Si le huis clos n’est pas décrété, la présence du public sera soumise à autorisation, au cas par cas, à l’issue d’un travail entre les services de Jeunesse et Sports et les Ligues respectives.

Enfin, le dispositif « tester, alerter, protéger » sera renforcé par des équipes mobiles de la protection civile. Le contrôle du respect de l’isolement sera, lui aussi, renforcé par la cellule territoriale d’appui à l’isolement, alimentée par l’association des secouristes de la Martinique.
√ Plus de précisions dans notre édition de ce mercredi 24 mars.

Pour en savoir plus :
Les données en Martinique et dans le monde sur le COVID-19
Retrouvez les données sur les chiffres de l'épidémie en Martinique, sous la forme de tableaux et courbes actualisés régulièrement avec le nombre de cas et l'évolution de l'épidémie de coronavirus depuis le 5 mars 2020.
Consultez également les données des pays dans le monde touchés par l'épidémie.
» Accédez aux données

lundi 22 mars 2021

POUR INFO

 Pour tous les plaisanciers non-résidents en Martinique.

For all cruisers non résidents in Martinique.

Les services des douanes confirment l'information selon laquelle les navires demeurant plus de 18 mois en Martinique sont soumis au paiement de l'octroi de mer. Cependant, ce délai de 18 mois peut-être prorogé par les douanes en cas de circonstances exceptionnelles.

Les demandes de prorogation peuvent être adressées 1mois avant l’échéance à l'adresse suivante : 

r-fort-de-france@douane.finances.gouv.fr

Pour toute autre demande :

 pae-martinique@douane.finances.gouv.fr




The customs services confirm the information according to which boats staying for more than 18 months (continuous period) in Martinique are subject to the payment of the “octroi de mer” tax. However, this period of 18 months may be extended by customs in the event of exceptional circumstances.

Extension requests can be sent  1 month before deadline to the following address : r-fort-de-france@douane.finances.gouv.fr

For any other request : pae-martinique@douane.finances.gouv.fr



Bonjour 

J’ai adressé une demande par mail à la préfecture de Guadeloupe 

Voici leurs réponse et donc la possibilité de se rendre là bas



Bonjour Monsieur,


je vous prie de bien vouloir trouver ci-joint l'arrêté préfectoral n°2021-071 prescrivant les conditions d'entrée en Guadeloupe par voie maritime accompagné d'une fiche de synthèse et d'un formulaire de demande d'entrée sur le territoire guadeloupéen.


Tout déplacement de personne par voie maritime à destination de la Guadeloupe est interdit sauf déplacement pour motif impérieux en provenance de la Martinique, de la Guyane, d'un port de l'UE, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Les déplacements de la Guadeloupe vers Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont également soumis au motif impérieux.


Pour une demande déposée dans le cadre d'une traversée transatlantique à destination de l'hexagone vous voudrez bien indiquer les dates projetées d'arrivée et de départ de la Guadeloupe.


Afin d'éviter toute situation délicate je vous invite à déposer votre demande d'entrée sur le territoire guadeloupéen par voie maritime accompagnée de tout document justifiant le motif impérieux de votre déplacement puis d'attendre notre retour avant tout départ de la Martinique. 


Restant à votre disposition pour tout complément d'information.



Bonsoir! 

j'ai posé la question précise aux services des douanes de Fort de France;

"Est-ce que Aller de Martinique en Guadeloupe, avec clearance au départ puis à l'arrivée, permet de relancer une période de 18 mois, mettant à zéro le compteur octroi de mer", 

réponse claire obtenue que je vous transmets ci-après dans son intégralité:


"Vos voisins de mouillage ont effectivement raison : la Martinique et la Guadeloupe ne constituent pas des territoires d'exportation l'une vis à vis de l'autre. Une clearance en Guadeloupe ne met donc pas fin à l'admission temporaire de votre navire en Martinique.


Environ 1 mois avant l'échéance de l'admission temporaire, je vous invite à adresser par écrit une demande de prolongation en en précisant les raisons, la durée demandée et en joignant :

- la copie de l'acte de francisation ;

- la clearance d'entrée ;

- un justificatif de domicile prouvant que votre résidence fiscale n'est pas en Martinique (avis d'impôt sur le revenu, par exemple) ;

- le cas échéant, un contrat de gardiennage ou tout document que vous jugerez utile.


Vous pourrez adresser votre demande par courrier à :


Bureau des Douanes du Port de Fort-de-France


Centre d'affaires Agora - ZAC L’Étang Z'Abricots

BP 81005

97247 FORT DE FRANCE CEDEX


Ou par mail à :

r-fort-de-france@douane.finances.gouv.fr

et lionel.duhoux@douane.finances.gouv.fr  "


Donc, plus de doute; il ne suffit pas de sortir des eaux territoriales.... contrairement à ce qu'avait répondu l'IDS (Information Douanes Service) à la même question!!!



Concernant l'achat d'un voilier d'occasion qui est sous le régime d'admission temporaire (pas acquitté de l'octroi de mer) pour quelqu'un qui réside en Martinique :

- Est-il possible de ne pas le payer ? Apparemment pour un résident métropole ça peut se faire en exportant le bateau dans les 15 jours qui suivent la cession pour revenir ensuite demander une nouvelle admission temporaire mais je ne suis pas sûre que cette option soit possible si on travaille en Martinique. 

- Sur quelle valeur se basent les douanes pour appliquer le taux de 9,50% (octroi de mer externe (7%) + octroi de mer régional (2,50%)) ? La valeur énoncée dans l'acte de vente ou un argus du bateau?

- Est-ce qu'il y a une réduction de la taxe pour les bateaux de plus de 30 ans ?  


TARA 3

 VIRTUAL REGATTA 





dimanche 21 mars 2021

CLAIRVOYANCE ??🙈🙈🙈⚕☠💉☢


En 1999, les informaticiens se sont rendu compte que le codage des ordinateurs n'était pas adapté au numéro 2000, et que tous risquaient de boguer au passage au troisième millénaire. Des centaines de millions de dollars ont été dépensées dans le monde entier afin d'éviter la catastrophe. Comme elle n'a pas eu lieu, les critiques n'ont pas manqué pour dire qu'on avait dilapidé de l'argent pour rien. Mais si le danger ne s'est pas concrétisé, c'est justement parce qu'on avait mis les moyens financiers pour l'empêcher ! Je me souviens que Lionel Jospin, qui était Premier ministre à l'époque, avait dû justifier devant l'Assemblée nationale les sommes énormes débloquées par EDF et France Télécom. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'épidémie qu'on doit se passer des vaccins", avait-il dit en substance, de façon métaphorique et prémonitoire...

Nous sommes exactement dans la même situation aujourd'hui. Ceux qui minimisent la pandémie et considèrent que nous investissons des moyens démesurés en sacrifiant nos économies et nos libertés individuelles oublient que, si la maladie n'est pas plus mortelle, c'est précisément parce que nous avons mis en oeuvre des mesures sanitaires strictes. Du point de vue logique, ils nient le lien de causalité. Il faudrait comparer les mesures prises, non pas à l'état résultant, mais à la variation de l'état résultant, autrement dit à ce qui se serait passé si l'on n'avait rien fait. Nous sommes exactement dans la même situation aujourd'hui. Ceux qui minimisent la pandémie et considèrent que nous investissons des moyens démesurés en sacrifiant nos économies et nos libertés individuelles oublient que, si la maladie n'est pas plus mortelle, c'est précisément parce que nous avons mis en oeuvre des mesures sanitaires strictes. Du point de vue logique, ils nient le lien de causalité. Il faudrait comparer les mesures prises, non pas à l'état résultant, mais à la variation de l'état résultant, autrement dit à ce qui se serait passé si l'on n'avait rien fait. ..





Grand entretien

Jean-Pierre Dupuy: "Ce virus est malin, il a compris que s'il tuait son hôte, il se suicidait" 

Fâché par les propos de certains de ses confrères minimisant la gravité de la pandémie, le philosophe des sciences passe l'argumentaire des "rassuristes" à l'épreuve de la réflexion logique. Et rétablit quelques vérités.

Durée : 7 min Article réservé aux abonnés
Parler de "la létalité ou la contagiosité" d'un virus, de façon générale, n'a pas plus de sens que de demander à un élève : "Quel est l'âge de Napoléon ?" sans autre précision", relève le philosophe des sciences, Jean-Pierre Dupuy.

Parler de "la létalité ou la contagiosité" d'un virus, de façon générale, n'a pas plus de sens que de demander à un élève : "Quel est l'âge de Napoléon ?" sans autre précision", relève le philosophe des sciences, Jean-Pierre Dupuy.

Emmanuelle Marchadour

On l'entend peu en France, et pourtant, Jean-Claude Dupuy est de ces facétieux philosophes des sciences à l'oeuvre abondante et protéiforme. Polytechnicien cosmopolite marié à une Brésilienne et professeur d'éthique à l'université américaine de Stanford, il a publié une quarantaine d'ouvrages sur la technique, l'économie, l'écologie, dont Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain (Seuil). Depuis le début des années 2000, il s'intéresse de près aux désastres s'abattant sur l'humanité. La crise sanitaire et les commentaires qu'elle suscite chez ses confrères du monde des idées lui ont inspiré un essai mordant : La catastrophe ou la vie. Pensées par temps de pandémie (Seuil). Revue de détail. 

L'Express : On vous sent très remonté contre les intellectuels "covidosceptiques", comme vous les appelez. Que leur reprochez-vous au juste ?  

Jean-Claude DupuyLorsqu'on est un intellectuel, on se doit de prendre la parole après s'être informé sur le sujet que l'on aborde. Comment peut-on soutenir, comme André Comte-Sponville, que je connais et admire par ailleurs, ou le philosophe italien Giorgio Agamben, que ce virus n'est vraiment "pas la fin du monde" alors que nous approchons des chiffres de la grippe espagnole, donnée constamment en référence comme l'une des pandémies les plus tueuses dans l'histoire de l'humanité ?  

Au Brésil, où le rythme actuel est de 3000 morts par jour, le bilan est déjà bien plus terrible que celui de la pandémie de 1918. En France, nous nous rapprochons de celle-ci - 165 000 victimes - avec 91 000 décès. Et aux Etats-Unis, où la grippe espagnole a causé 675 000 morts, nous en sommes à 538 000 victimes, et 1200 morts supplémentaires au quotidien ! Le pire, c'est que l'on savait dès le mois de mai dernier que ce Sars-CoV-2 n'était pas un virus ordinaire. 

C'est-à-dire ?  

Pour prendre une métaphore évolutionniste, ce virus a "compris", contrairement à d'autres "moins malins", que s'il tuait son hôte, il se suicidait. Donc, il a remplacé la létalité - la proportion des personnes contaminées qui décèdent - par la contagiosité. D'où les variants, qui ne sont pas plus létaux, mais beaucoup plus contagieux. En outre, son taux de reproduction, le fameux R qui correspond au nombre de gens que les personnes infectées contaminent, varie par ailleurs énormément en fonction des situations, contrairement à quantité d'autres virus - les rassemblements sont particulièrement propices à la transmission, par exemple.  

"Ce virus a 'compris', contrairement à d'autres 'moins malins', que s'il tuait son hôte, il se suicidait"

Enfin, la maladie provoquée par le Covid-19 ressemble fortement à une maladie auto-immune. Le système immunitaire ne reconnaît plus un certain nombre d'organes comme appartenant au même corps que lui : les poumons, le système cardiovasculaire et le cerveau. On a observé ce phénomène dès le début, mais sans le comprendre. Il a très vite été impossible de parler de "grippe". 

Dans votre livre, vous posez vous-même la question : "Comment un ensemble de gens intelligents et cultivés ont pu et peuvent encore déraisonner au sujet de cette pandémie ?" Avez-vous trouvé la réponse ?  

Le problème n'est pas seulement le manque d'information, mais la faiblesse des concepts. Quand André Comte-Sponville met en avant "la faible létalité" du virus, entre 1 et 2%, en soulignant qu'il est sans doute plus faible si on ajoute tous les cas non détectés, il commet une grossière erreur de raisonnement. La prise en compte des malades non diagnostiqués ne change rien au risque de mourir du Covid-19. Certes, le taux de létalité diminue, mais ces cas montrent que le virus est plus contagieux que ne l'indiquent les chiffres des contaminés. 

Le risque de tomber malade augmente donc en proportion. En conséquence, le taux de mortalité rapporté à la population, et non plus seulement aux cas d'infection, reste le même. Parler de "la létalité ou la contagiosité" d'un virus, de façon générale, n'a pas plus de sens que de demander à un élève : "Quel est l'âge de Napoléon ?", sans autre précision. 

Nous serions là devant une répétition du "sophisme de l'an 2000", selon votre formule. Que s'est-il passé, à l'époque ?  

En 1999, les informaticiens se sont rendu compte que le codage des ordinateurs n'était pas adapté au numéro 2000, et que tous risquaient de boguer au passage au troisième millénaire. Des centaines de millions de dollars ont été dépensées dans le monde entier afin d'éviter la catastrophe. Comme elle n'a pas eu lieu, les critiques n'ont pas manqué pour dire qu'on avait dilapidé de l'argent pour rien. Mais si le danger ne s'est pas concrétisé, c'est justement parce qu'on avait mis les moyens financiers pour l'empêcher ! Je me souviens que Lionel Jospin, qui était Premier ministre à l'époque, avait dû justifier devant l'Assemblée nationale les sommes énormes débloquées par EDF et France Télécom. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'épidémie qu'on doit se passer des vaccins", avait-il dit en substance, de façon métaphorique et prémonitoire. 

"Les 'covidosceptiques' nient le lien de causalité. Si la maladie n'est pas plus mortelle, c'est précisément parce que nous avons mis en oeuvre des mesures sanitaires strictes"

Nous sommes exactement dans la même situation aujourd'hui. Ceux qui minimisent la pandémie et considèrent que nous investissons des moyens démesurés en sacrifiant nos économies et nos libertés individuelles oublient que, si la maladie n'est pas plus mortelle, c'est précisément parce que nous avons mis en oeuvre des mesures sanitaires strictes. Du point de vue logique, ils nient le lien de causalité. Il faudrait comparer les mesures prises, non pas à l'état résultant, mais à la variation de l'état résultant, autrement dit à ce qui se serait passé si l'on n'avait rien fait. 





vendredi 19 mars 2021

ÇA VIENT DE SORTIR..📖📖📖

 Alain Duhamel décrypte la politique depuis plus d’un demi-siècle. Dans son dernier livre, il dresse le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron et rappelle les conséquences de la pandémie de coronavirus sur toutes les dimensions de notre vie.


Alain Duhamel, passionné par la politique française depuis sa tendre enfance, en est l’un des plus fins connaisseurs. © Stéphane Grangier pour Le Pèlerin

Dans quel état social et politique la France sortira-t-elle de la crise de la Covid ?

Alain Duhamel : Il faudra sans doute attendre la rentrée de septembre pour le savoir. Tous ceux qui le souhaitent devraient alors avoir été vaccinés, le nombre de cas devrait baisser, on aura une idée plus précise du contenu du plan de relance. Ce sera le moment de vérité pour l’après-Covid. Mais d’ores et déjà, on peut dire que la France en sortira plus fracturée.

Une fracture sociale ?

Générationnelle, surtout. Si tout le monde a subi le confinement et l’isolement qui en résultait, les moins de 35 ans ont particulièrement souffert des restrictions de circulation et de sorties, des difficultés d’étudier ou de trouver un emploi, même un simple stage. Autant d’atteintes à leur légitime envie de vivre. Les plus de 65 ans, de leur côté, souhaitent être protégés de la maladie et retrouver leurs proches. Ils s’agacent des retards de la vaccination. Soif de liberté et impatience pour les jeunes ; désir de protection et de lien social pour les anciens. On n’avait pas vu un tel découplage entre générations depuis la guerre de 1914-1918, quand il y avait « ceux qui avaient fait la guerre » et en avaient souffert, et les autres, restés à l’arrière ou trop jeunes pour y participer. À cela s’ajoutent les clivages provoqués par la crise économique et sociale : entre secteurs d’activités dits « essentiels » et les autres ; entre salariés qui peuvent travailler et ceux qui en sont empêchés ; entre les métropoles soudain fuies par leurs habitants et les campagnes et villes moyennes redevenues attractives ; entre un Nord qui réclamait un confinement et un Midi qui ne le souhaitait pas face aux mêmes chiffres de contamination, etc. 

Emmanuel Macron était-il l’homme de la situation ?

Il n’y a pas de sauveur suprême. Mais ses caractéristiques personnelles correspondent bien à la période, qui exigeait un apprentissage rapide de la gestion de la détresse. Jeune, dynamique, il a le goût de l’autorité et le sens du risque, sans craindre la rupture. C’est pourquoi je le décris dans mon livre comme « bonapartiste ». On ne l’avait pas élu pour ça mais il s’est débrouillé aussi bien, sinon mieux, que la plupart des autres dirigeants du monde face à la pandémie. Son quinquennat sera jugé d’abord et avant tout à l’aune de sa gestion de la crise sanitaire.

Une fois la pandémie terminée, les débats précédents, sur les retraites ou les gilets jaunes, etc., ne reviendront-ils pas au premier plan pour l’élection présidentielle de 2022 ?

Plus que ses prédécesseurs, Emmanuel Macron n’a connu qu’une succession de crises. Il les a parfois provoquées par ses tentatives de réformes, sur les retraites ou la fiscalité verte notamment, qu’il a mal gérées. C’est le destin de tout réformateur en France. Mais je le répète, la crise de la Covid est si globale qu’elle concerne chaque Français dans toutes les dimensions de sa vie. Elle écrasera les autres thèmes électoraux en 2022.

© Stéphane Grangier pour Le Pèlerin

Emmanuel Macron ne peut-il pas, tout de même, mettre à son crédit le redémarrage de l’Europe, par l’adoption d’un vaste plan de relance ?

Il s’agit d’une donnée essentielle… qui ne jouera aucun rôle dans l’élection. Ce coup d’accélérateur formidable que l’Europe a connu, avec le principe d’un endettement commun accepté par l’Allemagne, apparaît pourtant comme la seule vraie bonne nouvelle de cette période de Covid. Macron pourra s’en prévaloir devant l’Histoire. Mais les Français ne s’intéressent pas à l’Europe. Seuls les vaccins et le plan de relance, dont on verra les effets à la rentrée prochaine, auront un véritable impact électoral.

Vous expliquez dans votre livre qu’il doit sa victoire de 2017 à la surprise, à la chance et à l’audace. Le « dégagisme » dont il a profité peut-il lui être fatal en 2022 ?

Il est encore trop tôt pour savoir s’il se qualifiera pour le second tour et y affrontera Marine Le Pen…

Vous êtes donc si sûr qu’elle passera le premier tour ?

Sauf énorme surprise, Marine Le Pen sera au second tour.

Et celui ou celle qui l’affrontera gagnera l’élection, comme à chaque duel contre l’extrême droite ?

Pas certain cette fois-ci ! Plus que jamais, l’élection se jouera entre deux émotions : la peur et la colère. Peur de ceux qui éviteront de prendre des risques et voteront Macron s’il se présente. Ou colère de ceux qui le rejetteront. Si la colère l’emporte sur la peur, Marine Le Pen pourrait gagner.

Depuis un demi-siècle que les Français vous écoutent, vous prenez toujours autant de plaisir à commenter la vie politique. D’où vient cette passion ?

J’ai toujours eu cela au fond de moi. Gamin, je faisais rire ma famille car j’expliquais la vie politique à mon arrière-grand-mère nonagénaire que j’allais voir chaque semaine, elle qui avait connu Napoléon III ! Des discussions sur la politique, l’économie, la religion… rythmaient la vie à la maison. J’aimais en être l’arbitre, même si c’était au départ un peu enfantin. À 10 ans, je lisais déjà Le Figaro et, à 13 ans, j’ai demandé que l’on s’abonne au journal Le Monde pour diversifier les points de vue. Ce fut une petite révolution !

Passionné d’actualité, vous restez attentif au temps long…

On ne peut comprendre la vie politique de notre pays que si l’on maîtrise à la fois son histoire et sa littérature. Adolescent, je me rêvais en normalien agrégé d’histoire ; ma mère, elle, voulait que je sois diplomate. Mais un accident survenu dans ma jeunesse et mon peu d’appétence pour les langues en ont décidé autrement. La chance aussi. Étudiant à Sciences-Po, j’ai décliné le stage que mes parents m’avaient déniché dans le pétrole… « Alors débrouille-toi ! » m’ont-ils dit. J’ai aussitôt envoyé une candidature au journal Le Monde. Nous étions déjà en juin, mais le stagiaire qui devait commencer le lendemain s’était cassé une jambe et Jacques Fauvet, le rédacteur en chef, m’a dit : « Venez. » Il surplombait l’analyse politique de cette époque. Nous avions la même passion, il m’a pris sous son aile.

En quoi la politique a-t-elle changé depuis cette époque ?

Elle a cédé beaucoup de terrain à l’économie. Les plus brillants de ma génération rêvaient à une carrière politique, aujourd’hui ils se précipitent vers le secteur privé, où ils gagnent beaucoup plus d’argent et sont moins insultés. Les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu mettent les politiques sous pression constante. Il leur est d’autant plus difficile d’agir dans ces conditions que leurs marges de manœuvre ne sont plus les mêmes. Pour imprimer des changements, il faut donc de très fortes personnalités. Des gens « hardis » comme Emmanuel Macron aujourd’hui, Nicolas Sarkozy hier, ou Pierre Mendès France avant-hier.

Les leaders politiques ne sont-ils pas le produit d’une société ?

La politique me fascine parce que c’est elle qui façonne la société, et non l’inverse. De ce fait, chaque année apporte son lot de surprises. Qui aurait imaginé qu’Emmanuel Macron devienne un jour président ? Qui aurait pu prévoir les gilets jaunes, un phénomène que seule la France a connu ? De même, en 1968, la France fut le seul pays au monde à subir une grève générale en plus du soulèvement étudiant et culturel. Nous sommes toujours différents des autres, en décalage, avec un coup d’avance ou un coup de retard. Nous sommes le peuple qui a inventé la politique. Fascinés par le pouvoir, les Français sont aussi les plus critiques à son égard. C’est ce qui les rend à la fois si ingouvernables… et intéressants !

En coulisses

© Stéphane Grangier pour Le Pèlerin

Dans son appartement proche du jardin du Luxembourg, à Paris, les livres s’élèvent jusqu’au plafond sur les étagères de l’entrée. Dans le salon, si les murs sont réservés à de belles gravures encadrées, l’énorme table basse est presque entièrement recouverte d’ouvrages. Ce membre de l’Institut dévore tout avec gourmandise. L’homme qui incarne l’audiovisuel en France reste d’abord et avant tout un grand papivore devant l’Éternel.

Pourquoi le mot "lapin" porte-t-il malheur sur un bateau ?

  Gare à vous si vous osez prononcer le mot "lapin" à bord d'un bateau. Une ancienne superstition des marins raconte que la pr...