lundi 9 novembre 2015

LUNDI 9 NOVEMBRE 2015 / LUNDI 9 NOVEMBRE 1970

PERROS GUIREC SE SOUVIENT...
 
Aujourd'hui une messe était célébrée par le Père Le Rétif en l'Eglise Saint-Jacques de Perros-Guirec pour la commémoration du 45ème anniversaire de la mort du Général de Gaulle, l'ensemble de la communauté "gaulliste" était présente et fervente à son évocation
 

Testament du général de Gaulle, rédigé le 16 janvier 1952


Le Testament contenant les dernières volontés de Charles de Gaulle aurait été rédigé le 16 janvier 1952. Le Général de Gaulle en avait remis un des trois exemplaires à Georges Pompidou, qui détenait le n°1 reproduit ci-dessous. Sur l'enveloppe, ces simples mots : "Pour mes obsèques"
 
Fac similé du Testament du général de Gaulle, rédigé le 16 janvier 1952


"Je veux que mes obsèques aient lieu à Colombey-les-Deux-Eglises. Si je meurs ailleurs, il faudra transporter mon corps chez moi, sans la moindre cérémonie publique.

Ma tombe sera celle où repose déjà ma fille Anne et où, un jour reposera ma femme. Inscription : Charles de Gaulle (1890-….). Rien d’autre.

La cérémonie sera réglée par mon fils, ma fille, mon gendre, ma belle-fille, aidés par mon cabinet, de telle sorte qu'elle soit extrêmement simple. Je ne veux pas d'obsèques nationales. Ni président, ni ministres, ni bureaux d'assemblées, ni corps constitués. Seules, les Armées françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra être de dimension très modeste, sans musiques, ni fanfares, ni sonneries.

Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l’Église ni ailleurs. Pas d'oraison funèbre au Parlement. Aucun emplacement réservé pendant la cérémonie, sinon à ma famille, à mes Compagnons membres de l'ordre de la Libération, au Conseil municipal de Colombey. Les hommes et femmes de France et d'autres pays du monde pourront, s'ils le désirent, faire à ma mémoire l’honneur d'accompagner mon corps jusque sa dernière demeure. Mais c'est dans le silence que je souhaite qu'il y soit conduit. Je déclare refuser d'avance toute distinction, promotion, dignité, citation, décoration, qu'elle soit française ou étrangère. Si l'une quelconque m'était décernée, ce serait en violation de mes dernières volontés."


Testament de De Gaulle
 
 
 
 
photo charles de gaulle. © (photo : afp)
 

Charles de Gaulle est mort il y a quarante-cinq ans.

Êtes-vous incollable sur ce qu'il a dit ?

Quarante-cinq ans après la mort du général de Gaulle - le lundi 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) - sa pensée marque toujours la vie politique française. Voici vingt citations. Saurez-vous reconnaître celles qui ont été vraiment prononcées par de Gaulle ? « Le gouvernement n’a pas de propositions à faire, mais des ordres à donner. » Est-ce une phrase prononcée par de Gaulle ou non ? « Une pomme par jour éloigne le médecin, pourvu que l’on vise bien », est-ce une phrase qu'a lancée de Gaulle ou Churchill ?         >>> Testez vos connaissances. 
 
 
En 1970, le général de Gaulle cessait de vivre. Chaque Française et chaque Français ressentaient cette perte comme un deuil personnel.
Quelle tristesse de voir s'éteindre cette lumière, quel vide que le silence de cette grande voix, quelle angoisse pour l'avenir !
Tels sont les sentiments exprimés par les phrases inscrites sur les registres mis à la disposition des Françaises et des Français à Paris et en province. Il s'agit ci-dessous d'une analyse succincte réalisée par Mme Liliane Princet qui a bien voulu les trier et les classer.

 
La France vient du fond des âges. Aujourd'hui cette France s'appelle de Gaulle.
 
De qui est cette citation ? Ne cherchez pas. Elle est consignée par un citoyen de l'Indre dans l'un des livres d'or ouverts pour recueillir les condoléances à la mort du général de Gaulle, l'un parmi les centaines provenant de tous les départements français et de 104 pays étrangers.
Ces gros registres occupent six mètres de rayonnage sur cinq niveaux. Il n'est donc pas question de faire ici un commentaire exhaustif des témoignages car, si la moitié environ ne comporte que l'expression des condoléances ou la signature, l'autre constitue une étonnante radioscopie des mentalités françaises à l'égard du Général. Il faudrait un ordinateur auquel confier l'intégralité des citations à examiner afin d'en établir scientifiquement la portée. A défaut, quelques remarques s'imposent concernant la France.

Tous les thèmes traités dans l'importante bibliographie consacrée au général de Gaulle sont ici représentés en formules lapidaires :
En 40 vous fûtes notre seul espoir, en 58 notre seul recours, en 70 notre grand chagrin

ou apparaissent en filigrane. Tous, y compris ceux qui rendent hommage à l'homme de lettres :
En hommage au soldat, à l'homme politique et à l’écrivain
au réformiste social :
A l'homme qui a recherché la participation de l'ouvrier à la direction du travail pour sa dignité
 
au « rassembleur » :
Charles de Gaulle nous a montré que l'histoire de France s'écrit avec tous les Françaisau sage, œuvrant pour la paix du monde.

Cependant un thème l'emporte de loin sur tous les autres : celui du Libérateur, de l'homme de juin 40 au chef de la Résistance :
Notre étoile du berger dans la brume de 40.
A celui qui dans les heures sombres fut notre lumière.
 
Pas d'emphase, mais une émotion contenue :
Charles de Gaulle, nous vous avons attendu quatre ans, quatre longues années.
 
Dans l'angoisse des nuits de l'Occupation, l'homme de Gaulle s'élève au niveau du symbole :
A 20 ans j'ai écrit ton nom sur les murs de mon village.
 
Sur les murs des prisons, nous tracions ton signe, symbole d'espérance (ici était tracé le symbole de la France Libre : une croix de Lorraine au centre d'un V)... notre modèle au service de la France.
 
Des mots sont privilégiés : fierté, dignité, honneur :
Avec vous, mon général, nous étions fiers d'être Français.
Hommage au Libérateur, celui qui nous a rendu la fierté, la dignité d'être Français.
Grâce à lui, nous avons aujourd'hui le droit de nous appeler Français.
 
Les jeunes sont sensibles à l'honneur recouvré, à l'héritage reconstitué, à l'originalité d'une démarche exemplaire :Il nous a permis, à nous les jeunes de l'après-guerre, de ne pas rougir de nos aînés.
Les jeunes n'oublieront pas le grand homme de l'Histoire que vous êtes.
Même absent pour toujours, vous êtes l'avenir.
 
La diversité des écritures recouvre la profonde diversité des origines sociales : une coupe stratigraphique du peuple français où se manifestent toutefois en majorité les « petites gens ». A feuilleter ces albums, l'on voit passer le cortège silencieux qui remonta les Champs-Elysées dans la soirée du 12 novembre 1970. C'est la même qualité de sincérité, la même foule hétérogène et pourtant une dans la communion.
Aucun ordre arbitraire, aucune hiérarchie, mais un brassage éloquent de professions, de générations, de niveaux culturels. Les clivages traditionnels sont abolis, dépassés. Seule la cellule familiale reste une structure vivante ; le grand déchirement des années de guerre s'est estompé :
Dans ma famille le général de Gaulle faisait partie de nous-mêmes.
La mort de notre chef vénéré apporte le deuil dans mon foyer.

Les signataires précisent : Ma famille et moi La famille XX...
 
ou encore, sous la phrase rédigée par le chef de famille, chacun vient signer en indiquant son nom, et son âge s'il s'agit d'enfants ou de vieillards, comme pour bien souligner qu'il n'y a pas de limite d'âge pour honorer le Général. La mort n'est pas davantage un obstacle puisque les défunts s'expriment par procuration :
Je signe au nom de mon grand-père, ancien combattant, décédé il y a trois ans.
Je m'exprime pour moi-même et pour ma mère décédée...
 
Il résulte de cette liberté une grande spontanéité. Tout contribue à la sincérité de l'émotion, la familiarité :
Vous n'êtes pas mort, notre grand.
Adieu, mon grand Charles,
la naïveté
Avec tout mon grand chagrin (V... 11 ans).
Mon général, papa m'a appris à vous aimer. Je l'apprendrai à mes enfants qui l'apprendront aux leurs. Ainsi pour l'éternité,
voire la maladresse :Veuve XX avec bien du chagrin.
Le général de Gaulle restera cloué dans nos mémoires.
 
Une lecture prolongée de ces cahiers donne l'impression de parcourir les ex-votos des églises et cathédrales de bord de mer où les marins viennent remercier la Vierge ou leur ange gardien de leur protection. Ce sont en fait les remerciements, la reconnaissance qui dominent, et l'hommage, avant les condoléances et le chagrin :
Merci pour la France... Merci pour nos enfants...
En reconnaissance de nous avoir donné l'espoir...
En hommage...
Merci, mon général...
Merci, M. de Gaulle...

 
... jusqu'à l'éloquent :
Merci seulement au général de Gaulle d'avoir existé.
 
C'est que ces documents se situent à la charnière de l'Histoire et de la Légende. D'un côté, celui qui a entendu et compris la morale de l'effort qui sous-tend la démarche du Général :A l'homme qui faisait grandir les autres hommes en leur demandant toujours le meilleur d'eux-mêmes
 
de l'autre, celui qui décerne à l'homme providentiel un brevet d'infaillibilité :
A celui qui a toujours fait ce qu'il y avait à faire.
 
En deçà, le FFL louant son chef :
l'âme de notre combat pour la Libération.
 
Au-delà, la dimension héroïque :
Ouvrons la Bible ; évoquons Moïse et nous concevrons mieux la vie prestigieuse et prodigieuse de Charles de Gaulle.
Général de Gaulle, un homme comme vous ne meurt pas !
 
Il a rejoint tout naturellement le Panthéon des grands hommes qui ont forgé la France.Il prend place dans la mémoire collective des Français, côtoyant Richelieu ou Clemenceau, devenu l'époux mystique qui nous a redonné l'Alsace et la Lorraine.
 
Dernier avatar du Général, l'intercesseur :
Mon général, veillez sur nous du haut du ciel.
Dans notre société industrielle en voie de déchristianisation, l'intrusion du surnaturel paraît incongrue.
Là-haut où Jeanne d'Arc t'a accueilli, protège-nous !
 
A vrai dire, c'est plus une façon de nier l'absence qu'une manifestation magique :
En votre éternité, mon général, aimez- nous encore.
 
La vraie dimension magique, c'est en Afrique noire qu'elle s'exprime (1). Nos concitoyens sont plus à l'aise dans l'expression poétique. Aussi, pour clore ce survol des livres d'or signés lors des obsèques du général de Gaulle, livrerai-je à votre méditation cette phrase d'un habitant de Châlons-sur-Marne :
Si grande sera l'ombre de votre souvenir que chaque Français pourra toujours s’y rafraîchir.

(1) On lira avec profit l'article de Jacques Binet consacré à « Un personnage historique et ses réincarnations en Afrique centrale », Espoir n°8, décembre 1974.
 
 
 
POLITIQUE - L'héritage de Charles de Gaulle, décédé le 9 novembre 1970, est revendiqué par nombre de partis et personnalités français...
20 Minutes Hier à 17h32 -
 

vendredi 6 novembre 2015

LADY MOND OU MAÏ LA BRETONNE







Lady Mond,
la fabuleuse histoire de Maï la bretonne


Le parcours insolite de Marie-Louise Le Manac'h, surnommée Maï, née en 1869 d'une ménagère et d'un meunier de Belle-Isle-en-Terre, devenue plus tard lady Mond.

https://www.youtube.com/watch?v=Qbkh8hZuXDk


                      
Fabuleux destin que celui de Marie-Louise Le Manac'h, fille de meunier, devenue Lady Mond, richissime épouse du «roi du nickel». Grande dame généreuse, elle fit de nombreux dons à sa commune d'origine, Belle-Isle- en-Terre.
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Un véritable conte de fée, l'histoire d'une petite fille pauvre qui vit dans la campagne bretonne, «monte à Paris», puis à Londres, et finit par se marier à un richissime industriel, Richard Mond, après avoir été la maîtresse d'Antoine d'Orléans, petit-fils de Louis-Philippe 1er et du roi d'Espagne, Ferdinand VII... Yannick Kervern, Bellilois, s'intéresse depuis plus de quinze ans à cette grande dame qui a marqué l'histoire de Belle-Isle-en-Terre. Après Pierre Delestre, qui a écrit trois ouvrages consacrés à Lady Mond, il recueille sans relâche photos et témoignages, allant jusqu'à voyager en Angleterre pour arriver à ses fins.
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Histoire locale et lutte bretonne

Ce n'est peut-être pas un hasard : son grand-père a été jardinier au château et il est membre de l'association Armel (Archives et mémoires de la lutte bretonne). Or, Lady Mond, grâce à ses financements, a également perpétué les championnats de lutte bretonne à Belle-Isle. Son frère, Job Le Manac'h, grand lutteur, a aussi été maire de la ville. Histoire locale et lutte bretonne, pour Yannick Kervern, tout est lié. Marie-Louise Le Manac'h est née le 5 février 1869 à Belle-Isle-en-Terre, au moulin de Prat-Guégan où son père était meunier, sa mère ménagère. Elle est la seule fille d'une fratrie de dix enfants dont quatre meurent en bas âge. À 16 ans, les propriétaires du moulin l'emmènent à Paris où elle assiste aux funérailles de Victor Hugo. Choc ou heureux présage, la jolie jeune fille au caractère bien trempé décide de «monter à Paris». Elle a à peine 18 ans. Elle s'installe à Montmartre, vend des fleurs dans la rue et fréquente les artistes. Très peu de traces subsistent de ses débuts à la capitale. Peut-être étaient-ils moins idylliques que ne le raconte la légende... À Paris toujours, elle rencontre un marchand de fruits et légumes, Simon Gugenheim. Ils partent à Londres où ils se marient en 1894. Veuve à 31 ans, parlant couramment l'anglais, Maï, comme on l'appelle alors à Belle-Isle, belle et intelligente, fait alors ses débuts dans le monde.
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Maï fait ses débuts dans le monde

C'est encore à Londres qu'elle fait la connaissance de Robert Mond, chez le père de celui-ci, industriel cultivé et très riche, issu d'une famille d'origine allemande. Robert reprend l'entreprise paternelle avant de fonder sa propre usine, inventant le nickel carbonyle, d'où son surnom de «roi du nickel». Maï se marie à Robert Mond en 1922, lui fait apprécier la Bretagne et séjourne de plus en plus à Dinard. Pour ses 60 ans, en 1929, Robert offre à son épouse le domaine de Coat an Noz, à Belle-Isle. Maï, elle, commence à faire construire de nombreux édifices publics dans la commune (mairie, poste, pharmacie, gendarmerie, Trésor public, salle des fêtes et cantine) qu'elle finance. Elle aide aussi à la création d'une maternité à l'hôpital de Guingamp.
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Un festival et une exposition

Dès 1935, avant le décès de son mari, en 1938, qui fait d'elle une femme riche, Lady Mond fait construire un nouveau château, très inspiré de celui de Coat an Noz, dans le centre de la commune. Légué à sa mort, en 1949, à la commune, il a successivement abrité le collège, une antenne du centre hospitalier de Bégard et, depuis 1998, le Centre régional d'initiation à la rivière. Le château porte le nom de Lady Mond mais, pour Yannick Kervern, il est important que ce patrimoine revive et reste dans la mémoire des Bellilois.
coat-an-noz-colza1Article Le Télégramme de Brest et Photos du Net.

Le château a été racheté en juillet 2011 par Bernard et Danuta Moreau.
La première étape sera de le sauver de l'effondrement avant le printemps 2012.
Ensuite, ils comptent redonner vie au château tout d'abord en s'y installant et en organisant ultérieurement des évènements.
 
Château de Coat an Noz
château de Coat an Noz  Belle Isle en Terre
      Manoir de la Bosse (castel bosse), grande maison, sans trop de caractère, première habitation des Faucigny avant 1850. Château actuel construit en 1870 et électrifié en 1898 grâce à un système de turbines (toujours en place et fonctionnelles jusqu‘en 1955, 110 volt) et de ligne électrique reliant un moulin et le château (vestiges des poteaux et socles de béton), de plus, eau courante grâce à la fontaine Gilo alimentant des réservoirs en zinc placé sous les charpentes avec pompe électrique. Chauffage central au charbon (air pulsé au sol), bibliothèque, présence d’un orgue (pièce sud ouest), cuisine et gardien dans les caves. Les Faucigny vivant aux dessus de leur train de vie (achat de nombreuses automobiles) font banqueroute. Marie Louise le Manach fille du meunier de Belle Isle en terre se jura un jour d’être propriétaire du château de Coat an Noz. Après une multitude d’aventure à Paris, elle partie à Londres où elle rencontra sir Robert Mond, le roi du Nickel, quelle épousa.
Celui-ci pour réaliser le rêve de jeune fille de sa femme lui offrit le château de Coat an Noz pour son 60e anniversaire en 1929 (CF: livre "Maï la bretonne" de Pierre Delestre). Organisation de nombreuses fêtes folklorique bretonne et réception de personnalités et artistes. Lady Mond payait la cantine de tout les élèves du bourg, de plus pour les familles pauvres elle leur payait leurs factures. Elle fit construire la gendarmerie, l’école, la maison de retraite, la mairie actuelle pour son village de Belle Isle en Terre. A l’arrivé des allemands en 1940, le chauffeur de lady Mond et les employés cachèrent les armes derrière l’imitation de le grotte de Lourde se situant dans le parc. En 1941, occupation allemande de la forêt de coat an noz et du chateau pour le poste de commandement de la 266 division d'infanterie. En 1943, les bâtiments de ferme ont un pignon endommagé suite à un bombardement allier.
château de Coat an Noz  Belle Isle en Terre
Après la guerre, le château sert de lieu de formation pour les cadres de l’armée issue de la résistance. Vente du château en 1950 à monsieur "Untel", qui vend le château en pièces détachées (beaucoups d'habitant des villages alentours ont des morceaux du château dans leurs maisons), suite à cela le château est ouvert à tout vents. En 1965, le château et la ferme sont loués à M. Jean Claude Fallaire qui fait des caves un poulailler. En 1975, ouverture d'une crêperie dans les caves par M. Gatinot, fermeture vers 1985. Le château est toujours vide et plus d'entretien des parties supérieurs. En 1994, vente aux enchères pour 140000 fr par le tribunal de Versailles, S-B achète Coat an Noz. Il est entièrement vidé, plus un planché ne subsiste, plus un plafond excepter celui de la salle à manger et ceux du grand escalier et plus aucun entretien depuis... Le château aurait trouvé un acheteur pour le restaurer, nous attendons confirmation !
château de Coat an Noz  Belle Isle en Terre

château de pour  Coat an Noz 22810 Belle Isle en Terre, très délabré, visible de l'extérieur
Ce site recense tous les châteaux de France, si vous possédez des documents relatifs à ce château (architecture, historique, photos...) ou si vous constatez une erreur, contactez nous, merci.

Nous remercions M. Victor Fourcard pour son travail sur le château de Coat an Noz, et nous autorise la diffusion de l'historique, nous remercions M. Morgan Corbet pour les photos qu'il nous a adresséesillustrer cette page (*)

jeudi 5 novembre 2015

LE CHATEAU DE COAT AN NOZ

                      

La famille de Sesmaisons possédait un ensemble de biens qui formait à l’époque une très grande propriété, plus de 2000 hectares, dont les forêts de Coat An Noz et Coat An Hay et des fermes autour qui dépendaient d’une ancienne grande batisse appelée « Maison de la Bosse », la bosse étant le nom de ce lieu.
Biet_chateau_coatannoz.jpgAuparavant, tout cet ensemble avait appartenu au Marquis de Goesbriand, marquis de Belle Isle en Terre et Maréchal de Camp à la cour de Louis XIV, puis au Marquis de Suffren.
Le Château de Coat An Noz , alors appelé Château de la Bosse à été construit en 1856 par la Comtesse de Sesmaisons.
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La fille de la Comtesse de Sesmaisons, Françoise Marie Raphaëlle, épousa le 1er Août 1859 le Prince Charles Faucigny Lucinge, député des Côtes du Nord, petit-fils du Duc de Berry et arrière-petit-fils de Charles X. Le château devint donc par alliance la propriété du Prince Faucigny Lucinge. La Princesse et le Prince Charles Faucigny Lucinge sont enterrés à Loc Envel en 1910.
Le Prince Charles Faucigny Lucinge était le grand père maternel de la famille de l’épouse de Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, ancien Président de la République française.
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Le 21 janvier 1929, Sir Robert Mond acheta le Château et combla son épouse qui réalisait ainsi son rêve de jeune fille qui était de devenir princesse.
On sait que Marie Louise Le Manach naquit à Belle Isle en Terre en 1869 dans un petit moulin de bois (Prat Guégan) au bord du Guer ou son père travaillait dur pour élever ses 5 enfants.
Maï, la fille au teint de lait, voyait passer chaque jour les attelages princiers des Faucigny Lucinge sortant du Château de Coat An Noz.
Un jour à son père qui l’interroge, elle déclare « moi aussi un jour je serai Princesse ». A 18 ans, elle part pour Paris. On connaît mal ses débuts, mais à 23 ans elle épouse Simon Gugenheim.
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Devenue vite veuve avec une belle fortune, elle se réfugie quelques années sur la Côte d’Azur, puis elle revient à Paris. Désormais connue du « Tout Paris » et de la « Société Londonienne », elle fait la connaissance de Sir Robert Mond et l’épouse en 1921. Dès lors, la petite Marie mena une vie heureuse et fastueuse auprès de son second mari.
On la compare à Paris à madame Récamier pour sa beauté et à Madame de Staël pour son esprit.
Mais « Maï la Bretonne » ne résidera que peu à Coat An Noz, appelé par ailleurs à honorer moult cérémonie en compagnie de son époux, Sir Robert Mond. C’est pourtant à Belle Isle En Terre, dans son château « Castel Mond », qu’elle fit construire pour ses vieux jours qu’elle mourut le 21 Novembre 1949.
Elle gît avec son mari dans la chapelle de Loc Maria, dans le mausolée qu’aurait voulu faire construire Lady Mond, à l’image des ossuaires de son pays.
La lourde pierre tombale dans la crypte du Mausolée de Locmaria où aujourd’hui et à jamais Robert et Lady Mond, entourés de divers membres de la famille est en granit Rose.
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Maï la Bretonne est morte à l’âge de 80 ans.
Sur le Guic, en bas de la forêt se trouve le Moulin Guersan, moulin à farine transformé par la suite en moulin à scierie. Il fournissait l’électricité au château et au village à raison d’une ampoule de 25 watts par maison, avant la venue du courant électrique.
C’est pour cela qu’on dit que le Château de Coat An Noz relève d’un compte de fée.
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Photos du NET et article de l'Office de tourisme de Belle-Isle en Terre.
 
 
 
 
Belle-Isle-en-Terre [EN IMAGES] Belle-Isle-en-Terre : Au château de Coat-an-Noz, un chantier colossal

Les actuels propriétaires du site, Bernard et Dana Moreau, ont engagé de lourds travaux pour redonner à la demeure son lustre d'antan. Les moyens mobilisés sont conséquents

Afficher l'image d'origine
Map of chateau de coat an noz
Château de Coat-an-Noz 
 
 
 
 
 
 
Le château de Coat-an-Noz est situé au sud de la commune de Belle-Isle-en-Terre, dans le département des Côtes-d'Armor, à proximité de Loc-Envel dans la forêt de Coat-an-Noz.
 
 
 
 
 
En ce moment Côtes-d'Armor
       

Coat an Noz. Le château retrouvera son éclat

       

En achetant le château, Bernard et Danuta Moreau sont devenus comte et...
En achetant le château, Bernard et Danuta Moreau sont devenus comte et comtesse. La terre, paraît-il, serait anoblissante à Coat an Noz.
Bernard et Danuta Moreau sont les nouveaux propriétaires du château de Coat an Noz, à Belle-Isle- en-Terre. Le couple a immédiatement engagé des travaux de rénovation afin d'éviter que la bâtisse, très délabrée, ne s'effondre.
Abandonné à l'usure du temps depuis l'après-guerre, le château de Coat an Noz, à Belle-Isle-en-Terre, retrouvera d'ici quelques années son lustre d'antan; celui du temps de LadyMond. Bernard Moreau et son épouse Danuta, de la région parisienne, en sont les propriétaires depuis le 11juillet.

Un château à 195.000 EUR

Le couple a acquis la bâtisse pour la somme de 195.000 EUR. Une somme qui paraît dérisoire mais qui ne représentera, au final, qu'une infime partie du montant des travaux, colossaux! Le château n'est plus aujourd'hui qu'un vaisseau fantôme meurtri par les éléments. C'est dans la presse que BernardMoreau découvre pour la première fois le château, alors qu'il est en vacances du côté de Plestin-les-Grèves. C'était il y a deux ans. Il décide de s'y rendre avec Danuta et tombe sous le charme de cette demeure dessinée par une femme. Quelque temps plus tard, le propriétaire anglais la met en vente. L'ancien entrepreneur dans le bâtiment saute sur l'occasion.

Sous le charme de Lady Mond

«La première fois que je l'ai vu, ce château m'a interpellé. Je l'ai trouvé superbe. Et puis, l'histoire de Lady Mond est vraiment géniale (NDLR la fille d'un meunier qui a conquis les hautes sociétés parisienne et londonienne durant la première moitié du XXesiècle). Je l'ai racheté pour ne pas qu'il s'écroule. Depuis la mort de LadyMond, le château est passé de main en main, n'a pas été entretenu et a été pillé. Certains ont même voulu le raser. Je pense que les gens sont contents de voir enfin quelqu'un s'en occuper», explique le nouveau comte, puisque la terre serait anoblissante à Coatan Noz. C'est avec enthousiasme et surtout beaucoup d'audace qu'il a entrepris la rénovation de la demeure, inhabitable en l'état; si ce n'est par une colonie de pigeons. «Le matin de la signature chez le notaire, les ouvriers étaient déjà sur le chantier». Et de confier: «Ma femme, elle, était un peu effrayée au départ».

Des travaux colossaux

Et cela se comprend, compte tenu de l'ampleur des dégâts. L'eau s'est infiltrée partout, les champignons ont proliféré. Toiture, huisseries, planchers, escaliers, poutres, peinture, électricité... tout est à refaire. Seuls les murs sont en place. «C'est la misère», soupire le propriétaire alors qu'avec des ouvriers, il s'attache à couler une nouvelle dalle au rez-de-chaussée. «Il est difficile d'évaluer le temps des travaux. Je pense que pour fin 2012, le château sera hors de danger». À terme, le couple envisage de s'installer au château, pour profiter des quelque 9.000m² de terrain. Car, tient à préciser le châtelain: «Toutes les anciennes terres du domaine de Coatan Noz ne m'appartiennent pas».
               

Château de Coat an Noz. Une longue restauration


« Ils ont toujours vu leur grand-père faire des grandes maisons », plaisante Bernard Moreau, en parlant de ses petits-enfants. Cet ancien entrepreneur du bâtiment s'est lancé, en 2011, dans un chantier au format XXL, dans la campagne de Loc-Envel (22) : 1.440 m² de surface habitable, 21 pièces, 92 marches de la cave au grenier et une hauteur de 32 m, du plancher des vaches au sommet des quatre tourelles... de son château. Intronisé châtelain par la force des choses, Bernard n'a pas pris la grosse tête pour autant. Cet éternel bâtisseur préfère les vieilles pierres.


« Les plus folles estimations »


C'est le hasard qui l'a conduit à poser sa truelle dans les Côtes-d'Armor : « Je n'ai pas de sang breton. Mon épouse aime juste la mer ». C'est en découvrant, dans la presse, le château de Loc-Envel à vendre que le ciment a pris immédiatement.

Après avoir signé un chèque de 195.000 EUR, Bernard est devenu l'heureux propriétaire d'une bâtisse pas comme les autres. Pour le nouveau châtelain, l'ardoise a ensuite grimpé en flèche : « Les plus folles estimations ont été pulvérisées », répond-il à la question du montant des travaux engagés depuis quatre ans.

« Tous les planchers pourris ont été retirés et refaits ». Ils ont été remplacés par des dalles en béton. En visitant le grenier, le maître des lieux pointe du doigt la toiture : « La charpente s'était affaissée de 20 cm. Elle était supportée par des poutres en bois de 14 m de long, qui était pourries à la base. Elle a été relevée et recalée ». Remplacées par du béton, les poutres en mélèze ont été déposées et sont toujours entassées sur place. Bernard espère bien les recycler pour la bonne cause de la
restauration. Le tour du chantier ne fait que commencer : « On est toujours dans du gros oeuvre », concède Bernard.


Première pierre le 25 août 1858


Le 11 septembre dernier, le château a perdu deux tourelles. Elles ont été déposées dans l'herbe pour y subir un lifting bien mérité. « On les restaure avant de les remonter en haut à l'aide d'une grue gigantesque venue de Guingamp ». Quand elles retrouveront leur place dans les nuages, les deux autres tourelles voisines connaîtront le même sort.
Après avoir crapahuté dans les étages, Bernard aime bien finir la visite du chantier par une curiosité : la première pierre de l'édifice, qui se trouve naturellement dans la cave. Avec une lampe, il éclaire l'inscription qui a traversé les siècles : « M. le comte Robert de Sesmaisons et Mme Cécile de Kergolay comtesse de Sesmaisons ont posé cette première pierre le 25 août 1858 ».

Bernard Moreau affiche un sourire de satisfaction en ajoutant : « Je vais peut-être arriver à faire que le
château ne s'écroule pas à l'arrivée ». Aujourd'hui, il vit avec son épouse dans une autre maison de Loc-Envel. « Si un jour, on a l'opportunité d'y aménager un trois pièces cuisine... Pourquoi pas s'y installer ! ». Avant de couler une retraite paisible de châtelain, la restauration s'annonce longue.


« Si tu veux connaître quelqu’un, n’écoute pas ce qu’il dit, regarde ce qu’il fait. » Cette expression du Dalaï-lama, Bernard Moreau l’a fait sienne. Celui qui a racheté le château de Coat-an-Noz, en 2011, n’est pas du genre à s’étendre. Pour lui, les actes parlent d’eux-mêmes. Et des actes, il en a accomplis sur l’ancienne demeure de Lady Mond, à Belle-Isle-en-Terre.
Le château appartient aussi aux gens de ce territoire


 

Le châtelain n’hésite pas à mettre la main à la pâte ou plutôt au béton tant il en a fallu pour sauver le site d’un probable effondrement : « Nous avons dû refaire tous les planchers pour consolider la bâtisse, 380 m2 par niveau. Il y a trois niveaux. » Pour l’épauler, ce n’est pas une grande équipe qui entoure Bernard Moreau. Ils ne sont que quatre ou cinq. Certains viennent de très loin.
« En ce moment, il y a deux charpentiers originaires de Transylvanie (une région du centre-ouest de la Roumanie, ndlr) et un qui vient de Pologne, qui travaillent avec moi », précise-t-il. Comment a-t-il fait pour les connaître ? « J’utilise mon réseau. Ce sont des relations que j’ai construites lors de mon parcours professionnel », confie celui qui a fait carrière dans l’immobilier.
Le recours à une main-d’oeuvre étrangère s’explique aussi dans l’approche qui est faite du chantier, selon Bernard Moreau : «Dans les pays de l’Est, ils ont moins de moyens, ils font avec ce qu’ils ont ; donc ils recourent beaucoup plus à la restauration. Ceux qui sont là avec moi sont très forts dans la transformation, la récupération. Ils savent repérer une poutre qui peut être réutilisée sur une autre partie du château. »
En ce moment, les efforts se concentrent sur la rénovation des deux tourelles qui ont été déposées au sol. D’abord retirer les ardoises doucement, puis découvrir l’état de la charpente. La tourelle Nord Est est entre les mains de ces chirurgiens du bâtiment.
Le bois trop abîmé est retiré, avec une délicatesse infinie afin de ne pas entraîner la chute des parties en bois bonnes. « Cela fait une semaine que la tourelle est à terre. Pour l’instant nous ne savons pas combien de temps il nous faudra pour remettre enfin les ardoises, puis la repositionner à sa place initiale, là-haut. Nous prendrons le temps qu’il faudra. Je veux que les choses soient bien faites. »

40 000 ardoises pour la toiture

Le chef d’entreprise à la retraite exècre à donner des chiffres. Impossible donc de savoir combien il a injecté dans ce projet fou. Malgré tout, au gré de la visite du chantier, il lâche qu’il a « dû acheter 40 000 ardoises pour refaire la toiture et les quatre tourelles ».

Une infinie douceur

Autre pari dingue dans cette folie, celui « de refaire le château à l’identique, autant que faire se peut », explique Bernard Moreau. L’entrepreneur demande aux personnes qui travaillent avec lui d’effectuer un travail d’orfèvre. Comme par exemple, la récupération de la rosace en plâtre qui orne le plafond du hall, à plus de 12 mètres de haut. Avec mille précautions : « Nous avons fait le maximum pour casser le moins possible la rosace. Pour l’instant, je ne sais pas comment refaire l’escalier. Je n’ai pas encore trouvé de solution, mais la rosace, elle, retrouvera sa place. »
Ce chantier suscite un intérêt qui me dépasse
Ce chantier réserve des émotions que seuls les audacieux peuvent connaître.
Lors de l’effeuillage de la tourelle Nord Est, Bernard et les ouvriers ont eu la belle surprise de découvrir sur la jupe en plomb, sous l’épi de la tourelle, une inscription. Une signature plutôt : « Monsieur Lecestre 22 février 1883 ». « C’est incroyable, s’extasie le bâtisseur. Je pense que je vais la reposer là où je l’ai trouvée. »
Autre émotion, très forte c’est la mise à jour de la première pierre posée lors de la construction du château de Lady Mond. Bernard Moreau a eu l’élégance de laisser faire la mise à nu de cette pierre par Yannick Kervern à qui il revenait de laisser finir cette découverte, tant il a travaillé sur l’histoire du château Coat-an-Noz. Après une journée passée accroupi, il a enfin pu lire : « Monsieur le Comte Robert de Sesmaisons, Madame Cécile de Kergolet Comtesse de Sesmaisons ont posé cette première pierre le 25 aoust 1828. »
Belle-Isle-en-Terre, 22

mercredi 14 octobre 2015

INTERVIEW : Jacques Cartier, Malouin de chez lui





Nous sommes en août 1557 sur les hauteurs de Saint-Malo, à Rothéneuf. Au manoir de Limoëlou, Jacques Cartier nous reçoit, étonné de notre visite. L’ancien explorateur a encore fière allure et narre à sa façon ses différentes expéditions. Il disparaîtra quelques jours plus tard, emporté par l’épidémie de peste sévissant dans la région
 
 
 
 
 - Merci de nous recevoir dans votre belle demeure. En préambule, il est dit que vous avez découvert les terres du Canada. Qu’en est-il exactement ?

Jacques Cartier : Vous n’y allez pas par quatre chemins ! Vous venez à l’essentiel, comme le sieur Rabelais passé ici il y a quelques temps. Vous avez lu les Navigations de Pantagruel ? Un récit hilarant rédigé par ce drôle de sire. En vérité, tout et n’importe quoi a été dit sur mes pérégrinations. Au sujet de mes aventures et les périples qui ont rythmé ma vie de navigateur, j’aurais dû depuis bien longtemps les écrire dans le style de cet adepte de la Dive Bouteille. Cela m’aurait donné plus de considération de la part de mes contemporains qui ne viennent guère me rendre visite.
Mais peu me chaut, je n’ai jamais prétendu avoir découvert ces terres, ce nouveau monde. Cela faisait peut-être plus d’un siècle que de hardis pêcheurs allaient dans les contrées brumeuses de Terre-Neuve pêcher à foison la morue et la baleine. Qu’ils soient Basques, Portugais, Bretons, Flamands et que sais-je encore. Quelques-uns ont pu s’y perdre dans son ouest et toucher le continent, certainement même. Et les vikings y ont vraisemblablement planté leurs avirons bien avant tout le monde. Quant aux expéditions commanditées par les grands monarques de notre Europe, on ne peut oublier le Vénitien Giovanni Caboto dont le voyage a été armé par le roi d’Angleterre Henri VII à la fin du siècle dernier. Ou encore Gaspar Corte-Real pour le compte de la couronne portugaise. Tous deux cherchant le passage du Nord-Ouest pour rejoindre Cathay (la Chine, ndlr.) ou les Indes. Ils n’ont pas caboté dans ces eaux pour rien ces deux-là !
Jacques Cartier, Malouin de chez lui (1/2)Le manoir de Limoëlou en la commune de Saint-Malo fut la dernière demeure de Jacques Cartier
 
 Vous aussi vous partez pour trouver ce fameux passage ?
J.C. : Décidément, vous allez vite en besogne. Il me plairait de vous raconter comment j’en suis arrivé là. Je suis né en 1491, un an avant la fameuse découverte de Christophe Colomb. Vous savez, ce Génois vendu aux Espagnols que l’on désigne comme le premier Européen à avoir fouler le sol du continent américain. Passons, cela m’excède. Je suis en fait issu d’une famille de marins. J’ai donc pas mal bourlingué sur les ondes. Comme mousse, puis bien évidemment comme matelot. Me burinant aux embruns, m’échinant sur les grands bancs lointains du côté de Bonne-Visite (Bonavista de nos jours, ndlr.) Le cabillaud était pêché à même les paniers tellement les poissons étaient nombreux. L’on en prenait cent en moins d’une heure. Une vie dure où notre seul maître à bord était Dieu que nous louions à chaque retour sur Saint-Malo. Que cela soit lors de mes différentes courses à la morue ou au cours de mon aventure vers le Brésil avec des Portugais. Pas trop manchot, je deviens pilote et suis reconnu pour mes qualités par les armateurs malouins. C’est à cette époque-là que ma destinée a croisé celle de mon épouse, Catherine des Granches. J’ai alors vingt-neuf ans. Et les rôles s’enchaînent.
Jacques Cartier, Malouin de chez lui (1/2)Le grand souverain de la Renaissance, François 1er, outre ses talents de mécène des arts, fut l’un des premiers rois de France à commanditer de grandes expéditions vers le Nouveau Monde
 
 
       Votre femme vous est d’une aide précieuse ?
J.C. : Grandement, même si malheureusement elle ne m’a pas donné d’enfant. Je me console avec mes nombreux filleuls et filleules. Grâce à toutes mes nouvelles relations, je rencontre celui à qui je dois tout aujourd’hui. Jean Le Veneur, ancien évêque de Lisieux, nommé dernièrement cardinal par le pape Clément VII comme vous le savez peut-être. Alors grand aumônier de France, c’est lui qui avait célébré la messe de mariage de François 1er avec Éléonore d’Autriche, la sœur de Charles Quint. C’est surtout grâce à l’entregent de ce grand homme que le roi de France venait de bénéficier d’une bulle papale l’autorisant à s’approprier de nouvelles terres de part le monde. Annulant ainsi celle du pape Alexandre VI ayant offert ce privilège exclusif aux seuls Portugais et Espagnols. Lors d’un pèlerinage de François 1er au Mont Saint-Michel, en août 1532, j’ai rencontré notre souverain. Lui expliquant que le Florentin Giovanni da Verrazano, qui avait été à son service, avait raison, et que la voie par le Nord pour rejoindre les Indes devait bel et bien exister. C’est là que ma première grande expédition est née. Philippe Chabot, l’amiral de Brion, compagnon de captivité du roi après la bataille de Pavie, fut également un de mes fervents appuis. J’ai d’ailleurs donné son nom à une des îles que nous avons rencontrée. 
Jacques Cartier, Malouin de chez lui (1/2)Le phare du cap de Bonavista, dans l’Est de Terre-Neuve, a été érigé en 1843
 
 
         Vous partez donc à quelle date pour cette première tentative ?
J.C. : Pas immédiatement. Plus précisément le 20 avril 1534 depuis Saint-Malo bien sûr. Doté de 6 000 livres par François 1er, j’ai armé deux navires de soixante tonneaux chacun et recruté une soixantaine d’hommes. Pas ceux que j’escomptais car certains manquaient d’expérience. Mais bon… En navigant avec bon temps, nous atterrîmes au cap de Bonne-Visite le dixième jour du mois de mai. Et du fait du grand nombre de glaces qui étaient le long de cette terre, il nous convint d’entrer dans un havre nommé Sainte-Catherine (Catalina, ndlr.) De là, nous avons navigué d’îles en îles, d’anses en baies et havres. Nommant quelques-uns comme la baie des Châteaux, Karpont, cap Rouge ou cap Baleine, Blanc-Sablon, Brest. Comme tous les bateaux pêchant dans ces contrées, nous n’avions pas embarqué trop de nourriture. La multitude d’oiseaux nichant sur les bouts de terre suffisait amplement à nous sustenter. Certains, plutôt grands et avec des ailes atrophiées sont délicieux. Nous avons même tué un ours, blanc comme un cygne et gros comme une vache. Il y avait aussi de grosses bêtes comme de grands bœufs, elles ont deux dents dans la gueule. Nous progressons toujours dans ces parages pleins de hauts-fonds.
 
Les peuplades rencontrées reçoivent en général Jacques Cartier et son équipage avec bienveillance
 
 Vous y croisez des populations ?
J.C. : Il y a des gens à ladite terre qui sont d’assez belle corpulence, mais ils sont gens sauvages. Ils ont leurs cheveux liés sur la tête en façon d’une poignée de foin. Un peu plus tard, nous en avons rencontré au niveau du cap d’Espérance, nous cherchions je vous le rappelle notre fameux passage. Des Indiens appelés Micmacs. Ils étaient venus pour trafiquer avec nous. Ce fut une merveilleuse joie pour eux de recouvrer des ferrements et autres choses. Ils nous donnèrent tout ce qu’ils avaient, tellement qu’ils s’en retournèrent tout nus.
 
    Les contrées sont riches ?
J.C. : Vous me donnez la pépie. Une petite rasade de Chinon ? C’est François Rabelais qui m’a fait découvrir ce vin. Excusez-moi quelques instants, je vais en quérir.
Suite et fin le week-end prochain.

vendredi 9 octobre 2015

BELLES IMAGES DU NATIONAL GEOGRAPHIC






Très belles images National Geographic 12



Très belles images et photos à travers le monde que nous propose ce diaporama. Des photos prises au moment opportun et qui donnent de superbes résultats. Commentées par les auteurs de ces photos, vous allez découvrir comment ont été prises ces superbes photos qui sortent de l’ordinaire. Des animaux en situation dangereuses, des manifestations climatiques impressionnantes, des prises de vue de la vie quotidienne, des animaux qui se reposent, des insectes comme la mante religieuse prodigieusement camouflée, la nature est vraiment très belle dans l’objectif d’une caméra.

Époustouflantes photos à travers le monde.

Ce diaporama nous offre un voyage à travers le monde avec de superbes photos prises un peu partout où l’objectif de la caméra a pu arriver. Au Bangladesh avec une femme qui prend le train assise entre deux wagons de train. Deux girafes qui se regardent sur une terre aride. Un pélican avec sa proie, un gros poisson. Deux phoques dans le brouillard. Des silhouettes de pompiers dans la nuit noire, éclairés juste par les phares de leur camion et plein d’autres photos à découvrir juste en cliquant sur ce magnifique diaporama.

mardi 6 octobre 2015


MÉMOIRE. (journal Le Trégor du 13 aout 201

Marie-Thérèse Jolivet, Résistante à 17 ans

Une vingtaine de drapeaux d’associations patriotiques présents le jeudi 30 juillet à Ploumanac’h ont accompagné et rendu un dernier hommage à Marie-Thérèse Jolivet, « Mythé » dans la Résistance.

Née le 18 septembre 1924, Marie-Thérèse Mudès vit à Bégard avec sa mère Maria et ses deux frères alors âgés de 5 et 10 ans ainsi qu’avec sa grand-mère maternelle, veuve de la guerre 14-18 dont le fils est mort à Verdun. Son père le commandant Mudès est officier de Marine. Bientôt Maria reçoit cet avis : « Par ordre de Vichy nous vous supprimons toute délégation de solde pour le motif suivant : le navire que commande votre mari, le commandant Mudès, bat pavillon à Croix de Lorraine et à ce titre est considéré comme dissident. Il en est de même pour sa famille ». En effet, non seulement le commandant Mudès est considéré comme dissident au régime de Vichy mais avec son bateau et l’équipage, il quitte la Flotte de l’Etat Français en juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre, où il se met à la disposition du général de Gaulle. Privée de la solde de son mari par le gouvernement de Vichy, Maria doit se séparer de ses biens.

Clandestine à 17 ans Marie-Thérèse suit des études de commerce. En juin 42 à Bégard, elle est contactée par la Résistance. Désormais la jeune fille de 17 ans s’appellera « Mythé » dans la clandestinité. Ses missions sont multiples. A Kerguiniou en Ploubezre elle devient secrétaire pour le maquis, dactylographie les tracts et le journal clandestin « le Patriote des Côtes-du-Nord ». Agent de liaison et de renseignement, elle porte à bicyclette les messages qui lui sont confiés ainsi que les tracts et le journal et participe également au transport d’armes de poing et de leurs munitions, d’un maquis à l’autre.

Dès son entrée en Résistance, Marie-Thérèse passe un brevet de secouriste afin d’obtenir un « ausweis » pour pouvoir circuler librement, y compris dans la zone côtière interdite, grâce au petit fanion de la Croix-Rouge. Cependant, disait-elle, « il n’aurait pas fallu que l’on regarde de trop près le guidon et la pompe de ma bicyclette où je cachais les messages qui m’étaient confiés ! »

Aplomb

Lorsqu’elle évoquait son passé au service de la Résistance, MarieThérèse affirmait n’avoir jamais eu peur y compris ce jour où elle fut arrêtée parce qu’elle portait des bottes : « Je revenais de mission, mes bottes étaient vides, elles avaient déjà livré leur secret. Les Allemands essayèrent bien de m’intimider en affirmant que toutes les espionnes portaient des bottes, mais mon

jeune âge et mon aplomb en la circonstance eurent raison de leur méfiance ». Un de ses fabuleux souvenirs est le passage de l’aviation alliée sur Lézardrieux pour mettre hors de combat l’escadre allemande faisant relâche dans le port, une opération pour laquelle elle avait transmis le message par une des ramifications de son réseau, le réseau « Turquoise-Blavet », dont faisaient également partie ses cousins Simone et Yvon Jézéquel, tous deux arrêtés en avril 1944.

« Elles étaient toutes courageuses » De toute son existence, MarieThérèse n’a cessé de rendre hommage au courage et au sacrifice des combattants de l’ombre et de toutes les victimes de la barbarie nazie avec une pensée particulière pour les membres de sa famille, gaullistes de la première heure, parmi lesquels sa cousine Simone morte au camp de concentration de Ravensbrück, son cousin Yvon mort au camp de concentration de Neuengamme, et pour un autre cousin revenu de l’enfer du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.

C’est avec émotion que François Tassel, (Commandant Gilbert dans la Résistance), responsable du Secteur Nord 1 des Côtes-duNord, parle de sa camarade disparue : « Les femmes Résistantes étaient peu nombreuses. Elles étaient toutes courageuses, conscientes du prix à payer si l’ennemi découvrait leurs activités. Mythé faisait partie de ces personnes particulièrement attachées à la France Libre et à la stricte application de l’appel du général de Gaulle, multipliant les missions entre le réseau Blavet et le maquis de Kerguiniou. Volontaire, discrète, prudente, elle connaissait parfaitement l’organisation et les itinéraires du secteur Nord 1 et participait sur ma demande, auprès de mes adjoints, aux réunions concernant nos activités ».

Titulaire de la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et de la Croix du Combattant 39-45 avec agrafe « Libération », Marie-Thérèse Jolivet venait d’être proposée pour le grade de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

Octobre 1942, Bégard. Marie-Thérèse (« Mythé » dans la clandestinité) est agent de liaison. Titulaire de nombreuses décorations, elle est décédée le 25 Juillet  dernier.

paru dans le Trégor du 13 août 2015





MÉMOIRE. (journal Le Trégor du 13 aout 2015

Marie-Thérèse Jolivet, Résistante à 17 ans

Une vingtaine de drapeaux d’associations patriotiques présents le jeudi 30 juillet à Ploumanac’h ont accompagné et rendu un dernier hommage à Marie-Thérèse Jolivet, « Mythé » dans la Résistance.

Née le 18 septembre 1924, Marie-Thérèse Mudès vit à Bégard avec sa mère Maria et ses deux frères alors âgés de 5 et 10 ans ainsi qu’avec sa grand-mère maternelle, veuve de la guerre 14-18 dont le fils est mort à Verdun. Son père le commandant Mudès est officier de Marine. Bientôt Maria reçoit cet avis : « Par ordre de Vichy nous vous supprimons toute délégation de solde pour le motif suivant : le navire que commande votre mari, le commandant Mudès, bat pavillon à Croix de Lorraine et à ce titre est considéré comme dissident. Il en est de même pour sa famille ». En effet, non seulement le commandant Mudès est considéré comme dissident au régime de Vichy mais avec son bateau et l’équipage, il quitte la Flotte de l’Etat Français en juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre, où il se met à la disposition du général de Gaulle. Privée de la solde de son mari par le gouvernement de Vichy, Maria doit se séparer de ses biens.

Clandestine à 17 ans Marie-Thérèse suit des études de commerce. En juin 42 à Bégard, elle est contactée par la Résistance. Désormais la jeune fille de 17 ans s’appellera « Mythé » dans la clandestinité. Ses missions sont multiples. A Kerguiniou en Ploubezre elle devient secrétaire pour le maquis, dactylographie les tracts et le journal clandestin « le Patriote des Côtes-du-Nord ». Agent de liaison et de renseignement, elle porte à bicyclette les messages qui lui sont confiés ainsi que les tracts et le journal et participe également au transport d’armes de poing et de leurs munitions, d’un maquis à l’autre.

Dès son entrée en Résistance, Marie-Thérèse passe un brevet de secouriste afin d’obtenir un « ausweis » pour pouvoir circuler librement, y compris dans la zone côtière interdite, grâce au petit fanion de la Croix-Rouge. Cependant, disait-elle, « il n’aurait pas fallu que l’on regarde de trop près le guidon et la pompe de ma bicyclette où je cachais les messages qui m’étaient confiés ! »

Aplomb

Lorsqu’elle évoquait son passé au service de la Résistance, MarieThérèse affirmait n’avoir jamais eu peur y compris ce jour où elle fut arrêtée parce qu’elle portait des bottes : « Je revenais de mission, mes bottes étaient vides, elles avaient déjà livré leur secret. Les Allemands essayèrent bien de m’intimider en affirmant que toutes les espionnes portaient des bottes, mais mon

jeune âge et mon aplomb en la circonstance eurent raison de leur méfiance ». Un de ses fabuleux souvenirs est le passage de l’aviation alliée sur Lézardrieux pour mettre hors de combat l’escadre allemande faisant relâche dans le port, une opération pour laquelle elle avait transmis le message par une des ramifications de son réseau, le réseau « Turquoise-Blavet », dont faisaient également partie ses cousins Simone et Yvon Jézéquel, tous deux arrêtés en avril 1944.

« Elles étaient toutes courageuses » De toute son existence, MarieThérèse n’a cessé de rendre hommage au courage et au sacrifice des combattants de l’ombre et de toutes les victimes de la barbarie nazie avec une pensée particulière pour les membres de sa famille, gaullistes de la première heure, parmi lesquels sa cousine Simone morte au camp de concentration de Ravensbrück, son cousin Yvon mort au camp de concentration de Neuengamme, et pour un autre cousin revenu de l’enfer du camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau.

C’est avec émotion que François Tassel, (Commandant Gilbert dans la Résistance), responsable du Secteur Nord 1 des Côtes-duNord, parle de sa camarade disparue : « Les femmes Résistantes étaient peu nombreuses. Elles étaient toutes courageuses, conscientes du prix à payer si l’ennemi découvrait leurs activités. Mythé faisait partie de ces personnes particulièrement attachées à la France Libre et à la stricte application de l’appel du général de Gaulle, multipliant les missions entre le réseau Blavet et le maquis de Kerguiniou. Volontaire, discrète, prudente, elle connaissait parfaitement l’organisation et les itinéraires du secteur Nord 1 et participait sur ma demande, auprès de mes adjoints, aux réunions concernant nos activités ».

Titulaire de la médaille des Combattants volontaires de la Résistance et de la Croix du Combattant 39-45 avec agrafe « Libération », Marie-Thérèse Jolivet venait d’être proposée pour le grade de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur.

Octobre 1942, Bégard. Marie-Thérèse (« Mythé » dans la clandestinité) est agent de liaison. Titulaire de nombreuses décorations, elle est décédée le 25 Juillet  dernier.