mercredi 20 octobre 2021

LE COIN DES CURIOSITÉS

 

Le Cisne Branco, prestigieux trois-mâts de la Marine brésilienne, heurte un pont en Équateur

Emporté par le courant, le Cisne Branco, prestigieux trois mâts de la Marine Nationale Brésilienne, a heurté un pont hier lundi 18 octobre à la sortie du port de Guayaquil (Équateur). L’accident a aussi entraîné le naufrage d’un petit remorqueur, sans faire de blessé. Le Cisne Branco est très connu en France pour avoir participé à des rassemblements comme Brest 2008 et de nombreuses éditions de l’Armada de Rouen.


LA VIDÉO ICI :

Crédit vidéo : Salvage and Wreck Ecuador

Sur les images


LA VIDÉO ICI :

Crédit vidéo : Salvage and Wreck Ecuador



Sur les images qui circulent sur les réseaux sociaux, on voit clairement qu’un remorqueur tente de pousser le prestigieux trois-mâts sur son tribord pour lui éviter la collision. En vain. La Marine Brésilienne a annoncé qu’il n’y avait eu aucun blessé pendant cet accident XXL très spectaculaire, mais quelques dégâts et de belles frayeurs.

Un petit remorqueur s’est retourné pendant la manœuvre de dégagement

De belles frayeurs entre autres pour les membres d’équipage d’un petit remorqueur qui s’est retourné dans le fleuve pendant la manœuvre de dégagement du Cisne Branco, alors qu’il était encore relié au grand trois-mâts ! Les membres d’équipage se sont retrouvés à califourchon sur la coque. Heureusement, ils ont pu être récupérés.



Pour mémoire le Cisne Branco a été construit aux Pays-Bas. Il est servi par 80 membres d’équipage et avait été remis à la Marine nationale brésilienne le 9 mars 2000 à Lisbonne, pour le 500e anniversaire de la découverte du Brésil. Son port d’attache est Rio de Janeiro. Sa mission principale est de représenter le Brésil à l’étranger… Une enquête est ouverte pour déterminer les causes de l’accident.

mardi 19 octobre 2021

19 OCTOBRE 1812

 9/12

Découvrez douze journées de la vie de l'Empereur: de son enfance corse jusqu'à son exil au milieu de l'océan Atlantique, Napoléon fut animé par l'envie irrésistible de «remplir ses destinées».



Bicentenaire de Napoléon: 19 octobre 1812, l'armée des ombres

.Après avoir poursuivi l'armée russe jusqu'à Moscou et être entré dans l'ancienne capitale, l'Empereur donne le signal de la retraite.

TRANSAT JACQUES-VABRE

  la Martinique accueillera cet événement qui ne se réalisera pas d'un coup de baguette magique. Selon Jean Trudo, « la commission technique de l'AMT travaille sans relâche depuis novembre dernier ». L'organisation est passée par la visite du directeur de course de la Transat Jacques-Vabre, Francis Le Goff, pour se rendre compte de la faisabilité de l'arrivée de 83 bateaux dans la baie de Fort-de-France. Il en a été convaincu et l'AMT a pu entrer dans le vif du sujet, avec la construction à venir d'une marina éphémère pour accueillir une telle flotte, l'organisation d'un couloir d'arrivée pour que la baie soit dégagée, certains bateaux étant susceptibles d'arriver à 40 noeuds (74 km/h). Tous les services de l'Etat seront concernés par cette arrivée sur l'eau et un arrêté sera prochainement publié.

 

La ville de Fort-de-France mobilisée

Maurice Ferné, chef de projet de la ville de Fort-de-France, est à son tour intervenu : « Ce n'est pas le premier événement nautique que nous accueillons ». Tout en précisant immédiatement : « Mais celle-ci est d'une plus grande ampleur. Nous mettons tout en place pour qu'une belle fête soit organisée en mer et sur terre. Concernant les contraintes sanitaires, des mesures drastiques sont prises pour les skippers et tous ceux qui les accompagneront ». En clair, avant le départ du Havre le 7 novembre, tous ceux qui viendront en Martinique par bateau ou par avion seront soumis à une bulle sanitaire afin de ne pas contaminer les Martiniquais. Si la situation sanitaire demeure en l'état, un village de la Transat sera ouvert le 20 novembre et des activités nautiques seront proposées au public. Tous les services municipaux seront mobilisés pour assurer l'installation d'infrastructures, l'accueil du public en toute sécurité (sanitaire également).
 

Le CMT, partie prenante

Selon le directeur général du CMT, François Baltus-Languedoc, l'institution n'a pas hésité une seconde à participer à cette aventure : « C'est la visibilité de la Martinique à travers le monde qui est en jeu grâce à la Transat Jacques-Vabre. La Martinique va devenir le centre du monde avec d'incroyables retombées médiatiques, avec la présence de 250 journalistes du monde entier ». 1,1 million ont été investis pour les frais d'inscription et les frais de communication, mais les retombées financières et d'image seront nettement supérieures. une estimation de 3000 nuitées est par exemple évoquée. Les équipiers seront en effet accompagnés de leur équipe, de leur famille  qui devraient louer des voitures, devoir se nourrir, effectuer quelques activités...

D'autre part, le CMT sera présent au village de départ au Havre du 29 octobre au 7 novembre, dont le 5 novembre qui sera « La journée de la Martinique ». 500 000 visiteurs sont attendus, des visiteurs qui pourront visiter le stand du CMT, le village au sein duquel des artisans martiniquais, le rhum AOC, la gastronomie locale... seront présents. A l'arrivée, le village qui sera dressé sur le Malecon sera riche d'une soixantaine de stands promouvant le tourisme, le nautisme, les produits locaux dont le café...

Bref, l'arrivée de la Transat Jacques-Vabre s'apparente comme une chance pour la Martinique et les Martiniquais. Ce n'est pas tous les jours que l'on peut s'enorgueillir d'accueillir un tel événement !

Logo transat Jacques-Vabre - DR
Logo new Transat Jacques-Vabre - D.R.

Jean Claude Asselin de Beauville, toujours présent

Depuis l'âge de 3 ans, Jean-Claude Asselin de Beauville est un amoureux de la voile. Plus de 70 ans plus tard, la passion reste intacte. Comment aurait-il pu rater un tel événement ? Il sera d'ailleurs consultant de RCI pour l'arrivée de la Transat Jacques-Vabre. « C'est une chance extraordinaire pour la Martinique. On va parler de notre île dans le monde entier et nous avons l'occasion de montrer nos capacités d'organisation. »

Alain Richard, président de la Fédération des yoles rondes de la Martinique

« Tous les événements de renom accompagnent le développement de l'économie et du tourisme de notre pays. La yole est unique au monde et un premier événement avait eu lieu avec les Barrés de la yole qui avait réuni des skippers de renom et nos équipages. Je dois préciser qu'il n'y a aucun rapport avec l'organisation de la Transat Jacques-Vabre et le report du Tour de Martinique. Nous avons dû reporter l'organisation du Tour 2021 car dix jours avant le départ, nous en étions à 4 000 cas par jour. Aujourd'hui, les choses vont beaucoup mieux et nous souhaitons participer à cet événement qu'est l'arrivée de la Transat. Nous pourrons nous inspirer de certains points de l'organisation pour la nôtre tout en gardant notre authenticité. »

Alain Richard - Archives FA

Le CN Le Neptune et le handivoile

Le Club Nautique Le Neptune du Lamentin a depuis plusieurs années décidé de permettre aux personnes porteuses de handicap de pratiquer la voile.

Au cours de l'émission, Alex Aurore, chargée de la pratique du handivoile au sein du club, a expliqué que Le Neptune s'est doté de 8 bateaux (quillards lestés) et avec des commandes adaptées afin de permettre aux personnes en situation de handicap de naviguer en toute sécurité.

Les samedis 20 et 27 novembre, des initiations gratuites seront proposées sur le lieu d'arrivée de la transat et deux régates d'handivoile seront organisées, ce qui permettra aux pratiquants d'être valorisés, mais aussi de côtoyer des « monstres de la mer » que sont les skippers de la Transat. Cerise sur le gâteau, la remise des prix sera effectuée par Damien Seguin, skipper paralympique cinq fois champion du monde et deux fois champion paralympique, qui participera à la transat.

Pour en savoir plus :

dimanche 17 octobre 2021

17.10.1961

 

Le 17 octobre 1961 eut lieu à Paris la dernière grande manifestation pour l'indépendance algérienne. Ce billet permet d'éclairer cette nuit d'horreur par les articles de la revue de Sartre-Beauvoir, et d'apporter grâce à des documents exclusifs le témoignage de Claude Lanzmann sur cette nuit. Si ce 17 octobre a tant de mal à être commémoré aujourd’hui encore, c’est aussi parce que la gauche de l’action, celle de l’intellectuel engagé transgressif, était, elle aussi, à la dérive.



Elle est là. Sous nos yeux elle est là. Elle s’ébranle cette masse d’Algériens, depuis les trois points de rencontre (la place de l’Etoile, les boulevards Saint-Michel et Saint Germain, les grands Boulevards) alors que le jour vient de tomber. Elle est là cette masse d’hommes, bravant l’interdit, bravant la peur qui a coûté la vie à certains frères dans la manifestation de février, les tabassages et la torture. Car oui, on torture à Paris. Claude Lanzmann avait révélé dans un article des Temps Modernes, cet Humaniste et ses chiens [2]. Il écrivait « Au sous-sol du Palais de Justice, à l’Hôtel-Dieu, sur les lits de la sinistre salle Cuzco, deux cents Algériens, qui ont sans doute suivi trop à la lettre les « recommandations » du F. L. N., gémissent en léchant leurs plaies. Ils sont au secret, sans avoir le droit de prévenir un avocat ou de communiquer avec leurs familles. Les lettres qu’ils écrivent n’arrivent pas, les plaintes qu’ils veulent déposer ne sont pas reçues. Ni les juges d’instruction, ni les tribunaux, ni l’administration pénitentiaire ne les connaissent. Ces gisants anonymes, ces Mohammed S. N. P. (sans nom patronymiques) ne sont pas libres, mais pas détenus non plus, pas inculpés, pas accusés : ils ne sont rien, ils n’existent pour personne. Ils attendent, ils attendront d’avoir retrouvé une assez bonne apparence pour que M. Papon, leur protecteur, puisse les faire remonter au grand jour des centres de triage ou d’internement administratif. Dans le meilleur des cas »[3] Elle est là cette masse d’ouvriers venant des bidonvilles de Gennevilliers, de Nanterre, des usines de Billancourt ou de Choisy. Elle a le visage de ces militants du F. L. N., oui du F. L. N., qui se bat encore, armes à la main pour libérer l’Algérie de la colonisation. Elle a le visage de cet

« homme qui tâte ses chaussettes durcies par la sueur de la veille et qui les remet

Et sa chemise durcie par la veille

Et qui la remet 

Et qui se dit le matin qu’il se débarbouillera le soir

Et le soir qu’il se débarbouillera le matin

Parce qu’il est trop fatigué...»[4]

Elle s’ébranle donc doucement et avance à pas comptés. Cette manifestation a pourtant été interdite par le sinistre préfet.

Et pourtant elle s’ébranle cette foule, à pas comptés. Ces ouvriers forment un corps, uni, solidaire, fraternel. En sachant qu’on torture à Paris « dans le XIIIe arrondissement au 9 de la rue Harvey, et depuis le 20 [novembre1960] dans le XVIIIe, aux 25, 28 et 29 de la rue de la Goutte d’Or[5]. Et Pourtant au coin de la rue c’est la trique, le sang, la mort. Voilà ce qu’écrivent les Temps Modernes sur cet événement :  

Article des Temps Modernes de novembre 1961 © Les Temps ModernesArticle des Temps Modernes de novembre 1961 © Les Temps Modernes

  

Article des Temps Modernes de novembre 1961 © Les Temps ModernesArticle des Temps Modernes de novembre 1961 © Les Temps Modernes

                                                                                                   

La guerre d’Algérie commence le 8 mai 1945. Mais c’est la Toussaint Rouge qui va faire prendre conscience de la révolte des Algériens aux métropolitains. Le rôle des Temps Modernes est central dans la lutte pour l’Indépendance de l’Algérie. Sartre, féroce anticolonial, marqué à jamais par la mort de ce père d’une maladie contractée dans une opération de « pacification » au Tonkin a déjà ouvert ses colonnes des Temps Modernes au mouvement décolonial en Indochine, et engage sa plume pour dénoncer ce qu’il appelle le « système colonial ». Mis en contact grâce à Claude Lanzmann avec des personnalités indépendantistes comme Frantz Fanon, il s’engage clairement pour l’indépendance algérienne. Ce combat le touche de près, car « depuis octobre 1957, un réseau d'aide au FLN, composé pour Ia plupart de jeunes communistes, de chrétiens militants, de syndicalistes, etc., est organisé par Francis Jeanson pour transporter de l'argent et pour loger des responsables du Front. L'arrestation de plusieurs membres du réseau en février 1960, accusés de servir Ia cause des Algériens, provoque de forts remous dans Ia presse française »[6]. Francis Jeanson, celui qui rentre dans la famille des Temps Modernes avec un article coup de poing. Celui qui marque au fer Camus mais aussi Malraux. Celui qui devient le gestionnaire des TM chez Julliard lorsque l’écrivain gaulliste menacera Gaston Gallimard de divulguer certaines informations de l’éditeur pendant la guerre, obligeant la revue à traverser la rue. Celui qui ne cesse de défendre Sartre, dans des brochures…

Mais le réseau Jeanson est démantelé en février 1960, et Sartre subit un premier plasticage. « L’appartement du 42 rue Bonaparte fut plastiqué une première fois en juillet 1961 par l’OAS (Organisation armée secrète, groupes armés des partisans de l’Algérie française, qui voulaient faire régner la terreur en Métropole), Sartre et Beauvoir s’expatrièrent dans un lugubre trois-pièces de l’avenue de Versailles où j’allais les voir en pratiquant comme un professionnel la rupture de filature, que j’avais apprise pendant la Résistance. »[7]

Sur quoi s’appuie Lanzmann pour écrire son texte ?

D’abord sur Sartre. Les Temps Modernes reproduisent dans le numéro 123 de mars 1956 le fameux discours du philosophe au Meeting pour la paix en Algérie. Sa prise de parole pour « mettre en garde contre ce qu’on peut appeler la « mystification néo-coloniale » »[8]. C’est là qu’il proclame « C’est que la colonisation n’est ni un ensemble de hasards ni le résultat statistique de milliers d’entreprises individuelles. C’est un système qui fut mis en place vers le milieu du XIXème siècle, commença à porter ses fruits vers 1880, entra dans son déclin après la Première Guerre mondiale et se retourne aujourd’hui contre la nation colonisatrice »[9]. Suivra le Vous êtes formidable où Sartre parle de « gangrène » à propos de cette guerre, dans le numéro 135 des Temps Modernes, en mai 1957. Il y a également la préface du Portrait du colonisateur d’Albert Memmi, reproduite dans les numéros 137 et 138 de juillet août 1957 des TM. Le Nous sommes tous des assassins[10] à propos de l’exécution de Fernand Yveton et de la condamnation à mort des époux Guerroudj, écrivant « M. Gaillard [le juge du tribunal militaire], c’est nous, c’est la France » ; l’intellectuel engagé ne surplombe nullement les hommes, il est parmi eux, avec eux. Mais c’est dans l’Express (le numéro 356 du 6 mars 1958) qu’il fait le parallèle entre la guerre d’Algérie et la seconde guerre mondiale. Il écrit dans un article appelé Une victoire qu’« En 1943, rue Lauriston, des Français criaient d’angoisse et de douleur ; la France entière les entendait. L’issue de la guerre n’était pas certaine et nous ne voulions pas penser à l’avenir ; une seule chose nous paraissait en tout cas impossible : qu’on pût faire crier un jour des hommes en notre nom. Impossible n’est pas français : en 1958, à Alger, on torture régulièrement, systématiquement, tout le monde le sait »[11]. Le silence se répète car la presse du 18 octobre ne se fait écho que du chiffre officiel fourni par la Préfecture de Police, soit, deux morts. Enfin il y a naturellement la préface du livre de Frantz Fanon Les damnés de la terre qui apparait un mois avant la manifestation du 17 octobre. Le premier matériau pour Lanzmann, c’est Sartre qui définit déjà son triptyque : la colonisation fait de la France un corps malade (les occurrences à la maladie sont nombreuses), il faut choisir sa cause (« il faudra vous battre ou pourri dans des camps »[12]) et l’intellectuel ne doit pas être moraliste, il doit plonger son encre dans le sang des révoltés.

Mais Claude Lanzmann ne se résume pas à Jean-Paul Sartre. Ils sont liés par les TM, liés également par le fameux manifeste des 121. Mais il est autonome et n’a pas besoin des Temps Modernes pour vivre car il est journaliste à France Dimanche et chez Elle (depuis 1958). Il a ses propres réseaux. Il connait Rheda Malek, le directeur d’El Moudjahid et c’est grâce à cet homme qu’il peut rencontrer Frantz Fanon à El Menzah (accompagné par Marcel Péju). C’est d’ailleurs grâce à Frantz Fanon qu’il peut se rendre en Algérie et y rencontrer Boumediene[13]. Enfin c’est Claude Lanzmann qui organisera la rencontre Sartre – Fanon à Rome à l’été 1961 qui débouchera à la préface que nous avons déjà citée. Mais le réseau « journalistique » n’est pas le seul dont dispose Claude Lanzmann. Il est également proche de l’Union des étudiants maghrébins, affiliée au FLN. Lors du retour de son voyage de Ghardimaou il donne « deux conférences à la gloire des Armées des frontières, 115 boulevard Saint Michel, au siège de l’Union des étudiants maghrébins, tenue essentiellement par les algériens »[14]. Dans ce témoignage il poursuit, les militants du F. L. N. « demeuraient à nos yeux les plus malheureux de tous, victimes des ratonnades, des tortures, du véritable massacre d’octobre 1961 à Paris – attendus par les CRS et la police à la sortie des bouches de métro, après leur grande manifestation pour l’indépendance de l’Algérie, démonstration pacifique avec femmes et enfants, ils furent matraqués à mort, embarqués dans des cars de police et jetés dans la Seine. A plusieurs reprises au cours de la nuit j’ai été le témoin de ces horreurs »[15]. Trois sources : journalistique, estudiantine et son témoignage personnel. Le matin il écrit ce texte reproduit pour la première fois (nous disposons du brouillon de la pétition, du texte et la preuve que ce texte ait circulé). 

Article de Claude Lanzmann sur le 17 octobre © Claude LanzmannArticle de Claude Lanzmann sur le 17 octobre © Claude Lanzmann

La formule « la Seine roule les cadavres de leurs victimes » n’est pas reprise par les Temps Modernes, ni le texte d’ailleurs. A nos jeunes regards la phrase « les pratiques racistes s’installent, le fascisme monte, la guerre civile est à nos portes » peut sembler exagérée. C’est oublier ce que reçoit Lanzmann à son domicile, après la manifestation du 18 octobre. 

Lettre de menace de l'OAS à destination de Claude Lanzmann © OASLettre de menace de l'OAS à destination de Claude Lanzmann © OAS

Mais le principe d’une pétition est retenu. Elle sera publiée dans le numéro 187 de décembre 1961.

Article des Temps Modernes de décembre 1961 © Les Temps ModernesArticle des Temps Modernes de décembre 1961 © Les Temps Modernes

  

Article des Temps Modernes de décembre 1961 © Les Temps ModernesArticle des Temps Modernes de décembre 1961 © Les Temps Modernes

 « La gauche s’est lassée » ou l’affrontement des gauches.

Pour conclure, revenons sur l’après. Car après il y a eu le 18 octobre, puis le 19, le 20, égrainant le fil du temps. L’œuvre des collègues historiens, comme Benjamin Stora ou Fabrice Riceputi peut se faire. L’historien global est également en « situation ». A partir des Temps Modernes nous pouvons remarquer trois choses. Premièrement rien n’arrête un peuple en quête de liberté. Rien, ni même les flics de Papon. Ni même un couvre-feu humiliant pour les Nords Africains. Deuxièmement la police est, en 1961, gangrénée par l’OAS et a hérité son « maintien de l’ordre » des méthodes de Vichy : volonté qu’ « il fallait que ça saigne[16] » et internements (au Palais des Sports en particulier). Troisièmement la rupture à gauche, très bien analysée par Hélénice Rodrigues Da Silva perdure encore. 60 ans après. Il y a toujours cette gauche « Esprit » et cette gauche « Temps Modernes ». L’une va privilégier la discussion et la réflexion, l’autre va partir du logos pour la praxis. L’une va privilégier comme action le langage, l’autre la praxis. L’une va éduquer les consciences, l’autre témoigner pour l’histoire. L’une va être contre l’insoumission ou la désertion, l’autre va l’ériger en droit. L’une va être contre le réseau Jeanson, l’autre pour. Enfin, l’une défendra les résistances passives et la non-violence pendant que l’autre défendra les actions légales et illégales, où la détresse justifie la violence.

Si cette nuit du 17 octobre a tant de mal à être commémorée aujourd’hui encore, c’est parce que cette nuit-là, cette ténébreuse nuit-là, flottaient les corps des algériens jetés dans la Seine, mais parce qu’aussi cette gauche de l’action, celle de l’intellectuel engagé transgressif, était, elle aussi, à la dérive.

Javier Garcia (images soumises au droit moral, reproduction interdite).

[1]Phrase de Claude Lanzmann, document privé.

[2]Claude Lanzmann, L’humaniste et ses chiens, Temps Modernes numéro 180, avril 1961.

[3]Claude Lanzmann, L’humaniste et ses chiens, opus cité

[4]Robert Desnos in Claire Etcherelli, Elise ou la vraie vie, Paris, Folio, 276 pages.

[5] Page 45 in Temps Modernes numéro 180, avril 1961.

[6] LE TEMPS DE L'ACTION Le discours d'ESPRIT et des TEMPS MODERNES sur les réseaux de soutien au FLN et le mouvement des « Insoumis » Helenice Rodrigues Da Silva CNRS Éditions | « Hermès, La Revue » 1991/1 n° 8-9 | pages 179 à 187

[7] Page 181 in Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, Paris, Gallimard, 2009, 557 pages

[8] Page 25 in Jean Paul Sartre, Situations, V, Paris, Gallimard, 1964, 253 pages.

[9] Page 26 in Jean Paul Sartre, Situations, V, Paris, Gallimard, 1964, 253 pages.

[10] Les Temps Modernes, numéro 146, mars 1958

[11] Page 72 in Jean Paul Sartre, Situations, V, Paris, Gallimard, 1964, 253 pages.

[12] Pages 192 in Jean Paul Sartre, Situations, V, Paris, Gallimard, 1964, 253 pages.

[13] Page 337 in Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, Paris, Gallimard, 2009, 557 pages

[14] Page 360 in Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, Paris, Gallimard, 2009, 557 pages

[15] Page 361 in Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie, Paris, Gallimard, 2009, 557 pages

[16] Référence à un article de Claude Lanzmann « Il fallait que ça saigne » paru dans les TM numéro 81, de juin 1952 à propos de la répression de la manifestation anti-Ridway.


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