Une tortue va pondre ses œufs, sa plage est devenue une piste d’atterrissage
Sur l’île Maafaru, une tortue verte a pondu ses œufs sur le tarmac d’un aéroport en construction au bord de l’eau. Les travaux ont perturbé cette femelle qui n’a pas reconnu sa plage natale. Or, les tortues ont l’habitude d’enterrer leur future progéniture dans le sable où elles sont nées.
Aux Maldives, une tortue verte a pondu ses œufs sur une piste d’atterrissage. L’animal ne s’est pas perdu. C’est simplement qu’un aéroport est actuellement en construction sur sa plage natale à Maafaru, une île de l’atoll Noonu.
Les travaux ont commencé en 2018. Or, les tortues marines ont leurs habitudes : elles pondent leurs œufs dans le sable où elles sont nées. Elles creusent un trou et recouvrent de sable leur future progéniture. Ce cocon permet aux œufs d’incuber avant de rejoindre leur mère dans l’eau, environ deux mois plus tard.
Une tortue déboussolée
Mais cette femelle est déboussolée par la modification de son habitat. Elle ne reconnaît pas sa plage natale, défigurée par un tarmac de 2 200 mètres de long, et laisse ses œufs sur le goudron. La photo de cette triste scène a fait le tour des réseaux sociaux. Toutefois, le journal britannique The Independent explique que la tortue était en bonne santé et que les locaux l’ont aidée à regagner l’océan Indien. On ne sait pas ce qui est advenu de ses œufs.
L’aéroport international de Maafaru est financé par les Émirats Arabes Unis. Ce projet à 60 millions de dollars (53 millions d’euros) devrait permettre de rendre cette île paradisiaque plus accessible et surtout, d’y développer le tourisme.
Parmi les habitants des îles voisines, il ne fait pas l’unanimité. Les travaux et l’activité humaine risquent de perturber l’écosystème. Toute une réserve de tortues, qui se trouve près de l’île de Naifaru, à une trentaine de kilomètres de Maafaru, pourrait en faire les frais.
selon une journaliste de la BBC, repérée par leHuffington Post, Angela Merkel et Theresa May s'amusaient en réalité d'elles-mêmes alors qu'elles sont apparues avec une veste identique. De quoi détendre un peu l'atmosphère.
Sainte-Hélène, l’île dont un seul prisonnier s’est évadé
Isolée au milieu de l’Atlantique sud, Sainte-Hélène a toutes les apparences d’une prison sûre. Napoléon l’a appris à ses dépens. Et pourtant un prisonnier est parvenu à se faire la belle.
Lorsque les Portugais ont découvert l’île de Sainte-Hélène, ils lui ont donné de fausses coordonnées pour qu’on ne puisse pas la localiser sur les cartes.
Quand les Anglais décident de déporter Napoléon (1770-1821), ils choisissent cette île volcanique de 122 km², située à 8 000 km de la France, près de 2 000 de la Namibie et plus de 3 000 du Brésil. Ils ne veulent pas que se reproduise l’épisode de l’île d’Elbe d’où l’Empereur s’était enfui pour reconquérir son trône.
La terre la plus proche est l’île d’Ascension, située à 1 130 km, que le gouverneur Lowe s’empresse de conquérir pour empêcher qu’elle ne serve de base à une flotte chargée de délivrer Napoléon. Une garnison de 3 000 hommes monte la garde. Et la baie de Jamestown est peuplée de nombreux navires de la Royal Navy.
On sait ce qu’il advint, après cinq ans de captivité, l’Empereur expire le 5 mai 1821 à Longwood House, sans que les projets d’évasion plus ou moins farfelus dont celui du sous-marin de l’Irlandais Tom Johnson, n’aient pu aboutir.
Le roi zoulou
Napoléon n’est pas le seul prisonnier de Sainte-Hélène. Les Anglais ont compris le parti qu’ils peuvent tirer de l’isolement de l’île mais aussi du fait qu’il est difficile d’y débarquer. Il n’y a que deux petites plages battues par des rouleaux. Elles sont agrémentées de nombreux forts, construits par le gouverneur Lowe et armés de canons.
Napoléon n’est pas le seul homme d’État à avoir connu l’exil hélénien. En 1890, débarquent à Jamestown Dinizulu kaCetshwayo (1868-1913), le dernier roi Zoulou, et une délégation de 12 autres personnes dont deux de ses oncles et leurs épouses.
Le roi non reconnu par les Anglais a été fait prisonnier par ces derniers alors qu’il guerroyait contre eux en 1889. Sa captivité à Sainte-Hélène sera sans commune mesure avec celle de l’empereur. Il est bien logé. Dinizulu abandonne le costume traditionnel s’habille à l’européenne. Il commande ses costumes à Londres. Il apprend à lire et à écrire l’anglais, se met au piano… Il se convertit au christianisme. Il est finalement libéré en 1897 et retourne en Afrique du Sud.
La rumeur dit qu’il a laissé sept enfants sur l’île. Le 11 juin 1907, 25 nouveaux prisonniers zoulous sont déportés sur l’île. Leur séjour n’a rien à voir avec celui de Dinizulu. Vêtus d’un uniforme de prisonniers, logés dans une caserne, ils sont employés à casser des cailloux et à réparer les routes. Ils y séjourneront deux ans.
Les Boers
Saint-Hélène s’avère un instrument efficace pour la politique coloniale de l’empire britannique. 10 avril 1900, le général Cronjé, son épouse et le colonel Schiel débarquent sur la jetée de Jamestown. Ils sont accompagnés par 511 personnes. Des prisonniers comme eux. Ils font partie de l’armée Boer, en guerre contre l’armée anglaise. On appelle ça la Seconde guerre des Boers.
Pour faire simple,elle oppose des fermiers d’origine hollandaise de deux républiques indépendantes,
l’État libre d’Orange
et la République sud-africaine du Transvaal,
aux soldats du Royaume-Uni (qui louche sur les mines d’or découvertes dans la région de Johannesburg(. Le général et son épouse sont logés dans un cottage. Les hommes de troupes dans un camp de toiles entouré de fils de fer barbelés. Préfiguration de ce que seront les camps de concentration.
Un deuxième navire débarque sa cargaison de prisonniers le 29 avril. Au total, jusqu’en 1902 date de la fin de la guerre, Saint-Hélène va accueillir plus de 5 500 prisonniers de guerre. Autant que d’habitants.
Le premier camp ne suffit pas. Il faut en construire d’autres. D’autant qu’il y a des dissensions. Certains prisonniers ont émis le souhait de devenir britanniques à la grande fureur des Boers. Il faut les séparer. Il y a aussi des clivages entre ceux du Transvaal et ceux d’Orange. Et c’est ainsi que la carte de Sainte-Hélène porte encore aujourd’hui la mention de trois camps Boers. Les plus récalcitrants sont embastillés au High Knoll Fort qui domine Jamestown.
La vie s’organise dans les camps. Un café, une brasserie, un prêteur sur gages, un commissaire-priseur… voient le jour. Il y a même un journal en langue afrikaner Kamp Kruimels. Des prisonniers trouvent à travailler chez des particuliers.
Ils ont le droit d’écrire à leur famille mais le courrier est soumis à la censure. Le contact avec la population locale se passe plutôt bien. Deux Boers auront le droit d’épouser des "Héléniennes".
Il y a parfois des heurts. Bombardées de cailloux et autres objets, les sentinelles ouvrent le feu causant la mort d’un prisonnier. Au total 101 Boers trouvent la mort durant les deux ans qu’a duré leur captivité. Victimes d’une épidémie de typhoïde. L’Église anglicane a refusé qu’ils soient enterrés dans le cimetière de la cathédrale Saint-Paul. « Pas de païens ni d’ennemis du Roi chez nous! » L’Église Baptiste a érigé un cimetière à part. Les tombes portent un numéro et les noms des morts sont gravés sur deux obélisques fournis par le gouvernement sud-africain.
Un évadé
Tout le monde ne se satisfait pas de sa condition de prisonnier. En février 1901, cinq prisonniers se battent avec des pêcheurs pour s’emparer d’un bateau dans le sud de l’île. Les pêcheurs ont toutefois eu le temps de confisquer les rames. Les prisonniers fabriquent des rames de substitution à l’aide de planches. Sans succès. Ils tentent de soudoyer les pêcheurs en leur offrant de l’argent mais la garde surgit et ramène les candidats à l’évasion en prison.
Andres Smorenburg a réussi à quitter Saint-Hélène. Il s’est caché dans une malle avec des vêtements, des allumettes, de l’eau et des vivres pour 20 jours. Il avait pris soin de marquer sur la caisse « fragile, à manier avec précaution » et d’indiquer « haut et bas ». Cela n’a pas suffi. Embarquée à bord du courrier qui fait la navette avec l’île d’Ascension, la caisse a été ballottée. Au point que Smorenburg a perdu son eau et gagné une commission cérébrale. Il a été découvert puis renvoyé à Sainte-Hélène.
Comme les autres prisonniers, il a été libéré après la signature du traité de paix le 31 mai 1902.
Le Sultan de Zanzibar
Août 1917, un nouveau chef d’État foule le sol de Sainte-Hélène : Sayyid Khalid bin Barghash Al-Busaid (1874-1927), 6e Sultan de Zanzibar, cet archipel de l’océan Indien au large de la Tanzanie.
En fait Sayyid Khalid n’est resté sur le trône que 38 minutes ! À peine autoproclamé Sultan, il se voit déclarer la guerre par les Anglais qui lui préféraient son cousin. Quelques coups de canons de la flotte et Khalid s’enfuyait du palais pour se réfugier au consulat allemand. Il est exfiltré en Afrique orientale allemande, les actuels Rwanda, Burundi et Tanzanie. Il est finalement capturé à Dar es Salam par les Anglais en 1916 et exilé d’abord aux Seychelles puis à Sainte-Hèlène en 1917.
Il y a peu de détails sur son séjour. C’est la guerre et la censure règne. On sait que le Sultan a débarqué avec son harem. En tout 25 personnes gardées à la caserne de Jamestown. Elles ont laissé le souvenir d’être particulièrement élégantes dans leurs costumes de soie.
En 1921, le groupe est transféré aux Seychelles.
Les princes de Bahreïn
Le 27 janvier 1957, débarquent de nouveaux prisonniers royaux : les princes Abdali Al Alaiwat, Abdulrahman Al Bakir et Abdulaziz Al Shamaln de Bahreïn, une monarchie pétrolière du golfe persique. Ce sont des nationalistes réformistes qui militent pour un État libéré de la tutelle coloniale britannique, démocratique et où sunnites et chiites auraient les mêmes droits. Ils ont été condamnés à quatorze ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État. Les Britanniques ont accédé à la demande du monarque arabe de les emprisonner sur un de leurs territoires.
Leur détention va durer quatre ans car chacun à son tour, les trois hommes ont intenté une action en justice auprès de la Cour Suprême de Sainte-Hélène au titre de l’habeas corpus. La troisième action fut la bonne et les trois hommes sont libérés en 1961 et même dédommagés par la couronne.
Willem Merk
Pas de sang royal pour Willem Merk, sujet néerlandais qui a écrit une drôle de page dans l’histoire de Sainte-Hélène. Merk est en effet le seul prisonnier à avoir réussi à s’échapper de la prison de Sainte-Hélène ! Only Crybeams Have Regrets, un livre écrit par Peter R. de Vries, raconte cette histoire.
22 décembre 1990, la police de Sainte-Hélène investit le Frontier, un cargo néerlandais venu se ravitailler. La fouille est fructueuse. Derrière le poêle de la cuisine du bord, les policiers découvrent une cache et 5 tonnes de cannabis emballé dans des sacs noirs. L’équipage composé de Hollandais et de Ghanéens est interpellé. Ils sont jugés sur place et condamnés le 18 juillet 1991 à de la prison ferme. Le capitaine, William Merk, un Néerlandais de 55 ans à l’époque, écope de quinze ans qu’il doit effectuer dans la prison située juste à côté du commissariat et de l’église de Jamestown.
Au matin du 5 avril 1994 – il y a 25 ans jour pour jour – le lundi de Pâques, les gardiens découvrent une cellule vide. Des vêtements cachés sous la couverture donnaient l’illusion d’un corps et un magnétophone diffusait des ronflements ! Selon Peter de Vries qui a discuté avec William Merk baptisé Kapitein Iglo en raison de sa barbe blanche, l’évasion a été minutieusement préparée.
Tout d’abord, il a fallu fabriquer une clef. Merk en a pris l’empreinte à l’aide d’un morceau de savon. Puis avec une scie qu’il a dérobée et un morceau de métal, trouvé lors d’une de ses promenades à l’extérieur, il a confectionné cette clef.
Pour quitter l’île, il a utilisé un voilier confectionné par un insulaire complice et qu’il a baptisé Napoleon’s Revenge (La Vengeance de Napoléon). Merk a attendu quelques jours avant d’embarquer après s’être caché dans la montagne. Il dit avoir mis trois semaines à gagner le Brésil. Il s’est orienté grâce aux étoiles. Il s’est nourri avec des boîtes de haricots accumulées en prison, du poisson pêché et de l’eau douce provenant d’un jerrican. Captain Igloo a ensuite regagné les Pays-Bas.
Les Héléniens ne croient pas à cette version. Pour eux, William Merk a forcément bénéficié de complicités. L’histoire de la clef fabriquée, une foutaise. La porte de la cellule comprend trois serrures. Trois semaines pour parcourir plus de 3 000 km à bord d’un voilier qui tenait plus du radeau qu’autre chose, impossible !
En fait les soupçons se portent sur un Sud-Africain qui a été prisonnier en même temps que Merk. L’homme qui possédait un voilier ancré dans le port aurait dû quitter l’île une fois sa peine purgée mais il est resté quelques jours de plus en raison de problèmes de batteries. Il est finalement parti le matin du lundi de Pâques. Les autorités ont bien tenté de le rattraper, une fois l’évasion découverte, mais le voilier était déjà dans les eaux internationales. Merk est rentré ensuite aux Pays-Bas. Il n’a pas été poursuivi par les autorités de son pays.
Peu importe le scénario, Willem Merk est bien le premier prisonnier à avoir pu fuir l’île dont on ne s’évadait pas.
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