LA GUERRE DES BOUTONS
Vous vous souvenez :
"si j'aurais su j'aurais pas v'nu" ?
phrase prononcée par Tigibus
Et bien, deux nouveaux films viennent de sortir, remake du film de 1962
Synopsis
1960. A Longeverne, une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l'intrépide et rebelle Lebrac, est en guerre contre les enfants de Velrans, le village voisin. Depuis des générations, on se bat pour l'honneur et la fidélité et, aussi, pour gagner. Si cette ancestrale rivalité est rude, il faut aussi compter avec la sévérité des parents et de l’instituteur mais aussi, avec le charme de Lanterne, la seule fille de la bande.
La présentation
Le 14 septembre 2011, sortit sur les écrans français le nouveau film de Yann Samuell, la Guerre des boutons. Jusque là, rien d’étonnant. Le réalisateur est connu pour Jeux d’enfants, la première rencontre Guillaume Canet/Marion Cotillard, My Sassy Girl, le remake britannique d’un film sud-coréen, et l’Age de raison, avec Sophie Marceau confrontée à l’enfant qu’elle fut. Ce qui était beaucoup plus surprenant, c’est que sept jours plus tard, le mercredi 21 septembre, sortait sur les mêmes écrans français – ou presque – le film de Christophe Barratier, la Nouvelle guerre des boutons. Les deux films furent systématiquement présentés comme deux nouvelles adaptations du roman de Louis Pergaud, paru en 1912 puisque, respectant la volonté de son défunt cinéaste de mari – déçu par la Guerre des boutons, ça recommence, un remake irlandais tourné en 1994 –, la comédienne Danielle Delorme refusa de céder à qui que ce soit les droits de remake du fameux film tourné par Yves Robert en 1962. Cela dit, l’ancestrale querelle opposant les chenapans de Longeverne aux garnements de Velrans aurait-elle autant intéressé Yann Samuell, Christophe Barratier et leurs producteurs respectifs si Yves Robert n’en n’avait pas donné sa version grand public, déjà applaudie par plus de dix millions de spectateurs ? Rien n’est moins sûr, tant le portrait, rude et amer, dressé par Louis Pergaud, des relations parents-enfants dans un village de Franche-Comté à la veille de la Première Guerre mondiale ne ressemble guère à l’idée que l’on se fait d’un divertissement cinématographique familial, futur prime-time de TF1 – coproducteur des deux films. N’oublions pas que l’auteur annonçait dans sa préface : « Ce livre, malgré son titre, ne s’adresse ni aux petits enfants, ni aux jeunes pucelles. » Ce qui n’est, évidemment, pas le cas des films qu’il inspira. Remake ou pas, voici la Guerre des boutons de Yann Samuell, avec une bande de jeunes comédiens qui, de Tigibus à Lebrac et de l’Aztec à Bacaillé, donnent la réplique à une bande d’adultes pas moins dissipés : Eric Elmosnino en instituteur bienveillant, un an après Gainsbourg (Vie héroïque) de Joann Sfar, Fred Testot, le complice d’Omar Sy, en sportif curé de campagne, Alain Chabat en instituteur véhément et Mathilde Seigner en sévère maman du rebelle Lebrac. Alain Chabat et Mathilde Seigner venaient d’être mari et femme dans Trésor, le dernier film de Claude Berri, terminé par François Dupeyron.
Une semaine après la sortie du film sortait donc la Nouvelle guerre des boutons, la version de
Christophe Barratier. Comment deux films adaptés du même roman peuvent-ils être
tournés en même temps et sortir à une semaine d’intervalle ? C’est tout
simple. Lorsqu’une œuvre tombe – comme on dit – dans le domaine public, chacun
est libre de s’en emparer, sans payer de droits d’auteur et sans demander
d’autorisation à quiconque. Il se trouve que la Guerre des boutons, le livre de
Louis Pergaud, aurait dû tomber dans le domaine public 50 ans après le 1er
janvier suivant sa mort, c'est-à-dire le 1er janvier 1966. Mais, tel ne fut pas
le cas. Et là, je demande toute votre attention ! En effet, à cette
usuelle période de 50 ans, il faut ajouter les deux guerres mondiales. La loi
française est très claire – sinon très logique – sur ce point. Les périodes de
guerre ne permettant pas aux écrivains de jouir normalement de leurs droits
d’auteur, on ajoute donc aux fameux 50 ans, 6 ans et 152 jours pour la Guerre
de 14-18 et 8 ans et 119 jours pour la Guerre de 39-45. Ne cherchez pas, ces
périodes ne correspondent absolument pas à la véritable durée de chaque
conflit, mais c’est comme ça ! Et ce n’est pas tout ! Il se trouve
que notre brave Louis Pergaud – lauréat du huitième Prix Goncourt, en 1910 –
rendit l’âme dans les tranchées de Verdun en avril 1915. Autrement dit,
l’auteur de la Guerre des Boutons est mort, selon l’expression consacrée,
« pour la France », ce qui allonge de 30 ans la durée de ses droits
d’auteur. Heureux héritiers ! Donc, récapitulons : 50 ans + 6 ans et
152 jours + 8 ans et 119 jours + 30 ans = le 28 septembre 2010, CQFD !
N’ayant donc d’autorisations à ne demander à personne, deux équipes
s’étaient, chacune dans leur coin, mises à travailler sur le même projet. Pour
être plus précis, une troisième équipe, menée par le cinéaste Alexandre
Castagnetti, par ailleurs cofondateur du duo la Chanson du dimanche, était
également au travail. Bénéficiant d’un moindre budget, il abandonna son projet,
pourtant le plus fidèle à Pergaud, puisque situé avant la Guerre de 14 et dans
sa Franche-Comté natale. Seuls, si l’on peut dire, restaient donc en
lice deux équipes, chacune espérant bien que l’autre jetterait l’éponge, comme
l’avait fait Baz Luhrmann, abandonnant son film avec Leonardo DiCaprio dans le
rôle d’Alexandre le Grand, lorsqu’il découvrit qu’Oliver Stone préparait son
propre Alexandre, avec Colin Farrell. Cette fois, et comme ce fut le cas
avec les deux adaptations concomitantes de l’œuvre de Choderlos de Laclos, les
Liaisons dangereuses de Stephen Frears et Valmont de Milos Forman, personne
n’abandonna et la lutte fut sévère. Anticipant de plusieurs mois les dates de
sorties prévues, chacun accéléra la préparation et le tournage de son film,
pour être prêt le premier, faisant travailler jour et nuit des laboratoires
cinématographiques français et belges pour, finalement être, presque, ensemble
sur la ligne de départ. Sorti le premier, ce film
attira 635.321 spectateurs en première semaine, alors que la version de
Christophe Barratier, une semaine plus tard, en séduira 521.424. Après un mois
d’exploitation, les scores des deux films étaient très proches : 1.400.000
spectateurs pour Christophe Barratier, 1.395.000 pour Yann Samuell. Pas de
vainqueur, pas de vaincu, la guéguerre des boutons, n’aura pas eu lieu.
Avec
Alain Chabat, Eric Elmosnino, Fred Testot, Louis Lefèbvre, Mathilde Seigner, Théo Bertrand, Tom Terrail, Tristan Vichard, Victor Le Blond, Vincent Bres, Arthur Garnier, June Maître, Antonio Tavarez, Paloma Leneaut, Theo Fernandez
Scénario Yann Samuell
Musique Klaus Badelt
Langue VF
Catégories
Du vieux papier vers l’écran,Sales gamins, Provinces de France, Oxygène et grand espaces,Comédie, Nouveautés
Mots-clés
relation mère fils, moissonneuse batteuse,insulte, Guerre d'Algérie, ferme, classe, cabane, bagarre, instituteur, enfant, écolier, rivalité
Réalisateur
Yann SamuellAvec
Alain Chabat, Eric Elmosnino, Fred Testot, Louis Lefèbvre, Mathilde Seigner, Théo Bertrand, Tom Terrail, Tristan Vichard, Victor Le Blond, Vincent Bres, Arthur Garnier, June Maître, Antonio Tavarez, Paloma Leneaut, Theo Fernandez
Durée 109 minutes
Couleur Oui
Pays France
Année de sortie française 2011
Restriction Tous publics
Production One World FilmsScénario Yann Samuell
Musique Klaus Badelt
Langue VF
Catégories
Du vieux papier vers l’écran,Sales gamins, Provinces de France, Oxygène et grand espaces,Comédie, Nouveautés
Mots-clés
relation mère fils, moissonneuse batteuse,insulte, Guerre d'Algérie, ferme, classe, cabane, bagarre, instituteur, enfant, écolier, rivalité